Plouf ! [pv Akemi]

La piscine. C’était la toute première fois pour Akemi qu’elle y allait. De sa vie, jamais elle n’avait mis les pieds dans un tel endroit, sa santé ne le lui permettant pas auparavant. Et puis ses parents et ses frères étaient toujours là pour le lui interdire, également. Elle pouvait comprendre bien des choses et qu’ils se fassent du souci pour elle, bien entendu – elle était après tout, leur petite princesse à choyer, quand bien même elle ne se voyait guère ainsi – mais lorsque des filles de sa classe l’avaient invitée à venir à la piscine avec elles pour faire « quelques longueurs », la petite n’avait pu faire autrement que d’accepter. Elle fit maintes et maintes promesses à sa famille, leur assurant de toujours rester très prudente et de les appeler au moindre problème, de même qu’elle garderait son respirateur à portée de main, au cas où.

Ils avaient finalement acceptés, lui donnant tout de même une heure pour rentrer à la maison ; dix-huit heure. D’autres adolescents de son âge aurait très certainement râler pour bien moins que ça mais Akemi n’aurait pu être davantage heureuse de cette petite victoire personnelle qu’elle venait d’obtenir. C’était tellement important, pour elle, de vivre comme ‘tout le monde’, qu’elle ne pouvait s’empêcher de sourire. En entrant dans le bâtiment, elle partit se changer, gardant son portable à côté d’elle, au cas ou ses « amies » viendraient à avoir besoin de la joindre. Enfin, elles ou un membre de sa famille. Ou Tsuya. Ou Takara. Ou n’importe quelle personne susceptible de vouloir entrer en contact avec elle, en somme.

Devant le miroir de la cabine, elle regardait, fièrement le rendu du maillot de bain qu’elle avait acheté en compagnie d’Asuka, la semaine passée. Un une pièce bleue avec une simple barre blanche au niveau de la poitrine – chose qu’elle ne possédait pas vraiment, ce qui faisait qu’elle n’avait donc pas à s’inquiéter de paraitre « vulgaire » - cela dit elle ignorait encore la signification exacte de ce terme… - le moins du monde. Ravie, elle attacha ses cheveux en une queue de cheval haute et rangea avec soin ses affaires afin de ne rien oublier sans la cabine et sortit pour accéder au couloir qui, d’après elle, la menait vers un Royaume d’amusement, au moins !

Un jour, sa naïveté finirait par la perdre. Mais pour le moment, ce n’était pas la question.
Poussant les portes battantes qui donnait vue sur les différents bassins, Akemi vit son sourire s’élargir alors qu’elle se rendait compte que finalement, oui, elle était bel et bien ou elle pensait être. La piscine. Elle n’en avait jamais vue « en vrai ». Uniquement dans ses ouvrages, des mangas –elle lisait en ce moment un shonen traitant du sujet des adeptes de la natation, ce qui lui donnait d’autant plus envie d’y gouter à son tour – ou sur les reportages que son ordinateur pouvait lui trouver, lorsqu’elle tombait dessus. C’était vraiment sa première fois. Elle sentit même l’émotion lui monter jusqu’à la gorge, chose que ceux ne sachant pas qu’elle avait été hospitalisée pendant quinze longues années ne pourraient comprendre.

C’était tout un monde qui se reconstruisait autour d’elle. Forcément, elle était attentive au moindre détail, qu’il soit fait de son, de couleur ou d’odeur. D’ailleurs, elle aimait beaucoup la fragrance du monoï qui flottait alentours. Il faut dire que beaucoup de personne se faisait bronzer, ce n’était donc pas étonnant d’en sentir à tort et à travers. Passons.

Presque sautillante, elle partit prendre place sur l’un des transats encore libre, à l’ombre d’un parasol, par chance, libre. Elle patienta ainsi un petit moment, observant les gens présents dans l’eau, qui barbotait et s’amusait. Elle aussi aurait bien aimé participer, sauf qu’elle ne savait pas nager, malheureusement. Mais elle ne broya pas du noir pour autant, elle était déjà très heureuse d’être présente ici et de pouvoir presque faire comme la majorité des filles de son âge.

Elle reçut à ce moment-là un sms de son « amie » qui avait organisé la sortie.

