「Remettre une amie sur le droit chemin.」PV Kise Ryouta

Voila déjà quatre mois et demi que je fréquente un certain groupe de personnes, un couple de basketteurs notament.
Kurokawa Takara. N'y avait-il donc pas une personne des plus attentive qu'elle? Plus compréhensive ? Elle et moi n'avions même pas besoin de nous adresser la parole pour savoir comment nous allions. Elle m'observait et je lui répondais d'un regard ou d'une attitude, sans mentir sur ma façon d'être. Moi qui me plaignais souvent d'être entouré de gêneur, même parmis mes amis, je ne pouvais en aucun cas me plaindre d'elle. Si ce n'est qu'en ce jour, fraichement remise des atrocités que l'on inventait et que l'on faisait circuler à mon sujet, j'avançais fermement en direction du gymnase, le sac de sport sous le bras.
J'observais sans réel intérêt les élèves des classes inférieures faisant eux aussi parti du club de basket de Kaijou sortir du bâtiment, couvert de sueur après l'entrainnement. Certain d'entre eux me guettait du coin de l'œil tout en faisant mine de ne pas m'avoir remarqué.
Avais-je seulement mérité ce regard plein de méfiance?...

Mon ancienne moi me l'aurait reproché, d'avoir fait ce que j'ai fait pour encourir tout ceci.
Comme le jour où j'avais perdu toute ma patience, au dernier entrainement quotidien qui eu lieu la semaine précédente.
Je pensais basket, je vivais basket, je respirais basket. Il n'y avait que ça pour me changer les idées et me persuader que ma vie n'était pas si terrible, après la perte de mon père il y a un mois.
Entrant dans les vestiaires tout en jetant mon sac sur un banc, je remarquais avec stupéfaction les regards que portait mes camarades sur moi, puis croisais mon propre regard dans un miroir.
Quand avais-je troqué ma féminité et ma discrétion pour cette aura dérangeante et cette agressivité?...
J'avais le sentiment d'avoir changé de corps, je n'étais plus la même personne que j'avais vu dans ce miroir il y a des semaines.

"Tu arrives tôt, Higurashi. L'entraînement de l'équipe féminine, c'est dans une heure..."

Sans réfléchir, je sortais mon portable de mon sac précipitament. Cette fille disait vrai.
Mais alors, pourquoi étaient-elles toutes là, sauf Takara, et deux autres filles avec qui j'avais eu l'occasion de sympathiser en cours d'année ?

Je leur adressais un regard intimidant, à chacune, espérant qu'en faisant cela l'une d'entre elles finirait par me dire ce qu'il se passe.

"Si l'entraînement à lieu dans une heure, qu'est-ce que vous fichez ici? Vous êtes toujours à la traine d'ordinaire. Comme sur le terrain d'ailleurs."

Pique lancée, je posais mes yeux clairs sur la plus charismatique d'entre elles, qui me rendait mon regard.
Puis je repensais aux évènements qui avaient perturbé le dernier exercice.

À mon retour d'Europe, Kurokawa et moi étions tombées d'accord pour que nous durcissions les exercices. Je trouvais l'équipe beaucoup trop molle depuis que j'avais réussi à rattraper mon retard sur mes coéquipières. Les matchs inter lycées arrivaient à grand pas et il était hors de question qu'une autre équipe que la nôtre s'illustre lors de la prochaine compétition. Et Kurokawa et moi n'étions pas du genre à "encourager" nos camarades. Surtout pas moi, qui étais revenue transformé après un mois d'absence et qui avais blessé volontairement une joueuse de notre propre équipe que je trouvais trop molle.

D'où ces regards craintifs et assassins à mon égard.

"Je ne sais pas ce qu'une sale bande de cul-de-jatte comme vous êtes en train de manigancer... Quoi qu'il en soit, que ce soit mérité ou non, dans une heure vous en payerez toutes le prix..." Annonçais-je de ma voie la plus lugubre avant de quitter brusquement les vestiaires sans me retourner, bousculant une fille qui se trouvait près de la sortie.

Je posais de nouveau mon sac à l'entrée du gymnase, accroupie tout en me tenant le visage dans le creux d'une main, dribblant avec un ballon orange dans l'autre.
J'attendais, assassinant de mes yeux verts tout ce qui croisait mon regard, jusqu'à ce que je le croise-lui. Mon supposé ami. Un ancien collègue de modélisme. Le grand blond ahuri dont toutes les filles étaient "amoureuses". Kise.
*Pas d'exception pour toi, abruti. Tu n'y échapperas pas.* pensais je en le fixant, sans lui adresser la parole.

Il n'avait pourtant rien fait pour mériter ça, lui qui était si patient et tolérant envers moi et mon caractère de merde.
Je me souvenais, d'un coup, de la dispute mouvementé du dernier shoot photo, ou a ma grande surprise et mon mécontentement, je m'étais rendue compte que je devrais faire cette séance avec lui, et quelqu'un que je ne pouvais supporter. Le type aux cheveux rouge et au regard mort, Shimizu Ryo.
Si Kise n'avait pas été là qui sait comment se serait terminée cette histoire..

