[UA] La rose et l'épine || Kise ♥

Le réveil matin retentit, comme à son habitude pour tirer du lit une masse de cheveux noirs et épais. Comme il fallait s’y attendre, une main vint s’abattre lourdement sur l’objet incriminé, afin de le faire taire. Objectif atteint, maintenant, il fallait se lever rapidement si l’on ne voulait pas que Morphée revienne jouer les trouble-fêtes avant ce soir. C’est ainsi qu’une jeune fille n’ayant pas encore la vingtaine s’extirpa de ses draps avant de s’étirer tel un chat et de s’engouffrer dans sa salle de bain. Une bonne douche tiède, il n’y avait rien de mieux pour se réveiller !

Ceci fait, elle prit soin de s’habiller d’un jean et d’une chemise trop large pour elle avant de descendre dans la salle à manger ou sa mère l’attendait déjà, prenant elle aussi son petit déjeuner. C’est précisément à cet instant qu’elle remarqua s’être levé… Deux heures plus tôt. Misère. Mais elle savait qu’une seule personne au monde était capable d’une telle félonie. Sa mère, oui, précisément. Et la demoiselle savait très bien à quoi s’attendre venant d’elle, ce matin, comme tous les autres, d’ailleurs.

Yukio prit rapidement son omelette avec quelques légumes avant de quitter la table sous les conseils avisés de sa mère qui « aimerait bien qu’elle se trouve un petit copain prochainement ». C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait fait exprès de trafiquer le réveil de sa fille unique – rien ne l’arrête, cette femme, peu importe la dimension ou elle se trouve -, afin que sa « petite chérie » aille se balader un peu en ville avant d’aller voir le match de basket qui avait lui dans la ville voisine en fin d’après-midi.

Tout d’abord, Yukio voulu protester. Logique. Mais en entendant sa douce maman lui annoncer qu’elle allait appeler le voisin pour l’inviter à prendre un thé avec son fils de vingt ans, étrangement, la sortie en ville lui parut beaucoup plus sûr pour son matricule. C’est donc dans cet état d’esprit qu’elle prit un vague sac à main – oui parce que bon, elle restait une fille, même si les apparences étaient contre elle – qu’elle attacha en bandoulière sur son épaule – il ne fallait pas trop lui en demander non plus – et se dirigea vers la sortie de sa main, puis vers le nœud commercial le plus proche de là où elle résidait.

Bon, alors, que faire alors qu’il lui restait tant de temps à tuer, exactement ? Telle était la question… Elle priait simplement pour que personne de ses connaissances ne la voie ici en ce samedi bondé de monde. On aurait pu croire qu’elle faisait les soldes et ça, non, jamais ! Plutôt se peindre les ongles en roses que de se transformer en harpies psychopathes prête à s’arracher les yeux pour une jupe à moins cinquante pourcent ! Ca allait bien, oui ?!

Oh non. Pas lui. Par tous les enfers existants dans ce monde et ailleurs – oui, tout à fait -, de toutes les personnes qu’elle aurait pu croiser ici, il avait fallu qu’elle tombe sur la pire qui soit parmi toutes ses connaissances. Kise Ryouta, le mannequin que toutes les filles en fleurs de cette décennie s’arrachaient comme s’il s’agissait d’une pierre précieuse où d’un bijou rare. Ce que le blond n’était manifestement pas ; rappelons qu’une gemme de grande valeur, en plus d’être belle et de briller de mille feux – quoi que le premier point est surtout subjectif – ça ne parle pas pour débiter des âneries. Sauf que le basketteur, lui, paraissait spécialisé dans l’art du n’importe quoi.

