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 #TAKA'S WRITING COLLECTION

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MessageSujet: #TAKA'S WRITING COLLECTION   #TAKA'S WRITING COLLECTION EmptySam 28 Juin - 18:17


ENVIE D’ÉCRIRE
COMME JE RESPIRE
Hey les gens. Ici se trouveront quelques textes, sur tout et rien, que j'écris au gré de mes envies. Je ne prétends pas être une 'grande' auteur, mais écrire j'aime ça, vraiment, parce que c'est un des rares trucs que j'arrive à peu près à faire correctement et qui me fasse tant de bien dans ma vie. Je travaille depuis plusieurs mois sur l'écriture d'un roman et j'ai déjà quelques nouvelles, que je compte rassembler plus tard dans un recueil. Ici, rien d'aussi compliqué heureusement pour vous, seulement des petits textes courts pour la plupart, des drabbles, certains sur KnB d'autres non.

Je vous demande pas forcément d'aimer ce que j'écris, nullement d'ailleurs. J'accepte les critiques avec joie même, du moment qu'elles sont constructives. Les 'j'aime pas' ou 'c'est nul', merci, mais non merci.

J'ai un compte fanfiction.net aussi si ça intéresse quelqu'un, bien que je n'ai pas posté depuis un moment et que les écrits qui s'y trouvent datent un peu (et sont, par conséquence, d'assez médiocres qualités !) : epine


  • listing collection ♥ ;

le premier texte est un petit drabble sur Yukio (et Kise). Se déroule dans le futur. C'est très court, mais j'ai bien aimé l'écrire. 457mots.

le deuxième est un écrit, assez humoristique mais pas seulement -puis j'ai un humour pourri alors ça ne fait sans doute rire que moi- sur Takara et Madame Kasamatsu, personnage crée par les soins de Yukio et qui me fait tout bonnement délirer. Permet également de faire la lumière sur le comment du pourquoi Takara en sait autant sur le passé commun de Yukio et Ryouko et donc pourquoi elle hait à ce point cette dernière. 2568mots.

le troisième traînait sur mon ordi depuis un moment déjà. Il s'agit d'un recueil de minis-textes sur Takara et son futur se situant après le lycée donc. Aucune prétention avec ces textes, je me suis juste amusée à lui imaginer une vie et à donner un peu de profondeur à Taka et certains personnages que j'ai crée (notamment son fils Kei ou son amie Daisuke). J'en adore certains tout comme d'autres me hérissent le poil parce que je n'aime pas du tout comme je les ai écris. 4842mots.

quatrième texte, un recueil de ficlets sans chronologie particulière, mettant en scène Takara Snow et Yukio Stark dans un U.A Game of Thrones adapté. Juste des petites envies particulières qui viennent compléter le rp en cours. Sera complété plus tard sans doute. 1259mots.



© FICHE D'APOLLINA POUR LIBRE GRAPH


Dernière édition par Kurokawa Takara le Mer 16 Juil - 17:37, édité 10 fois
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MessageSujet: Re: #TAKA'S WRITING COLLECTION   #TAKA'S WRITING COLLECTION EmptySam 28 Juin - 18:20





PROFESSIONNALISME ... OU PRESQUE



D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Kasamatsu Yukio n'avait jamais aimé voler. Il détestait prendre l'avion même. Ce n'était tout bonnement pas naturel pour un être humain de se retrouver la tête dans les nuages, ils étaient faits pour la terre ferme bon sang ! Et puis il n'y avait absolument rien de rassurant à se retrouver assis dans un tube métallique sous pression, à plus de trente mille pieds au-dessus du sol et sa vie entre les mains de personnes inconnues ! Ouais, pas du tout rassurant …

Du coup, lorsque Kasamatsu découvrit par un pur hasard – l'autre abruti lui avait foncé dessus, courant sans regarder où il allait - que l'avion de treize heures qu'il devait prendre était en réalité piloter par Kise Ryouta, l'ancien capitaine de Kaijou n'est pas certain de comment il devrait se sentir. Doit-il être rassuré, ou au contraire totalement horrifié ?

Assis dans son siège, les mains crispées sur l'accoudoir, Kasamatsu décida que s'il survivait, il frapperait Kise à mort. Rien à foutre que cela fasse dix ans et qu'il n'était plus son aîné et que donc, techniquement, il n'était plus censé distribuer des coups à l'ancien mannequin.

« Mesdames et messieurs, ici votre incroyable et superbe co-pilote célibataire qui vous parle ! »

La soudaine annonce, hurlée d'un ton beaucoup trop joyeux au goût de Yukio à travers les hauts-parleurs, fait bondir le brun de son siège. Kasamatsu fit une grimace et foudroya le hauts-parleur du regard, envoyant des ondes meurtrières à ce foutu Mister Little Sunshine. Est-ce que cet idiot essayait de lui détruire les oreilles avec ses beuglements gais ?

« Nous sommes sur le point de rencontrer quelques petites turbulences, donc s'il vous plaît, veuillez rester assis sur vos sièges et garder vos ceintures attachées ! » poursuit la voix de Kise – on pouvait presque voir les grimaces souriantes de l'abruti tandis qu'il déblatérait son speech.  

Yukio blanchît brusquement. Ok, donc il serait horrifié, décide-t-il.

« Ah et aussi ! Ne paniquez pas trop Kasamatsu-senpai ! Je m'occupes de tout ! »

Définitivement horrifié.

Dès que l'avion atterrissait, juré, il tuait Kise. Ou au moins, il s'assurerait que jamais le blond ne puisse avoir de descendance et transmette ses gênes de blond. Au moins, se rassura-t-il comme il le pût, personne ici ne savait qui était ce fameux « Kasamatsu-senpai ».

Yukio s'enfonça profondément dans son siège.

L’hôtesse de l'air qui venait de passer dans l'allée n'avait pas vraiment rigolé en le regardant, pas vrai ?


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MessageSujet: Re: #TAKA'S WRITING COLLECTION   #TAKA'S WRITING COLLECTION EmptySam 5 Juil - 11:13



A GOOD DAY TO DIE HARD


Il y avait forcément une bonne raison pour que tout cela arrive. Un genre de destin prémédité, une épreuve imposée par les Dieux pour renforcer sa conviction – ou au contraire, l'anéantir définitivement – et tester sa volonté guerrière. Quelque chose, n'importe quoi, qui justifiait qu'elle se retrouve dans cette position.

Il y avait sûrement une raison... après tout, un tel manque de chance, une telle accumulation de problèmes et de quiproquos, un tel putain de mauvais karma, ce n'était pas statistiquement possible pour un seul être humain.

Oui maintenant elle en était certaine, c'était l'oeuvre du démon. Ce même démon qui, à l'heure actuelle, l'avait saisit entre ses griffes, s'agrippant avec une poigne de fer à laquelle elle ne pouvait échapper à son bras, empêchant ainsi toute tentative de fuite et réduisant à néant sa vaine résistance qu'elle exerçait pour tenter de montrer son désaccord. Mais le monstre restait sourd à ses plaintes, l'entraînant à sa suite vers les tréfonds de l'Enfer.

