Allons-y gaiement! ... Ou peut-être pas, en fait. • Kise • Akemi • Asuka

En ce samedi après-midi, la rue commerçante était –pour une fois- peu peuplée. N’importe quelle fille aurait trouvé ceci fort dommage, il est vrai. Seulement, le protagoniste dont il est ici question, lui, est parfaitement satisfait de ce manque de populace ; ça rendait la besogne du « shopping » moins contraignante, sans foule tout autour pour bouffer la moindre petite particule d’oxygène à portée de poumons.

Mais là encore il était nécessaire de ne pas se méprendre ; Yukio n’était pas en train de faire les magasins simplement pour le plaisir. Non non, s’il avait dû écouter ses envies, il serait resté chez lui pour jouer à la guitare, tout seul ou bien il aurait été jouer au basket dehors, avec ses amis qui auraient pu se libérer de leurs devoirs. Maiiiiiis non. A la place, il devait aller s’acheter une nouvelle paire de chaussures, spécialement adaptées au terrain de basket qu’il côtoyait pas mal.

C’est vrai qu’il n’avait pas fait attention à ça jusqu’à ce qu’il manque de se casser la figure en plein match à cause d’une semelle manquant de s’enfuir à toute hâte si ça continuait sur cette lancée. Quelle négligence ! Lui-même ne comprenait pas vraiment comment il avait pu laisser les choses s’envenimer à ce point ! Il avait eu de la chance de ne pas se blesser.

Pour éviter de recommencer une connerie du même genre, il avait donc proposé à Kise de venir le rejoindre en plein centre-ville. Le problème ? Son portable s’était déchargé car il n’avait pas pensé à préparer la batterie et donc… Fatalement, il ne savait pas si blondie allait se bouger ou pas.

Bwarf, au pire, ce n’était pas bien grave, il allait patienter encore un petit quart d’heure avant de partir définitivement à la rechercher du Saint Graal des basketteurs, la paire de pompes idéales ! Et pour une fois, ce ne serait même pas la faute de l’As de Kaijo, s’il ne pouvait pas faire savoir ses projets. Dommage, Yukio venait de perdre une occasion de le frapper, ah ah.

Quel après-midi bien peu ordinaire qu’Akemi était en train de vivre. En effet, la petite demoiselle se trouva dans un parc, en pleine lecture d’une œuvre littéraire occidentale qu’elle appréciait tout particulièrement, the Game of Thrones. Maitrisant la langue anglaise, il était donc très simple pour elle de suivre le déroulement d’une telle histoire, qui faisait carburer son imagination à vive allure ! Cependant, quand bien même elle aimait ce livre – puisqu’elle l’avait déjà relu à de nombreuses reprises – il n’en restait pas moins que varier ses activités ne serait pas un mal non plus ! Elle pourrait ainsi profiter pleinement de sa demi-journée de liberté.

Elle avait eu de la chance avec ce professeur absent soudainement, en plein milieu de la journée. Les élèves avaient pu ainsi rentrer chez eux… Mais l’Aoki n’avait pas encore envie de rentrer. Non, elle voulait profiter de ses rares moments où elle pouvait vire comme elle l’entendait sans avoir à rendre de compte à personne. Ses parents n’étaient pas au courant de sa petite escapade et… quand bien même elle ressentait un peu de scrupules à ne pas les en avoir informé, elle ne fit rien dans le sens inverse, sachant d’avance qu’ils lui demanderaient de revenir à la maison, là où elle serait encore surveillée par les médecins particuliers tout le temps, sans avoir le droit à un peu de tranquillité. Elle devenait peu à peu une adolescente normale, de son âge.

Fermant le livre, Akemi étira ses lèvres en un fin sourire alors qu’un papillon vint se poser sur l’un de ses doigts. Qu’il était beau ! Plein de couleurs vives et de striures ! Elle n’en avait jamais vu d’aussi joli auparavant. La magie du moment s’estompa bien vite, le petit insecte retournant à son habitat naturel, le ciel. C’est là que la nippone eut une soudaine envie de chanter, comme ça. C’était l’un de ses petits plaisirs, également. Elle avait en plus une très jolie voix. Aussi, prenant une bonne inspiration, elle s’adossa un peu plus contre l’arbre qui l’avait accueilli jusque-là sous son feuillage délicat et entonna une mélopée.

"Bokura wa ima doko ni iru no? Sore yori doko e ikeba ii no? Subete ga moshi kimerarete'tara bokura wa doushite mogaku no darou sore wa, kimi ja nai kimi no, sei ja nai kanashimi wa mou takusan na n da"

Ce n’était certes pas la plus joyeuse chanson de son répertoire, mais elle l’aimait bien, car criante de vérité. Ses paupières se fermèrent, un peu. Elle souffla lentement et entama le second paragraphe.

"Ah..."

Puis, des hurlements hystériques la tirèrent de sa torpeur factice. Curieuse, toujours, l'Aoki se redressa et se laissa guider par les bruits, qui provenaient, en fin de compte, d'un attroupement d'ordre féminin. Oh? Que se passait-il?! Ah! Akemi venait d'être prise dans le mouvement de foule et n'arrivait plus à s'en dépêtrer, c'était malin!

Finalement, elle parvint à se frayer un chemin vers l'air libre mais... se cassa la figure vite fait bien fait,se faisant mal à la main contre le sol.

"Aie!"

En voila, une belle entrée en matière...

Bon, alors, reprenons depuis le départ. Yukio avait invité Kise afin de choisir une nouvelle paire de basket digne de ce nom –pourquoi donc, la question reste entière et ne sera surement pas élucidée de suite – en pensant, de base, que ce pourrait être une bonne idée. De base, oui. Sur le papier, oui. Dans les faits c’était… Carrément autre chose. En fait, à l’arrivée de Blondie, il se souvint immédiatement de pourquoi il ne cessait de le frapper – entre autre- plutôt que de l’encourager comme il le faisait avec les autres, pourtant. La réponse tenait en une simple petite phrase : il était chiant.

