Sous la pluie [pv Kagami]

Alors que nous sommes au début du mois de décembre et que les premières neiges sont tombées, une pluie battante martelait le sol et mon visage découvert qui se trouvait à présent trempé.
J'observais avec déception le ciel gris et couvert. Il en devenait presque si sombre qu'on aurait dit qu'il faisait nuit, alors que nous étions en milieu d'après-midi.
Mon visage se décomposait alors que je me rendais compte de ce que ce temps allait faire de ma journée. Hors de question d'aller courir jusqu'à un terrain pour s'entraîner avec un temps pareil, je ne pouvais même pas me défouler en grimpant sur les toits. C'était le cas de le dire ; tous mes plans tombaient à l'eau.
Les cours vous dîtes ? Pas question. Je n'osais plus mettre les pieds dans mon lycée de peur que l'on m'accuse encore d'être responsable du décès de mon vieux. Des accusations sans fondements, des rumeurs, des bruits de couloir qui ne se taisaient jamais. Et que je ne pouvais pas faire taire, quoi que je fasse.
Il y avait eu cette fille à la voix irritante, qui d'ailleurs faisait partie de ma propre classe, qui piaillait sans arrêt, glissant avec une indiscrétion pas croyable les pires absurdités qui existe. J'en avais assez entendu et j'avais bien assez souffert comme ça. Patience et pacifisme etaient devenus de totals inconnus pour moi ce jour là. Mes accès de rage se faisaient de plus en plus fréquentant, et m'arrêter de moi-même était devenu impossible.
Cette fille, elle avait fini le dos explosé contre son propre casier, une joue enflée par un coup-de-poing bien placé, ainsi qu'une bosse au-dessus du front, car pour finir, je l'avais empoigné par les cheveux pour écraser sa tête violemment contre le métal. Elle s'était relevée très difficilement, me menaçant de porter plainte pour cette agression. Mais elle n'en fit rien. Elle s'était contentée de m'observer avec un regard fixe, les pupilles rétractées et le teint pale. Plus un seul mensonge ne sortit de sa bouche pendant trois jours et ma réaction face aux rumeurs, cette violence presque gratuite mais si délectable, avait effrayé toutes les médisantes et les témoins de mon acte.
C'est suite à cet incident que je décidais de secher les cours d'aujourd'hui pour prendre l'air, et m'exercer à l'activité qui me passionait le plus, le basket.
Le ballon orange sous le bras, dégoulinante d'eau glaciale, je frissonnais légèrement, sentant mon corps réagir aux froid hivernal qui s'installait sur Tokyo.
Puis j'avançais sans avoir de destination particulière, prenant le métro pour atterrir je ne sais où, du moment que les lieux me revenaient, et que le cœur m'en disait. Trainer, voilà une chose que je n'avais pas faite depuis des lustres. Je pensais même me perdre jusqu'à ce que je reconnaisse de loin un lieu que j'aurai mieux fait d'éviter. Mon ancien lycée, Kirisaki Dai Ichi. Une très mauvaise idée, et pourtant, je m'y dirigeais, trainant les pieds tout en jetant un coup d'œil dans tous les coins, de peur de tomber sur une connaissance. Il faut croire que je n'étais pas assez courageuse pour franchir le pas du lycée, pas même pour rester devant l'entrée. Je m'étais arrête à dix bons mètre, comme figée.