« Oh Takara chérie, regarde comme c'est joli ! Je suis certaine que Yukio te trouverai ravissante dans cette petite jupe ! »

« Madame Kasamatsu, je ne crois pas que… »

« Oh ! Et ça ! J'avais une robe semblable le jour ou je suis sortie avec son père pour la première fois tu sais. Bien que j'ai fini la soirée sans, uhu ! Ce grand fou était un tel impatient. Ah, en revanche ce n'était pas dans un placard, même si je suis certaine que c'est très excitant ! C'est tellement beau d'être jeune ! »

« … »

C'était un cauchemar. Qu'on lui donne une corde, un flingue, n'importe quoi mais laissez-là mettre fin à ses souffrances. Mourir serait tellement plus doux que cette torture.

Malheureusement pour Kurokawa Takara, les dieux n'en avaient pas terminé avec elle, pas encore du moins. Et la mère de la famille Kasamatsu non plus, puisqu'elle continuait son babillage incessant, toujours en tirant à sa suite l'adolescente kidnappée en cours de route et qu'elle avait vraisemblablement décidé de ne plus lâcher, trouvant sans doute tellement plus amusant de faire les magasins avec celle qu'elle avait officiellement acceptée comme étant la petite-amie de son fils.

Après les quiproquos mis en place lors de leur première et dernière rencontre, Takara avait mit un point d'honneur à ne plus recroiser la route de Madame Kasamatsu. Yukio l'avait suffisamment mit en garde sur l'imagination affolante de sa mère et elle avait constaté de ses propres yeux qu'une fois que Madame Kasamatsu avait une idée en tête, celle-ci s'installait définitivement dans son cerveau douteux et impossible de l'en déloger, quoiqu'on puisse dire pour démentir.

La preuve ; cela faisait une heure que Takara tentait de faire comprendre à cette dernière par tous les moyens possibles à sa disposition qu'il n'y avait aucun sentiment d'ordre romantique qui la liait à son fils et qu'ils n'avaient jamais, au grand jamais, fait ce qu'elle croyait qu'ils avaient fait, encore moins dans un placard à balais. Mais peu importait les tentatives désespérées de l'adolescente, l'autre n'entendait absolument rien, bien trop heureuse de partager une journée shopping avec sa future belle-fille.

Le mot avait manqué faire faire à la jeune Kurokawa une descente d'organe. Depuis, elle préférait se taire, ayant finalement comprit que, plus elle tentait de démentir, plus Madame Kasamatsu s'enfonçait dans ses illusions démentes. Prenant donc comme elle pouvait sur elle-même, Takara s'efforçait de ne pas craquer en public et se laissait entraîner bien malgré elle par la femme d'âge mûre dans les méandres de boutiques dans lesquelles il ne lui serait jamais venu à l'idée de poser ne serait-ce qu'un orteil.

C'était encore pire que les séances de shopping avec Satsuki et pourtant, elle avait cela en horreur. C'était dire donc à quel point Takara souffrait le martyre, d'autant que Madame Kasamatsu semblait déterminée à lui faire vomir son petit-déjeuner ou au moins à lui ôter tout envie de copulation à l'avenir en débattant avec elle de leurs expériences respectives avec les hommes Kasamatsu, envoyant des images mentales dans l'esprit de la Kurokawa tout à fait affreuses et qui donnaient de sérieuses envies de suicide à la jeune fille. Et tant pis pour la Winter Cup !

« Takara chérie, viens essayer ce petit haut je suis certaine que tu seras adorable avec ça ! »

Un gémissement d'animal blessé s'échappa d'entre les lèvres serrées de la jeune fille, mais  elle n'eut pas le temps d'esquisser la moindre tentative de fuite que déjà la voici projetée dans une cabine d'essayage avec la dite tenue, tandis que Madame Kasamatsu, alias la Godzilla à talons hauts, gardait l'unique sortie.

Et ainsi donc, la séance de torture …

« Takara chérie, même si tu as des petits seins, il faut que tu les mettent plus en valeur ! Tu as déjà essayé les soutiens-gorge rembourrés ? »

Continua …

« Takara chérie oh tu pleures de joie, c'est tellement adorable ! »

Encore et encore. Pour le plus grand malheur de l'adolescente, qui avait l'impression d'avoir subit un lavage de cerveau accompagné d'un tour dans une machine à laver, avec essorage puissance mille s'il vous plaît. Elle était morte, lessivée, éreintée et limite dépressive quand enfin Madame Kasamatsu sembla juger avoir suffisamment jouer avec elle et lui proposa d'aller s'asseoir dans un parc pour se reposer un peu, comme quoi elle aurait un peu mal aux pieds.

Juste aux pieds ?! Takara aurait enchaîné tous ses matchs de la saison en une seule après-midi qu'elle se sentira probablement plus en forme – oui bon elle exagérait peut-être un peu pour le coup, mais c'était pour dire à quel point elle était morte de fatigue !

Enfonçant la pièce de monnaie dans la fente de l'appareil, Takara récupéra la canette de limonade fraîche qui venait de dégringoler dans le bac du distributeur automatique. Elle appliqua le métal froid sur sa joue, savourant un instant la sensation de fraîcheur qui apaisait son visage  brûlant, avant de rejoindre Madame Kasamatsu, qui s'était assise sur un banc à l'ombre.

Elle tendit l'autre canette à cette dernière sans un mot et celle-ci la prit en souriant pour la remercier. Takara se laissa tomber sur le banc et soupira doucement tout en buvant la boisson à petites gorgées. Sans surprise, ce fut Madame Kasamatsu qui brisa le silence la première. Cette femme était tellement bavarde par moment, c'était incroyable le débit de paroles qu'elle pouvait avoir en quelques heures seulement. Et elle avait le chic pour choisir des sujets à vous faire faire une crise cardiaque.

« Tu sais, je suis vraiment contente que Yukio ait trouvé une fille comme toi pour prendre soin de lui.  »

Takara s'étrangla avec sa gorgée de limonade.

Elle renversa la tête en avant et cracha, toussotant pour retrouver son souffle qui lui manquait sérieusement. Pourquoi l'autre remettait-elle ce sujet encore sur le tapis ? Certes elle était d'accord pour veiller sur Yukio, mais comme une amie bon sang ! Pas pour s'occuper de faire la descendance des Kasamatsu, combien de fois faudra-t-il qu'elle répète qu'elle n'avait pas ce genre de lien avec Yukio ?!

Mais Madame Kasamatsu semblait être lancée apparemment, puis qu'elle poursuivit : « Je ne l'avais pas vu aussi proche d'une fille depuis des années. Depuis la petite Ryouko en réalité. »

« … Vous voulez parler de Sakine Ryouko ? »

Takara fronça les sourcils à la mention de ce nom. Elle se souvenait plutôt bien de celui-ci étant donné que Yukio lui avait parlé de cette histoire, quelques semaines plus tôt alors qu'elle était nue dans son bain et … mais bref, c'était une autre histoire.

Madame Kasamatsu sembla surprise qu'elle connaisse ce nom en revanche. Elle roucoula, les yeux pétillants et envoyant des vagues de frissons dans le dos de l'adolescente.

« Oh, il t'en a parlé ? C'est rare qu'il aborde ce sujet, vous n'avez déjà plus aucun secret pour l'autre alors ? C'est adorable je trouve ! »

Oui, adorable c'est cela … considérant le fait qu'elle avait été tabassé à mort et que Yukio l'avait ramassé dans une ruelle sombre ce jour-là, on était bien loin des illusions romantiques de Madame Kasamatsu. Enfin, laissons-la rêver, de toutes manières cette femme vit en dehors de la réalité universelle.

« Mais oui, c'est bien elle. Yukio et elle étaient vraiment proches à l'époque. Son départ fut un grand choc pour lui, surtout qu'elle et sa famille sont partis sans rien dire. »

« Je vois… Attendez, vous voulez dire qu'elle est partie sans explication ni au revoir ? » s'étonna la jeune fille.

