#Where is Bryan … except that is not Bryan ϟ feat. Kahei

tako & kraken

Un grognement s'échappa d'entre les crocs serrés, brisant le silence qui régnait dans le gymnase en cette journée paisible – plus pour longtemps en revanche.

« J'vais la tuer sérieux… »

Takara fulminait. Littéralement. Pour un peu on aurait pût voir de la fumée sortir de ses narines tandis que la dragonne de Kaijou tapait du pied sur le sol, les bras croisés. Quelques filles de première année glapirent et déglutirent difficilement en voyant les yeux de leur capitaine se réduire en deux fentes et son regard s'assombrir sous l'effet de la colère et de l'impatience.

Les joueuses de deuxième et troisième années en revanche, se contentèrent de soupirer et de lever les yeux au ciel pour la plupart en voyant cette scène des plus banales pour l'équipe féminine de basket-ball, laquelle se répétait inlassablement, jour après jour. Certaines retenaient même un petit sourire amusé en imaginant sans trop de mal comment cette histoire allait se finir, le scénario restant inchangé depuis le début des représentations du duo le plus explosif de l'équipe que formait la meneuse et l’ailière forte.

C'était presque un rituel d'ailleurs. Kahei qui séchait, Takara qui partait à sa recherche … On pouvait entendre les hurlements des deux équipières d'un bout à l'autre du lycée tant elles se faisaient remarquer. N'empêche que la Kurokawa, elle commençait sérieusement à en avoir marre de jouer à cache-cache tous les jours avec l'autre touffe bleue là. Elle avait pas encore comprit après tout ce temps qu'elle finissait toujours par lui mettre la main dessus pour la traîner à l'entraînement et lui foutre double ration de tours de terrain ? En plus, depuis le temps qu'elles faisaient cela, la brune commençait à bien connaître les cachettes favorites de sa joueuse.

Oui mais non, parce que Kahei, c'était juste exactement la même que sa capitaine en matière d'entêtement borné et stupide. Du coup, les deux poursuivaient inlassablement leur petit jeu du chat et de la souris, sans jamais se lasser. Parce que voilà, elles s'aiment tellement en vrai ces deux trolls.

La jeune fille souffla lourdement. Ok, c'était bon, elle en avait marre. De toutes manières, elle lui avait laissé trois minutes de retard dans le doute qu'il viendrait à l'idée de sa camarade de se pointer à l'entraînement d'elle-même, mais cela aurait été trop beau. Elle se tourna vers les membres de l'équipe, réunies en cercle autour de leur capitaine et attendant ses ordres.

« Bon. J'vais la chercher. Commencez les échauffements pendant ce temps et enchaînez avec des matchs en trois contre trois. »

Takara quitta le gymnase à grandes enjambées tandis que ses cheveux attachés en queue de cheval voletaient furieusement derrière elle, se balançant sur sa nuque. Foutue Kahei ! Toujours obligée de lui courir après. L'adolescente traversa le terrain d’athlétisme, ayant déjà une petite idée d'où pourrait se trouver la demoiselle qu'elle cherchait. Son regard se leva vers le toit de l'école, place favorite de la feignasse de première quand elle voulait piquer un petit somme tout en profitant des rayons du soleil.

Vêtue de sa tenue de sport, bien évidemment, la jeune fille rentra dans le bâtiment principal du lycée. Elle sentit sur elle de nombreux regards des lycéens qui voyait cette furie en t-shirt et short passer devant eux, se fichant bien de ce qu'ils pouvaient penser. Après tout elle n'était plus à une humiliation près désormais, surtout que l'intégralité de Kaijo était persuadé qu'elle avait une relation avec un des membres de l'équipe masculine, ce qui faisait beaucoup jaser les gens. Problème toutefois, il y avait plusieurs rumeurs et aucune n'impliquait le même garçon. Du coup, forcément, les rumeurs en question s'emballaient et du coup la Takara passait maintenant pour une fille de petite vertu qui cachait bien son jeu.

Hors, et même si ça l'attristait un peu et la faisait surtout royalement chier, la concernée évitait de penser à ces histoires stupides. Du moment que ça ne touchait qu'elle et qu'on ne s'en prenait pas à ses amis, les gens pouvaient bien cracher sur son dos, elle avait d'autres priorités...

