Lyall TSUNEMORI || Terminée

TSUNEMORI Lyall

Physique

Toujours le même rituel, toujours les mêmes gestes qui se répètent inlassablement chaque matin… La douche est un moment de bonheur sans l’être. Ma peau me fait mal, elle me tiraille de partout, chaque parcelle de tissus est asséché au possible, les produits de douches ne conviennent plus pour cette peau claire, mais je continue quand même, frottant sans ménagement avec une éponge neuve, une nouvelle pour chaque douche. Il faut que j’enlève cette saleté qui me ronge le corps tout entier…

Je sors de la douche en saisissant une serviette sèche et m’essuie le corps entier. Finalement, ce n’est pas le corps qui me fait le plus mal, mais mes mains. Mes mains pleines de cicatrices, de fissures, de gerçures … Le produit sur le lavabo y est pour quelque chose, il empêche toutes ses petites plaies de cicatriser correctement cependant, il est vital pour moi. La bouteille est presque vide, il faudra que je passe par une pharmacie pour en racheter après le travail, après tout, on ne trouve pas de l’alcool à 90° comme ça.

J’enlève la serviette qui était autour de ma taille et la lance dans le bac de linge sale. Oui, elle était propre, je ne m’en servirais pas une deuxième fois. Les habits m’attendent, pliés sur la commode. Un costume brun, comme tous les jours. J’enfile la chemise blanche, impeccable et récupère la cravate bordeaux que je fixe en un nœud simple autour de mon cou. Je finis de m’habiller dans un silence digne d’une église et me fixe dans le miroir. Le reflet qu’il me renvoit ne me plaît pas. Il ne m’a jamais plu. Cet homme à la tenue trop propre, trop parfaite … C’est effrayant, je me dégoûte moi-même, je me force à porter des costumes stricts pour que les gants ne jurent pas avec le ''moi'' tout entier.

Les cheveux encore humides me tombe en cascade devant les yeux. Ce blond que j'ai hérité de ma mère anglaise, ce blond si beau, si pur ... C'est quelque chose qui fait de moi quelqu'un que l'on remarque dans les rues japonaises. Maudite couleur. Le peigne en main, j'entrepris de les coiffer légèrement, les faire se tenir n'est pas une mince affaire et bien souvent, ils traînent toute la journée devant mes yeux. Deux pupilles vertes à la lueur dorée, comme les prairies anglaises caressées par les rayons du soleil après une averse.

Un dernier passage devant le miroir me confirme que je trouve mon visage un peu trop efféminé, portant à confusion avec mon mètre 82 et mes 68 Kg. Je ne suis pas en sous poids, mais il est vrai que je devrais faire attention à mon alimentation et quelques kilos en plus ne ferais pas de mal à cette taille peut-être un peu trop fine.

L’heure de partir au travail arriva, mon blouson sous le bras, je récupère mon attaché case, enfile mes chaussures, des derbies noires mat, et ferme mon appartement à clé. Aujourd’hui comme tous les jours, je n’enlèverais mes gants que pour me laver les mains, inlassablement.
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Caractère

Je me mets à la place de Lyall pour parler cette fois, il n’aimera pas parler de lui, surtout pour cette catégorie. Lyall est une personne solitaire malgré lui, sa phobie l’a fait devenir comme ça et il le regrette beaucoup, car c’était une personne très attentionnée qui était à l’écoute des gens. Il avait le cœur sur la main, toujours prêt à aider son prochain sans jamais rien demander en retour et pourtant … Personne ne sait réellement ce qui a été l’élément déclencheur de cette phobie, il y a eu beaucoup d’hypothèse, mais Lyall c’est renfermé progressivement sur lui, ne donnant jamais de réponse précise à cette question ''Pourquoi ? ''

Cette attitude solitaire a souvent tendance à faire croire aux personnes extérieures qu’il est une personne froide, du genre à passer sa vie la tête dans le travail sans pouvoir penser à autre chose. Si seulement … Lyall est, certes, très consciencieux dans son travail, mais il sait prendre du recul par rapport à ça.

Et derrière cette carapace, si jamais un jour, elle venait à se briser, comme un miroir qui éclaterait en un millier de morceaux, que resterait-il de Lyall ?

Et bien, sous ce manteau de fer, ce cache un jeune homme qui possède une sensibilité exacerbée, qui se perd facilement dans ses pensées. Il ressemblerait à un petit chaton apeuré qui serait à la fois effrayer et d'une curiosité maladive d'en apprendre toujours plus, de découvrir ce monde dans lequel il vit sans vraiment se sentir lui-même vivant. Sans son masque, il est tellement facile d'interpréter les émotions de Lyall, son visage devient dans ses moments-là un trésor qu'il ne faut surtout pas briser. Dans ses moments-là, sachez que vous aurez obtenue toute sa confiance, tâchez de ne pas la détruire au risque de le briser encore plus qu'il ne l'est ...