Madame Kasamatsu secoua la tête et se pencha vers Takara, comme si elle étaient en train de partager un terrible secret. Ce qui, en un sens, était le cas à vrai dire. Takara préférait ne pas imaginer ce que Yukio dirait s'il apprenait que sa mère déballait sa vie privée aussi facilement.

« Oui, j'ai demandé aux voisins et ils m'ont dit qu'ils étaient parti vivre en Angleterre en urgence, pour une mutation professionnelle sans doute. Ryouko n'a laissé ni adresse ni mot. Yukio a vraiment déprimé après cela, il passait des journées entières enfermé dans sa chambre à jouer de la guitare, sans même descendre manger avec nous. »

L'adolescente hocha doucement la tête, le regard dans le vague, essayant d'imaginer l'incompréhension et le bouleversement de son ami quand il avait réalisé que la fille dont il était amoureux avait disparu du jour au lendemain, sans même dire au revoir. Elle superposa ces images avec sa propre histoire avec Daisuke, comparant et retrouvant certainement similitudes.

Seulement, c'était différent. Daisuke lui avait laissé son adresse mail et n'avait pas coupé le contact malgré la distance les séparant. Bien sûr elle avait eu mal de ne pas voir ses sentiments retournés, mais elle s'était consolée grâce au basket et ses amis et aujourd’hui, sa relation avec son presque frère de cœur était toujours en bon terme, les deux s'échangeant des emails de temps à autre pour se raconter leurs journées.

Elle n'oublierai jamais totalement les sentiments que lui avaient inspiré son ami à l'époque, mais le concerné faisait toujours parti de sa vie et c'était pourquoi Takara avait plutôt bien réussi à tourner la page, même si elle avait sorti l'amour de sa vie pour le moment. Mais Yukio n'avait pas réussi à faire cela, parce que Ryouko ne lui avait laissé aucun moyen de se remettre de cette rupture brutale.

Madame Kasamatsu poursuivit : « Je ne savais plus quoi faire pendant un temps, surtout que son père et moi sommes souvent absents. Heureusement, il avait le basket. Yukio s'y est jeté à corps perdu, ça lui a fait beaucoup de bien. Aujourd’hui je sais qu'il est heureux, il a sa passion et ses amis, et maintenant il t'a toi aussi. »

L'adolescente ne songea même pas à démentir ses propos illusionnés et délirants, trop concentrée sur ces nouvelles informations qu'elle venait d’absorber. Elle avait désormais suffisamment de pièces du puzzle pour se faire une idée plutôt précise de l'histoire et et des protagonistes. Takara fronça les sourcils, tripotant entre ses doigts sa canette désormais vide.

Elle ne savait pas vraiment quoi faire, mais elle n'avait pas non plus envie d'agir comme si elle ignorait toute l'histoire. C'était trop tard désormais, entre la confession de Yukio et les nouvelles révélations de Madame Kasamatsu, elle ne pouvait plus dire qu'elle ne savait rien et était totalement étrangère à cette affaire. Et puis, si elle se considérait réellement comme l'amie – amie oui, et pas amante ou fiancée ou que sais-je encore ! – du jeune homme, elle avait la responsabilité de veiller à ce que cette histoire, qui était désormais derrière lui elle l'espérait de tout cœur, ne revienne pas le hanter.

Elle serra les dents en pensant à Ryouko et les dégâts que cette fille avait causé à cause de son caprice et son départ fantôme. Cette fille avait tout intérêt à ne pas revenir dans le secteur, elle avait déjà fait suffisamment de mal ainsi, sans qu'il y ait besoin d'en rajouter.

La voix de Madame Kasamatsu la ramène parmi le commun des mortels et la jeune fille se tourna vers elle pour croiser le regard intense de la femme d'âge mûre, laquelle prit ses mains dans les siennes et lui demanda, d'un ton presque suppliant, tout en inclinant la tête respectueusement devant la plus jeune :

« Takara chérie… Je sais que ça va te paraître sans doute déplacée, mais s'il te plait, occupes-toi de Yukio. Ce garçon est maladroit, grognon et parfois difficile à comprendre, mais dans le fond il est plus fragile qu'il n'en a l'air. C'est une bonne chose qu'il ait quelqu'un pour veiller sur lui. »

« … D'accord. » croassa la jeune fille, très intelligemment.

Sur le coup, elle ne voyait vraiment pas quoi répondre d'autre. Que répondre à une mère qui vous juge la personne idéale pour cette tâche et  s'en remet donc totalement à vous pour veiller sur le bien-être de son fils ? Non, décemment elle ne pouvait pas lui répondre négativement, elle n'était pas un monstre la Takara, elle ne pouvait pas briser tous les espoirs de cette femme. D'autant qu'elle était déjà protectrice avec ses proches à la base, même si de son avis personnel, Yukio était un assez grand garçon capable de se débrouiller tout seul.

Enfin, elle avait promit maintenant. Et les promesses, c'était fait pour être tenues. Surtout qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant quand elle voyait le sourire rassuré et comblé de Madame Kasamatsu.

La réalité revint soudain s'exposer à Takara quand elle regarda sa montre, constatant qu'il était déjà tard avec tout cela. La jeune fille se leva et s'excusa auprès de Madame Kasamatsu, se frottant l'arrière de la nuque.

« Il faut que je rentre, je dois bientôt préparer le dîner. Merci pour les vêtements Madame, je vous rembourserai sans faute … » commença Takara avant d'être interrompue d'un doigt sur la bouche par la matriarche Kasamatsu, qui lui affirma que cela lui faisait plaisir de lui offrir de véritables vêtements de fille.

Acceptant donc bien qu'un peu à contrecoeur, Takara s'inclina poliment une dernière fois et commença à faire demi-tour pour rentrer chez elle, encore un peu chamboulée par les révélations récentes qu'elle avait ingurgités.  

« Ah, Takara chérie ! » l'appela une dernière fois la femme d'âge mûre.

L'adolescente se retourna vers elle, surprise de voir le sourire jusqu'alors tellement assuré de sa vis-à-vis se faire plus timide et hésitant. Madame Kasamatsu baissa légèrement les yeux.

« Merci pour cette journée, je me suis beaucoup amusée aujourd’hui. Comme je n'ai pas de fille, je n'ai pas vraiment l'occasion de faire des choses comme cela, surtout que Yukio râle à chaque fois que je veux l'emmener faire les boutiques avec moi ! Alors tu comprends, si ça ne te dérange pas trop … »

Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Takara. « Bien sûr Madame. Je serai ravie de refaire les magasins avec vous à l'occasion. »

Elle regretterai ces paroles, bien évidemment, sitôt la prochaine fois qu'elle croisera de nouveau la route de la mère Kasamatsu. Mais en attendant, le sourire rayonnant de cette dernière, qui ressemblait soudain à une enfant à qui on venait d'offrir un merveilleux cadeau, compensait un peu l'Enfer terrible à venir.

Takara fit volte-face, prenant le chemin du retour. Maintenant qu'elle avait ouvert sa grande bouche, elle n'avait plus qu'à aller se jeter du haut d'un pont si elle voulait éviter une nouvelle séance de shopping torture.
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MessageSujet: Re: #TAKA'S WRITING COLLECTION   #TAKA'S WRITING COLLECTION EmptyMer 9 Juil - 18:30



TEN YEARS OF TAKARA


# T'es dans le ciel, la tête dans les nuages, le cul visé sur ton siège dans l'avion. Tu regardes pas la fenêtre, première fois que tu t'envoles, rien à foutre, tu n'as pas la tête à ça. Tu penses, tu penses. À plein de trucs.

