[Terminé] À découvert [PV Aomine Daiki]

26/03/2015

Adossée à un bloc d'aération sur le toit du lycée, Tariki observait silencieusement le paysage urbain qui s'étendait devant elle. Nul grillage de sécurité n'obstruait le spectacle des oiseaux qui voletaient au gré des courants aériens et des nuages qui évoluaient avec lenteur sur l'immense toile bleutée du ciel. Dans ses oreilles, les écouteurs reliés à son baladeur lui faisaient entendre la superbe voix de Shikata Akiko, son énergie mélancolique célébrant le miracle de la nature et des saisons. Le bento dont elle se sustentait entre deux rêveries contenait, dans le compartiment du haut, du chou coupé en fines lamelles et saupoudré de graines de sésame blond, séparé de quatre gyoza aux légumes par des tranches de carotte. Dans l'autre compartiment se trouvait du riz tapissé de rondelles de concombre, de shiitake, d'avocat et de daikon. Si elle avait au départ souhaité se retrouver seule ici, c'était pour relire le papier distribué la veille dans le club qu'elle avait rejoint.

Après élimination de ceux qui promettaient de ne pas la passionner malgré leur intérêt certain, Tariki s'était retrouvée face à un choix cornélien : calligraphie ou théâtre. Le premier lui aurait permis de renouer avec un art ancestral de sa patrie, dont elle se sentait de moins en moins héritière malgré la sûreté de sa biologie. Son comportement était très proche de celui d'une occidentale. Curieuse jusqu'à l'indiscrétion, expansive, à l'écoute de ses émotions et de ses désirs personnels, dotée d'yeux aux couleurs improbables en sus, la jeune fille en arrivait à se demander ce qu'elle possédait de japonais en dehors de ses cheveux d'ébène et de son accent. Les qualités de la calligraphie l'auraient certainement amenée à ranimer ce qu'elle avait de nippon.

Elle avait toutefois opté pour le théâtre. Non pas pour briller sous le feu des projecteurs mais pour donner vie à d'autres vies par le biais des costumes et des décors. Le monde fourmillant et dynamique des coulisses l'intriguait. Le club était par ailleurs fréquenté par des troisième année que les choix laissaient deviner éclairés : la fiche informative qu'ils avaient distribuée présentait le programme et les buts du club, ainsi que des idées de pièces à interpréter en fin d'année. Parmi elles se trouvaient les incontournables adaptations de contes traditionnels mais aussi et surtout "Hagi-ke no san shimai", celle des "Trois Soeurs" de Chekhov faite par Nagai Ai, une féministe avertie et reconnue. L'adolescente était tout aussi surprise qu'enchantée par cette proposition.

Rien n'était acquis : les chances pour que cette pièce soit sélectionnée étaient minces. Mais tout en mâchant une bouchée de gyoza qu'elle avait découpée à l'aide de ses baguettes, Tariki se plaisait à imaginer la pièce jouée devant le public de ses camarades jeunes mais réceptifs.

Ailier Fort Messages : 496 Date d'inscription : 30/04/2015

L'heure du déjeuner est pour toi l'occasion d'échapper à la surveillance de Satsuki et Sakurai. Satsuki a toujours eu ton avenir a coeur alors elle te pousse à ne pas sécher les cours ou les entrainement. Elle va même jusqu'à te suivre pour s'assurer que tu entres bien dans la salle de classe, ce qui ne t'empêche pas d'en ressortir dès qu'elle a le dos tourné. La rosée ne lésine pas non plus sur les sermons lorsqu'elle juge ton comportement inapproprié. Au mieux ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre, mais il y a des jours où tu n'as pas envie de supporter celle qui est pourtant ton amie depuis l'enfance. Et aujourd'hui en fait partie. Il y aussi Sakurai qui suivant les ordres du coach tente de te gérer... On ne peut pas dire qu'il fasse un excellent travail. Un seul regard de te part et le voila qui s'excuse de sa présence, de la gêne qu'il t'occasionne et d'une tonne d'autre chose que tu ne comprends même pas. S'il est assez bon joueur, en dehors du terrain le garçon est pathétique. Enfin, tu as vite fait de te débarrasser de lui et de te rendre vers ta destination préférée. Tu lui as bien fait comprendre qu'il ne fallait pas te déranger et le message vaut aussi bien pour lui que pour Satsuki.

