[Avec Kise Ryouta] Jamais deux sans trois.

Avec Kise Ryouta

Jamais deux sans trois

"Je suis victime d'une vaste blague, c'est ça ?"

Lorsque Alraun était passée pour la première fois par la porte de service du petit restaurant de ramens dans lequel elle allait désormais travailler chaque samedi soir, elle se sentait légèrement anxieuse. C'était la première fois qu'elle travaillait et elle espérait ne pas faire d'erreurs qui pourraient embarrasser son patron. Alors qu'elle se changeait dans le petit vestiaire pour enfiler un uniforme de serveuse aux couleurs du restaurant (rouge et blanc), elle inspira profondément afin d'atténuer sa nervosité. Ça se passerai bien. Ça devait bien se passer. Tout ce qu'elle avait à faire était de sourire aux clients et de leur apporter leurs commandes après les avoir encaissées. Simple, non ?

Non.

Que devait-elle faire si elle tombait sur un client exécrable ? Ou si elle cassait quelque chose ? Que se passerait-il si un élève de Shutoku la reconnaissait ? Et si... ?


La basketteuse retint un hoquet de surprise et se retourna vivement vers la porte -fermée- à travers laquelle son patron venait de l'appeler.
demanda-t-elle d'une voix mal assurée.

bredouilla-t-elle en terminant d'attacher son tablier à la hâte -elle devait avoir l'air ridicule dans cet uniforme, pour ne rien gâcher.

Ouvrant la porte en essayant de ne pas avoir l'air trop empressée, elle suivit son patron qui l'invita à l'accompagner derrière le comptoir d'un signe de tête. Durant les dix minutes qui précédaient l'ouverture, il lui expliqua le fonctionnement du restaurant, comment utiliser la caisse enregistreuse, ou et comment prendre les commandes des clients etc, etc. Alraun écoutait attentivement, tâchant de tout faire rentrer d'un seul coup dans sa tête et d'éviter de prendre peur devant le nombre d'informations qu'elle devait retenir en si peu de temps.


Alraun se contenta de lui faire un sourire crispé avant qu'il n'aille ouvrir la porte principale du restaurant. Elle avait de la chance que son patron soit assez patient et ouvert d'esprit. Ce n'était pas tous les japonais qui auraient accepté d'avoir une serveuse aux cheveux presque blancs et à la peau foncée. Aux yeux de beaucoup de personnes, ça faisait mauvais genre. Et le fait qu'elle serine en boucle que c'était son aspect naturel n'y changeait rien. Dans le meilleur des cas, on s'en foutait, dans le pire, on la prenait pour une menteuse. Parfois, elle envisageait de se teindre les cheveux en noir, ne serait-ce que pour qu'on lui fiche la paix. Mais quand elle y songeait, la voix de sa mère résonnait dans ses oreilles d'un ton accusateur. « Et après quoi ? Tu te feras éclaircir la peau ? Tu es ce que tu es Alraun, n'en ai pas honte simplement parce que des crétins fermés d'esprit sont incapables d'accepter que tu ne leur ressembles pas. »

Perdu dans ses souvenirs, la tête baissée, un léger sourire attendri sur le visage tandis qu'elle repensait à sa famille, elle ne remarqua pas immédiatement qu'un client patientait devant elle pour passer commande.

 

© Yamashita sur épicode

Nomnomnom !

Ryouta sortait de l'entraînement et inutile de dire qu'il mourait de faim ! Oui, un entraînement un samedi ! Kasamatsu-senpai était fou ! Mais en même temps, il avait raison de les faire travailler dur. Ils ne voulaient pas rester sur une défaite et puis, il fallait qu'ils soient prêts pour la Winter Cup qui approchait à grands pas ! Ils avaient l'intention d'aller jusqu'au bout, cette fois ! Mais quelle équipe ne voulait pas la même chose ? La compétition serait rude, mais justement, Ryouta aimait les défis et il était prêt à en découdre avec ses anciens coéquipiers de Teiko.
Bref, après avoir quitté le gymnase, Ryouta n'avait qu'une chose en tête : manger ! Il pouvait être un vrai ventre sur pattes quand il s'y mettait. Il avait proposé aux autres de l'accompagner, mais apparemment, ils avaient mieux à faire. Le mannequin fit la moue, déçu, mais ça ne l'empêcherait pas de passer une bonne soirée, malgré tout !

Il prit donc la direction de son fast-food préféré, celui où il avait déjà souvent fait des concours de bouffe avec l'un de ses meilleurs potes...Pote qui était parti à l'étranger récemment, ce qui l'attristait quelque peu. Il lui manquait. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça ! Peut-être pourrait-il demander à Kurokocchi de le rejoindre ? Mais ce dernier n'avait pas répondu à un seul de ses récents sms...Il soupira, se demandant pourquoi son ami l'ignorait comme ça. Mais bon, il devait être lui-même très occupé. Alors, il décida d'aller manger seul, cette fois. Enfin seul...c'était un bien grand mot quand on s'appelait Kise Ryouta.