Oh, bien sûr, il avait un charisme certain. Yukio, même en tant que fille qui se fichait éperdument de la mode et des idoles de l’instant, lui reconnaissait au moins ça. Le problème, voyez-vous, c’est que dès qu’il ouvrait la bouche, le charme s’évanouissait dans le néant. Oh, il n’était pas méchant pour un sou, loin de là ; plus bisounours que lui c’était difficile à concevoir ! Seulement… Non, aux yeux de la brune, il manquait clairement de lucidité. Mais c’était probablement propre à son âge puisqu’il avait seize ans et elle dix-huit. On a beau dire, en deux ans, il y a tout de même une certaine maturité qui se créer. Enfin, c’avait été elle cas pour la capitaine de l’équipe féminine de basketball de Kaijo, mais ça ne voulait pas dire qu’elle ne conservait pas des réactions, comme dire… assez bridés par rapport à ses camarades du même âge.

« B…Baka ! Je… Je t’ai déjà dis de ne pas m’appeler comme ça ! Surtout pas dans la rue ! »

Oui, bonjour, comment ça va ? Non non, pas de ce genre de politesse en présence du blond. Le rouge était déjà partiellement monté aux jours de la jeune femme alors qu’elle se sentait visée par des tas de regards hostiles – sans doutes des harpies, non loin. Mais il lui fallut rétablir une vérité au plus vite. Ou du moins essayer !

« Non, je ne faisais pas de shop- »

Elle ne put finir sa phrase qu’elle se faisait trainer par le poignet. Non mais, what the fuck ?! Pour qui se prenait-il, ce type ?! Qu’il l’a laisse tranquille ! En plus, ça voulait dire quoi, ça, « je vais faire de toi une vrai fille » ?! En plus d’être vexant, cela n’annonçait rien de bon pour Yukio qui commençait déjà à baliser bien comme il faut.

« Kise ! Lâche-moi immédiatement ! Je te jure que je crie au viol si tu ne le fais pas ! »

Menace peu probable. De un, elle aurait trop peu d’attirer l’attention sur elle par ce procédé d’auto-défense pour le moins biaisé et de deux… Personne de sensé ne prendrait le blond pour un pervers en manque devant recourir au viol pour s’envoyer en l’air. Certes, on dit toujours qu’il ne fallait pas se fier aux apparences, mais, comment dire…. Chez lui, l’innocence transpirait tellement que ça en devenait navrant.

En plus, trop tard, la voici dans l’antre des esthéticiennes, pour son plus grand malheur.

Damned, l’ennemie était déjà, là, en plus.

« Oh, comme c’est mignon ! Vous venez faire vos soins en couple ? »

La réplique fusa si rapidement qu’elle aurait pu faire exploser la tête de la brune si c’avait été possible. Elle manqua de s’étrangler, à ces mots.

« Hein ? Non mais je non, je… Kise dis-lui que nous ne sommes pas… ! »

La journée promettait d’être longue. Très longue. Il fallait vite trouver un moyen de se carapater d’ici.

Elle allait le tuer. Mais genre, vraiment. Le réduire en petits morceaux et balancer le tout dans un volcan en activité. Qui sait, peut-être qu’avec un peu de chance, ce sacrifice pourrait même réveiller un antique démon qui lui accordera un vœu et elle pourrait souhaiter qu’on lui foute la paix définitivement ! C’est bien comme ça que faisaient les anciennes tribus, non ? En balançant une vierge dans la lave ! Ouai enfin bon, Yukio n’était pas certaine que Kise soit… Bref. Avec le pot qu’elle trainait derrière elle comme un chewing-gum à sa semelle, le sort n’aurait rien trouvé de mieux à faire que de se retourner contre elle et la brune n’avait clairement pas besoin de ça ; pas plus qu’elle ne souhaitait parcourir les flans d’une cheminée volcanique à fond la caisse pour échapper à une coulée de lave. Enfer et damnation !

Enfin, comme vous l’aurez très certainement compris, Kasamatsu était en train de maudire Kise Ryouta avec toute la force de son âme alors qu’elle ne mordait la lèvre pour ne pas hurler à la façon d’un élan sur sa fin de vie tandis qu’une smeijrtmosrijtmj d’esthéticienne – oui, nous avons utilisé une censure spéciale pour éviter aux yeux des plus pures d’entre vous d’exploser sous l’horreur des termes employés – lui arrachait les bandes de cires présentes sur ses jambes. Non mais de quel droit est-ce qu’il s’était permit un tel commentaire, l’autre blondie, là ?! Elle le ferait payer, et très cher, en plus !