De ta démarche nonchalante tu avances dans les couloirs, partant en sens inverse de la plupart des élèves, mais avec ta taille et ta carrure tu n'as aucun mal à te frayer un chemin vers les escaliers. Tout le monde se précipite vers la cafeteria, mais tu n'as pas spécialement faim ce midi alors tu préfères te rendre sur le toît pour une petite sieste bien méritée. Après tout tu as survécu au cours de math ça mérite bien une récompense. Tu grimpes les marches deux à deux, et en un rien de temps te voila sur le toît de l'école. Le temps n'étant pas spécialement chaud -même s'il ne fait pas vraiment froid encore- le toît n'est pas très fréquenté. Il faut dire aussi que tu as passé les premières semaines après ton arrivée au lycée à faire comprendre que tu détestais être dérangé pendant tes siestes ici. Si bien que c'est un peu devenu ton endroit à toi, le seul lieu où tu peux t'isoler de tous ces lycéens bruyants. Même Satsuki ne vient pas te déranger ici à moins que ce ne soit vraiment important, même si ton amie a une autre notion que toi sur ce qui a de l'importance ou pas.

Tu ouvres la porte et te diriges vers l'échelle qui mène au niveau supérieur. Et alors que tu pensais pouvoir roupiller tranquillement le destin en a choisi autrement. Il y a déjà quelqu'un sur le toît. Bah il suffit de râler un peu et les gens ont tendance à partir, surtout lorsqu'il s'agit de fille, ce qui est le cas aujourd'hui. Tu te fiches de savoir qu'elle était la avant, c'est ton petit havre de paix. Mais alors que tu t'apprêtes à lui dire de dégager avec toute ta délicatesse naturelle, tu te rends compte que tu connais cette fille. Tu l'as rencontré à l'hôpital quand on t'avait forcé à y aller. Takara si tu te souviens bien. La jeune fille a des écouteurs dans les oreilles si bien que tu ne prends même pas la peine d'essayer de lui parler. Tu te contentes de t'accroupir devant elle et de piocher sans aucune gêne dans son bento. Ça sera sa punition pour avoir empiéter sur ton territoire.

26/03/2015

Tariki, portée par la musique, souriait béatement en s'imaginant convaincre ses camarades de jouer Hagi-ke no san shimai en fin d'année. Sourire qui se transforma en grimace à l'instant-même où une forme indéterminée apparut devant elle, sortie de nulle part et la prenant totalement au dépourvu. Conquise par la stupeur -pour ne pas dire la peur- en la devinant approcher en sa direction pour elle ignorait quelle raison, la jeune fille se crispa et lâcha un cri dont elle ne mesura aucunement la portée. Un mouvement de recul faillit renverser son bento sur l'uniforme qu'elle portait. Les yeux écarquillés, complètement extirpée de ses rêveries, elle observa ce qui venait d'apparaître face elle. Un humain. Un jeune homme. Un lycéen. Aomine Daiki.

Aussitôt qu'elle l'eut reconnu, elle ôta les écouteurs de ses oreilles et afficha son mécontentement.

"- Tu m'as fait peur, putain !"

Qui se transforma aussi sec en amusement. L'adolescente porta une main à son coeur alors qu'elle se mit à rire, consciente du ridicule de la situation et se sachant en terrain connu.

"- Fais plus jamais ça, débile. J'ai cru mourir !"

Tariki vérifia promptement l'état de son uniforme, heureusement épargné d'une quelconque tâche de nourriture. Puis celui de son bento, dans lequel il manquait un gyoza aux légumes. Après vérification, il s'avéra qu'il ne se trouvait pas par-terre. Elle reporta son regard sur le jeune homme, comprenant le mouvement indéfini qu'elle l'avait vu faire : il s'était servi sans la moindre gêne. Elle adopta un air faussement outré et tendit la main vers lui pour réclamer ce qu'il lui avait volé.

Ailier Fort Messages : 496 Date d'inscription : 30/04/2015

Tu ne t'attendais absolument pas à la réaction de Takara à ton apparition. La jeune fille lâche un cri si strident que tes oreilles en résonnent pendant quelques instants. Avec une grimace tu te les frottes comme si cela pouvait atténuer la douleur. Une fois remise de ses émotions la brune retire ses écouteurs et t'engueule avant de se mettre à rire. Après tout ce n'est pas de ta faute si elle ne t'as pas vu arriver.

« Merde, j'crois que tu m'as crevé un tympan la. »

Au final même si ton but n'était absolument pas de lui faire peur à la base, voir sa réaction t'amuse. Satsuki t'aurait très certainement collé une tarte en plus mais ça ne semble pas être le genre de Takara. Ou alors vous ne vous connaissez pas encore assez pour ça. Pas que tu aimes recevoir des baffes, loin de la.

« Hey me traite pas de débile, crétinne. Si t'avais pas eu tes écouteurs tu m'aurais entendu arriver. »

Alors que Takara vérifie l'état de son uniforme qu'elle a failli asperger de son bento, tu croques dans ce que tu as pris à l'intérieur. Tu ne sais pas ce que c'est mais ça n'a rien de terrible. Tu sens comme un gout de légumes, ce qui ne t'attires pas du tout. Avec une grimace tu poses le reste dans la main tendue de Takara. Un parfait modèle d'éducation...