Malheureusement, elle et les deux autres filles étaient tombées malades et ne pourraient finalement pas venir à la piscine. Akemi se retrouvait donc toute seule. Ceci dit, comme elle était d’une nature bien trop gentille pour son propre bien, elle répondit un sympathique « Ce n’est pas grave ! Reposez-vous bien ! A plus tard à l’école ! ».

Elle rangea son portable dans son sac, faisant bien attention à ne pas le laisser en vue, exposé. Puis, une idée lui vint. Et si elle allait tremper les pieds ? Pas nager, mais juste sentir l’eau sur ses chevilles. Ca ne ferait de tort à personne après tout ! Décidée à faire ce qui lui semblait être « une bêtise », c’est avec toute l’adrénaline qu’elle possédait dans son frêle petit corps qu’elle traversa la distance entre son transat et la pataugeoire. Tout doucement et avec une certaine méfiance, même, elle glissa ses pieds petit à petit dans l’eau. Le contact n’était pas très différent de celui d’une douche, mais ça lui faisait ressentir bien plus de choses. L’émotion allait encore prendre le pas sur le reste – les autres individus devaient se demander quelle était cette étrange fille sur le point de pleurer d’avoir simplement avancé un peu dans l’eau… - mais une voix qu’elle connaissait un peu la tira de cet état d’esprit.

Se retournant vers l’autre bassin, plus profond, elle sourit de nouveau, chassant ses larmes et hélant à son tour le nom du garçon, absolument pas attentive aux regards de tueuses que les fangirls dudit garçon lui lançaient avec insistance.

« Kise-kûn ! »

Elle voulut courir vers lui pour aller lui dire bonjour, mais à peine fut-elle parvenue jusqu’au bord qu’une garce ayant vaguement des traits de Cléopâtre la poussa « discrètement », la faisant tombée dans l’eau profonde ou elle n’avait guère pieds !

« Ah ! »

Et plouf ! Problème ? Il a été explicité un peu plus haut, elle ne savait pas nager. Pas du tout. Sympathique entrée en matière, décidemment.

   

Tout s’était passé si vite, en une fraction de seconde, qu’Akemi elle-même n’avait pas tout saisi ce qui s’était passé entre le moment où elle avait répondu joyeusement à Kise-kun et celui où elle s’était retrouvée la tête dans l’eau. Cependant, elle avait eu froid, d’une part, et assez peur d’autre part. Quand bien même elle n’était pas habituée à ce genre d’activités et que rien que de sentir l’eau s’échouer en petites vaguelettes artificielles sur ses pieds lui faisait découvrir des sensations ahurissantes qu’elle n’aurait jamais pu imaginer auparavant, le fait de se sentir partir sous la surface, dans un endroit où elle n’avait pas pieds du tout fit battre son cœur un peu plus fort.

Heureusement que ça ne dura pas des lustres, non plus. Sinon elle aurait pu risquer de repartir en crise respiratoire à cause de sa maladie récurrente. L’As de Kaijo eut le réflexe de la ramener d’abord sur la rive de la piscine avant de la transporter, le plus gentiment du monde, vers son transat. C’est à cet instant qu’Akemi se rendit compte à quel point elle se sentait minuscule dans les bras de son ami. Si frêle, elle aurait pu donner l’impression d’être en train de fondre, tant leurs deux carrures sont diamétralement opposées l’une à l’autre. Il est sportif et en pleine santé, elle n’était qu’une demoiselle à la constitution fragile. Rien ne les rapprochait vraiment, extérieurement parlant, et pourtant, ils s’entendaient très bien.

Et rien n’aurait pu ravir davantage Akemi.

Avant même qu’elle puisse le remercier, le blond était reparti en direction d’une demoiselle qui, rouge de honte, vint ensuite s’excuser auprès d’Akemi avant de repartir avec ses amies, au loin. Ah, donc elle avait été poussée ! L’Aoki commençait tout juste à rassembler les pièces du puzzle. Mais peut-être qu’elle ne l’avait pas fait exprès ! Oui, voilà, c’était peut-être un banal accident, tout simplement ! Le petite nipponne ne dit rien de plus, regardant Kise-kun lui tendre une boisson qu’elle pris avec le sourire.

« Merci beaucoup, Kise-kûn ! C’est très gentil de ta part ! »

Un sourire lumineux en guise de remerciement et elle enchaina, le plus naturellement du monde ;

« Oh, tu ferais ça ? Vraiment ? Je n’ai… Jamais appris à nager avant, ma famille ne voulait pas. Si c’était possible, j’aimerai bien m’amuser dans l’eau comme tout le monde. »

Elle prenait soin de ne pas évoquer son hospitalisation non plus. Inutile que tout le monde soit au courant. C’était déjà suffisamment un sujet honteux pour elle pour qu’elle ne le divulgue pas à tort à et travers. Un trait d’esprit lui parcouru la tête à ce moment-là.

