[ Event ] Equipe 3 vs Equipe 4

Elle marche, aux côtés de sa sœur, l'air soucieux. Elle ne sait plus pourquoi elles se sont inscrites, pourquoi elles se sont embarquées dans une manifestation pareille. Keeki se sent comme un poisson hors de son bocal, elle étouffe intérieurement et n'y peut rien. Elle ne sait même pas d'où lui vient cette angoisse qui lui crève le cœur. Il est fort plausible qu'il ne s'agisse que de la peur d'échouer, sous les yeux de tous, mais surtout sous ses yeux à lui. Elle sait qu'il sera là, parce qu'ils en ont parlé. Il sera là, pas dans la même équipe qu'elle, mais jamais très loin. Il est probable qu'il vienne jeter un œil à son match. Et l'idée qu'il l'observe et qu'elle soit mauvaise l'effraie. Elle veut être à la hauteur. Et puis, elle n'a pas joué contre Kuuki depuis très longtemps. L'idée de recommencer comme avant, lorsqu'elles ne jouaient que toutes les deux, l'une contre l'autre, la perturbe. Bien que ça ne lui déplaise pas tout à fait. « J'espère que ce sera un bon match. » Elle essaie de se détendre. Dans son équipe, le blondinet de la Génération des Miracles ; dans celle de ses adversaires, le type qui ne rate aucun de ses tirs à trois points. Sur le banc, heureusement. Elle a Kim, sa capitaine, et ils ont Aina. Deux Kirisaki partout. Un Génération des Miracles partout. Les autres ? Elle ne les connait pas, ou vaguement, de nom.

Elles arrivent sur le terrain, et, l'espace d'un instant, Keeki ne peut s'empêcher de se saisir de la main de sa cadette, pour la serrer légèrement. Une impulsion, une envie soudaine. Elle lui adresse un léger sourire, un peu hésitant mais bien présent. Elle ne sait pas d'où lui vient cette appréhension. Les choses ne peuvent que bien se passer, lorsque l'on est de Kirisaki. Non ? Elle prend une profonde inspiration, détourne le regard. « Tâchons de nous amuser, au moins. » Une phrase qu'elle n'a pas prononcé depuis longtemps, gagner étant devenu son seul objectif depuis sa rencontre avec Hanamiya. Elle défait ses doigts de ceux de sa jumelle, adresse un léger signe de tête respectueux à Aina, malgré son aversion envers la supportrice, et s'avance vers les deux individus qu'elle devine comme faisant partie de son équipe. Un garçon, qui n'est pas Kise, et qui se déclare à Kaijou. Le fameux Rimai de la liste, donc, sans doute. Et une fille, dont elle ignore le nom, qui porte les couleurs de l'étoile montante du basket, Seirin.

Elle s'arrête à quelques pas d'eux, et incline la tête. Elle ne sourit plus, mais conserve un air poli. « Ce n'est qu'un match amical, tu sais ; pas besoin d'y mettre tant d'ardeurs. » souffle-t-elle à l'intention du garçon. « Je suis Nagareboshi Keeki, de l'équipe féminine de Kirisaki Dai Ichi. » Elle sait que, bien souvent, le nom de son école n'inspire pas confiance. Et eux, alors, qu'en pensent-ils ?

Sutä jeta un dernier regard à son reflet. Elle avait l'air d'une déterrée. Ses yeux n'avaient plus d'éclat, bien que souligné de longues cernes noires. Sa peau avait pris une légère teinte blanchâtre. Son lacet peinait à maintenir son short sur ses hanches... L'appétit l'avait abandonné, ainsi que le sommeil. Elle laissait errer ses yeux alors, épuisée, dans le vestiaire, sans trouver à un seul moment une certaine quiétude... Ses nuits étaient agitées, habitée par une possible mauvaise prestation. Plus d'une fois, elle se voyait rater un, deux et trois tirs décisifs, ses coéquipiers lui disant qu'elle n'avait rien à faire sur le terrain. D'autre fois, c'était blessure qui venait la hanter. Sauf qu'elle ne serait pas éloignée des terrains pour quelques semaines, mais pour toujours. Elle se réveillait alors en sueur, la mine fiévreuse, le cœur au bord des lèvres. Une angoisse massive lui faisait perdre tous ses repères, et elle devait s'efforcer à revenir dans l'instant présent pour calmer l'anxiété qui lui contractait douloureusement les muscles. Même si selon l'avis général elle était talentueuse, elle ne se sentait pas au niveau.