Attention, il restait un bon ami, mais ça n’empêchait pas qu’il avait des réactions pire que chiantissimes, surtout lorsqu’il parlait encore, et encore, et encore ! Mais bon sang, certes il avait une bouche mais ne pouvait-il pas la boucler plus de trente secondes consécutives ? Apparemment, non, c’était trop lui demander. Mais bon, soit, après tout Kasamatsu était habitué à le côtoyer, aussi l’envie de meurtre ne grimpa pas immédiatement. Il allait donc lui répondre avec une phrase construite, posée et calme lorsque ce fut le drame ! Drame qui prit forme sous le couvert d’une armée de… filles !

Pire, des hystériques ! Yukio les connaissait bien pour croiser le même genre à chaque match ou Kise participait. Des groupies de la blondasse, forcément. Des filles, partout, un véritable flot humain ! Ce qui c’était agaçant ! Pire, ça en devenait presque gênant. Non, en fait, c’était gênant. Le noiraud commençait à se sentir mal avec tant de représentantes de la gente féminine à proximité. Il avait toujours eut un « petit problème » avec les nanas. Non pas qu’il ne les aimait pas, il était purement hétérosexuel – et avait même ô miracle eut une petite amie, une fois – mais il ne savait jamais ô grand jamais comment agir en face de… ça. Surtout quand ça hurlait de la sorte. Ceci expliquant, en grande partie, pourquoi il demeurait célibataire depuis son entrée au lycée, même si les mauvaises langues auraient volontiers augmenté ce laps de temps.

Quoi qu’il soit, bien décidé à s’en aller le plus vite possible de là –heureusement que les groupies se tenaient à une distance raisonnable tout de même – Kasamatsu essaya t’interpeller Ryouta le plus normalement du monde.

« Bon, faut qu’on y aille, tu v- »

Il allait lui dire de venir – qui sait un autre vendeur de glace aurait peut-être pris place un peu plus loin ? – lorsque ses yeux virent deux silhouettes proches du sol. L’une des deux lui paraissait familière mais il n’aurait pas su dire où il l’avait déjà vu.

« Si c’est pas malheureux. Tes groupies se marchent dessus maintenant, ça fait peur quand même. »

Enfin, il reprit sa marche, vers une direction assez aléatoire, s’attendant à ce que son coéquipier – et ami, quand même – soit juste derrière lui.

A vrai dire, Akemi n’avait rien vu venir. Tout c’était passé bien trop vite pour qu’elle comprenne tout d’un seul coup, en fait. Elle qui n’était pas vraiment habituée à vivre à mille à l’heure – c’était même tout le contraire, pour être honnête – elle avait été projetée sur le sol avec une rare intensité ! Heureusement, à part la paume de sa main, pas d’autre dégât à signaler. Tant mieux ! Déjà, elle allait devoir dissimuler cette égratignure à ses parents et ses tuteurs car elle savait qu’ils prendraient le moindre petit bobo pour une immense plaie, ce qui n’était en rien le cas.

Et dans le pire des scénarios, la petite Aoki se voyait déjà ramenée à l’hôpital, qu’elle avait bien trop fréquentée à son goût jusque-là.

Non, elle ne voulait pas retourner là-bas, c’était trop terne, trop effrayant comparé à la vie au dehors de ces murs blancs ! Alors, elle devait prendre sur elle, un point c’est tout ! Après, tout irait bien, se disait-elle. Cherchant son livre des yeux, elle le vit ouvert, face contre le sol, avec quelques pages déjà froissées. Oh non, pas son bouquin ! Elle y tenait beaucoup, c’était un cadeau de Mahiro ! Ni une ni deux, elle parvint à l’attraper sans le salir davantage et s’apprêtait à faire un examen minutieux dudit livre lorsqu’une voix l’interpella.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir le visage de son amie Asuka ! Très heureuse de la revoir – malgré le contexte des plus étranges, nous en conviendrons-, la petite malade lui offrit un grand sourire, aussi lumineux que possible.

« Ah, Asuka-chan, bonjour ! »

Mais elle n’eut pas le temps de se justifier réellement quant à sa présence par terre qu’une main secourable se fit entrevoir prés de sa minuscule personne. Oh, il était gentil, ce garçon ! En soit, elle pensait pouvoir se remettre seule sur ses deux jambes, mais comme il se proposait, il aurait été impoli de refuser ! C’est ainsi qu’Akemi se saisit de la main de cet illustre inconnu – oui, les gens ne connaissant pas Kise Ryouta existaient encore, preuve en image ! – sans même s’apercevoir que dans son dos pointait des dizaines de regards jaloux et potentiellement dangereux sur le long terme.
Les remerciements semblaient devoir être quelque peu reportés, elle vit le garçon partir dans une sorte de spectacle de rue qui la fit sourire. Akemi ne comprenait pas tout, mais ce genre d’excentricité lui plaisait beaucoup ! En attendant, elle s’adressa à son amie légèrement plus jeune qu’elle, pour lui répondre au sujet de l’instant précédent.

« J’ai glissé je crois et je me suis un peu fais mal à la main… Mais ça va maintenant ! Et toi ? Que faisais-tu par ici ? Tu n’es pas avec ton frère ? »

Akemi connaissait les deux plus âgés de Takao et les appréciait beaucoup. Ils étaient gentils, tous les deux. Des personnes au cœur d’or ! Ensuite vint le fameux examen de ses propres yeux au sujet de son livre qui venait de subir plusieurs outrages en moins d’une petite minute. La prochaine fois, elle se promit d’y faire bien plus attention et de ranger son bouquin dans son sac en bandoulière avant de jouer à la petite curieuse de service ! Au fond, Akemi apprenait la vie, également.