A peine eut-il fait quelques pas en ville que des fangirls le repérèrent et foncèrent vers lui en criant son nom. Des fois, il aimerait juste être tranquille, surtout quand il avait super faim ! Mais comme il était gentil, il s'arrêta et accepta de leur signer quelques autographes avant de poursuivre sa route.
Quelques instants plus tard, il poussait la porte du fast-food. Ce dernier venait tout juste d'ouvrir, il n'y avait donc pas encore trop de monde. C'était parfait ! Il allait pouvoir être servi rapidement ! Il se plaça donc devant le comptoir, attendant qu'on s'occupe de lui. Tiens ? La caissière devant lui lui était totalement inconnue. Pourtant, il venait souvent ici. Une nouvelle ? Peut-être. Une nouvelle qui semblait totalement perdue dans ses pensées et n'avait même pas remarqué Ryouta.

« Excusez-moi ? »

Il agita sa main devant le visage de la jeune femme, ignorant le regard des autres employés.

« Allôôô ? Je peux passer ma commande, s'il vous plaît ? »

Il aurait tout aussi bien pu changer de caisse, mais maintenant qu'il était là, autant le rester. Et puis, Ryouta n'était pas compliqué comme client et toujours souriant ! Que demander de plus ?

Avec Kise Ryouta

Jamais deux sans trois

"Je suis victime d'une vaste blague, c'est ça ?"

Alraun releva la tête en un léger sursaut quand elle réalisa que la voix insistante qui demandait à passer commande lui était destinée. Collant un sourire sur son visage qu'elle espérait avenant, elle s’apprêta à souhaiter la bienvenue à son premier client... avant de s’apercevoir qu'elle le connaissait. Son sourire se figea.

Des cheveux blonds, un visage lisse juste assez efféminé pour le rendre attirant, une boucle d'oreille accrochée à l'oreille gauche et des yeux dorés cernés de longs cils noirs. Kise Ryouta. Membre de la Génération des Miracles. Modèle.

Pas d'erreur possible.

De tous les membres de la Génération des Miracles, Kise Ryouta était celui qu'elle avait eu l'occasion d'observer le plus. Non pas par envie, non, mais parce qu'il apparaissait sur la moitié des affiches de pub de la ville. Selon la métisse, il n'était qu'un espèce de poseur qui se baladait toujours avec une horde de fan à ses côtés sans que ça ne semble le déranger plus que ça. Alraun n'avait rien contre les personnes qui appréciaient la mode, mais elle ne supportait pas ceux qui jouaient de leur notoriété pour se faire bien voir. Et elle était persuadée que le blond qui lui faisait face était ce genre de personne. Pourquoi accepterait-il d'être toujours entouré de fans prêtes à accéder à ses moindres désirs, sinon pour se faire mousser ? Ou pire, profiter d'elles ?

Sans compter qu'il était le troisième membre de l'équipe de Teiko qu'elle rencontrait en l'espace d'une semaine seulement. Était-il seulement possible d'avoir autant de poisse ? Tokyo était une grande ville, non ? Il pouvait pas aller manger ailleurs, ce type ?

Sans qu'elle ne s'en aperçoive, son expression s'était lentement muée en un air de pur mécontentement. Et le fait qu'elle se rende compte que le basketteur lui faisant face était tout aussi beau en vrai que sur les affiches de parfum n'arrangeait rien.

, souffla son supérieur qui était passé derrière elle pour voir si elle s'en sortait avec sa première commande, la faisant sursauter une fois encore. Se tournant vers le blond, il ajouta,

Devant le regard inquisiteur de son employeur, Alraun secoua légèrement la tête avant de la baisser en signe d'excuse.

fit-elle simplement en tentant d'oublier tous ses à priori. Elle n'était là qu'en tant que serveuse. Au travail, peu importaient ses ambitions et ses opinions.

ajouta-t-elle en tentant de sourire à nouveau, sans grand succès.


 

© Yamashita sur épicode

Nomnomnom !

On pouvait croire que Ryouta était du genre à profiter de sa célébrité pour obtenir tout ce qu'il voulait et qu'il s'en amusait, mais ce n'était pas tout à fait ça. Parfois, il avait même du mal à comprendre pourquoi toutes ces filles lui couraient après et pourquoi elles devenaient limite hystériques en le voyant. Certes, il savait qu'il était plutôt beau gosse, mais tout de même ! Il jouait le jeu, signait des autographes, acceptait de se faire prendre en photo par ses fans - et toujours avec le sourire - mais c'était surtout pour faire plaisir et ne pas décevoir. On pouvait même dire que parfois, il était trop gentil et surtout...trop con. Eh oui, il n'était pas blond pour rien ! Mais ça, c'était une autre histoire.

Il attendait donc d'être servi et le moins qu'on put dire, c'était que la fille à la caisse semblait...ailleurs. Elle se fit d'ailleurs remonter les bretelles par son supérieur qui s'excusa même auprès de Ryouta en disant que c'était son premier jour. Le blond esquissa un petit sourire et secoua la tête.