Tu t'en vas, tu es parti, ça y est c'est fait. Direction l'Amérique, les Etats-Unis. Le berceau du basket. Ta place à l'université est déjà réservée, ton inscription au club de basket de l'école aussi. Tu as quelqu'un qui t'attend à l'aéroport, quelqu'un que tu n'as pas revu depuis des années et que tu vas finalement rejoindre. Tu sais que tu as une chance incroyable, que c'est un nouveau départ, une nouvelle vie et que tu en rêvais depuis si longtemps, de cette occasion de faire tes preuves, de sauter dans le grand bain et de tenter de réaliser ce rêve un peu fou et stupide de devenir sportive professionnelle.

Tu n'as pas la tête à tout ça. Tu penses à des tas de choses. À ta lâcheté. Tu t'es barrée sans trop prévenir, sans vraiment dire au revoir. Tu n'as pas réussi à faire face à tout tes amis, trop difficile. Tu n'as pas réussi à le dire à Yukio non plus, trop douloureux. Même Allie, tu n'as pas réussi à aller la voir en face, ni personne d'autres d'ailleurs. Surtout pas Lui ...

Tu fermes les yeux, tu penses à Yukio et ton ventre se serre. Tu as fais une connerie, tu le sais, tu t'es pas excusée pourtant. Mais t'étais tellement triste, tellement désespérée à l'idée de ne plus le revoir... tu te souviens de l'alcool qui brûle ta gorge, embrume ton esprit et prend le contrôle de ton corps. Tu te souviens du goût des lèvres de Yukio tandis que vous rigolez comme deux abrutis, assis tout habillés dans une baignoire vide. Pourquoi une baignoire d'ailleurs ? Tu ne sais plus. Tu te souviens du poids de son corps contre le sien tandis que tu lui dis combien tu l'aimes, tête enfouie contre son épaule. Pas comme ça, pas comme tout le monde croit. Tu l'aimes comme ton meilleur ami, ton double, ton jumeau, ton reflet. Ta moitié.

Yukio, tu l'aimes comme un frère. Sauf qu'on ne couche pas avec son frère, même avec trois grammes dans le sang. On ne profite pas que son frère soit endormi pour lui avouer qu'on part pendant très longtemps, très loin. On se sauve pas du lit de son frère au petit matin sur la pointe des pieds, en lui volant une cravate pour garder un souvenir. On ne laisse pas son frère sans nouvelles depuis cette fameuse soirée  alors qu'il reste deux semaines avant le grand départ.

Connerie. Tu enfouis ta tête dans tes mains. Tu as envie de dormir pendant mille ans au moins. Tu ne veux plus y aller, tu veux que l'avion fasse demi-tour. Tu veux jouer au basket avec Allie, rire dans les bras de Yukio, tu veux voir tes amis, Kosuke, Satsuki, Hairi, tous les autres, les proches et les moins proches aussi, tu veux prendre le dîner avec ta famille. Tu veux tout cela, mais tu peux plus l'avoir maintenant. Parce que tu as fais un choix et que maintenant, tu n'es rien de plus qu'une fille triste, égoïste et lâche, assise toute seule dans son avion.

Tu ne pleures pas. Tu as envie de vomir. Tu sors ton portable et t'envoie un message à Allie. Juste une phrase.

« Je te laisse la victoire jusqu'à la prochaine fois. »

Tu as le ventre qui se tord et tu ne sais pas si c'est à cause de Yukio et tout le reste, ou bien du verre d'eau que t'as donné l’hôtesse.

À ton cou est noué la cravate bleue que tu as volé à Yukio.


# A la sortie de l'aéroport, il est là. Avec une immense pancarte scandant ton prénom et des cœurs dessinés tout autour. Toujours pareil, gueule d'angelot blond qui n'a pas changé depuis l'époque du collège. Il est tellement jeune et beau que c'en est insolent.

Le temps de quelques minutes, tes problèmes et tes angoisses s'évaporent, laissant place à la joie des retrouvailles. Tu cours te jeter dans ses bras. Daisuke.

Ton frère de cœur, ton mentor, ton premier béguin, ton copain d'enfance, ton meilleur ami gay. Parti en éclaireur quelques années avant toi, pour mieux t'accueillir aujourd'hui. S'il n'était pas là, tu n'aurais sûrement jamais osé venir en Amérique.

Il prend ta valise, te taquine sur ta poitrine toujours aussi petite. Tu le frappes au ventre; il rigole. Daisuke parle à toute vitesse, te disant combien il est content que tu sois là, qu'il a déjà tout prévu pour t'accueillir chez lui, qu'il a hâte de te présenter son compagnon, Jackson, un mec très bien même s'il râle de temps en temps.

Tu souris et te laisses traîner par la main, fatiguée, embrumée. T'as envie de penser à rien. Dans le taxi, tu t'endors.


# Premier jour à l'Université. Tu es tellement angoissée que t'as vomis ce matin au réveil. Pourtant ils étaient bons les muffins de Jackson.


# Tu pleures. Toute seule dans les vestiaires, tu rumines ta rage. C'est dur. Plus que tu ne le croyais. Mais tu te laissera pas faire. Tu trouveras ta place dans cette équipe, tu la feras à l'aide de ta force et ton acharnement. Rien à foutre que tu ne sois « qu'une petit Jap insolente ». T'as tout plaqué pour venir ici et et faire ce que t'aimes le plus au monde. Tu veux jouer au basket ; alors tu joueras. Rien à foutre des autres et de ce qu'ils en disent.

Tu sèches tes larmes, tu te claques les joues. On respire et on y retourne.


# « Félicitation vous êtes enceinte ». c'est tout. Quatre petits mots de rien du tout et la vie bascule brusquement. Félicitation. Pourquoi on te félicite ? Tu peux pas être enceinte, c'est pas vrai c'est pas possible c'est des conneries. Tout allait pourtant bien.

T'as ta place à l'Université, tu suis tes cours, tu t'intègres dans le club de basket. T'as réussi à te faire ta place au milieu des grandes joueuses américaines noires d'un mètre quatre-vingt passé, toi la petite japonaise maigrichonne. Tu réussi tes études, tu t'es fais des amis aussi. Pas comme là-bas, pas comme dans ton pays du Soleil Levant, mais tout de même. Ça fait bientôt un mois, tu commence enfin enfin à trouver ta place dans ce nouveau pays, cette nouvelle vie.

Daisuke est là pour t'aider. Lui ainsi que son compagnon, Jackson, un mec bien qui frappe Daisuke quand il part trop loin dans ses délires. Ça te rappelle un peu Yukio et Ryouta et ça te fait sourire. Tu les aime bien, tu évites de trop penser au Japon grâce à eux.

Sauf que voilà, t'es enceinte. Et tout te revient dans la tronche et ça fait mal. T'as dix-huit ans, presque dix-neuf et t'es en cloque.


# Tu restes assise à même le sol de la terrasse, fixant le mur comme une zombie. Tu sais pas quoi faire.. Daisuke sait pas quoi faire à part une crise d'hyperventilation. Jackson propose d'aller manger des sushis. Tu acceptes.

Les sushis américains, c'est pas si dégueulasse.