Alors qu’elle pensait proposer à Asuka d’aller se promener toutes les deux, le jeune homme qui l’avait aidé à se redresser peu avant parut étonné qu’elle ne soit pas avec « les autres ». Qui est-ce que ça pouvait bien être ? L’Aoki ne connaissait pas grand-chose à la mode et, à ses yeux, elle parlait avec un garçon tout ce qu’il y a de plus normal ! Mais elle n’approfondit pas plus en entendant la proposition fusée de la bouche de ce même jeune homme.

« Du shopping et des glaces ? Ça me ferait très plaisir ! »

Elle avait souri de toutes ses dents. On aurait dit une après-midi entre amis ! C’était la première fois, pour Akemi. Maintenant, restait à savoir si Asuka allait accepter de venir également. Elle ne voudrait pas laisser la Takao seule dans le cas contraire !

Oh le petit… ! Yukio n’en croyait pas ses yeux ! Non seulement Kise l’avait laissé en plan pour aller porter secours à des filles, mais en plus il s’attardait en discussion et pose de mannequin ! On croyait rêver ! Bon, en soit, si le premier fait était tout de même honorable – aider quelqu’un à se relever était une vertu de plus en plus rare de nos jours, parait-il – la seconde l’était carrément moins. Kasamatsu ne voulait rien savoir et rien entendre, en plus. Voilà, le copycat commençait déjà à lui chauffer les oreilles et ce, après seulement quelques minutes de rassemblement. Record battu, bravo Kise.

Le capitaine de Kaijo se promettait de lui offrir une rouste bien sévère dès qu’il en aurait l’occasion – comprendre par là quand ses fans hystériques seraient loin car mine de rien, le brun n’avait pas envie de mourir précocement non plus. En attendant, il l’attendait, sourcils froncés, bras croisés sur le torse et pied tapotant le bitume, marquant l’impatience qui l’habitait. Non mais, ce n’est pas qu’il n’aimait pas le shopping mais… il n’aimait pas le shopping, si, justement ! La perspective de trainer des heures entières dans les magasins ne l’attirait pas vraiment. Pas du tout, en fait.

Et là, il réalisa qu’il y avait un autre argument pour ne pas aller faire les boutiques avec Kise, même pour la plus simple des choses. Ce mec n’était pas tout seul dans sa tête, ce n’était guère envisageable autrement ! Vu ses réactions, Yukio était sûr qu’il ferait exprès de perdre du temps dans les rayons qu’ils allaient visiter ! Comme une … une fille, quoi ! Rah, plus jamais il ne lui proposerait, Plus ja-mais ! Il sentait déjà l’agacement le gagner de plus en plus. Et encore, là, à l’extrême limite, s’ils avaient opérés comme c’aurait dû être le cas depuis le départ, tout aurait pu s’arranger en un claquement de doigts !

« Kise, te revoilà enfin mais qu’est-ce que fouta-… »

Mais nooooooon ! Forcément, il fallait vraiment que blondie fasse quelque chose de pas prévu –mais genre, pas du tout – afin de tout bousculer. Sur le moment, le troisième année hésita fortement entre deux options vis-à-vis de son camarade lycéen. Le tuer où le tuer. Oui, nous en conviendrons ce sont là des choix riches de diversité. Et pourtant c’était ce qui motivait le plus le basketteur, présentement. Pour un peu ses dents auraient été prises de grincements.

…Ah, non, en fait c’est le cas.

Immédiatement, il attrapa le col de son acolyte masculin aussi vif que l’éclair et le ramena vers lui, pour l’engueuler.

« Non mais je peux savoir ce qui te prends, exactement ?! Tu as cru quoi ? Qu’on était en excursion à travers le centre-ville ?! »

En vrai, Kise lui aurait répondu par l’affirmative que ça ne l’aurait même pas étonné outre mesure. Et puis le capitaine de Kaijo se stoppa net lorsqu’il s’aperçut que les deux filles n’étaient pas loin de lui. Asierhilsehrtn. Des individus de sexe féminin, au secours, on va tous mûrir à ce rythme !

Il eut seulement une vague présence d’esprit envers la plus jeune –d’apparence- des deux.

« … Tu ne serais pas de la même famille que ce chieur de Takao, par hasard ? »

S’il n’avait pas eu trop de mal à formuler une phrase, c’était parce que la petite dont il était question n’était, pour lui, pas vraiment une fille à proprement parlé. Plus une enfant, en fait. Ahah, la suite des événements promettait d’être drôle. Mais pas pour lui, juste. Foutu karma.

Et voilà, Akemi était toute contente. Elle se pensait déjà partie pour la grande aventure du siècle, en compagnie de son amie issue de la famille Takao et de cet illustre inconnu répondant au nom de Kise Ryouta. Cela dit, elle ne s’expliquait toujours pas les réactions un tantinet – oui oui, pas d’erreur elle minimisait encore la chose – excessives de ses camarades féminines un peu plus tôt. Le blond avait parlé de « fans ». Soit, mais ça ne comblait toujours pas l’interrogation béante née fraichement dans l’esprit de la minuscule Aoki. Bon, tant pis, elle verrait ça un peu plus tard, sans doute ! Pour le moment, elle voulait tout simplement profiter de l’opportunité qui lui était offerte.