Plus le blond s'approchait et plus mes sentiments étaient partagés. Devais-je l'accueillir malgré tout à bras ouvert? Par reconnaissance et amitié? Avais-je seulement un véritable ami si ce n'est que lui et Kurokawa?
Pourquoi ce conflit dans ma tête? Tout était pourtant clair, pour tout le monde, bien sûr que Kise était mon ami. Pourquoi n'était-ce pas aussi évident pour moi?

Quand il me fit face, j'arrêtais de dribbler, laissant rouler le ballon lentement jusqu'à ses pieds, baissant la tête pour fixer les miens. Confuse, je ne les quittais pas des yeux une seule seconde, attendant qu'il m'adresse la parole.

Où était donc passée la capitaine de l'équipe féminine de Kaijou?
Voilà un certain temps que je ne l'avais pas vu. J'avais pour habitude de la voir tous les jours, et de la croiser dans chaque couloir, n'importe lequel en fait. Son visage faisait partie de mon paysage quotidien et son absence boulversait mes habitudes.
J'espérai qu'il ne lui soit rien arrivé.
Si par défaut elle pourrait être considérée comme ma meilleure amie et que son amitié me manquait, je ne pouvais pas laisser l'équipe sans leader, même à un entraînement.
Sachant que son absence me serait d'autan plus désavantageux, car la raison pour laquelle les filles de l'équipe s'était réunies à l'avance ne me disait rien qui vaille. Inquiétude qui vous paraîtrait fort paranoïaque; j'étais soudainement persuadée qu'elles essaieraient de m'évincer.
Mes coéquipières n'ignoraient rien de mes ambitions et savaient que Kurokawa les partageait. Je voulais une victoire triomphante pour les bleues de Kaijou, et une défaite humiliante avec perte et fracas pour nos adversaires. Je voulais tant bien que mal réduire le moral ainsi que le mental des joueuses des autres lycées que notre triomphe resterait à jamais dans les annales, gravant dans l'esprit de chacun que "les reines de Kaijou sont toutes-puissantes et resteront invaincues" tant que j'en ferais partie.
Pour cela, nous devions durcir les entraînements et les multiplier, entraîner nos camarades jusqu'à l'épuisement, de grès ou de force...
Je ne voyais pas pourquoi nous serions les seules à suer sang et eau pour l'équipe. Tout le monde devait subir et bénéficier de cet entraînement, aussi dur fut-il pour la santé et le mental.
Peut-être était ce même entraînement qui m'achevait, qui me rendait si spartiate, et mauvaise...

Adossée à un arbre, je posais une main sur mon ventre, tentant de calmer une douleur que je ne connais que trop bien. Celle du stress, une boule envahissante diffusant une gêne brûlante dans tout le reste de mon corps, provoquant ainsi l'inconfort.
Je levais les yeux au ciel, fronçant les sourcils en gémissant, ne sachant quoi dire à Kise qui se trouvait juste là devant moi, immobile et observateur du moindre de mes faits et gestes. Je m'étais piégée toute seule comme une conne.
Je n'avais rien à lui dire. Ou plutôt, j'ignorais totalement quoi lui dire, et comment lui dire.

Devais-je me plaindre de ma vie? Fondre en larmes en hurlant de colère, en criant le nom de celui qui m'avait abandonné tout en pleurant sa disparition et me confessant que toutes les fautes que j'avais commises par tristesse ou vengeance?
Oui, mon père me manquait, il était un modèle pour moi. Il incarnait la vie que j'aurais pu mener si j'avais coupé avec mes jobs insignifiants pour me ranger. Le seul modèle qui me restait était ma mère et dieu non par pitié, tout mais pas elle.
Je voulais m'élever et m'éduquer seule, mais jusqu'à présent j'avais tristement échouée, gâchant ma vie comme celle des autres, de mon entourage.
Bien sûr, comme j'étais fière de m'être émancipée, de faire tout ce que je désirais tout en prenant mes responsabilités en main, me préparant doucement à ma future vie de jeune adulte.
Mais relationnellement, j'avais échoué. Il n'y avait pas de retour en arrière possible.

Qu'à cela ne tienne. Mon désir d'être toute-puissante est plus fort que cette douleur, il la dissipe agréablement, la rejetant sur les autres. Et je me sens vivante.


...