# Au début tu dis rien. Pas même à tes parents. T'essaie de contacter Yukio, sans résultat. Tu renonces, de toutes manières tu ne sais même pas comment lui dire.

Ta mère finira par l'apprendre de la bouche d'un Daisuke bourré qui ne devrait plus jamais utiliser la fonction appel en vidéo d'un ordinateur. Surtout à trois heures du matin.


# Quelqu'un à dit un jour que la grossesse était la plus belle période de la vie d'une femme. Si jamais tu rencontres cet abruti, tu lui fous ton poing dans la gueule.


# La grossesse, c'est long, c'est chiant, c'est horrible. Le jour où tu reverras Yukio, tu lui enverras ton poing dans la gueule. Oui, lui aussi.


# Les deux premiers mois, tu vomis joyeusement tripes et boyaux tous les matins, tu sens tout ce que tu avales passer dans un sens pour repartir aussitôt dans l'autre, tu as l'impression d'être sur un Titanic personnel constamment.

T'es d'une humeur massacrante du réveil jusqu'au coucher. Tu hurles dès qu'un homme te touche, même Daisuke qui est devenu ton punching-ball attitré.

Tu ne supportes plus l'odeur de la vanille. Daisuke mange de la crème glacée à la vanille tous les soirs, soit disant que c'est bon pour son teint. Tu balances le pot par la fenêtre. Daisuke pleure. Tu l'envoies au lit sans dessert et avec un coup sur le crâne. Jackson se marre. Tes sauts d'humeurs deviennent des crises dignes de la Troisième Guerre Mondiale.

Le médecin t'interdit de continuer le basket durant tout le reste de ta grossesse. Tu renverses son bureau et manque de le tuer en l'étranglant avec un stéthoscope. Tu te calmes sitôt que tu as à la photo de ta première échographie dans les mains. Tu éclates en sanglot parce que t'arrives pas à voir ton bébé dessus. Jackson te montre un point tout noir, tu n'en reviens pas. Ton bébé à la taille d'une noisette. Tu éclates de rire en comprenant que t'as un têtard dans le ventre, avant de sangloter et de hurler que tu détestes les grenouilles parce qu'elles au moins, elles ont le droit de sauter et de jouer au basket et pas toi.

…Cette grossesse va être longue.


# Troisième mois. Tu t'arrondis, tu enfonces avec un plaisir sans nom ton poing dans la gueule de tous ceux qui te demandent si t'as pris du poids. Tes sauts d'humeur empirent, ça frôle dangereusement la schizophrénie. Tu squattes le club de basket même si tu ne peux plus jouer, comblant ta frustration en faisant des paniers toute seule dans ton coin jusqu'à ce que la coach te hurle de rentrer chez toi te reposer.

Les vomissements commencent enfin à passer. À la place tu as des problèmes de circulations sanguines, ce qui est merveilleux. Tu as tout le temps faim aussi. Tu te fais des missions frigos à trois heures du matin pour terminer le reste de pizza de la veille, sans passer par la case micro-ondes.


# Quatrième mois. Le bébé aime le pimenté, tu te retrouves à manger des piments rouges crûs trempés dans du guacamole. Le bébé adore, toi non. Tu as des montées d'hormones et pas de mec pour les satisfaire, surtout que tu ne supportes pas qu'on s'approche de toi. Tu te consoles en envoyant des ondes négatives à Yukio malgré les milliers de kilomètres qui vous séparent. Tout ça c'est sa faute après tout !


# Cinquième mois. Tu passes ta deuxième échographie. Le têtard à grandit, tu réalises qu'un véritable petit être humain grandit en toi. Ça te terrifie et te rempli de joie à la fois. Daisuke n'arrête pas de parler à ton nombril. Le soir sur la terrasse, tu chantonnes à voix basse, pour toi et le bébé uniquement.


# Sixième mois. Ta libido s'est fait la malle en même temps que tes abdominaux. Tu jures que plus jamais aucun homme ne te touchera.


# Septième mois. Tu t'es transformée en otarie obèse. Tu supplies Daisuke de t'achever entre deux envois en urgence à la supérette parce qu'il y a plus de beurre de cacahuète. La seule invention réellement utile des Américains d'après ton « toi » enceinte.


# Huitième mois. Tu connais désormais les joies de te réveiller en pleine nuit ou de finir à l’hosto à cause de putains de coups de pied qui te coupent le souffle ou t’écrasent bêtement un rein. Douleur.
A en croire la façon dont il dribble contre ton estomac, ton enfant sera un futur basketteur lui aussi et viendra au monde avec son ballon.


# Neuvième mois. Tu te sens comme une baleine échouée sur une plage. Oui, ça a évolué depuis l'otarie. Tu n'en peux plus et tu hurles sur le médecin, le prévenant que s'il ne fait pas sortir ce bébé, tu le feras toi-même.


# Tu perds les eaux dans la file d'attente d'un café. Lorsque les ambulanciers viennent te chercher pour t'emmener à l’hôpital, tu protestes parce que tu n'as pas eu le temps de boire ton chocolat viennois avec triple dose de chantilly. On t'embarque dans l'ambulance avec le chocolat. Le gérant te l'a offert en échange de la promesse de ne jamais revenir déclencher tes futurs autres accouchements dans sa boutique.


# Tu souffres, tu hurles, tu supplies que ça s'arrête. Tu as l'impression que ton corps va se déchirer en deux. Et le médecin, ce connard en blouse blanche, qui te demande de pousser. Tu gueules sur tout le monde, le médecin, les sages-femmes, le reste du monde.

Tu as la trouille. Tu es toute seule et ça te terrifie.

Tu voudrais que ton père soit là pour te raconter des blagues idiotes qui te font rire quand même. Tu voudrais que ta mère te caresse la tête, comme lorsque tu étais une toute petite fille. Tu voudrais tes frères et ta sœur pour te dire qu'ils seront des supers tontons et tata.

Tu voudrais Allie pour te dire que t'es moche, avec ton visage rouge en sueur, tes jambes écartées et tes cheveux collés à tes tempes. Tu voudrais Kōsuke pour lui serrer la main assez fort pour partager ta douleur avec lui. Tu voudrais Ryouta pour te faire sourire, les filles du club pour t'encourager, Satsuki pour s'extasier, tu voudrais quelqu'un, n'importe qui à tes côtés.

Tu voudrais Yukio. Pour te prendre la main, t'éponger le front et te rassurer, te dire qu'il était là, que tout irait bien et que même s'ils ne s'aimaient pas de la même manière que les autres parents, ils s'aimaient quand même à leur manière et c'était aussi bien comme ça. Tu voudrais que Yukio te promette qu'il t'aidera, qu'il te laissera pas tomber, que cet enfant, leur enfant, il allait l'aimer aussi et ils l'élèveront à leur manière, qui est peut-être un peu bizarre, mais on s'en fout, on est bien comme cela.

Tu voudrais toutes ces choses, mais tu les as pas. T'es toute seule pour le mettre au monde, toute seule pour l'élever et Dieu sait que tu l'aimes déjà ce bébé, ton bébé. Tu vas l'aimer, tu vas le choyer, peu importe le reste. Tu n'es qu'une égoïste, une lâche même pas capable d'assumer ses choix et ses conneries, tu t'es persuadée que tout était de ta faute et que tu n'avais plus le droit de revenir pleurer dans leurs bras. Tu as tord, tu t'en veux, mais c'est trop tard, alors maintenant assumes.