"C'est pas grave !"

Il reporta son attention sur la jeune fille qui semblait enfin sortie de ses pensées. Elle tenta de lui adresser un sourire un peu forcé, manifestement, elle n'était pas d'humeur à ça.

"Ne vous forcez pas à sourire pour moi, ça fait rien !"

Lui, par contre, semblait ne jamais perdre son sourire. Mais trêve de bavardages, il avait faim ! Du coup, il commanda un grand menu composé de deux gros burgers, d'une grande portion de frites et d'une grande boisson. Il en recommanderait sûrement après, mais pour l'heure, ce serait suffisant. Oui car Ryouta mangeait beaucoup ! En même temps, il fallait entretenir ce corps, lui redonner des forces après l'entraînement !
A cet instant, une fille le reconnut et se précipita vers lui avec son amie, des étoiles dans les yeux. Comme à son habitude, il leur sourit et se montra très gentil envers elle, leur signa un autographe et se prêta au jeu des selfies. Puis, il reporta son attention sur la caissière en riant bêtement.

"Désolé ! A croire que je ne peux pas avoir une minute à moi ! Ha ha ha !"

il sortit son portefeuille et paya, puis attendit que sa commande soit prête. Son estomac s'impatientait au vu du bruit qu'il émettait.

Avec Kise Ryouta

Jamais deux sans trois

"Je suis victime d'une vaste blague, c'est ça ?"

Devant l'air bêtement souriant de Kise Ryouta, Alraun dû se forcer de ravaler un sarcasme. Inutile de sourire comme ça, playboy, ya pas de photographes, ici songea-t-elle en prenant note de la commande sur la caisse enregistreuse. Et puis il était bizarre ce type. Quel genre de personne venait dans un restaurant spécialisé dans les ramens pour commander des burgers ? Okay, son patron avait une petite partie du menu consacrée à d'autres spécialités étrangères, histoire de diversifier sa clientèle, mais s'il voulait réellement des burgers pourquoi ne pas aller ailleurs, dans des restaurants spécialisés dans ce genre de cuisine ?

Enfin, au moins n'attendait-il pas d'elle qu'elle garde le sourire. Ça l'arrangeait. Croiser un membre de l'équipe de Teiko sur son lieu de travail l'ennuyait au plus haut point et elle avait du mal à jouer le jeu de la gentille serveuse avenante dans ce genre de situation. Elle se sentait comme percée à jour dans sa vie privée : après tout, Alraun n'avait malheureusement pas un physique qu'on oubliait facilement. Que dirait Kise le jour où elle le défierait en un contre un pour réaliser son rêve de surpasser la Génération des Miracles ? « Oh t'es la vendeuse de ramens » ? La honte. Sans compter les questions embarrassantes que ça pourrait susciter. Mais pourquoi tu travailles ? T'as pas assez de sous ? Ah mais tu vis seule ? Elle est où ta famille ? Etc. Est-ce qu'elle avait envie d'expliquer à tout le monde qu'elle était revenue seule au Japon et que ses proches étaient tous en Allemagne ? Pas vraiment. Ce n'était pas un sujet tabou, mais pas quelque chose sur lequel elle souhaitait s'étendre non plus.

La cloche de l'entrée du restaurant tinta, sortant à nouveau Alraun de ses pensées, alors que deux adolescentes étouffaient un cri de ravissement à la vue du modèle qui attendait sa commande. Mal, à l'aise, la métisse se détourna et prétexta aller donner la dite commande en cuisine afin d'éviter de laisser transparaître sa désapprobation, quand elle les entendit lui demander autographes et selfies. Elle avait du mal à comprendre Kise, au fond. Comment pouvait-on apprécier d'être sans cesse interpellé dans sa vie de tous les jours par des inconnues ? Il fallait vraiment avoir un problème de narcissisme mal dosé pour aimer ça. Urgh.

Quand elle entendit les excuses du basketteur, elle haussa les épaules et marmonna un « c'est pas grave » peu concerné avant de lui indiquer le prix de sa commande. Le jeune homme posa un billet devant elle qu'elle encaissa avant de lui rendre sa monnaie et de passer de l'autre côté du comptoir.

« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous indiquer une table »,
fit-elle d'une voix dénuée de chaleur quoique professionnelle avant de se diriger vers une des tables cachées derrière un paravent. Elle n'avait pas envie d'être déconcentrée par les fangirls qui s’agglutineraient autour de lui toutes les deux minutes. Au moins, ici, il serait à l’abri des regards et ça éviterait tout débordement. Sans compter qu'elle ne pourrait pas le voir non plus. Parfait.

Alors qu'il s'installait à la table qu'elle lui avait indiqué, elle annonça de cette même voix sans chaleur
« votre commande arrivera dans un quart d'heure, je vous remercie pour votre patience »
avant de se détourner sans attendre de réponses.