Mieux ! Elle irait plaider l’aide de son camarade capitaine de l’équipe masculine de basketball de son lycée, le Kurokawa. Ce type, en plus d’être très bien fait de corps – enfin, c’est ce que toutes les filles racontaient à son sujet, en tout cas, même si Yukio y restait quelque peu insensible – savait faire marcher ses troupes. Oui, tout à fait, il était ici question des joueurs.

La brune se dit donc qu’en plus de cogner elle-même sur Kise, elle ferait en sorte que son acolyte en rajoute une couche ! Non mais alors, depuis quand est-ce qu’on se comportait de la sorte avec une fille ?! Même si ça ne lui plaisait guère de reconnaitre un fait pareil – parce que certaines filles faisaient carrément flipper et que Yukio ne voulait absolument pas leur ressembler – elle restait ce qu’elle était depuis sa naissance, tout de même !

La torture prit finalement fin et la gorgone qui l’avait maintenu durant toute la séance la libéra finalement, alors que ses jambes et le haut de son visage pleurait misère. Une petite larme coula même sur sa joue alors qu’elle se relevait. Elle n’était clairement pas contente, c’était clair et net. Et elle était encore loin de se douter que son calvaire était loin d’être fini… Déjà parce que l’esthéticienne à la force herculéenne se permit une proposition qu’elle jugea plus que déplacée !

« Vous savez, je peux comprendre que vous ne voulez pas vous afficher dans la rue avec votre petit-ami qui est, au passage, très beau garçon, mais désirez-vous que je vous épile le maillot ? Je suis certaine qu’il appréciera ! »

Inutile de dire qu’il fallut approximativement une minute et une explication à Yukio pour comprendre ou est-ce que l’autre vipère voulait en venir avec ses bandes de cires prêtes à l’usage ! Plutôt mourir ! Le visage rouge, la jeune fille lui tourna immédiatement le dos, renfila – avec quelques difficultés – son jean et ressortit de sa cabine, plus remontée que jamais. Ah, tiens, ça par exemple, le blond l’attendait. Elle vint se planter devant lui, les sourcils – enfin, ce qui lui en restait – froncés au maximum.

« Je suis effroyablement humiliée. »

Puis, elle le contourna, lui asséna un coup magistral sur le haut de sa tête et déclara.

« Je rentre chez moi, oublies mon numéro et même mon adresse espèce de… de… carton-pâte ! »

Ouah, l’insulte de malade ! Mais elle s’en fichait, tout ce qu’elle voulait c’était qu’on lui foute la paix après cette horrible mésaventure. Elle prit donc le chemin vers la porte le plus rapidement possible. Brrr, jamais plus elle ne remettrait les pieds ici, JA-MAIS !

Visiblement, Kise ne comprenait pas la douce subtilité d’une menace de mort sous-entendue dans un regard. Pas du tout, en fait. Ça semblait être un concept trop vague pour être comprit de sa personne. Dommage. Car Yukio sentait sa tranquillité partir de plus en plus en fumée à mesure que les minutes passées en présence de Blondie s’accumulaient et s’enchainaient les unes aux autres. Eh merde. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait de lui balancer un magistral « oui je rêve de te tuer de mille et une manière depuis que l’on s’est rencontrés, tu n’imagines même pas ! » seulement… Elle n’en eut malheureusement pas le temps.