Grimpant les escaliers menant au lieu désiré presque quatre à quatre, la Kurokawa ne prit même pas la peine de se servir de ses mains pour ouvrir la porte du toit. Non, les mains c'était bon pour les gens calmes et civilisés. La jeune fille ici présente n'était absolument rien de tout cela, pour l'heure du moins. Du coup, c'est d'un bon coup de pied dans la porte qu'elle ouvrit cette dernière en grand, accompagnant son entrée pour le moins fracassante d'un tonitruant :

« KAHEI ! T'as intérêt à être là espèce de foutue feignasse de mes deux, ramène tes fesses à l'entraînement ! »

De toutes manières, planquée sur le toit ou non, où qu'elle soit cachée dans l'intégralité du lycée de Kaijou, avec un hurlement pareil, il était tout bonnement impossible que l'adolescente à la chevelure turquoise ignore que sa chère et tendre capitaine était à sa recherche. La moitié de la ville était au courant désormais même.

HRP:

tako & kraken

Le jeu du chat et de la souris avait commencé entre les deux adolescentes. Takara avait enfoncé la porte menant au toit avec toute la délicatesse dont elle était capable – vous la sentez la toute petite pointe d'ironie qui montre le bout de son nez ?– et était donc arrivée sur le sommet du bâtiment, ses yeux bleus assombris par la colère et l'exaspération.

A chaque fois qu'elle devait partir ainsi à la recherche de la Kisaragi, c'était une telle perte de temps pour l'entraînement et une source d'énervement incroyable. La bleue adorait mettre les nerfs de Takara à rude épreuve, sans jamais s'émouvoir des grondements enragés de la lionne qui lui servait de capitaine d'équipe.

Pourtant, tout n'était pas que haine et prise de bec entre les jeunes filles, loin de là même. On lui aurait demandé, Takara aurait nié bien évidemment, question de fierté, mais au fond elle l'aimait bien la plus jeune.

Bon ok, elle était foutrement énervante et cumulait tant de défauts qu'elle ne saurait par lequel commencer pour les énumérer tous, mais en même temps... c'était sa joueuse, sa coéquipière. Probablement une de celles avec qui elle s'entendait le mieux sur le terrain d'ailleurs. Et même si elles passaient leur temps à se hurler des mots d'amour aux oreilles, les deux adolescentes étaient étrangement souvent ensemble – pour ne pas dire tout le temps fourrés l'une avec l'autre.

La Kurokawa s'avança de quelque pas, scrutant le toit étrangement désert et fronça les sourcils. Non, elle était forcément ici. Elle connaissait Kahei par cœur ou presque.  Elle savait que la flemmarde était planquée ici – comment ? L'instinct animal voyons, une lionne sait retrouver un membre du clan ou que l'autre soit... et comment ça je pars beaucoup trop loin avec mes comparaisons foireuses ?

Un bruit, au-dessus d'elle. Un sourire – légèrement tendu – étira les lèvres de Takara alors qu'elle leva les yeux vers le petit bâtiment situé au-dessus de la porte et de la cage d'escalier. Bingo.

« Kahei … » gronda la jeune fille en voyant l'autre se prélasser avec nonchalance.

Et d'où qu'elle l'appelait « chérie » d'ailleurs, cette fichue gamine ? Bon ok, elles avaient même pas un an entier de différence d'âge et l'autre faisait même trois foutus centimètres de plus qu'elle, ce qui était légèrement agaçant quand Takara y repensait, mais on s'en fout, c'est rien qu'une sale gosse après tout, la Kisaragi.

« C'est Capitaine pour toi je te rappelles. Ou alors Senpai. »

Ouais bon elle se faisait pas d'illusion non plus, mais c'était toujours sympa de rappeler à l'autre qu'elle était tout de même sa supérieur hiérarchique, au club comme au lycée d'ailleurs. Après, le jour ou Kahei lui donnera du « senpai », sérieusement elle aurait certainement plus peur qu'autre chose en entendant ces mots sortir de la bouche de sa cadette et se demandera plutôt si l'autre n'était pas fiévreuse et malade. C'est dire si elle était habituée au comportement de sa joueuse.

Takara étudia machinalement la silhouette de la Kisaragi, qu'elle venait apparemment de tirer de son sommeil. Tant mieux. Rien de tel que quelques tours de terrains pour réveiller cette fichue flemmarde.

« Il me semble que tu as suffisamment profité ainsi. Maintenant, descends. Tout de suite. » ordonna la capitaine de l'équipe féminine de Kaijou, de ce ton affreusement doux qui sonnait comme le calme avant la tempête.

