Prom'nons nous dans les bois ~ [ Pv Chihiro & Sei-chan ]

Promenons-nous dans les bois  
 

Le vent soufflait pendant que les gens marchaient dans cette étendue cristalline. Certains se faisaient des sourires en se tenant par le bras. Des enfants jouaient avec un plaisir que tu ne comprenais pas. Ils roulaient des boules pour former une sorte de vie artificielle qui fondrait quand le beau temps reviendrait. Ce bonhomme ne tiendrait probablement pas la nuit. Il était similaire aux autres personnes qui croisaient ton chemin. Aucune ne pouvait simplement se tenir debout devant ta puissance. Tu es de ceux qui marquent les histoires.

La victoire est toute aussi normale que respirer. Cela faisait maintenant des années que tu ne comptais plus les faibles qui tombaient comme des châteaux de cartes devant toi. Ils laissaient tout au hasard. Tu dominais le terrain parce que tu calculais chacun de tes actes. Laisser passer un adversaire ne se trouvait jamais être une preuve de faiblesse avec toi. Personne ne connaissait ce pouvoir que tu avais en toi. Tu disais ne pas aimer le basket… tu disais ne pas comprendre ce que les humains trouvaient en ce sort. Akashi aimait cependant la balle orange plus que tout au monde. Cette capacité lui appartenait probablement. Cela importait peu au final.

Tous les titulaires avaient compris ce qui était ta marque de commerce. Tu avais marché sur le terrain comme un roi dans son domaine alors que les adversaires tombaient comme des mouches. Ils devenaient terriblement mauvais. Comparativement aux autres membres de ton ancienne équipe – les Miracles – tu avais encore cette rare assiduité lors de tes entraînements. Peu importait ton talent si tu pouvais le porter encore plus loin.

« Aaah, un bain, un bain moussant, parfumé aux agrumes, lumière tamisée et chocolat chaud à portée de main... » Tu ne relevais même pas les yeux vers ton co-capitaine alors que tu souris. Il méritait son chocolat chaud simplement pour avoir terminé le match contre une équipe aussi nulle. Tu avais hésité à conserver les titulaires habituels tellement votre adversaire était de bas standard. Mais toutes les occasions étaient bonnes pour vous entraîner et conserver votre proximité. Rakuzan avait quelque chose qui te rassurait dans sa force. Rien que les couleurs étaient similaires à celle de Teiko. Les rois découronnés te rappelleraient presque tes camarades. « Hm, ce match était ennuyeux. Très sincèrement, il faudra que l'on se retienne la prochaine fois, je veux dire, bien plus qu'aujourd'hui. Et j'aimerais bien m'entrainer contre toi Sei-chan, cela aurait au moins le loisir de me divertir... » Tu te promettais de te remémorer cela pour les entraînements à venir. Reo était un des rares qui pouvaient te parler aussi familièrement. Kana était la seule autre exception avec ses surnoms dérisoires qui la rendait horriblement attachante. Chihiro répondit de son habituelle voix taciturne. « J'avoue que tu n'as pas vraiment tord, Reo-kun. » Chihiro avait semblé contrarié durant le match. Tu ne te posais plus vraiment de questions sur ses sentiments parce que cela était le dernier de tes soucis. Ton ailier fort servait seulement à accomplir son but. Il devait passer le ballon pour maintenir un rythme fluide lors des parties. Aucun attachement ne te reliait au jeune homme. Une lueur cruelle brillait dans tes yeux alors que Reo reprit la parole.  « Hm, je t'ai d'ailleurs senti contrarié Chi-chan. Tu n'as pas aimé que le pivot de Kotai te fasse du rentre dedans ?» Tu le savais. Personne ne pouvait rien te cacher simplement parce que ton pouvoir est plus fort que tout. Les sentiments des autres étaient aussi faciles à lire que les bouquins que tu effleurais amoureusement. « Tu n'as pas vraiment tord Reo-kun, le seul problème que j'ai actuellement c'est de ne pas pouvoir lire mon Li-Novel. » Chihiro fonçait dans une vieille dame. Tu lui lançais un regard noir avant de demander à la femme si tout allait bien. C’était dans ces genres de moment que ton éducation transparaissait. Celle qui paraissait si contrariée de prime abord repartit avec le sourire. Tu navigues constamment entre des eaux tranquilles et des marées acharnées. Cela devenait difficile à suivre pour la plupart des gens.