Nouvelle damnation ô combien déplaisante, elle sentit son poignet être de nouveau prit en otage par le modèle tant prisé de cette décennie. Oh non, il fallait qu’il la lâche, et immédiatement, avec ça ! Mais son cerveau se mit en fonction off pour une petite minute qui fit pencher la balance en faveur du psychopathe mannequin – oui, parfaitement. Minute, qu’avait-il dit ? Il lui avait fait un compliment, là ? La brune ne put s’empêcher de sentir son cœur rater un battement et de rougir jusqu’aux oreilles tandis que Ryouta la guidait à travers l’antre des horreurs pour s’occuper de son cas –oui, dis comme ça, c’est flippant, pas vrai ?
Oh ne rit pas, surtout ! Yukio n’avait pas l’habitude qu’on lui fasse des compliments ! Enfin, ses parents lui en faisaient, parfois, mais c’était différent, avec eux. Là, il s’agissait d’une personne extérieure à la famille – et mieux valait pour elle qu’il ne mette jamais un pied à la maison sinon elle se retrouvait mariée dans l’heure qui suivait ! Du coup, elle eut tout loisir de se maudire elle-même intérieurement avant de remarquer que… bah on lui adressait la parole. Ou, tout du moins, qu’on essayait d’entrer en communication avec elle. Ce qui était, en soit, une épreuve des jeux olympiques à part entière, d’ailleurs. A méditer pour les prochains organisés.

En attendant, elle aurait bien aimé fuir loin de tout ça et se planquer sous sa couette pour ne plus jamais en sortir et surtout ne jamais recroiser Kise de sa vie entière ! Cet imbécile avait fait en sorte qu’elle se retrouve défigurée ! Même s’il prétendait le contraire, Yukio était sûr qu’il devait bien rire sous son scalp blond, l’autre abruti ! Seulement, comment dire…. Le type avec l’accent suggestif, il avait aussi la force de Hulk, dans ses mimines parfaitement entretenues – comme quoi l’habit ne faisait pas le moine, c’était avéré une nouvelle fois. Il lui tint donc la tête de manière à pouvoir regarder sa tignasse. Mon dieu, qu’est-ce qu’il lui préparait, ce psychopathe armé d’une paire de ciseaux ? Elle aurait bien voulu disparaitre entièrement dans son fauteuil, pour le coup.

« Kiseeeee, au secours ! »

Mais rien n’y fit et elle passa au fil expert de cet individu pour le moins singulier. Et lorsqu’il en eut terminé avec elle – bien plus vite qu’elle ne l’aurait jamais imaginé- il fallait bien reconnaitre que sa coupe ressemblait enfin à quelque chose ! Un carré plongeant qui lui allait à ravir, en plus ! Enfin, selon l’opinion publique, car selon elle…

« Mon dieu, je ressemble à une starlette débile ! »

Car oui, si ça pouvait faire plaisir à d’autres, dire à Yukio qu’elle ressemblait à ses filles parfaites que l’on voit matin et soir à la télévision, ce n’était pas un compliment bien vu. Pas du tout, même. Un peu plus et elle en aurait pleuré !

Encore un compliment. La brune ne sut quoi dire ou quoi faire. Elle soupçonnait que c’était la carte maîtresse de Kise, tout ça, que de la mettre dans l’embarras pour mieux faire d’elle ce qu’il voulait. Le scélérat ! Elle ne savait pas encore quand ni comment ni même où mais elle était certaine d’avoir un jour sa vengeance, une bonne fois pour toute ! Non mais alors ! Il allait apprendre à se moquer d’elle en se faisant passer pour un beau parleur encore pire qu’il ne l’était déjà ! Yukio n’aimait guère que l’on s’amuse d’elle de la sorte. Et encore, si c’avait pu se terminer au coiffeur, à la limite, elle aurait pu faire l’effort de ne pas faire la tête continuellement mais… non !

Il avait osé l’entrainer dans une boutique de vêtements, lieu tabou parmi les lieux tabous ! Pire encore, laissée aux mains de gorgones spécialisées dans les dernières tendances, la pauvre Kasamatsu se retrouva rapidement cernée par son ennemie jurée ; la mode. On ne lui laissa même pas le choix, en plus ! A peine avait-elle tenté de protesté qu’on la poussait dans une cabine d’essayage. Elle se résigna après avoir envoyé balader une vendeuse trop tactile qui se proposait de la déshabiller. Ça allait bien, oui ?! Elle avait une tête à vouloir qu’on la bichonne de la sorte ? Non.

