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J’avais encore mal dormie, cette nuit, pour ne pas changer. Mais ça, je sais que c’est de la faute de Dai, comme d’habitude. C’est toujours de sa faute de toute manière. Pourquoi ? Parce que je l’ai décidé, pardi. Je le dis, donc c’est vrai, point, pas besoin de me justifier, je sais que ce que je dis est la vérité. Et tant que moi je le sais, le reste, ça m’importe peu. En plus le têtard dans mes entrailles a cru bon de jouer à un-deux-trois soleil avec mon nerfs sciatique ; que du bonheur. Et je peux même pas l’engueuler, quand j’essaie ça marche pas. Ce môme est sourd, je crois. Ou alors il a déjà mon caractère et dans ce cas-là, bonne chance dans la vie. Cette pesée m’arrache un sourire en pensant que dans ce mioche va grandir, il en fera probablement voir de toutes les couleurs à son père. Tant mieux, rien n’aurait pu me faire plus plaisir. Moi ? Puérile dans mon raisonnement ? Mais au pire, je vous emmerde et puis c’est tout.
Sortie du lit, je laisse mes vêtements là où je me dessape, soit un peu partout sur le chemin de la salle de bain. Là, une douche bien chaude m’attend, ça me réveille, me fait du bien.
Enfin, je m’habille, optant pour une robe à plusieurs tons, bien large. D’ailleurs, je crois que c’est un habit spécial femme enceinte. Ça me fait chier putain, mon tour de hanche à prit un coup dans l’aile depuis que je suis en cloque. P’tain. Mais bon, c’est pas de râler qui va me faire retrouver ma taille de mannequin parfaite, ça se saurait. Depuis le temps, je serais limite anorexique si c’était vrai. Mais ça va, je n’ai plus très longtemps à patienter ; un mois maximum, j’crois. De toute manière s’il tarde trop je vais le chercher moi-même à la ventouse, qu’il le veuille ou non ! Mon bas-ventre n’est pas un appart en location, merde, tôt ou tard il faudra qu’il dégage, point barre !
Sortie de l’appartement –sans aucune délicatesse, je vous rappelle qu’il s’agit de moi tout de même – je fais les quelques pas en direction de la porte du bar et m’engouffre dehors.
Direction mon boulot ; enfin, le truc que j’ai trouvé en speed à mon arrivée ici histoire de savoir quoi faire de ma vie le temps d’accoucher avant de repartir. Puis comme ça l’autre pouvait pas me casser les couilles en râlant que je vivais à ses crochets – chose que j’ai toujours détesté, en plus, m’en sortir seule, j’adore ça.
Le problème, parce que fatalement, il devait forcément y en avoir un, putain, c’est que j’avais oublié qu’aujourd’hui, c’était pas à moi de taffer. Forcément, on se partage le poste avec une autre nana et bah c’était son jour d’officier, là. Elle m’énerve putain, avec sa tête de rondoudou que je giflerai volontiers avec une tapette à mouche. Rah. Mais bon, ce qui pouvait se régler par les poings aux USA n’est pas le cas ici et même si ça me fait bouillir, je suis obligée de faire demi-tour pour retourner à ce bar, là. Ça m’emmerde. Oui ça va, je sais que je me répète, faites-moi pas chier je suis plus d’humeur, là !
Sur le chemin, je vois pleins de choses assez déplaisantes. J’accélère un peu le pas sur….. Trois mètres. Parce qu’encore une fois, le polichinelle, il n’apprécie pas des masses non plus les accélérations trop brusques. Mon fils – si tant est que tu sois un garçon -, tu vas être un beau chieur dans la vie, félicitation. Au moins, j’ai l’assurance que tu t’en sortiras, c’est toujours ça de pris !
… Minute, pourquoi j’pense à ça moi ? J’m’en fous de son avenir au mioche, c’est pas mon problème. J’entre dans le bar précédemment quitté. Et merde, il est levé.
« Ah. Salut. »Bah quoi ? J’ai été aimable, c’est quoi encore le problème là ?!