# Et puis soudain, il est là. Tout est fini, la douleur est partie, un cri retentit. Ça y est, tout est fini, tout commence maintenant.

T'as dix-neuf ans et t'es maman.


# C'est un garçon. Il a le visage rouge et tout fripé, des cheveux très fins tout noirs sur le sommet de son crâne tout doux et des yeux tout bleus tout clair pour l'instant, avec de toute petites mains et de tous petits pieds.

C'est un Tout et c'est ton fils.

Tu insultes le médecin qui veut te l'enlever pour faire des examens, tu exiges qu'on te donne ton enfant. Tu sens son corps minuscule contre ton cœur, sa petite bouche suçotant ton sein et tu regardes, fascinée. Amoureuse au premier regard, au premier battement de cœur. Un coup de foudre comme en vivent toutes les mamans.

Tu l'appelles Kei, tu emmerdes les infirmières avec l'écriture correcte des kanjis en insistant pour qu'ils figurent sur sa fiche de naissance. Tu manques de dire que son nom c'est Kasamatsu, tu te reprends à temps en te mordant la langue. Kurokawa Kei. Pour l'instant c'est très bien. C'est ta connerie, tu assumes.
Sauf que Kei n'est pas une connerie, c'est un Enfant de l'Amour et le plus beau bébé du monde. Il est parfait et c'est ton fils.

Tu le serres contre ton sein, tu repais tes yeux de son image. Tu n'en reviens toujours pas.

Ton fils.


# Daisuke et Jackson arrivent dans ta chambre. Essoufflés, rouge et en sueur comme s'ils avaient couru des dizaines de kilomètres. Ils ont l'air paniqués et parlent tellement vite que tu ne comprends rien, si ce n'est les « Ta-chan chérie » hystériques de Daisuke, qui ne se calme qu'une fois qu'il pose les yeux sur Kei, endormi malgré tout ce raffut.

Avec eux, un ours en peluche avec un gros ruban rouge autour du cou. De deux mètres de haut.  

Tu éclates de rire et tu pleures en même temps.


# Tu rentres à la maison avec Kei. Ça te fait bizarre d'appeler ce loft où tu habites avec un couple d'homosexuels plus âgés que toi et qui ont développé un étrange sister-complex sur ta personne ainsi, mais pourtant c'est bien là que tu vis et que tu veux rentrer. À la maison.

Ce n'est pas La Maison. Mais ça s'en rapproche et c'est très bien comme ça. Tu rentres donc à la maison avec Kei, ton fils. Le soir tu l'allaites sur la terrasse en regardant les lumières de la ville et en chantonnant une comptine en japonais. Tu te dis que c'est pas si mal finalement.


# Tu croyais qu'être maman ce serait facile. Erreur. C'est autrement plus compliqué que d'être sœur, fille ou amie.

Tu es crevée. Kei dors mal, toi aussi. Tu cris parfois, avant d'éclater en sanglots et de donner le bébé à Daisuke parce que toi tu n'y arrives plus. Plus tard, Kei attrape le bout de ton doigt avec sa main. Tu souris et tu le serres contre toi. Vous vous endormez tous les deux sur le canapé. Daisuke prends une photo et l'accroche sur le frigo. Bientôt, le frigidaire est couvert d'images représentant l'enfant.

Tu reprends les cours à l'Université. T'es à fond. Certains te demandent des nouvelles de ton fils, veulent voir sa photo en fond d'écran sur ton portable, te félicitent. D'autres te regardent bizarrement en te croisant dans les couloirs et on murmure des « sale putain » et des « pauvre fille » sur ton chemin. Tu t'en fous, le soir tu rentres à la maison et tu retrouves Kei et ses sourires, ses mimiques. Daisuke fait des pâtes à la carbonara, il crame le fond de la poêle. Jackson va acheter du chinois, vous manger tous les trois devant la tété. Kei se réveille à deux heures du matin, puis à trois heures et demie et encore à six heures moins le quart.

Tu retournes au club de basket. Dans moins d'un mois tu pourras reprendre l’entraînement, t'es pressée, t'as hâte. Les filles te demandent des nouvelles, te donnent des claques dans le dos et des grands sourires. Une pétasse te traite de vache à lait. Tu lui fous ton poing dans la gueule, les autres applaudissent. La coach exige que tu lui présente ton fils pour te faire pardonner de ton absence forcée. Deux jours plus tard tu viens voir l'entrainement des filles, Kei dans les bras. On perd dix minutes au début et dix minutes à la fin parce qu'elles veulent tous prendre le bébé dans les bras et lui faire des papouilles. Une propose même de faire de Kei la mascotte officielle de leur équipe.

Tu ris. Être maman c'est difficile. Mais c'est bien aussi.


# Le soir sur la terrasse, tu danses lentement, le corps de ton fils endormi blotti contre ton sein. Tu regardes le coucher de soleil et t'imagines les bras de Kyo autour de ta taille.

C'est pas parfait, mais tu fais avec ce que t'as. Et c'est déjà bien.


# Tu reprends le basket. Tu te déchaînes sur le terrain pour retrouver ta place de titulaire, tu prouves que t'as toujours autant la rage. Ton quotidien est un peu bancal, mais tu y trouves ton équilibre. T'es heureuse pour l'instant et c'est l'important.


# T'as vingt ans. Pour ton anniversaire, Daisuke et Jackson t'offre un appareil photo. Bientôt les murs du loft sont tous recouverts de clichés, de tout et de rien, et de vous quatre aussi. Surtout.

Pour ton anniversaire, Kei fais ses premiers pas tout seul pour la première fois.


# Le premier mot de Kei, c'est « connard ».

En fait c'était plus un genre de « Koooaaaar », assez proche du  rugissement de lionceau d'ailleurs, mais t'as très bien reconnue le mot. T'es mortifiée. Le premier mot de ton fils est une insulte.

Daisuke éclate de rire. Tu décides de l'étranger.


# Tu ris aux éclats. Au-dessus de sa ta tête, tu brandis le trophée. Les filles se jettent sur toi, vous vous serrez mutuellement dans vos bras. La coach pleure, tu pleures, vous pleurez toutes. Déluge d'émotions. Les spectateurs applaudissent, tu repères Kei sur les genoux de Daisuke au premier rang. Ton fils a des étoiles dans les yeux, émerveillé. Il te fixe comme si t'étais son héroïne. Tu souris.

Tu viens de prouver à tout le monde que t'avais plus que jamais ta place sur le terrain aujourd'hui.


# Match. Tu essaie de t’extirper du marquage étouffant de cette foutue gonzesse de deux mètres de haut. Tu tentes. Elle te rejoint dans les airs. Combat en suspension. Bousculade.

Tu tombes et tu t'éclates la tête contre le pied du panier. T'entends distinctement un son de déchirure, comme du verre brisé, avant de perdre connaissance.

Ton épaule. Ta putain d'épaule.


# Hôpital. Encore. Désagréable sensation de déjà-vu. On te charcute sur la table d'opération. À jamais marqué sur ta peau, court maintenant une cicatrice le long de ton épaule, chaire maltraitée inguérissable.

Tu la regarde dans le miroir et tu te sens laide, affreuse et mutilée. T'as l'os brisé et le cœur en miette.


# « Votre épaule est foutue. Vous ne pourrez jamais jouer en pro. »

Le verdict tombe. Tu veux pas le croire. Tu hurles sur le médecin, renverse la table, pleure et cris en même temps. On te fait sortir de force, tu frappes au hasard sans savoir sur qui tu cognes. Ton poing rencontre le mur, une fois, deux fois, trois fois. Du sang recouvre tes phalanges. Tu hurles ta rage comme un animal blessé. Tu t'enfuis en courant.