Histoire

Si je devais résumer ma vie jusqu’à maintenant, je dirais qu’elle a été remplie de bonnes choses, mais pas que…

Enfant, il parait que j'étais un garçon très turbulent, toujours en train de faire les 400 coups, un casse-cou dans toute sa puissance qui ne pouvait rentrer de l'école sans une nouvelle égratignure quelque part, au grand dam de ma mère que j'entendais soupirer tous les soirs avec ce petit sourire sur les lèvres tellement significatif. Mes soeurs, quatre au total dont une paire de jumelles, s'amusaient beaucoup avec moi. Nous nous sommes tous éparpillés depuis quelques années, nous nous voyons rarement si ce n'est pour les fêtes de fin d'années et parfois, pour des anniversaires. Mais passons, l'enfance que j'ai eu fut paisible, comme tout enfant pourrait rêver. Notre famille était modeste, notre petite maison nous suffisais à nous sept et le bout de jardin était un vrai parc au trésor. Ma mère ne travaillait pas, elle préférait s'occuper de nous et de la maison. Il faut dire, cinq enfants ça vous déménage une maison tous les jours et à moindre frais. Mon père travaillait beaucoup, il se tuait au travail et en heures supplémentaires, mais heureusement, l'expression ne l'a pas mis dans une boîte. J'admire leur courage, j'aimerais leur dire que je les aime, j'aimerais les prendre dans mes bras comme avant. Je ne sais pas si j'en serais de nouveau capable un jour...

Vous l’aurez compris, mon enfance est faite de belles images, de bons souvenirs et d’éclats de rires que je garderais à vie. Cependant, à l’adolescence, quelque chose commençait à changer en moi, je ne sais pas pourquoi ni comment, mais la peur s’emparait de moi pour ainsi dire …

Le monde est sale.

Mon regard changea petit à petit sur les personnes m’entourant, sur l’environnement, sur tout. Ce que je voyais me répugnait, ce que je touchais me rendait malade. J’avais envie de vomir. Les gens qui me touchaient sans prévenir me faisait sursauter avant de me donner des nausées. Je courrais aux toilettes, l’envie de vomir au fond de la gorge, mais non, je ne pouvais pas. Ses toilettes sont sales, les microbes, les bactéries … Les larmes roulaient sur mes joues tandis que je tentais de rester debout, ne voulant pas rentrer en contact avec le sol, ma main sur ma bouche pour retenir cette envie de rendre mon repas. Pourquoi tout ceci me préoccupait tant maintenant ? J’avais toujours vécu entouré de bactéries sans m’en plaindre, c’était normal … Peut-être que je n’étais pas normal, finalement.

Les divers psychologues que je voyais à cette époque étaient tous unanimes : Mysophobie, voilà de quoi je souffrais. Une peur incontrôlable, irréfléchie des microbes et autres organismes microscopiques. Une peur avec laquelle j’ai vécue jusqu’à maintenant, adoptant diverses astuces pour me protéger des attaques extérieures, devenant petit à petit des TOC dont je ne peux me défaire. Un jour, peut-être, cette phobie partira. En attendant, elle est là, présente et bien ancrée dans mon esprit. Ma famille prit la nouvelle sans trop comprendre de quoi il s’agissait. Ça commença avec ma chambre, que je rangeais et nettoyais de fond en comble, n’autorisant plus personnes à rentrer dedans et en en faisant un endroit totalement aseptiser. Je me lavais les mains de plus en plus souvent, les abimant, les rendant gercées avec diverses coupures et plaies qui n’avaient plus le temps de se refermer.

L’indépendance arriva au bon moment, quand je partis pour la fac. Mon appartement sans aucune interférences extérieures, un endroit totalement aseptisé, sain. C’est à cette époque que je me suis mis à porter des gants. Des gants pour me protéger du monde … Autour de moi, les gens me prenaient pour quelqu’un de bizarre, d’inaccessible. Ils n’avaient pas tort, dans le fond, je voulais devenir comme ça, au revoir le Lyall chaleureux et drôle. Laissez la place pour le Lyall froid à la carapace impénétrable.

La suite de cette histoire est des plus banales : diplôme en poche, j’eu la chance de trouver un travail. Je suis devenu secrétaire général d’une grande entreprise et mon travail consiste surtout à travailler sur des rapports concernant les clients et les concurrents. Je m’occupe aussi d’organiser le planning du PDG, un travail minutieux où chaque minutes compte et où les imprévus ne sont pas réellement les bienvenus. Un travail simple, dossiers sur dossiers, rapports sur rapports, me permettant de garder mes gants et de vivre au mieux avec cette phobie.

Elle est une partie de moi.