« Oh, ce serait peut-être plus simple que j’aille chercher mes affaires pour qu’on les rassemblent, tu ne penses pas, Kise-kûn ? »

Ohla, l’Aoki ne se rendait vraiment pas compte d’à quel point elle se mettait en danger toute seule, à ce rythme. Les fangirls n’étaient jamais loin, malheureusement.

   

   

Enfin la journée commençait à prendre une teinte positive pour la minuscule Aoki ! Kise-kun semblait assez gentil pour accepter de lui apprendre à nager ; une expérience inédite pour elle, qu’elle s’empressa de saisir sans attendre ! Tout d’abord, elle partit chercher ses affaires pour les rassembler avec celles de son ami blond, sur le transat de ce dernier. Une bonne chose de faite, au moins ! Cependant, le Kaijo lui posa une question un peu gênante, pour elle, qu’elle tenta d’éluder le plus possible.

« Ah, euh… Il n’avait pas confiance, je crois… Mais ça n’a plus d’importance maintenant ! »

Elle avait un peu mentit et n’aimait pas spécialement ça, mais elle ne voulait pas parler de son passif à l’hôpital. C’était encore trop tôt pour qu’elle arrive à en parler sans se sentir honteuse, même si au fond, il n’y avait pas de quoi. Bref, parvenue jusqu’au petit bassin pour les enfants, elle suivit presque aveuglément les conseils prodigués par le copycat, ne se souciant pas des autres autour d’eux. C’était un peu plus complexe que ce qu’elle avait imaginé au premier abord mais.. ce n’était pas si désagréable que ça. Au contraire, elle s’amusait bien à battre des jambes pour ça ; ainsi elle ressentait une certaine sensation de liberté.

« C’est amusant ! »

Oui, elle n’avait pas pu s’empêcher d’ajouter un commentaire, c’avait été plus fort qu’elle.
Seulement, quand bien même ça lui aurait fait plaisir de rajouter encore une phrase bien sucrée, digne d’elle, elle ne le put. En effet, bien vite, elle se retrouva poussée par des fans de Kise, hystériques au possible. D’abord ce fut sur le côté, puis, à mesure que les filles se regroupaient autour de lui, Akemi fut envoyée par le fond, sous l’eau. C’était certes le petit bassin, mais ne sachant pas nager et commençant même à paniquer, autant dire que c’était une véritable épreuve du feu pour elle.

Elle crut même qu’elle allait se noyer. Heureusement, ce ne fut en aucun cas ainsi que les choses se terminèrent car elle fut attrapée par une paire de bras puissants qui la remontèrent à la surface et même jusqu’aux rebords du petit bassin, la sortant de l’eau. Elle toussa un petit moment, sentant ses poumons se contracter avec douleur. Il lui fallait vite son respirateur. Le jeune homme brun l’ayant sortie de l’eau l’accompagna sans un mot jusqu’à son sac, à quelques mètres de là et s’assura qu’elle eut bien prit son médicament et qu’elle se soit un peu calmée avant de la laisser, puisqu’apparemment, elle était déjà accompagné.

Elle lui offrit un sourire En le regardant repartir, tâchant de respirer doucement sur son transat. Que d’émotions. Heureusement, rien de grave. Ses yeux s’arrêtèrent sur la foule de filles qui avaient bien failli la tuer, sans exagérer. Elle se dit alors que Kise et elle était vraiment… différents l’un de l'autre. Ce n’était pas la première fois qu’elle ressentait ça avec ses « amis ».

Que ce soit Takara, Kosuke et maintenant Kise…. La petite Aoki se rendait compte de plus en plus qu’elle ne pourrait peut-être pas devenir comme eux aussi facilement qu’elle l’avait espéré.
Et son petit cœur en mousse n’aimait pas beaucoup ce genre de ressentit.