Ainsi, après avoir assuré à voix basse à Asuka que tout irait bien pour sa main – même si elle n’avait pas vraiment l’air crédible, il faut bien l’avouer- la petite lycéenne se laissas porter par les évènements. Des présentations étaient en train d’être faites en bonne et due forme et dans sa tête, elle songea qu’elle ne devait pas faire de faux-pas maintenant, c’aurait été trop bête ! Au fond, il n’y avait pas besoin de tant de protocole cérémonial, mais Akemi tenait tellement à bien faire, en toute circonstances, qu’il lui arrivait souvent de vouloir bien trop mettre les petits plats dans les grands et vice-versa. Elle avait surtout besoin qu’on la rassure sur le fait que parler normalement, comme une ado’ de son âge, ne serait jamais mal vu dans un contexte pareil. Elle devait apprendre à vivre par elle-même, après ces quinze années de privation.

C’est donc le plus naturellement du monde qu’elle se pencha en avant pour saluer convenablement le « senpai », dont il était question – soit, une personne plus âgée qu’elle et à qui elle devait naturellement le respect.

« Ohayo gozaimasu, Kasamatsu-san, je suis très honorée de vous rencontrer, je me nomme Aoki Akemi. »

Puis, se souvenant qu’elle ne s’était pas présentée comme elle aurait dû le faire à l’instant auprès du jeune homme qui lui avait apporté assistance, elle se reprit bien vite et réitéra le geste en sa direction.

« Désolée de ne pas m’être présentée comme il aurait fallu le faire, Kise-san. »

Elle ne se releva que lorsqu’elle entendit le susnommé sortir une sorte de plaisanterie envers le plus âgé d’entre eux tous. Tiens, on pouvait donc s’alpaguer de la sorte sans que cela ne pose le moindre problème ? Les yeux grands ouverts, Akemi observait, sans rien ajouter de plus. Elle constata seulement que Takao Kazunari, son camarade, semblait avoir une solide réputation hors des murs du lycée. Elle sourit quelque peu avant d’entendre son sauveur du jour comme suppliant envers Kasamatsu-san dans le but d’obtenir ce qui semblait être le Saint Graal de la journée ; une glace.

Ah, voilà l’occasion qu’elle attendait pour rendre la pareille au jeune homme ! Il l’avait aidé face au flot humain et elle comptait bien éponger sa dette d’une façon ou d’une autre. C’est ainsi, croyant bien faire, qu’elle se planta devant le brun avant de recommencer son petit manège de courbettes qui étaient, bien entendu, de trop. Seulement elle l’ignorait, voilà tout.

« Kasamatsu-san, je me permet de vous demander la permission d’aller chercher une glace pour chacun d’entre nous, s’il vous plait. Je vous les offre, même, si vous le souhaitez ! »

Elle s’était alors redressée, le sourire aux lèvres et le rouge aux joues. Elle devait faire attention à ne pas trop forcer ou son état de santé pourrait rapidement de dégrader. Et pour rien au monde elle n’aurait voulu se monter sous un tel jour devant ces personnes qu’elle appréciait déjà beaucoup. Encore moins Asuka. Que penserait son amie si elle n’était même pas capable de prendre sur elle et se tenir debout, convenablement ? Elle n’avait tout de même pas bataillée contre ses parents et les médecins de l’hôpital pour en sortir et se montrer ainsi, ridicule, aux yeux des autres ! Elle enchaina, avec un courage dont elle ne se savait pas pourvu, sur une autre affirmation.

« En plus, si je ne fais pas erreur, il y a non loin d’ici, un glacier qui possède plusieurs parfums inédits ! J’ai entendu des filles de ma classe en parler il y a peu de temps ! »

A défaut d’avoir pu leur parler, faute de témérité, les carences sociales d’Akemi lui avait au moins permis de choper quelques informations qu’elle jugeait utiles, dans l’immédiat. Il ne restait plus qu’à voir si son plaidoyer convaincrait l’assistance. En attendant, elle dissimula sa paume griffée dans son dos, pour ne pas avoir à l’exposer inutilement.

Bon, c’était officiel, la journée était morte. Ou, tout du moins, l’objectif initial n’allait pas être franchement atteint sous peu ; Yukio en était plus que persuadé, arrivé à ce stade d’agacement. Sourcils froncés car blasé au possible, il regardait blondie se donner presque en spectacle pour avoir une glace. Comme un gosse. Minute, c’était un gosse. Et merde. Le plaidoyer de Kasamatsu ne tenait plus vraiment debout, partant de là. M’enfin ce n’était pas parce que Ryouta donnait l’impression – quasi-permanente – d’avoir trois ans d’âge mental – voir un peu moins- que ça excusait forcément tout ! Sinon le capitaine de Kaijo aurait cessé de le frapper sans cesse depuis un bon bout de temps…

Quoi qu’il en soit, maintenant complétement dépité – il pensait déjà pouvoir dire adieu à ses chaussures si ça continuait à ce rythme – le brun se demandait pourquoi il devrait rester avec ce trio des plus farfelus. Et puis il se souvint – ou plutôt devina – que Kise ne le laisserait probablement – ce nom était à souligner sept fois en rouge – pas partir si facilement. Voir pas partir tout court, c’était aussi tout à fait vraisemblable lorsque l’on connaissait le caractère du blond. Bordel ce qu’il pouvait être casse-pied lorsqu’il s’y mettait – pour ne pas employer un autre terme qui ferait rougir une nonne.