Conneries, c'est rien que des conneries tout ça. C'était juste une petite blessure de rien du tout - mensonge. Tu vas passer pro - mensonge. T'as remporté le tournoi universitaire avec ton équipe – ça ne veut rien dire maintenant. Deux fois de suite. La coach dit que tu peux le faire. Le basket c'est toute ta vie, on n'a pas le droit de t'enlever ça. Trop fragile, os trop usé, épaule trop maltraitée, trop risqué... tu veux pas les écouter, ils ont tord !


# Tu t'es enfuie. Comme une lâche. Tu as envoyé un message à Daisuke pour lui dire de s'occuper de Kei ce soir. Toi tu as pris la voiture et t'as roulé, roulé sans savoir ou aller. T'as quitté la ville depuis un moment déjà. Les larmes sur tes joues ont séchées, ta gorge est enrouée d'avoir trop hurlé. Tes mains sont couvertes de ton propre sang d'avoir trop frappé les murs.

Tu finis par t'arrêter. Il fait nuit noire, il n'y a personne sur les routes. Personne à part toi. A ta droite, un champ de mais. Au-dessus, le ciel et les étoiles. Tu n'entends rien si ce n'est les battements toujours aussi effrénés de ton cœur et le ronronnement du moteur. Tu coupes le contact, sors de la voiture. Tu pénètres dans le champ, marche au milieu des épis géants, sans trop savoir ce que tu fais. Ta tête est vide, tu ne penses plus à rien. Une coquille, voilà ce que t'es devenue.

Tu t'allonges au milieu du champ. Tu sens la terre sous toi et ton regard se perd dans les étoiles que tu contemples. Tes pensées s'envolent et rejoignent le ciel. Tu fermes les yeux.


# Tu rentres au petit matin. Quand Daisuke te saute dessus pour savoir ou t'étais passé, paniqué, tu réponds simplement que tu as ramené du maïs pour faire du popcorn. Ta voix est morne, éteinte. Morte.


# Trois jours. Une semaine. Dix jours.

Le temps s'écoule, la vie continue, mais toi tu t'en fous. Tu dors tout le temps, mal en plus, tu manges presque plus. T'as maigri, des cernes violettes décorent tes yeux. Tu ne vas plus en cours, ni au club de basket. À quoi bon ? T'es vide, seule et triste. T'as tout sacrifié pour cette chance, même le droit de vivre avec l'homme que t'aime, et voilà que le Destin, ce sale connard, t'enlève tout ce qui te rendait heureuse. Daisuke essaie de te parler, te cris dessus, te supplie de te reprendre. Il te frappe même. Mais tu dis rien, tu t'en fous, plus rien n'a d'importance maintenant.

Tu voudrais mourir.


# T'es sur la terrasse. Pour ne pas changer. Soudain, t'entends des bruits de pas. L'instant d'après, une petite chose fragile s'agrippe à tes cheveux et te grimpe sur les genoux, forçant le passage pour venir s'installer entre tes bras. Kei. Blottit contre toi et murmurant tout bas dans ta langue natale qu'il parle presque parfaitement maintenant : « pourquoi t'es triste Maman ? »

Révélation. Tu écarquilles les yeux. Tu te sens conne tout à coup. Tes yeux s'humidifient et tu serre ton fils contre toi, t'agrippant à lui comme à une bouée. Ta bouée de sauvetage, ta main tendue pour te ramener à la surface, ta lumière dans l'obscurité. Kei enfoui son nez dans ton cou et te caresse les cheveux de ses petites mains innocentes. Longtemps.

Ta vie n'est pas finie. Ta vie, elle est là, au creux de tes bras, vos coeurs battant à l’unisson.


# Le lendemain, Daisuke éclate en sanglots et se jette dans tes bras quand il te voit préparer des muffins pour le petit-déjeuner.


# Tu retournes en cours. Tu reprends tes études avec sérieux. Tes notes remontent. Tu retournes au club, les filles se ruent sur toi et ça part en câlin général et en crise de larmes.

Tu fais une sortie un soir avec les autres étudiants et quelques filles du club – tes amies, si précieuse, tu te rends compte désormais –, tu bois un peu, tu ris beaucoup et tu danses. Tu dragues un mec. Vous échangez un baiser, tu t'enfuis rejoindre tes amies en lui tirant la langue et en riant comme une gamine. Tu rentres à la maison sur la pointe des pieds et tu vas embrasser Kei qui dort profondément.

Cette nuit-là, tu rêves de Kyo et de votre première fois.


# Le jour de ton diplôme, tu ne vas pas le chercher. Tu restes allongé sous les draps avec Kei et vous mangez le petit-déjeuner le plus calorique du monde en regardant les dessins-animés. Daisuke ne tarde pas à vous rejoindre et ça part en bataille de polochons et en fou-rire. A l'heure du déjeuner, Jackson revient avec des sushis frais et ton diplôme dans l'autre main.


# Vacances d'été. Tu pars sur les routes, un peu au bonheur de la chance, avec tes trois hommes. Kei, Daisuke et Jackson.

Vous dormez tous les quatre dans une tente deux places, vous faîtes de saucisses au feu de bois et des marshmallow grillés à la braise. Vous vous baignez dans les rivières, tu apprends à Kei à nager. Vous rencontrez des gens, Kei joue avec une petite-fille de son âge. Tu rencontres un gars, dans une soirée feu de camp. Tu te réveilles nue dans ses bras. Tu pars sans dire au revoir. L'image de Kyo t'as hanté toute la nuit – t'y arrives pas, peu importe ce que tu peux faire, il t'obsède l'esprit jour et nuit.

Tu prends des photos, tu immortalises. Une idée te viens.


# T'es rentrée. Tu travailles. T'as trouvé un post de journaliste-photographe pour une gazette à la noix. Le salaire est minable, les sujets sont nuls, un de tes collègues persiste à vouloir te mettre la main aux fesses bien que tu le frappes à chaque fois. Pourtant, t'es contente. Ton premier boulot.


# Pour Noël, Kei demande un ballon de basket. Il veut que tu lui apprennes à jouer. T'es tellement heureuse que vous sortez faire quelques des paniers, même s'il neige et qu'il fait moins dix degrés.

La bataille de boules de neige démarre après la première boule lancée par Daisuke.


# Boulot. Basket. Kei. C'est un trio qui fonctionne bien.


# Le Japon te manque. Tu commences à réfléchir, à envisager des choses, auxquelles tu ne pensais pas avant.

Bientôt, Kei aura six ans. Il devra rentrer à l'école primaire. Il connaît pas lui, le Japon. Il connait pas son père non plus. Ta famille te manque.


# Tu as pris tes dispositions. Tu as longtemps pesé le pour et le contre. Le coup de fil de ton père pour t'annoncer que l'état de ta mère s’aggravait t'a finalement décidé. Tu as envoyé ton book à des journaux de Tokyo et Kanagawa. Tu arraches la promesse à Daisuke de venir te voir et de te garder une place à sa table. Évidemment.

Tu envoies un mail à Allie. Elle te répond qu'elle t'attends. Tu penses à Kyo et ton cœur s'emballe à l'idée de le revoir, priant, espérant, pour qu'il t'ai attendu malgré tout ce que tu as fais.


