Réunion de "famille" [ PV : Equipe de Basket Rakuzan]

'un moindre regard, le prédateur analyse la zone, rien ne peut échapper à son appétit vorace. Un mouvement attire son attention, il perçoit bien au loin sa proie tenter de fuir. Le plaisir est à son summum, ses serres frétillent d'impatience, il fonce sur sa victime à une vitesse hallucinante. Il sent ses plumes se faire caresser par le vent soyeux, il plane si haut que rien ne peut l'atteindre, libre de son court destin. La liberté. Ce que l'homme recherche si désespérément sans jamais réussir à trouver, elle est sadique, rapide et semble avoir un sens de l'humour quelque peu douteux. Les Hommes s'écroulent, s'enferment dans cet esprit et dans ces recherches, sans même se rendre compte qu'ils ne la trouveront pas de cette façon. S'en est navrant. Mais quand bien même, qui pourrait être assez bien placé pour dire ce qu'est la liberté ? La jeune fille ferma le livre et le déposa sur ses jambes fines, semblant pensive contre à l'issue de cette journée. Ses paupières se fermèrent, elle soupira en déposant sa tête contre le dossier de son fauteuil. Ses deux saphirs furent masqués et elle plongea dans le noir complet, état parfait pour prendre des décisions importantes.

Plus aucun bruit ne vint l'incommoder, la reine rose se laissa doucement sombrer dans ses pensées. Son visage semblait détendu mais il suffisait de la connaître correctement pour apercevoir un minuscule, presque imperceptible rictus agacé sur ses lèvres roses. Un rendez-vous de "famille". En voici donc un occasion parfaite quoique un peu soudaine pour remettre les choses en ordre avec l'équipe de basket, ou du moins avec certains membres. Akashi semblait être sérieux et peut-être un peu dérangé par le comportement inadmissible de certains membres qu'elle se ferait un plaisir de punir. Un nouveau sourire, Alaska rouvrît ses yeux et se redressa avec délicatesse. Elle n'aurait pas besoin d'être extrêmement imaginative, le rouge n'était pas du genre à mâcher ses mots.

« Mais cela va être amusant... »

La belle rosée tendit le bras et vint chercher sa brosse à cheveux, elle démêla ses longs fils soyeux en les tendant comme l'on tend une bobine de laine. La matinée serait longue, vigoureuse, elle devait encore une fois faire face à tout ce monde agaçant, entendre le hurlements et les plaintes de personnes qui ne mériteraient que d'être muettes. Simple rançon de la gloire. Elle savait qu'elle avait obtenu leur respect, pour certains même une certaine admiration mais elle connaissait le genre humain, simple et manipulateur. Leurs yeux brillaient parce qu'elle avait quelque chose à leur apporter, parce qu'elle était inaccessible, un mystère. Cependant une fois la magie brisée et le service rendu, ils restaient à l'écart comme des moutons égarés. Ils n'étaient comme elle, beaucoup trop peu de ressemblance pour qu'ils puissent se supporter. Alaska déposa sa brosse délicatement sur son bureau, elle posa une simple barrette sur ses cheveux et baissa ses yeux plus bleus que jamais vers sa chemise impeccablement repassée. Tout semblait être prêt, elle pouvait s'autoriser à prendre la route jusqu'à son établissement.

La mannequin se releva gracieusement, passa ses mains blanches contre sa jupe puis s'empara de son sac. Sa peau semblait être plus bronzée qu'auparavant, elle avait pris le temps de faire une petite balade, le soleil semblait apprécier son épiderme laiteuse, il l'avait embrassé en un baiser voluptueux et brulant puis déposé la marque de son passage. Ses doigts fins se posèrent sur l'objet en acier, elle caressa ses formes régulières, fit le tour de l'objet avec son index puis le souleva d'un bras. Elle était habituée à présent à la taille conséquente de la chose, plus rien ne l'étonnait ni son poids, ni même son gabarit important. Aussi calme qu'accoutumé, la belle sortit de sa chambre et se dirigea vers les escaliers. Elle descendit comme une reine, la tête haute et les yeux légèrement fermés, le soleil l'éblouissant presque. Mais aucun attribut non humain ne pouvait briller plus qu'elle, elle ne l'y autorisait pas.

« Taka, viens. »

Majestueux comme toujours, l'oiseau sembla l'entendre parfaitement. Ses ailes limpides se déplièrent, elle sembla dévoiler toute la force de son caractère mais effectua un vol impeccable et magnifique jusqu'à l'épaule gauche de sa propriétaire. La chouette tourna la tête, ses grands yeux semblant dire quelque chose à la rose. Alaska étira un sourire presque sadique, elle savait parfaitement que cela ne plaisait guère à son animal de sortir le jour. Lentement, la belle ouvrit sa cage et le regarda du coin de l'œil. Cela aussi, elle l'avait modifié avec ses doigts. Les choses simples étaient sans intérêt, elle aimait tout ce qui sortait du lot et qui était précieux. Le saphir incrusté dans son regard devait briller en voyant quelque chose pour qu'elle l'apprécie.

L'oiseau ferma les yeux, faisant semblant de s'assoupir et ne bougea point. La reine posa son index contre son bec, Taka fit semblant de la mordre mais à aucun moment elle ne recula sa main. Elle lui faisait à présent confiance, elle savait qu'elle n'oserait ne serais-ce que la griffer. Taka n'était pas suicidaire, elle l'aimait trop pour lui faire quoique ce soit. Les yeux brûlants du prédateurs se posèrent sur sa victime, il lui jeta un regard dédaigneux et décida finalement de céder à ses ordres, entrant dans la cage argentée. Alaska sourit. Maigre sourire d'un commandant repus. Taka ne tarderait pas à se rebeller elle le savait.