   

   

Kise-kun était vraiment quelqu’un de très gentil ; Akemi n’avait aucun doute à ce sujet. D’ailleurs, ce n’était pas de la faute du jeune homme si elle s’était retrouvé dans une telle situation, loin de là. Elle savait bien qu’il aurait préféré que les choses se passent autrement, il n’avait pas commandé au destin ce genre de mésaventure. Pourtant, malgré elle, l’Aoki commençait à comprendre, douloureusement, pourquoi ses parents l’avait isolée du reste du monde. Ses poumons lui faisaient encore un peu mal, elle devait se reposer avant de songer à retourner ans l’eau, histoire de ne pas aggraver les choses. Elle estimait même s’en être bien sortie, en plus ; preuve que sa maladie pouvait être combattue. Ceci lui remit un peu de baume au cœur quand bien même les pensées un peu défaitistes commençaient à s’installer confortablement dans sa tête.

Puis son ami blond revint, apparemment totalement paniqué. C’était peut-être égoïste, mais Akemi ne savait pas trop si elle devait en être flattée ou passablement agacée. Toute sa vie, on n’avait eu de cesse de s’inquiéter pour elle, allant même jusqu’à l’enfermer dans une cage de verre « pour son bien ». Alors forcément, maintenant, elle n’appréciait plus vraiment ce genre de démonstration, voulant montrer qu’elle était suffisamment grande pour se protéger toute seule. Mais bon, Kise ignorait tout de son passif hospitalier – et elle ne comptait pas lui dire, de surcroit- aussi, sa réaction ne devait pas se faire trop mordante non plus – même si bon, les morsures d’Akemi avaient d’avantage l’apparence d’une caresse de plume qu’autre chose.

Alors, gentiment et avec un sourire qui se voulait rassurant – cependant elle ne savait pas si elle y était vraiment parvenue-, elle voulut lui répondre, lui dire que tout allait bien maintenant et qu’il lui fallait juste un peu de repos, mais Ryouta était déjà reparti. Bon, tant pis, ce serait pour une prochaine fois, probablement. En l’attendant, le petite malade triturait la serviette qu’elle avait sur les genoux, comme si ça pouvait l’aider en quoi que ce soit. Cependant, elle reprit son sourire à moitié faux lorsqu’il revint, avec une glace. Oui, définitivement, Kise était vraiment une gentille personne ; elle avait de la chance de l’avoir rencontré, même si ça s’était fait totalement par hasard, bien évidemment.

« Merci beaucoup Kise-kun ! »

Elle s’empara de la glace qui avait l’air vraiment bonne et ne se fit pas prier pour commencer à la déguster. Elle qui n’avait pas souvent eut l’occasion d’en manger, durant son long séjour en chambre stérile, elle avait maintenant l’occasion de se faire plaisir à ce niveau et ne comptait pas se restreindre !

Mais elle s’arrêta quelque peu dans son mouvement lorsque son homologue adolescent se mit à lui poser pleins de questions à la suite. Wow, il était speed ! Mais ça ne dérangeait pas la demoiselle qui voulut lui répondre… en filtrant bien sur les informations importantes qu’elle ne voulait pas dévoiler.

« Et bien… Je ne sais pas trop ce que je pourrais dire… J’aime beaucoup la littérature, japonaise comme étrangère, mais j’apprécie aussi les mangas ! Ensuite euh… J’ai deux grands frères et je parle couramment le français et l’anglais, que j’ai appris en autodidacte ! »

Elle espérait ne pas avoir fait de faux pas dans cette réponse pour le moins… déstructurée. Ceci étant dit, elle aussi était très curieuse et elle se permit, ainsi, de renvoyer la balle du côté de Ryouta, encore une fois.

« Et toi, Kise-kûn ? Depuis combien de temps as-tu autant de « fans » ? »

Elle le regardait tout en continuant sa glace, s’en mettant un peu sur le bout du nez. Douée.

   

   

Akemi admirait déjà Kise-kun, pour le peu qu’elle le connaissait. Il transparaissait comme étant une personne digne de confiance, joyeuse et surtout soucieuse des autres. Un véritable héros de shojo comme elle avait l’habitude d’en lire. En plus, même si elle n’y prêtait pas spécialement attention, il est vrai qu’il avait un joli visage et qu’il n’était pas désagréable à côtoyer ; preuve s’il en est, il avait offert une glace à Akemi deux fois de suite, durant leurs rencontres. Si ça, ce n’était pas de la gentillesse à l’état pur, la petite et fragile Aoki ne savait pas de quoi il en retournait.