En plus comme si ça ne suffisait pas, cet abruti de mannequin l’avait charrié, lui ! Tout ça parce qu’il avait parlé à une fille. Rectification, Kise, achètes toi des yeux, c’était une enfant, une fillette ! Rien à voir ! Yukio n’était pas dupe non plus, il savait très bien que son camarade apprécierait qu’il se trouve une « copine ». Tch, pour finir comme lui ? Jamais de la vie ! Et puis une copine, ce n’était pas essentiel non plus ! Il n’avait pas besoin de ça dans la vie, Yukio, il vivait parfaitement bien son célibat, d’ailleurs ! Et puis en quoi ça le regardait, l’autre ?!
Il allait le frapper, pour sûr, lorsqu’on l’interpella. Aaaah ! Une fille ! Une autre ! Au secours, appelez la NASA ou l’armée de terre même ! Bon, okay, c’était juste celle qui s’était fait marcher dessus, et okay, elle ne paraissait pas bien méchante, mais elle avait une apparence de fille ! Et seigneur dieu, elle lui parlait ! Par out les saints, il était censé répondre quoi, lui, au juste ? C’est qu’il n’avait pas été briefé, le garçon ! Il sentait même le rouge lui monter aux joues en la voyant faire tous ces gestes cérémonieux qui n’avaient guère lieu d’être dans un tel contexte – même si des démonstrations de respect dans les règles ne faisaient guère de mal de temps en temps. Franchement, ça mettait Yukio très mal à l’aise, tout ça.

Aussi, après avoir eu la confirmation qu’il avait bien la petite sœur de Takao dans les pattes, en plus de Kise – super, c’était journée garderie, sans doute- Kasamatsu se retourna brusquement, essayant tant bien que mal de dissimuler son malaise, pressant le pas en direction du glacier.

« Vous me gonflez tous autant que vous êtes, vous êtes pas possible, surtout toi Kise ! »

Oui parce que c’était de sa faute si le plan d’action avait changé ! Il n’avait pas besoin de ramener deux filles comme ça, si ? C’était une drogue, chez lui que de ne pas pouvoir se passer de la gente féminine plus de deux minutes ? Yukio grogna pour la forme et finit par s’assoir à une table, prés dudit glacier tant attendu par, apparemment, toute la petite troupe sauf lui, en l’occurrence.

« Je suppose qu’en plus tu ne vas pas vouloir risquer de te tâcher, espèce d’idiot de blond, alors autant rester là le temps que tu commandes et termine ta maudite glace ! »

Un petit silence se fit et il reprit.

« Mais attention, pas question qu’on y passe deux heures, t’as intérêt à la manger vite sinon c’est moi qui te la fait avaler, serviette et emballage compris, c’est bien clair j’espère ?! »

Il ajouta une œillade qui se voulait meurtrière, essayant de reprendre constance. Il n’en revenait toujours pas. Des filles près de lui… Non mais où va le monde ?!

L’enthousiasme était palpable alentours. Akemi ne pouvait s’empêcher de sourire, encore et encore. Les commissures de ses lèvres en auraient presque été douloureuses, d’ailleurs, mais elle s’en fichait ! Elle qui découvrait le monde, rien ne pourrait l’empêcher d’avancer toujours plus avant. La douleur, elle l’avait suffisamment côtoyée pendant ces quinze dernières années pour ne plus en avoir peur, maintenant. Il n’y eut que la réflexion d’Asuka pour la faire redescendre un peu sur terre. Oh ? Alors elle s’était exprimée d’une façon inappropriée ? Trop formelle ? L’Aoki avait encore bien du mal à discerner les contrastes des différents niveaux de respect en vigueur au cœur du pays du soleil levant ; au sein même de sa propre patrie de naissance. Pourtant, elle faisait de gros efforts, pour ne pas dire colossaux ! Mais les lacunes persistaient à rester.

Elle aurait tout le temps d’apprendre de ses lourdes erreurs, mais elle ne le savait pas encore, laissons la profiter un peu.

En attendant, elle suivait le joyeux cortège, sa main toujours cachée derrière son dos. Une fois parvenue jusqu’à une table, tout près du glacier, elle prit soin de sortir un mouchoir en tissu de son sac en bandoulière et l’enroula gracieusement autour de sa paume lésée. Ca, au moins, elle savait le faire, après tout ce temps passé à faire des origamis dans sa chambre d’hôpital. Lorsqu’on lui demanda quel parfum elle désirait pour sa glace, elle choisit, de façon totalement aléatoire le parfum chocolat qui était, pour le moment, le seul qu’elle connaissait. Un jour, elle se disait qu’elle aurait l’occasion de se délecter de chacun d’entre eux ! Mais pour l’heure, il fallait surtout apprécier ce qu’elle avait devant les yeux et ne pas les avoir plus gros que le ventre, justement !

En dépit du plus âgé qui continuait de râler – était-ce une passion première, chez lui, d’ailleurs ? – toute la joyeuse petite table pouvait profiter des coupes contenant les sacro-saintes boules glacées aux parfums multiples et variées. Trop habituée à devoir faire attention à ses vêtements et ne pas se salir, l’Aoki s’empara de la cuillère en plastique fournie avec le délice sucré et la planta dans la première rondeur avant de l’en déloger pour finalement la portée à sa bouche. Huum, un vrai régal ! Les filles de sa classe n’avaient pas menti ! La petite demoiselle se disait que la fois prochaine, elle irait au-devant d’elle pour le leur assurer ! Ainsi elle pourra se faire des amies, espérait-elle. Et sa solitude ne serait, dès lors, plus qu’un mauvais souvenir des plus lointains.

C’est à ce moment-là qu’elle remarqua d’autres filles, un peu plus loin. Les mêmes que tout à l’heure, celles qui lui avaient marché dessus sans aucune délicatesse avant qu’elle ne se fasse « secourir » par le blond assis juste à côté d’elle. Une idée lui vint, et si elle lançait un sujet de conversation ?!

« Kise-san ! Euh…. –kun, pardon, ce sont tes amies, là-bas ? »

En voyant le visage bariolé de glace au chocolat de Kise, elle ne put contenir un petit rire cristallin et très sincère. Il était drôle, ce garçon !