Du coup, quitte à être prise en otage – et le terme était faible, selon elle -, Yukio accepta d’essayer quelques ensembles qu’elle trouvait immondes et bien trop dévêtus en tout point. Elle sortit même de la cabine avant d’y retourner, le rouge aux joues. C’était… nouveau, pour elle. Et bien que ça lui eut paru des heures entières, elle rechignait de moins en moins à la besogne. Toutefois, ce que lui renvoyait le miroir à l’intérieur de la cabine ne lui plaisait pas vraiment. Elle se dit que plus vite elle en aurait fini avec ce bazar et plus vite elle pourrait rentrer chez elle afin qu’on la laisse définitivement tranquille ! Même si elle allait devoir trouver un moyen de justifier ses nouveaux sourcils et sa coupe de cheveux délirante face à ses parents, bien entendu. Un bon mensonge devrait faire l’affaire, le tout était d’arriver à le monter de toute pièce avant ce soir. Challenge accepted.

Finalement, elle sortit dans une dernière tenue, histoire de voir si Kise allait remarquer qu’elle n’était pas à l’aise, dans ce genre d’endroit. Pas du tout, même. C’était un peu les montagnes russes des sentiments, elle se sentait tantôt un peu plus dans le bain pour ensuite vouloir s’enfuir loin d’ici et ne jamais revenir. Le moment de vérité allait approcher. Elle fusilla les vendeuses du regard, les faisant s’écarter. Un tailleur jupe couleur gris perle et une chemise dans les tons nacrés. Très joli, mais pas pour elle, définitivement.

« Alors ? Tu en penses quoi ? »

Qu’il lui dise seulement qu’elle était mignonne et là, ouai, il se mangeait une gifle bien sentie !

Pourquoi est-ce qu’elle s’était attendue à une telle réaction de la part de son ami blond ? Peut-être qu’au fond, elle le connaissait si bien à force de l’avoir côtoyé qu’elle n’était pas surprise qu’il réagisse de la sorte. Il était toujours tellement… insouciant. Parfois, oui, elle arrivait à se l’avouer, Yukio l’enviait pour ce qu’il était. Un être léger et sympathique qui s’attirait le regard des foules sans effort aucun. Il était un peu à part parmi la population, oui. Mais d’un autre côté, elle était un peu blessé qu’il n’ait pas réussit à voir au-delà. Certes, elle était peut-être « jolie » -magnifique étant pour elle un terme bien trop haut pour la désigner – mais elle ne se sentait pas… « elle », tout simplement. Elle n’était pas à l’aise dans ce genre de tenue et elle doutait pouvoir l’être un jour, sauf rares exceptions, sans doute.
Cela dit, elle se sentit de nouveau rougir avec une fureur sans nom au compliment de Ryouta. C’était tellement… étrange, d’entendre quelque chose de la sorte de la bouche de ce garçon qui, d’extérieure, ne paraissait porté que sur le superficiel et rien d’autre. Les gens comme ça, Yukio voyait mal comment ils pouvaient seulement trouver quelqu’un d’autre qu’eux ne serait-ce que « mignon ». Du coup, elle était surprise, mais dans le sens agréable du terme. Elle s’autorisa même un sourire en coin.

Mais la magie de l’instant eut tôt fait de s’évanouir lorsqu’elle se sentit montée de force sur une paire d’escarpins à talons. Oh lord, no. Pas cette horreur issue des entrailles d’une mode complétement ridicule selon la capitaine ici présente. Pourquoi elle ?! Marcher avec des choses pareilles aux pieds ? Mais Ryouta était-il devenu fou, d’un coup ?! Ou alors, il voulait sa mort imminente en s’arrangeant pour qu’elle se torde la cheville et tombe dans la rivière la plus proche, aussi. Non, non, stop les hypothèses à deux balles, elle avait déjà de quoi psychoter suffisamment sans tout ça !

La brune ne prêta qu’à moitié attention au coup de téléphone de Kise, préférant essayer de capter son reflet dans une vitrine. Et lorsqu’elle y parvint enfin, elle se stoppa devant le torse développé de son ami blond. Que… qu’est-ce qu’il voulait ? Sa respiration s’accélérait et avant même qu’elle ne le réalise, il rapprochait son visage du sien. Holà, mayday, mayday, nous avons un problème ! Turbulences ! Quoi, nous ne sommes pas dans un avion ? On s’en fout !