Dans cet établissement, tout ce que je voulais éviter. Un passé déplaisant, des gens que je ne pouvais plus encadrer, des gens pour qui j'éprouvais, et éprouverais d'éternel regret.
À commencer par mon ancien senpai, Mizuki. Comment étions-nous arriver à se battre? Je savais pertinemment que c'était de ma faute. Pourquoi n'avais-je tout simplement pas cédé ?
Et puis, faire un choix entre lui et Izaya... Et il y avait Kim... Et cette c*nnasse de Nagisa... Pourquoi aimais-je à ce point me torturer ?
Ce n'était pas la première fois que je revenais sur un coup de tête, mais c'est l'ancienne Liv qui agissait de cette façon, et que je sache, je n'étais plus vraiment cette fille-là...
Assez, il fallait que je m'échappe. Que je regagne le métro le plus vite possible et que j'en finisse avec ces remords. Je tournais les talons avant qu'on me voie, et partît me perdre plus loin, à une autre sortie de métro.
Je m'empressais de quitter la station pour courir pendant plus de cinq minutes, sans prendre la peine d'y aller doucement. Je connaissais dans les environs un terrain de basket plutôt sympathique, où je pouvais jouer sans me prendre la tête, et m'inquiéter de croiser une ancienne connaissance.
Puis je m'arrêtais brusquement en chemin.
La pluie commençait battre de plus en plus fort, et il fallait que je m'abrite, et le seul bâtiment accessible et le plus proche était un lycée qui ne m'était pas inconnu.



"Seirin?... C'est ici?.."

Je ne pris pas la peine de réfléchir un moment et entrais précipitamment dans l'enceinte du lycée, pressant le pas pour atteindre l'intérieur du premier bâtiment au plus vite. À l'intérieur, il faisait relativement chaud, et j'en aurais frissonné de plaisir si je n'étais pas trempée de la tête aux pieds.
Évitant de me faire remarquer, je filais à toutes allures dans les escaliers, les montants sans jamais m'arrêter jusqu'à atteindre les dernière marches avant la porte qui menait au toit.
Puis je m'arrêtai là et tombais les fesses les premières pour m'adosser au mur, soupirant de soulagement.
Techniquement, je n'avais pas le droit d'être ici, prêt du toit, et dans ce lycée. Mais l'envie était trop forte, j'avais besoin de me trouver d'autres lieux pour trainer sans me faire déranger par ce qui restait de ma famille ou les connaissances que je souhaitais oublier.
J'entendais finalement la pluie cesser de tomber progressivement, et de la lumière pénétra dessous la porte, m'aveuglant pour quelque secondes.
Du soleil? Juste ce qu'il me fallait. Comme les jours ensoleillés et torrides me manquaient.
Je me relevais tout en saisissant la balle orange qui m'appartenait, montant trois quatre marche en béton pour me saisir de la poigné, et entrouvir la porte. S'il faisait un peu plus clair, la pluie elle ne s'était pas arrêtée. Mais je sortais tout de même pour observer le ciel fascinant qui s'offrait à moi.
Je laissais tomber la balle, sortant mes cheveux de mon sweat à capuche pour les essorer et les lâcher, dégageant mon visage pour y voir plus clair.
Un arc-en-ciel allait apparaitre.

Je restais la tout en observant en bas du bâtiment quelque lycéens sortir, surement pour rentrer chez eux à la fin des cours, puis posait ma main sur la grille pour m'y appuyer. Je soupirai.
C'est alors que par mégarde, sortant ma main gauche de la poche de mon sweat, je fis tomber les clés de chez moi dans le vide, à travers les grilles.

"N-non non non NON!" m'esclamais-je en agrippant la barrière alors que mon trousseau de clés tombait droit sur le crâne d'un lycéen de grande taille aux cheveux rougeoyant et à la carrure plutôt impressionante. Je commençais à la grimper comme si je pouvais tout simplement escalader la grille pour ensuite descendre par les rebords de fenetres et atterrir en bas.
Je n'étais pas en forme à ce point, mais redescendre tous les escaliers ne m'enchantais pas. Impossible. Enlever mes baskets me semblait donc etre une bonne idée pour pouvoir escalader plus aisément cet obstacle, mais les gens aurait cru à un suicide si je passais par dessus le toît sans mes chaussures.
Que faire ?

J'observais, paniquée, la réaction du type d'en bas, puis fini par lui faire signe, désespérée.

"Toutes mes excuses!!!... C-C'est à moi. Est-ce que tu... Enfin... Pourrais-tu-....?"

Même mes gestes ne devaient pas être clair, et il devait avoir du mal à me comprendre d'où il se trouvait.

Quelle galère... Foutues clés. Foutue journée.