Maintenant, elle avait foulée le parquet, et n'y avait trouvé aucun réconfort. Elle sentit le stress l'envahir. Elle était ridicule. Son regard rencontra celui de ses adversaires. L'inquiétude fit briller ses yeux. Elle se sentait mal de ne pas pouvoir répondre à cette vague de talents. Elle se présenta de sa démarche timide, à ses adversaires:

"Sutä Yügana. Pivot de l'équipe quatre..."

Malgré le sourire qui tentait d'égayer son visage, la jeune joueuse affichait une mine grave, creusée, et abîmée par la fatigue.

Spoiler:

Des les premiers coups de sifflet, les crissements des chaussures se firent entendre sur le parquet. Malgré sa petite taille Sutä avait réussie à prendre l'ascendant sur son adversaire lors de l'entre-deux et l’équipe avait commencée à mettre en place sa première offensive. Les joueurs étaient appliqués dans leurs placements, leurs passes étaient précises, et l'adversaire semblait acculé dans sa partie de terrain...

Les premières secondes avaient défilées avant que Sutä n’effectue sa première prise de balle. Elle semblait satisfaite de celle-ci et de l'opportunité que lui avait ouverte ses partenaires en lui donnant ce ballon. La joueuse de Shutoku pivota de suite alors que son adversaire ne semblait pas encore totalement rentré dans son match. Elle se retrouvait à présent face au panier. L'adversaire étant rapidement éliminé par la rotation qu'avait effectuée la jeune joueuse, ne put que tendre le bras espérant intercepter le tir qu'elle avait armé une fraction de seconde plus tôt. Cependant, il était trop tard... Le ballon avait déjà prit la direction du panier, et il ne put que la déséquilibrée en rabattant son bras sur l'épaule de l'attaquante.

Le ballon rentra vivement, sans même effleurer le cerceau métallique et l'arbitre siffla instantanément la faute de contact. Tous les joueurs s'écartèrent de la raquette sans broncher ni même montrer un quelconque signe de frustration. Sutä quand à elle, se plaça à la ligne des lancers francs avec la conviction de réussir son tir... Elle prépara longuement son tir, laissant le ballon rebondir à plusieurs reprises sur le sol avant d’effectuer le geste fatidique. Le ballon heurta légèrement le cerceau avant de s'abattre sur le panneau et finalement rentrer doucement aux plus grand regrets des adversaires... Le compteur de points affichait 0-3 en faveur de l'équipe n°4.

Il fallait maintenant défendre. Sutä avait l'intime conviction que l'adversaire allait répondre à cette offensive et non sans talent...

Cela faisait déjà quelques courtes minutes que les trois premiers points du match avaient été marqués, pourtant on ne pouvait observer aucunes réactions de la part de l’équipe n°3 qui multipliait les actions avortant sans même qu’un seul tir ne soit parvenu à être armé… Qu’attendaient-ils pour réagir et réduire l’écart conséquent qui s’était formé durant les nombreuses secondes qui avaient continuées de défiler encore et encore ? Ils avaient pourtant un effectif de qualité qui leur était sensé leur permettre de raccrocher au score sans les moindres petits soucis, mais de la à se laisser distancer 0-7 c’était soit que la qualité de l’effectif était loin d’être aussi bonne que certaine personnes le laissaient entendre, soit qu’ils avaient un sacré ego pour croire qu’ils pourraient revenir au score. Quoi qu’il en soit, Sutä avait n’allait pas s’attarder à réfléchir et montrer de quoi elle était capable…