D’instinct, Yukio ferma les yeux, se préparant au pire. Elle n’avait encore jamais embrassé personne dans sa vie et ne sait pas quoi penser, surtout après une séance pareille ! Tout était mélangé dans son crâne d’idiote finie. Mais fort heureusement pour elle, il ne se passa rien de rien. Et lorsqu’elle le réalisa, elle sentit ses jambes flageoler sous elle. Il fallait vite qu’elle s’assied quelque part. Elle n’eut même pas le courage de frapper Kise, c’est dire ! Mais elle aurait sa revanche plus tard, c’était certain ! Rien que pour ses fringues abandonnées, d’abord !

De nouveau entrainée dans un rythme endiablé, Yukio réalisa qu’elle devait émettre une objection depuis tout à l’heure.

« K…Kise, lâche-moi ! Ces vêtements sont… bien trop courts ! On voit….. On voit mes genoux ! »

Oui, c’était ça qui l’inquiétait, parfaitement. Comme quoi, parfois, ses préoccupations n’allaient clairement pas loin.

Sa mère ne devait jamais savoir. Que ce soit au sujet qu’elle traine aussi souvent avec Ryouta ou qu’elle se soit laissé transformer -conte son gré ou non -, il ne fallait pas qu’elle soit mise au courant. Jamais de la vie. Sinon la brune savait pertinemment ce qui allait se passer et ça ne lui plaisait pas du tout. Sa génitrice serait bien capable de la kidnapper de force pour aller dévaliser les boutiques de vêtements et autres accessoires – avec un détour par la case « lingerie fine », à n’en pas douter parce que d’après maman Godzilla, il n’y avait « rien de mieux pour attirer les garçons ». En résumé, un remplacement total de son actuelle garde-robe par tout ce qu’elle détestait au plus haut point. Jamais de la vie, plutôt de faire harakiri avec un petit suisse, d’abord – on ne déconne pas, certain ont déjà du essayer…

C’est pour cette raison, qui lui paraissait tout à fait légitime, que Yukio était en train d’élaborer plusieurs stratégies afin de rentrer chez elle sans croiser le chemin de sa mère. Opération compliquée mais sans doute pas irréalisable pour autant, il suffisait de croire en sa bonne étoile, non ? Ahah, la bonne blague. La brune venait de mettre en place des plans allant jusqu’à la lettre M lorsque mister blondie décréta qu’il était temps pour une bonne glace.

Bordel, lui, dans une autre vie, il avait surement du être un pot de glace, pas possible autrement qu’il les aime autant ! Et heureusement pour son matricule de mannequin – et accessoirement le fait qu’elle porte des talons qui la faisait tanguer, aussi - , la Kasamatsu ne releva même pas sa pique au sujet des « trucs de filles ». Pourquoi est-ce qu’elle ne les aimait pas ? Non mais sérieusement, il n’avait pas encore compris ça, ce taré bourré de fond de teint ?!

Brrr, si être une fille voulait dire être une hystérique finie pendant les soldes – entre autre – et aller se pavaner en jupette trop courtes devant les garçons, non merci, elle passait son tour avec une joie non dissimulée ! Mais elle trouverait un moyen de renvoyer cette balle à Kise, un jour, elle en était persuadée. Il fallait juste attendre le bon moment, voilà tout. Pour autant, sa réflexion sur ses genoux ne lui avait pas plu non plus des masses. Du coup, après avoir durcit son regard dès lors qu’elle entendit parler d’une surprise, elle ajouta, irritée ;

« Tu m’énerves à la fin ! Tu ne comprends rien ! Ce n’est pas pareil pour le lycée où c’est la norme et sur le terrain ou c’est plus pratique ! Je… Je n’ai pas l’habitude de montrer mes jambes comme ça moi, je ne suis pas toi ! »

Et hop là, la petite pique discrète histoire de lui faire comprendre qu’il était un peu débauché sur les bords – selon la brune, en tout cas- et le tour était joué. C’est à ce moment-ci, milk-shake en main, que la lycéenne se souvint du pourquoi elle était sortie aujourd’hui !