Elle faisait des efforts pour sa conversation et ne plus paraitre trop « formelle », comme l’avait si bien dit Asuka. D’ailleurs, elle se tourna vers cette dernière, comme pour l’interroger de son regard un peu dubitatif.

« D’ailleurs… Je n’ai pas bien compris le terme « fan » de tout à l’heure… »

Elle se sentait bête mais… Peu de chance qu’elle trouve la réponse dans un de ses livres pour cette fois, n’est-ce pas ?

On ne pouvait pas dire que Yukio n’avait pas été conciliant, sur ce coup-là. Il avait pris sur lui, s’était même posé à une table en terrasse pour que la petite troupe – dont il faisait partie bien malgré lui – puisse manger une glace en toute aise. Qu’est-ce qui aurait pu l’empêcher d’agir tout autrement ? S’il l’avait voulu, Kasamatsu aurait parfaitement pu planter là Kise et ses deux donzelles - à savoir une trop polie et l’autre certainement pas assez – pour aller chercher seul sa paire de baskets et repartir aussi sec chez lui ! Mais non, il n’avait pas cédé à cette horrible et honteuse tentation. La raison est bien simple, il avait de l’honneur, tout de même. Le brun avait été bien élevé, avec des codes moraux et tout le toutim – enfin, la base sur le territoire nippon, sans doute. De facto, abandonner à son sort une personne avec qui on avait originellement prévu quelque chose. Quand bien même c’était chiant, agaçant ou tout autre adjectif se terminant par « -ant ».

Et le pauvre, il n’était pas au bout de ses surprises.

Plus il regardait Ryouta et plus il avait cette envie au fond de lui de le cogner. Pas trop fort – enfin, de façon à ce qu’il comprenne, quand même… - juste assez pour qu’il comprenne à quel point son senpai avait les nerfs, là, de suite. Non mais quelle équipée sauvage qu’ils formaient tous ! A manger une glace, comme s’ils étaient de vieux amis de maternelle qui se seraient perdu de vue pour mieux se retrouver par la suite, à l’âge requis pour tenir une conversation décente tout seul. Oui, même Yukio s’était laissé prendre à ce piège. Le voici en train de déguster une glace vanille. Enfin, déguster était un bien grand mot. Disons qu’il s’affairait déjà à la morceler avec la cuillère qu’on avait bien voulu lui donner ; sans doute pour s’éviter un tour de table uniquement pour faire la même chose avec les yeux du blond, sous peu.
Car oui, ce n’était pas que sa patience était à bout mais… presque ! Donc, fatalement, être un peu acide était parfaitement dans ses cordes.

« T’as bien de la chance d’avoir ignoré ce terme jusque-là. » Lança-t-il à Akemi sans pour autant la regarder avant de reprendre « Si elles le suivent comme ça souvent ? Tu rigoles ou quoi ? C’est même pire que ça, elles viennent le coller à l’entrainement et cet idiot ne trouve rien de mieux à faire que de leur répondre ! Comme si ces harpies avaient besoin d’être davantage encouragées, non mais ! »

Kasamatsu se calma quelque peu, la gorge sèche. Un peu de calme se fit jusqu’à ce que chacun ne termine sa glace respective. Puis, le rythme de « discussion » reprit de nouveau.

« C’est bon Kise ? On peut y aller ? Maintenant que tu as profité de cette glace pour te l’étaler sur le visage, on peut peut-être envisager de reprendre notre but initial, non ? »

Il parlait évidemment d’une paire de chaussures. Si blondie avait oublié, Kasamatsu ne répondait plus de ses gestes par la suite !

Apparemment, Akemi n’était pas la seule à apprécier la saveur du chocolat fondant en bouche ! Quel plaisir double ! En plus de savourer la glace, elle se découvrait un point commun avec une personne qu’elle n’avait rencontré qu’aujourd’hui. Voici une chose qui la comblait. Durant toutes ces années passées à l’hôpital, elle n’avait jamais pu parler pendant des heures sur les éventuels points communs qu’elle aurait avec un tiers. La donne était maintenant changée et elle comptait bien en profiter ! Qui sait, peut-être même qu’avant la fin de la journée elle serait également ami avec ce Kise Ryouta et l’autre brun dont elle n’avait pas encore retenue le nom – mais ça viendra … sans doute ?

Elle l’écouta ensuite, très attentivement, parler de ces « fans » dont elle n’avait pas encore saisi le concept entier, il faut dire. Entre les explications du râleur de service et le plaidoyer de Ryouta, difficile de se faire un avis tranché ! L’un les défendait, l’autre les stigmatisait comme les pires créatures qui soit. Et Asuka n’aidait en rien à les observer d’une façon plus ou moins neutre. Pourtant, l’Aoki ne voyait pas ou était le mal, dans tout ça. Bon, certes, elle avait fini sur le sol quelques instants plus tôt à cause de ces demoiselles mais, et après ? Ca arrivait souvent, ce genre de situations, dans les mangas ! Et les héroïnes n’avaient pas envie d’étriper les personnes impliquées dans leurs chutes face contre terre ! Enfin, pas toutes, ahem.

Lorsque le blond se leva pour aller parler avec les « fans » qui tenaient apparemment plus des harpies que des filles normalement constituées selon deux des protagonistes sur les trois en face d’Akemi. En dépit des véhémentes paroles précédentes, le jeune homme parut les maitriser avec une facilité déconcertante et le groupe se dissipa bien vite, chaque fille allant de nouveau voguer à son activité première, assurément. Il revint, triomphant. Akemi aurait presque applaudit si la paume de sa main ne l’avait pas lancé à ce moment-là. Qu’à cela ne tienne, elle décida de prendre sur elle, ne voulant pas ralentir le petit groupe qui, déjà, se remettait en marche. La suite de la journée shopping ? Tout ce qu’elle attendait !