Une nouvelle action se présentait à l’équipe n°4 et à l’actuel pivot de l’équipe féminine du lycée Shutoku. Le meneur de jeu de l’équipe adverse s’était subtilement voler le ballon par la jeune brune qui avait jugée bon de lâcher son marquage et il fallait maintenant qu’il se prépare à une rapide contre attaque s’il ne voulait pas voir l’écart s’agrandir de deux points… Malheureusement pour lui, Sutä était bien en jambe et avait déjà prit de la hauteur. Qui aurait put croire qu’une fille de se gabarit était capable de s’élancer aussi haut et surtout qui aurait put croire qu’elle aurait put sortir un dunk aussi puissant et maîtrisé. Sa main gauche s’était violemment abattue sur le cerceau métallique après avoir laisser glisser le ballon dans celui-ci… 0-9, l’écart se faisait plus grand !

Au moment de toucher le sol, la jeune joueuse sentie un gène au niveau de son genou gauche et par peur de faire une rechute soudaine, elle se résigna à continuer de jouer pour le moment. Ne pas participer à la Winter Cup serait désastreux pour elle et elle avait donc décidée de demander le changement et de s’installer auprès d’Icare la physiothérapeute du club de basket, pour que celle-ci s’occupe de son genou. Elle espérait seulement que la jeune fille ne dise rien à Alizia…

« Je ne veux pas vous dérangez toi et ton nouvel ami, mais j’ai besoin que tu t’occupe de mon genou. »

Le match a mal commencé pour son équipe. La composition dérange, paraît bancale ; ils n'ont jamais joué les uns avec les autres et leur score s'en ressent. Rapidement, ils sont devancés de neuf points. L'ailier de Kirisaki n'a pas encore montré ce dont elle est capable, elle observe encore, hésite, tergiverse. Elle a promis, mais son regard ne peut s'empêcher de chercher les faiblesses de ses adversaires. Plus concentrée sur l'une d'entre eux, une adolescente portant fièrement l'insigne de Shutoku, elle analyse et décortique chacun de ses mouvements. Dangereuse, elle l'est. Douée aussi, très. Mais loin d'être infaillible. Sa jambe a vacillé, son genou s'est tendu. L'ombre d'un sourire se dessine sur les lèvres de Keeki, digne disciple d'Hanamiya. Qu'importent les promesses : éliminer les atouts adverses et briser les déterminations les plus féroces, l'emporter sans perdre de vue que la fin justifie les moyens ; ainsi Keeki a-t-elle appris à jouer aux côtés de son si peu recommandable mentor.

La fille de Shutoku sort du terrain, au grand plaisir de la joueuse de Kirisaki qui se saisit de l'opportunité et s'élance pour voler le ballon au meneur adverse. Un instant plus tard, la balle se retrouve sous sa propre main. Elle court, esquive la tentative d'écran en tournant sur elle-même ; double écran, elle fait passer le ballon entre ses jambes pour le récupérer de la même main, passe la balle à son coéquipier sur la ligne des trois points. Il lance, marque. Evidemment. 3-9. L'écart n'est pas si grand.

Elle tape dans une main tendue, et le match reprend. Le ballon est récupéré, envoyé à l'ailier. La course et le dribble assuré, elle s'élance sur le terrain. On se dresse face à elle, elle se prépare à entamer un killer cross-over, lorsqu'elle se souvient de la règle imposée. Elle lâche un sifflement, se déconcentre. La chance est saisie : le ballon lui est arraché, il est repris par ses coéquipiers. A nouveau, il lui revient entre les mains ; elle avance dans la raquette, attaque par un bras roulé. Tir peu précis, il heurte l'anneau. Les pivots sont à l'affût. Le ballon rentre. 5-9. Sourire satisfait aux lèvres, Keeki retourne prendre position en défense, prête à contrer l'équipe adverse. La défaite n'est pas permise.