« Ah mince, il faut que je me dépêche, le match va bientôt commencer ! Bon bah, on se revoit plus tard, hein ? »

Tentative d’échappée belle en cours de réussite ! Heureusement que le stade n’était pas très loin, même si marcher avec ces horreurs aux pieds allait considérablement la ralentir. La question qui se posait maintenant était plutôt… Est-ce quelle arriverait à aller voir ce fichu match ou non ?

Elle avait cette très désagréable sensation de n’être qu’une poupée de chiffon ballotée çà et là au gré du bon couloir de son propriétaire. Sauf que si on adaptait cette métaphore au contexte, alors ledit propriétaire n’était autre que Kise et ça… hors de question ! Rien que de penser à une telle absurdité, Yukio piqua un fard. Vraiment, elle n’avait qu’une hâte, c’était de sortir de là, de cette maudite séance photos qu’elle n’avait pas demandé et aller voir le match de son collègue et ami capitaine, Kurokawa Takara. Ni plus, ni moins.

Quoi que, elle aurait peut-être pu supporter les frasques du blond encore un peu plus longtemps s’il n’y avait pas eu cette idée ridicule de la part d’elle ne savait trop qui dans le studio de la faire poser… en maillot de bain. Oh my sourcil, ce n’était juste pas croyable ! La jeune fille, qui n’assumait pas vraiment son corps – comme à peu près quatre-vingt-quinze pourcent des dames de son âge – était réellement tétanisée devant l’objectif, ne parvenant plus à réagir, de façon cohérente ou non. A un moment, elle se demanda même si elle n’avait pas oublié la manière dont on respirait. Mais non, elle parvint vivante – étonnamment – à la fin de cette torture sans nom ! Vraiment, dès qu’elle s’en sentirait un peu le courage, Ryouta allait déguster !

Mais déjà, mettre les points sur les « i » et les barres aux « t », ce serait déjà une bonne chose.

« Non mais ça va pas ?! Tu crois franchement que j’étais à l’aise ?! Pas du tout ! Je ne deviendrai pas mannequin ! Je ne suis pas comme toi, j’ai d’autres priorités dans la vie ! »

Mais elle ne put continuer sa phrase qu’il lui bisoutait la joue, rehaussant encore la teinte cramoisie sur ces dernières.

« M-M-M-Mais arrêtes enfin ! » dit-elle en se reculant de deux pas, gênée au possible.

Yukio n’était décidément pas habitué aux marques d’affection, si sincères puissent-elles être. En plus, voici qu’il l’interrogeait sur l’endroit du match qu’elle était censée aller voir depuis le début. Bon, rester calme et ne pas paniquer. Elle n’avait pas trop le choix d’y aller comme elle était maintenant, jamais elle n’aurait eu le temps de se changer si elle voulait être à l’heure pour le match de son camarade. Yukio prit sur elle, inspira puis expira avant de lui répondre, calmement.

« Kurokawa-kûn m’a dit que c’était dans le gymnase du lycée voisin, à cinq minutes de marche d’ici. Comme il a été aidé l’équipe secondaire, il a pu demander à être reçu par l’adversaire. »

Et bien entendu, Yukio allait encourager Kaijo autant que possible, équipe secondaire ou non. Elle avait pleinement confiance en ses camarades, pour sûr ! Ils prirent donc le chemin du lieudit et purent s’installer rapidement dans les gradins, à de super places, en plus ! La rencontre commença sous les yeux des jeunes gens et la brune se retrouvait aspirée par ce jeu si intense. Mine de rien, l’équipe secondaire savait tout de même y faire !

Puis, entre deux quatre-temps, elle se dit qu’elle pouvait tout de même dire un petit truc gentil envers Kise, qui n’avait pas été si désagréable que ça avec elle, finalement.