« Reo-kun, tu sais tant qu'il y aura des vainqueurs, il y aura des vaincus, aujourd'hui nous sommes les vainqueurs, mais ce match était si ennuyant que j'aurais dû rester sur le toit pour lire mon roman. » Tu pris finalement la parole sur un ton réprobateur. « Ne dis pas de telles inepties, Chihiro. »  Tu avais pris une partie de ton temps pour aller le voir sur le toit du dit-établissement. Chacune de tes minutes comptait pour toi puisque le temps était devenu un allié sur lequel tu ne pouvais même plus compter. Chihiro ne pouvait pas sortir du sentier que tu avais battu pour lui. Il serait un mouton qui conduirait les loups de ton équipe au point où tu le désirerais. Oh, combien ne semblait-il pas hors de place, lui qui n’était ni roi, ni miracle ? Tu reparlais de ce ton droit qui était le tien. Aucune hésitation ne pesait sur tes paroles.

« On a pertinemment besoin du sixième homme fantôme afin de pouvoir mener les jeux à notre avantage. Nous sommes et nous resterons toujours les vainqueurs. Notre basket est absolu. » Un leader devait toujours conserver sa conviction en tout temps. Cela faisait la différence entre les bons et les mauvais rois. Laisser un silence démontrait une faiblesse et tu ne voulais pas être faible. Les gagnants sont les seuls dont les histoires se rappellent. Tu décidas de ramener ton coéquipier à l’ordre. Personne ne pouvait te parler aussi familièrement. Tu demeures le capitaine de Rakuzan. Reo est le co-capitaine et son titre influait tout autant que le tien. Chihiro ne devait pas oublier la hiérarchie entourant votre monde scolaire. Tu jouais toutefois sur une autre faille afin de lui faire reprendre raison. « Rester sur le toit à lire ton roman ne te permettrait pas de le vaincre et de le surpasser… Ne souhaitais-tu pas devenir meilleur que Kuroko Tetsuya ? »

Tu cessais de marcher pour fixer le jeune homme. Il allait devoir se rappeler où se trouvait sa place. Tes pupilles verticales avaient le don de mettre les gens dans un certain malaise. Ton œil doré brillait de son habituelle lueur hagarde. On aurait dit que tu pouvais lire dans les cœurs. Cela était probablement le cas alors que tu repris ta marche comme si de rien n’était. Ses mouvements dramatiques étaient totalement habituels pour toi. « Nos matchs resteront ennuyants au moins jusqu’à la demi-finale de la Winter Cup. Je ne peux même pas vous garantir que la finale sera intéressante. Tout dépend de l’équipe qui se rendra jusqu’à nous. Il demeure cependant de votre devoir de continuer de vous entraîner avec assiduité. Je ne tolérerai pas la moindre négligence sur le terrain. » Les choses étaient dites. « Je comprends toutefois votre désappointement. Je tâcherai de rendre les choses plus intéressantes pour vous lors des entraînements. Cela serait vraiment dommage si vous en veniez à perdre votre motivation. Nous jouerons contre la prochaine fois, Reo. Chihiro et toi contre Kotaro, Nebuya et moi. Je crois que nous gagnerons à nous concentrer sur les tirs à trois points lors des prochains entraînements. » Et qui sait, peut-être finiriez-vous par former une équipe aussi unique que Daiki et Tetsuya dans le passé… Ce sont les mots que tu n’as pas dit, mais que tu as pensé. Le vent soufflait pendant que les gens marchaient dans cette étendue cristalline. Les choses étaient toutes aussi claires pour toi : un futur brillant se tenait devant vous.

crackle bones

©Emi Burton