Enfin prête, elle entra dans la voiture qui l'attendait sagement devant chez elle. Son bagage étant extrêmement important, il fût placé en premier loges, à ses côtés pour être protégé. Les élèves de son lycée allaient sans doute assister à un événement peu commun et elle ne pouvait que se languir de leur regards surpris. Le coup allait être porté, elle frapperait fort comme toujours. Le trajet sembla s'être raccourci, elle ne tarda pas à arriver dans la cour de son école. Son regard limpide se posa sur sa montre, elle était dans les temps. Alaska se glissa hors de la voiture, sortant son sac et son étrange bagage, il ne fallut que quelques minutes pour qu'elle sente ses regards posés sur elle. La belle resta de marbre, une expression parfaitement stoïque sur le visage, elle n'avait pas le temps de jouer avec eux. Se faufilant dans les couloirs peuplés, elle glissa dans la salle de cours et s'installa devant comme à son habitude, son fidèle oiseau à ses côtés. Le début des cours ne tarda point, elle rencontra le regard curieux et quelque peu surpris de ses camarades, un parfait sourire naissant au coin de ses fines pétales de roses.

Pourquoi ? Comment ? Simples questions de routine. Parce qu'elle le voulait tout simplement, elle aimait démontrer ses propos par des exemples et malgré le fait que ramener son précieux animal dans le lycée n'avait pas été dans ses plans premiers lorsqu'elle était arrivée, elle avait eu le cœur de modifier ses plans.

« Aleksandrova-san ? Que.. Que fait cette chouette ici ?

Son nom fût doucement prononcé par la jeune lycéenne timide, quelque peu déformé par le mode de parler typiquement japonais. Sa voix tendre aurait pu la rendre adorable, son accent également hors Alaska n'était pas une personne très tolérante.

« Elle n'est qu'un simple objet démonstrateur. Tu comprendras en temps voulu. »

Son regard aussi profond que celui d'un rapace déstabilisa la jeune fille, celle-ci tourna la tête et vint s'installer sans aucun autre mot. Le belle se releva, l'air impérial et déposa son tendre objet aux yeux de tous. Leurs regards sont simples comme ceux des bambins. Ainsi démarra son récit sur cet étrange rapace qu'était la chouette effraie et ses congénères.

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Les derniers mots sortirent de ses lèvres, résonnant dans une voix au combien calme pour une personne écoutée par tous. Alaska tourna ses yeux vers Taka, celle-ci semblait s'être endormie, sans doute à cause de se trop plein de gens autour d'elle. Peut-être bien... Mais ce n'était pas le cas, elle ne dormait pas réellement. La mannequin fixa du coin de l'œil les étudiants, leur regards lui brûlaient la peau tellement ils étaient fixés sur sa personne. Sa main vint se poser sur la cage argentée, elle savait déjà quel serait leur prochaine question.

« La plupart de vous désire sans doute savoir la même chose. La réponse est non, vous ne pouvez pas la toucher. La dernière personne qui a tenté de le faire s'est retrouvée avec un doigt en moins. »

Et l'amour propre détruit.
La rosée sourit intérieurement, la scène avait été extrêmement plaisante à voir. Ce simple garçon voulant jouer au dur, finissant par pleurer sous la douleur. L'oiseau blanc ne semblait pas aimer la foule, personne n'aimait être touché par des inconnus. Ses fesses se posèrent sur sa chaise, ses deux billes bleues fixant son enseignant, il pouvait reprendre les reines à présent. Une main glissa dans ses longs cheveux roses, elle croisa les jambes et sembla n'écouter que d'une oreille les discours incessants de ses professeurs de science et d'histoire. L'important viendrait après... Tiens-toi calme général rose. Sa patience semblait refaire surface, jaillissant comme une sublime fontaine dorée. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle allait enfin accomplir des choses intéressantes ou bien si c'était pour le plaisir de les revoir et de les torturer encore un peu avant les matchs.

Le temps avança lentement, elle avait crue mourir enracinée mais malgré tout, une partie de son esprit n'arrivait à se déconnecter des paroles de ses enseignants, comme si un moindre moment d'inattention pouvait lui être fatal. La prudence est mère des sûretés mais elle pouvait également rendre les gens plus faibles. Tout était question d'équilibre dans ce monde mal forgé. Une assimilation de petites choses en faisait de grandes. La fin des cours se rapprocha, Alaska rangea ses affaires et sortit en empoignant le rapace. Il était impensable, impossible, inconcevable qu'elle la laisse seule dans une pièce, elle préférait s'accompagner de se fardeau. La jeune femme ne fît que quelques pas pour se rendre à la salle prévue pour leur "réunion", ses mains déposèrent ses bagages légers, elle croisa les bras et se pencha par la fenêtre, tournant enfin son visage à la peau nacré en entendant des pas. Ils n'étaient pas tous présents, elle allait devoir attendre plus longtemps.

« Encore quelque chose dont on devrait discuter. La ponctualité, tu ne penses pas ? »

Sa silhouette ne se retourna point, elle semblait bien loin à présent. Loin de la pièce, plongée dans ses pensées les plus profondes.