Pourquoi Kise semblait si proche tout d'un coup?... Pourquoi avait-il saisit mon bras si brusquement que j'en eu des frissons?... Pourquoi ce regard voilé et cette expression si inhabituelle ?
Il tirait vers lui, me forçant à lui tomber dans les bras et je ne pû réagir à temps, ni même penser.
Ses bras se refermèrent sur moi, croisant dans mon dos comme pour me retenir, ne me laissant aucune échappatoire. Son souffle chaud balayait ma nuque et son coeur battait si fort que je ne pu réagir qu'à ce moment précis ou ma poitrine eu "malencontreusement" rencontré la sienne, faisant naître en moi l'inconfort et un sentiment confus.
C'est de ce geste que Kise coupait mon souffle et faisait repartir mon cœur de plus belle. Il battait si fort que mon sang affluait jusqu'à ma tête, teintant mon visage d'un rouge écarlate, comme celui qu'on à quand on fait le poirier trop longtemps. Mes membres se mirent à trembler comme si j'étais atteinte d'une crise et alors que je tentais d'inspirer, un gémissement aigu m'échappait.

"Tu m'as manquée !"

Mais j'étais sourde, mais surtout abasourdie.
Ce n'est que quelques secondes plus tard que ce compris ce qu'il me dit et que la capacité à réagir me revint.
Comment devais-je interpréter son geste ?! Et ses dires ?! Un acte tout bonnement impensable ! Pour sûr, je n'ignorais pas que les Japonais ne sont pas tactiles ! Alors s'enlacer en public ?!
Instinctivement, mon regard vacillait de droite à gauche, espérant ne trouver aucun témoin. Mais dans les bras du mannequin, je ne voyais rien même si j'étais plutôt grande. Recroquevillée contre lui, prisonnière de ses bras, je me sentais désarmée et vaincue.
Un sentiment fort déplaisant qui en réveillait d'autres inconnus et certainement pas les bienvenus.
Je haletais de plus en plus vite et ma vue se troublait.
'Étreins le en retour!!!' Criait mon cœur et mon corps, à l'unisson. 'Laisse tes bras le serrer contre toi et ne le lâche pas !'
Un ordre contre lequel je luttais.

"Ki-ki-ki-ki.... KISE!!" Couinais-je tout en le repoussant avec une faiblesse si pathétique que je ne pû bouger d'un seul centimètre.
"La-lache-moi!!!... Qu'est-ce que ça signifie ?! "

De quelle façon lui avais-je manqué? Kise et moi n'étions pas si proches après tout, et jamais ne nous étions ne serait-ce que touché. Rare même son les fois où je m'étais retrouvée seule avec lui, peu importe la raison et le lieu.

Quand je réussis enfin à m'extirper de son étreinte, je haletais bruyamment, confuse à souhait, comme si ma tête allait exploser.

Kise avait-il réussi a lire en moi et à deviner mon malaise ? Avait-il agi dans le but de me réconforter en pensant qu'une simple étreinte me consolerait, ou me soulagerait ? Où devais-je l'interpréter autrement et commencer à m'inquiéter?
Je le sais, ce n'est pas dans les habitudes d'un japonais lambda de se comporter ainsi avec une simple amie.
J'avais très peur que "mon ami" ne ce soit pas comporté ainsi uniquement pour m'apaiser, mais plutôt pour me "consoler".

Et ma fureur revenait au galop, me commandant de lui en mettre une si belle que sa tronche boufferait le gravier. Et je me surprenais à sourire intérieurement à cette simple idée, moi qui ne voulais aucun mal à Kise.

Mes yeux verts rencontrèrent de nouveau ses perles d'or, faisant grandir mon malaise.
Au moins, ma douleur au ventre disparaissait, même si c'était au profit d'un conflit intérieur encore plus grand que le précédent.

Je n'avais franchement pas besoin de ça en ce moment. Je voulais des éclaircies, un sens à tout et du soutien...

N'était-ce donc pas ce que m'offrait Kise par ce geste ... Plein de "tendresse"?
Non, c'était trop malvenu. Trop surprenant et ambigu. Trop inattendu.

C'est sans trop réfléchir que je revenais vers lui pour le saisir par le col et le menacer de mon regard fou, lui faisant comprendre mon mécontentement.

"Si quelqu'un nous a vu, tu vas passer un sale quart d'heure..." Soufflais-je, à peine remise. "... Est-ce qu'on peut... Discuter sans que tu ne me 'sautes dessus' comme tu viens de le faire ?..."

Pas que j'avais réellement envie de tout lui dire ou de me justifier sur mon comportement. Mais au moins pour un ami, je pouvais mettre les choses au clair. Peut-être que ces explications éviteraient une dispute future bien que je n'aie pas peur qu'une telle chose se produise entre-nous.
Qu'on me tolère ou non, je ne changerai pas. Je ne ferai pas marche arrière.

"Je ne suis pas revenue de ce mois d'absence pour qu'on m'embrouille... D'où tu me touche?..."

Impossible pourtant. La raison de mon changement restait comme tabou et je changeai de sujet sans arrêt pour eviter d'en parler. Je ne voulais pas paraître faible, pas même devant lui.