Ainsi, ne se faisant guère prier pour suivre le mouvement, la petite poupée voulut tout de même participer à une conversation, lancer un sujet, même futile. Prenant son courage à deux mains, la demoiselle hésita un instant avant de se décider.

« Euh… Vous pensez qu’il y a une boutique de livres, non loin ? Je voudrais voir, si possible, si le dernier tome du shojo que je lis actuellement est sorti. »

Wouah, que d’initiative de prise ! Elle-même ne revenait pas qu’elle ose ainsi demander les choses ! Un progrès certain ; peut-être misérable pour les autres, mais conséquent, pour elle. Enfin, elle en profita pour se tourner vers la Takao, cachant toujours sa main griffée.

« Asuka, tu as encore des projets de cosplays que l’on pourrait voir aujourd’hui ? »

Bien sûr, elle ne pensait pas à mal. Pour elle, tout le monde allait adorer cette sortie improvisée ! Même le brun râleur. Ahah, douce enfant, si innocente…

Foutue, foutue, foutue. Cette journée ne pouvais pas être sauvée, définitivement ! D’ailleurs, plus ça allait et plus Yukio perdait espoir d’un jour pouvoir accéder à sa paire de godasses neuves. Et si encore Kise avait eu une bonne excuse pour trainer en longueur, comme ça, bon… A la limite, le brun aurait pu comprendre et ne serait pas à deux doigts de péter un câble méchamment contre la gueule de Blondie. Enfin, plus que ce n’avait déjà et le cas, en tout cas ! Mais non, pas d’argument solide ni rien à se mettre sous la dent, le néant absolu ! Du coup, il avança au même niveau que Ryouta et, tout en ayant laissé les filles un peu derrière eux, se mit à l’engueuler en chuchotant – si, c’était possible, parfaitement !

« Kise, tu m’expliques ce que tu fiche à la fin ?! Tu me soules à toujours faire en sorte que les choses prévues se changent en catastrophes ! »

Bien sûr, parce que tout était de la faut du blond, on en doute pas ! Mauvaise foi, quand tu nous tiens ! On n’avait qu’à dire que les tremblements de terres et les astéroïdes qui se crashent sur notre planète c’est aussi de sa faute, tant qu’on y est, pourquoi se priver ?! Ceci traduisait la mauvaise humeur de Kasamatsu qui continuait à grimper dangereusement, en plus de ça.

« On devait juste aller chercher une paire de chaussures, c’est pas compliqué, si ?! Pourquoi tu les as invitées ?! Me demander avant de tout organisé tout seul, ça ne te viendrait pas à l’esprit, juste pour une fois dans ta vie ?! »

Entre ça et les gorgones-harpies qu’il pouvait toujours voir de loin – seigneur, elles le faisaient encore plus flipper qu’une fille « lambda » - il était servi, aujourd’hui ! A l’extrême limite, il préférait les jours d’entrainements. Au moins, pendant ce cours laps de temps, il pouvait voir son air pollué uniquement par les groupiasses issues des rangs de Kaijo – et elles étaient tout de même en tout moins nombreuses que tous ensembles, au dehors. Sa tête commençait à le tirailler. Il ne put retenir un coup dans l’épaule du mannequin. Reflexe. Et tant pis pour les fans, si ça ne leur plaisait pas et qu’elles le tuaient tout de suite – mettant par la même occasion fin à ses souffrances -, qu’à cela ne tienne, il les attendait ! Yukio avait rarement été aussi énervé de toute sa vie.

Et, concentré dans son plaidoyer meurtrier, il n’avait même pas vu l’autre gamine arrivé et ….. AH PUTAIN MAIS QUOI ENCORE ? POURQUOI ELLE LUI ADRESSAIT LA PAROLE, CELLE LA ?! Sérieusement, si elle s’était approché encore un peu plus, Yukio serait allé se planquer derrière blondie, pour de vrai ! On ne rigole pas avec ce genre de choses, non mais oh !
Hein ? Quoi ? Une boutique de livres… ? Bon, en soit, c’était chiant mais le brun voyait là une occasion de se débarrasser du duo de poitrines à peine formées. Bien. Il lança donc un regard à Kise qui, il l’espérait, comprendrait ce dernier par un « Bon, on les accompagne jusqu’aux livres histoire d’être sympas et après on se casse, capish ?! ». Sinon ? Yukio abandonnait Ryouta, purement et simplement, voilà tout !

C’était la première fois qu’elle sortait à l’extérieur avec autant de mon « d’un seul coup ». Heureuse comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps, Akemi profitait donc que sa proposition n’eut pas été refusée pour sourire pleinement, histoire de monter à tout le monde combien elle était ravie d’être là, en compagnie de ses nouveau amis – oui, il lui en fallait bien peu, il est vrai. Elle s’était tellement sentie pousser des ailes qu’elle ne se formalisa même pas que le brun s’éloigne un peu – carrément, en fait – d’elle et d’Asuka. Avec une joie très démonstrative, elle vint même s’accrocher au bras de la jeune Takao, heureuse de sa proposition.

« C.. Ca me ferait très plaisir de manger une part de gâteau avec ton frère et toi ! Je suis sure que ceux qu’il fait sont délicieux ! »

Déjà lorsque son camarade de classe ouvrait son bentô près d’elle, l’Aoki avait déjà pu constater à quel point ils étaient tous bien préparés, avec l’adage connu des « petits plats dans les grands ». Du coup, forcément, elle n’avait aucun doute sur le reste des capacités culinaire du brun dont il est ici question. En plus, il était toujours gentil avec elle et ne la laissait jamais à l’écart, contrairement aux autres filles de sa classe, souvent. Et ça, Akemi, ça lui faisait grandement plaisir. Elle ne soupçonnait pas encore à quel point elle aimait ce garçon, d’ailleurs. Chaque chose en son temps, les blessures viendraient en temps et en heure.