« Au fait… Je me suis bien amusée. Merci. »

Voilà, elle ne le regarda pas dans les yeux – plutôt mourir !- et préféra observer les lumières des spots, plus en hauteur. C’était déjà un grand pas en avant de fait, quand on la connaissait. Le blondinet n’avait même pas à se plaindre ou sinon… Elle le frapperait !

Bonjour, ici le cerveau de Yukio. Comme présentement la demoiselle qui nous intéresse n’est pas ne mesure de s’exprimer – c’est qu’elle essaie de mourir de honte sous sa couette pour le moment donc ça va être dur de lui tirer les vers du nez de la sorte… Je vais donc, en tant qu’esprit dévoué, vous expliquer les faits en vous résumant les derniers évènements. Vous allez voir ,c’est encore mieux qu’un magazine de vie privée des stars ou qu’un épisode de Gossip Girl. Au niveau des potins, du moins. Mais ne nous attardons pas sur les hors d’œuvre et passons directement au plat principal – ouai je sens que vous avez faim de connaître les raisons de cette soudaine gêne, petits fripons que vous êtes !

En soit, Kasamatsu s’était ‘presque’ gentiment laissée trainée en ville par le mannequin blond que tout le monde admire et adule ; à savoir Kise Ryouta. Pour une étrange raison, la miss avait finalement été relookée de la tête aux pieds par mister « je suis un modèle qui fait fondre toutes les minettes sauf celle que j’aime bien » - stylé le nom pas vrai ? -, maquillage et épilation comprise. Elle avait dû le maudire au moins un millier de fois pour lui avoir fait vivre un tel enfer d’un genre tout à fait particulier. En plus, damnation, la journée c’était terminée par une séance photo ou elle s’était retrouvée malgré elle en maillot de bain, collée à Blondie.

Magnifique. Comment frôler la crise cardiaque en deux leçons ; la première, vous sortez de chez vous, la seconde, vous avez Kise Ryouta dans vos contacts. Et comme en ce jour, mademoiselle brunette avait décidé de faire les deux, fatalement, le souffle au cœur l’avait guetté de très très très prés.

Par la suite, quand son karma se décida enfin – il avait mis le temps, l’enfoiré – de s’accorder avec ses vœux premiers – à savoir aller voir le match de son camarade Kurokawa-kun sans plus de chichis, et bien… elle se rendit compte qu’elle s’était plutôt bien amusé. Elle avait même fait la bêtise de le dire à Ryouta, en plus. Pauvre enfant. Parce que c’est précisément après que tout a dérapé. En effet, seuls les dieux – oui ils ont le dos large et ils ne peuvent pas se défendre donc autant en profiter pour tout leur coller dessus – savaient pourquoi le blond s’était alors emparé de son menton pour venir l’embrasser, d’abord alors la plus grande douceur puis avec de plus d’envie.

Et avouons-le de suite, si Yukio avait complétement bugué en laissant Kise faire ce qu’il voulait de sa bouche – ouh, comme cette formulation est poétique…-, prétendre que ça ne lui avait pas plu aurait été mentir. Parce que oui, elle avait adoré ça. Le problème, c’est que quand il l’avait lâché, elle avait oublié comme respirer et parler, d’un coup. Le rouge lui était monté jusqu’aux racines des cheveux bruns et elle avait l’impression de convulser. Heureusement, elle se reprit, mais seulement parce que la seconde suivante, une fusée orange vint attirer sur Ryouta, attirant sur lui l’attention du public presque tout entier. Joli lancé de Kurokawa, qu’on entendait au loin.

Seulement non, là c’était trop en demandé à Yukio. Elle jeune fille s’excusa donc brièvement et prit la fuite lâchement en rentrant chez elle – se cassant la gueule à plusieurs reprises à cause des petits talons qu’elle portait alors. Arrivée chez elle, la voici qui partit s’exiler dans sa chambre en fermant la porte à clef et en tirant les rideaux. Elle voulait qu’on lui foute la paix et ne plus repenser à ce qui s’était passé. Nope nope nope nope nope, plus jamais elle ne sortirait de chez elle, plus JA-MAIS !