# T'as vingt-quatre ans, presque vingt-cinq. T'es dans l'avion. Lorsque Kei te demande pour la énième fois où vous aller, tu réponds, avec un sourire sincère :

« on rentre à la maison ».
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MessageSujet: Re: #TAKA'S WRITING COLLECTION   #TAKA'S WRITING COLLECTION EmptyMer 16 Juil - 17:33


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Au plus profond de son cœur, Takara savait que l'Hiver venait. Elle pouvait entendre le rire glacial et sentait le parfum de la neige naissante dans son esprit.

La tête posée sur la poitrine nue de Yukio, la jeune femme écoute les battements du cœur de son époux, cherchant à graver à jamais cette mélodie parfaite dans son esprit. Elle sait qu'il est éveillé lui aussi.

L'Hiver vient, immanquablement. Il revient toujours après tout. Et tout ce qu'elle peut faire, c'est l'attendre et guetter les signes annonçant que le froid revient s'installer sur les terres du Nord, afin de recouvrir ses plaines et ses forêts de blanc et de magie.

Takara ferma ses yeux. Le monde devint ténèbres et seul les battements du cœur de Yukio résonnait encore en elle.

L'Hiver vient. Demain, Yukio part en guerre.


« Mère. Pourquoi les gens ne m'aiment pas ?
— Parce que tu es différente. »

Takara n'avait jamais comprit ce que cela signifiait réellement. En quoi était-elle si différente des autres, pour que cela lui vaille le rejet de ses paires ?

La jeune fille s'observe dans la rivière, étudiant le reflet que lui renvoie l'eau paisible et profonde. Elle n'est pourtant ni difforme, ni estropiée. Certes ses vêtements de garçon et de basse qualité sont sales et déchirés, son visage est parcouru de griffures et autres blessures récoltées dans ses escapades imprudentes, mais rien qui justifie réellement qu'on lui lance des pierres et des regards noirs.

Takara ne comprend pas. Elle ne sait pas pourquoi personne ne veut d'elle, pourquoi on la regarde comme si elle était un déchet répugnant. Elle ne sait qu'une chose ; la différence fait peur. La différence n'apporte rien de bon. L'enfant des bois renonce à comprendre et préfère fuir, choisissant les arbres et les biches pour compagnons de jeux.

A mesure que le temps s'écoule, Takara se sent de moins en moins humaine. Elle est louve, animal solitaire que tout le monde redoute et fuit comme la peste. Alors elle doit fuir aussi pour ne pas être tuée. Elle se cache, dissimulée dans l'ombre, rongeant sa solitude comme un os à moelle.

Le jour ou elle croise le regard d'un jeune garçon de son âge aux cheveux noirs et aux yeux bleus glacier, Takara redevient humaine. Ou du moins à moitié.

Pour la première fois, elle est heureuse d'être différente.


Lorsqu'elle avait quatorze ans, Takara failli perdre sa dignité. Aujourd'hui encore, elle refuse d'en parler et son regard s'assombrit quand elle y repense.

Elle se souvient de ces hommes, ivres et empestant l'alcool, qui la surprennent et la prennent au piège. Elle se souvient de leur rire gras et méprisable tandis qu'ils immobilise la petite louve en lui saisissant les poignets, se moquant de ses tentatives pour mordre et griffer, animal sauvage et acculé qu'elle est.

Elle se souvient du bruit que fait sa robe en se déchirant, révélant sa poitrine plate et nue. Elle se souvient de la peur qui dévore son corps, envoyant des frissons d'effroi le long de son dos comme des serpents vicieux rampant sous sa peau et ses pupilles de bête affolée qui se sait prise au piège, qui se cercle de blanc.

Une main s’égare sur sa peau nue et des sursauts de dégoût secoue le corps immobilisé de force de la jeune louve. Elle ne sût par quel miracle il comprit qu'elle avait besoin d'aide et débarqua à cet instant précis, épée à la main.

Elle se souvient du sang qui éclabousse les murs et des yeux bouillonnants de colère de Yukio tandis qu'elle se réfugie dans ses bras, hurlant et pleurant comme un animal blessé. Ne resta plus ensuite que la chaleur des mains de Yukio qui lui caressait tendrement les cheveux pour tenter de l’apaiser.


Un jour d'été orageux, Takara disparu. Comme ça, sans prévenir. Envolé, disparue la jeune louve téméraire et farouche, sans même laisser une empreinte derrière elle.

Personne ne la chercha, pas même sa sorcière de mère, qui semblait peu s’inquiéter des agissements de sa fille unique. Le seul qui paraissait bouleversé par cette disparition était le jeune Stark. Mais on ne s'en souciait guère, certains soulagés même que cette diablesse de bâtarde ne soit plus en train d'entraîner l'héritier dans son sillage.

Quelques rumeurs circulaient dans la taverne de la ville d'hiver. On disait que l'enfant louve, la bâtarde Snow était morte, probablement. Ou bien qu'elle avait finalement revêtit son apparence de bête fauve et était partie dans la forêt à jamais, voir même au-delà du Mur, retournant vivre avec les sauvageons. Les jours s'écoulaient et bientôt on cessa de songer à l'adolescente bravache, dont le cadavre pourrissait certainement quelque part entre deux souches d'arbres.

Environ un mois plus tard, une silhouette à la carrure maigrichonne émergea des sous-bois. Sale, nus-pieds, la crinière emmêlée, le corps couverts éraflures et de traces de sang. Mais bel et bien en vie.

Le sourire qu'elle avait aux lèvres s’agrandit en remarquant la silhouette masculine qui semblait l'attendre et les yeux bleus glacier qui la fixait, elle ainsi que les deux masses de fourrure qu'elle tenait fermement serrée contre son coeur en les berçant tendrement.

Takara s'avança, se planta devant Yukio et lui mit d'autorité le louveteau de quelques semaines au pelage blanc et au museau humide entre les mains.


Les tuer... les dépecer ... leur arracher la tête, leur trancher la gorge, leur crever les yeux et leur sectionner la langue, donner leur cadavre fraîchement assassiné en pâture à Hati et les corbeaux. Non, même tout cela ce n'était pas assez doux comme vengeance à ses yeux.

Takara rumine sa rage, silencieuse, tandis que la jalousie lui dévorer littéralement le coeur alors qu'elle imagine sans mal toutes ces filles de bonne famille réunies parmi les invités dans la grande salle du château, et se pressant autour du jeune héritier Stark pour s'attirer ses faveurs.

Il est vrai que Yukio est un jeune homme maintenant. Presque en âge de trouver une fiancée même. Le Jeune Loup fait tourner bien des têtes, elle en est consciente. Il n'est plus l'enfant qui était son compagnon de jeu exclusif, celui qu'elle pouvait garder pour elle seule. Non, désormais Yukio rentre dans le monde des adultes et elle doit le partager, le voir s'éloigner d'elle sans pouvoir rien faire.

Après tout, qu'est-ce que l'héritier du Royaume du Nord pourrait bien trouver à une petite bâtarde comme elle ? Takara grogne, enfouit son visage dans ses genoux ramenés contre elle et enfonce son dos contre l'écorce de l'arbre sur lequel elle s’appuie.

Couché contre elle, « Haine » grogne doucement, cherchant à la consoler et lèche le visage de sa soeur humaine, récupérant de sa langue râpeuse les larmes de rage et de tristesse qui dévale les joues pâles tout en grondant sourdement de colère.

Aujourd'hui, plus que jamais, Takara est douloureusement consciente du gouffre qui sépare son univers de celui de Yukio.
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