Hâtée de se retrouver à la librairie, la demoiselle sautillait sur place, comme si c’était le plus beau jour de sa vie. Cela dit, ce devait très certainement s’en rapprocher, à bien y regarder. Comparativement au reste, du moins. Et lorsqu’enfin, elle parvint devant, elle ne put faire autrement que de laisser son sourire s’élargir en voyant Kise devenir tout joyeux avec un magasine dans les mains. Ah, ainsi il était donc célèbre, il n’avait pas menti ! L’Aoki se dit qu’il avait bien de la chance, de pouvoir faire un métier pareil !

Seulement, elle n’eut pas le temps de le « féliciter » - et heureusement dans un sens car c’aurait été sans doute été très louche, encore plus que ses actions précédentes – qu’il lui tendit ledit journal avec de la monnaie en lui demandant d’aller l’acheter pour lui tandis qu’il allait aider son senpaï à trouver une paire de chaussures neuves. Alors là, elle se serait presque sentie investie d’une mission d’importance cruciale ! Mais pour une fois qu’on lui faisait confiance de la sorte, elle n’allait pas laisser passer sa chance. C’est donc toujours guillerette qu’elle prit le poignet d’Asuka afin d’entrer dans la boutique. Mais…

« Aie ! »

Elle se souvint alors de sa paume écorchée. Sauf que pour elle, ce n’était pas grand-chose ! Elle ne voulait pas faire d’esclandre juste pour ça.

« Ca va aller, juste une égratignure ! »

Elle se rendit donc à la caisse pour régler son achat et s’apprêtait à aller fouiner dans les rayons en compagnie de sa grande amie lorsque son téléphone vibra. Mahiro. Mince, son frère venait de lui envoyer un sms pour qu’elle rentre immédiatement chez lui. Akemi aurait bien voulu refuser, mais elle savait qu’il ne valait mieux pas. Son frère était réellement inflexible lorsqu’il s’agissait d’elle.

Quelque peu triste, elle regarda la paume de sa main avant de demander encore une fois l’aide de la Takao.

« Est-ce que … Ça t’embêterais de m’accompagner ? Enfin, je voudrais soigner ça avant que Mahiro-niisan ne le vois et…. Désolée de te demander ça, vraiment. »

C’était ridicule de demander une chose pareille car elle savait que son ainé ne lui ferait rien et ne la blesserait jamais. Mais elle se sentirait un peu plus courageuse si elle n’avait pas à l’affronter seule, pour ce coup-ci. En plus, ce serait un bon moyen de lui monter qu’elle pouvait se débrouiller toute seule, elle aussi, si on lui laissait sa chance ! L’espoir revenait peu à peu et bien vite, ses idées noires furent chassées, même si elle aurait bien voulu faire durer la journée un peu plus !

Sortant de la boutique, elle rejoignit donc Kise et Kasamatsu à la boutique indiquée et tendit son bien à Ryouta, avec un grand sourire.

« Je suis désolée, mais je dois partir, finalement, mon frère m’attend ! J’espère que j’aurais bientôt l’occasion de vous revoir tous les deux ! »

Puis elle s’était inclinée, encore, et s’était éclipsée, minuscule qu’elle était.

« Au revoir ! »

Une chose était au moins sure, elle n’oublierait pas cette journée.

Enfin ! Après toutes les épreuves qu’il estimait avoir traversées, Yukio touchait enfin à son but initial, à savoir s’acheter cette maudite paire de baskets pour laquelle il s’était aventuré dehors un samedi et qu’il avait proposé à Kise, son camarade et ami, de venir avec lui. Ça, plus jamais. Maintenant, il le savait. Ou alors, il fallait lui envoyer un sms avec tout ce qu’il n’avait pas le droit d’amener – soit ses fangirls, des glaces ou mêmes des filles en général – sinon ça ne fonctionnerait pas de manière claire et simple. C’est que le capitaine n’avait pas que ça à faire non plus que de passer trois heures en ville ; il devait aussi étudier pour ses examens qui approchaient à grand pas !

D’ailleurs, en pensant cela, il se demandait si Kise avait bien réviser pour les prochaines interrogations. Il valait mieux pour lui qu’il ait la présence d’esprit de réviser et d’avoir des bonnes notes car dans le cas contraire, il ne pourrait pas jouer et devrait passer des tests de rattrapages. S’en suivrait donc un déséquilibre total de l’équipe. Et ça, Yukio ne le permettrait pas. Ils avaient besoin de Ryouta pour gagner, quand bien même leur stratégie de base était loin d’être mauvaise. Il ne fallait pas que cet idiot néglige les études ; Kasamatsu y veillerait. Les tours de terrains en cas d’échec allaient se compter par milliers s’il se plantait. Oh ça oui.

Entré dans le magasin de chaussure, Yukio ne tarda pas à trouver ce qu’il recherchait, à la bonne taille et avec un design sympa – sa mère serait ravie, elle qui le bassinait pour qu’il arrête de s’acharner à toujours prendre le même modèle !- mais un peu différent de d’habitude. En plus, elles étaient confortables et donc parfaite pour jouer avec. Tout à fait ce dont il avait besoin. Il régla donc son achat, content de lui et put donc repartir tout en sermonnant Kise sur l’importance de ne pas faire n’importe quoi quand on a un rendez-vous de prévu pour une chose précise ! Bon, c’était sans doute une cause un peu perdue que de raisonner Blondie mais l’espoir fait vivre, parait-il…