Elle lui sourit, gentiment, ne perdant pas une miette de ce qu’il disait. Oh, alors comme ça, ils étaient tous les deux dans la même situation de cadet ! C’était un point commun non négligeable qui faisait sourire la demoiselle. Elle se demandait, d’un coup, si les ainées du sportif étaient comme ses deux frères à elle…. Ou non ! Cela lui paraissait improbable mais après tout… pourquoi pas !

« Oh euh, j’ai appris parce que…. Enfin, c’est une longue histoire ! Je veux bien t’aider pour les examens si tu veux, Kise-kûn ! Il faut juste que je demande à mes parents et mes frères s’ils veulent bien ! Nous pourrions aller à la bibliothèque si tu veux ! »

Le tout avec un grand sourire. Non, après cette mésaventure qui lui avait valu de devoir se servir de son respirateur, hors de question qu’elle lui parle de son passif à l’hôpital. Elle ne voulait pas qu’une seule personne ne plus soit au courant pour sa maladie qu’elle tentait de cacher le plus possible aux yeux du monde. Elle embraya vite sur un autre sujet, essayant du mieux qu’elle le pouvait de lier les deux dont il était question entre eux.

« Et si tu veux, je pourrais te prêter un shojo que je lis en ce moment ! Il s’apelle The lovestory of the big bad wolf and the little red hood, tu connais?”

Une histoire d’amour classique à la Roméo et Juliette qui connaissait pourtant un succès Florissant, surtout auprès des grands rêveurs… Comme Akemi, notamment. Cette dernière décida, à ce propos, de se lever pour tenter de dissiper l’ambiance qu’elle n’avait pas du tout aimé ressentir auparavant. Ses cheveux étaient encore dégoulinants de flotte chlorée mais elle ne voulait pas montrer qu’elle avait tout de même un petit peur de retourner dans l’eau, maintenant.

   

   

Il était tellement gentil, ce garçon. Akemi ne regrettait pas de l’avoir rencontré, même si ça ne s’était pas fait dans les meilleures conditions pour son petit corps fragile – heureusement qu’il ne restait rien sur sa paume de l’égratignure qu’elle s’était faite en tombant au sol. Maintenant, elle était sure d’avoir trouvé un ami sur lequel elle pouvait compter. Ironie paradoxale, n’est-ce pas ? Elle accordait sa totale confiance à quelqu’un qu’elle revoyait seulement pour la seconde fois alors qu’elle n’était elle-même pas tout à fait honnête avec lui, en lui cachant ses soucis de santé plutôt drastiques, en plus de cela. Vilaine petite menteuse que voici.

Mais bon, qui peut la blâmer de vouloir être normal, tout simplement ? Même si ça voulait dire user de moyens détourner pour que la vérité voit le jour, ça ne la perturbait pas vraiment, à bien y réfléchir. Déjà, sourire aux lèvres, elle s’imaginait les longues discussions à propos des shojos, ponctuées de quelques brèves explications pour les cours, ou Kise venait demander l’aide de la petite demoiselle. Pour une fois, elle se sentait… utile. Et ce n’était pas pour lui déplaire, d’ailleurs.

Elle eut un petit rire charmant alors que Kise semblait hésiter à la ramener dans l’eau. Oh certes, elle aurait pu être comme toutes ces filles qui ne remettent pas un pied dans l’eau sous prétexte qu’elles ont déjà eu une mauvaise expérience avec cet élément. Elle aurait pu. L’idée lui avait même vaguement traversé l’esprit, soit dit en passant... Mais non. Akemi avait décidé de se battre, d’être fière et droite, comme Takara ou les héroïnes de manga qu’elle dévore sans modération. Soudainement, elle se sentait presque l’âme d’une aventurière, c’était grisant.

« Ne t’inquiètes pas, Kise-kûn ! Ce n’était pas ta faute après tout, tu as beaucoup de gens qui t’aime, ce n’est pas un défaut je trouve, loin de là ! »

Aoutch, ça lui faisait tout de même une petite pointe au cœur de dire ce genre de chose. Mais elle secoua la tête et embrailla bien vite.

« Est-ce qu’on retourne dans le petit bassin ? Ou on va dans le grand avec des planches ? »

A vrai dire, revenir là où elle avait manqué de se faire piétiner ne l’enthousiasmait pas plus que cela, mais s’il le fallait, alors elle prendrait sur elle. Parce que maintenant, elle peut vivre comme tout le monde. Elle veut la vie ainsi.