On aurait dit un maître et son chien désobéissant. La Kurokawa ajouta, le regard provocateur :

« Ne m'oblige pas à venir te chercher. Encore une fois. »

Sauf qu'elle savait très bien comment tout cela allait finir. C'était leur petit rituel après tout, leur moment d'intimité. Évidemment que Takara allait devoir aller la chercher, c'était pas drôle sinon pour elles.

Et puis au fond, elle l'aimait tellement sa petite kohai, c'était toujours un tel plaisir de l'attraper par le col et la traîner de force jusqu'au gymnase, comme une maman lionne chopperait son lionceau par la peu du cou, pour lui faire faire quelques exercices bien fatiguant. Pour le coup, elle allait l'apprécier sa sieste après l'entraînement la Kisaragi, oh oui. Elle pouvait faire confiance à sa chère et tendre capitaine pour la faire courir jusqu'à ce qu'elle s'écroule d'elle-même. Si c'est pas mignon tout ça !

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tako & kraken

Saleté … non décidément, Kahei avait le don pour la faire sortir de ses gonds rien qu'en ouvrant la bouche pour bailler – imaginez quand elle se mettait à parler alors, l'effet que ça produisait sur la capitaine de Kaijou. Si seulement sa coéquipière mettait autant d'énergie à l'entraînement qu'à tenter d'échapper aux griffes de sa dragonne d'aînée et à la mettre en boule, le trophée de la Winter Cup serait déjà assuré pour l'équipe féminine aux couleurs bleues !

Un rire secoua les épaules de la Kisaragi d'ailleurs et Takara sentit son exaspération monter d'un cran encore. Elle grinça des dents en entendant les surnoms peu flatteurs que lui donnaient l'autre, faisant preuve d'un total manque de respect envers sa capitaine, comme cette dernière s'y attendait à vrai dire.

Elle avait l'impression de se disputer avec une gamine sérieux. D'ailleurs, Takara elle-même régressait un peu mentalement en présence de la bleutée, son comportement oscillant entre la maman sergent-chef autoritaire et la gamine de maternelle qui se chamaille avec sa copine dans la cour de récré. Si c'était pas mignon tout ça.

« J'vais te montrer qui est la planche à pain moi, foutue flemmarde de mes deux ! Espèce de fichue chieuse, descend que je t'étripe ! » grogna la Kurokawa, aussi aimable qu'un dragon.

Le toit était désert hormis la présence des deux jeunes filles et heureusement d'ailleurs. Ainsi il n'y aurait pas de témoins pour voir ce qu'elle allait faire subir à sa foutue kohai de malheur.

En voyant la jeune fille rouler sur le dos dans le but manifestement de poursuivre sa sieste, pure provocation de la part de Kahei en somme, Takara ne perdit pas de temps et empoigna l'échelle, se hissant rapidement au sommet du bâtiment ou l'attendait l'autre demoiselle.

D'un geste vif, pour empêcher cette dernière de s'enfuir si jamais l'idée la traversait – chose dont elle ne doutait pas une seconde d'ailleurs, elle la connaissait quand même la Kisaragi – la capitaine de l'équipe féminine planta son pied sur le ventre de sa vis-à-vis. Pas trop fort non, elle ne la détestait pas vraiment après tout et ne voulait surtout pas la blesser pour de vrai – ou alors juste quelques griffures et cheveux arrachés –, juste assez pour que l'autre sente bien son poids sur elle et ne puisse pas lui échapper.

Un léger sourire narquois étira le coin des lèvres de la Kurokawa.

« Bien, bien. J'espère que tu as profité de ta sieste, Kahei. Parce que je te promets que tu n'es pas prête d'en refaire avant un moment là ! »

Oh ça, c'était même certain. Avec tout ce que la brune préparait à son amie comme punition pour avoir – encore une fois – séché l'entraînement, l'autre ne refermerait ses yeux qu'une fois qu'elle se sera évanouie d'épuisement.

Néanmoins, vu le temps que cela lui risquait de prendre pour réussir à traîner sa coéquipière jusqu'au gymnase, elles risquaient de finir en sueur avant même d'avoir commencé les dits exercices que la capitaine réservait à la Kisaragi – entre autres joyeusetés, pompes et tours de terrain à s'en éclater les poumons !

« Alors. Tu descends du toit toute seule, ou il faut que je te traîne par la peau des fesses et que je te balance par-dessus bord ? » demanda la jeune fille, sans bouger son pied de l'estomac de Kahei.

Elle était capable de le faire en plus. Elle avait même déjà mit cette menace à exécution. Tant d'amour entre elles, c'était trop vraiment.

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