« C'est quoi ce truc ? C'est dégeu. »

Tu regardes le contenu du bento plus attentivement et ne distingues aucun morceau de viande ou d'œuf. Sacrilège !

« Mais elle où la viande la dedans ? Y a des trucs qui se mangent au moins ? »

Tu ne peux concevoir un repas sans viande, et dans ton esprit c'est la même chose pour tout le monde.

« Ta mère t'en voulait quand elle a préparé ça pour toi ? »

Parce que c'est la seule explication pour toutes ces choses bizarre qui se trouvent dans le bento. Une sorte de punition, tu ne vois que ça. Plutôt dur quand même, de forcer son enfant à manger ces trucs. Même ta mère n'aurait pas eu le courage de te faire subir ça.

26/03/2015

Cette fois, Tariki n'avait pas besoin de jouer la comédie pour afficher une mine réellement outrée. Elle observait la moitié de gyoza que le jeune homme venait de poser dans sa main. N'avait-il aucune conscience d'hygiène et de courtoisie ? Elle ne s'était aucunement attendue à cela et n'en revenait pas qu'un japonais puisse se montrer aussi décomplexé. Mais à bien y penser, déjà à l'hôpital, lorsqu'ils s'étaient rencontrés, il n'avait guère fait preuve de politesse ; demander à se faire dépanner d'une pièce arrivait sur l'archipel comme ailleurs, mais la bienséance poussée jusqu'à l'extrême des nippons leur interdisait formellement d'exiger plus qu'il ne leur était donné. Aomine avait certes tenté de partager par la suite, mais en premier lieu, il n'aurait pas dû prendre plus qu'il ne nécessitait même si elle l'y avait invité. Il ne semblait pas s'encombrer du savoir-vivre qui dictait les comportements à épouser dans telle ou telle situation.

La suite de ses déclarations renforça son impression d'être tombée sur un japonais qui n'avait, tout comme elle, vraisemblablement pas beaucoup d'atomes crochus avec leur nation. Aomine se présentait à elle naturellement, sans se cacher derrière le masque des manières. L'adolescente préféra en rire. Ce qu'elle ressentait, un mélange de choc et de confusion, était probablement l'effet qu'elle laissait aux japonais qui la rencontraient pour la première fois. Une leçon à retenir pour interagir au mieux avec eux. Cependant, puisqu'ils étaient entre renégats des usages, Tariki pouvait également réagir avec naturel. Ce qu'elle avait déjà commencé à faire en le traitant de "débile" et qu'elle préférait largement.

"- Ma mère s'est barrée il y a quelques années, je prépare mes repas moi-même. Il n'y a pas de viande dedans car je suis végétarienne, monsieur. Comme Lex dans Jurassic Park."

Elle sourit et poursuivit immédiatement.

"- D'ailleurs on ne dit pas "c'est dégueu", on dit "je n'aime pas". Ça évite de vexer les gens, vile personnage enfantin. Quant à ça, garde-le sous cloche si tu ne veux pas le finir, ça te fera un souvenir de moi. Je me demande si tu mérites le cadeau que j'ai pour toi."

Elle le regarda avec un sourire en coin, laissant entrapercevoir dans ses yeux une lueur de provocation. À propos : se comportait-il ainsi uniquement avec elle ou s'agissait-il d'une attitude qu'il adoptait envers tout le monde ? Tariki se surprit à espérer la première option.

Ailier Fort Messages : 496 Date d'inscription : 30/04/2015

Toujours à mettre les pieds dans le plat, tu ne pouvais pas t'attendre à ce que la mère de Takara soit partie. Mais bon c'est des choses qui arrivent fréquemment et tu ne peux rien y faire de toute façon. Et Takara n'a pas l'air au bord des larmes c'est qu'elle s'en est remise, ou qu'elle s'en fout. Tu préfères passer rapidement sur son état de famille, tu ne vas pas lancer un débat sur les parents indignes, et réagis plutôt à sa déclaration suivante.

« Végétarienne ? Comme dans 'je mange pas de viande du tout ?' Merde, comment tu survis ? Et si Lex avait mangé de la viande elle aurait surement eu de meilleures chances contres les dinos ! Heureusement pour elle que Grant était la pour la sauver ! »

Oui tu es fan des Jurassic Park. Tu as vu tous les films. 5 fois. En même temps quel petit garçon n'est pas fasciné par les dinosaures ? Et cette fascination n'a pas diminué avec l'âge. Tu n'es pas de ceux qui collectionne les figurines et apprennent les noms scientifiques de tous les dino, mais tu ne manques jamais un film avec un dinosaure au casting, qu'il soit bon ou mauvais. Et tu en as vu des navets...

« Eurk arrête on dirait Satsuki ou pire ma mère... Si je voulais pas vexer les gens je parlerai à personne tu sais. »

Tu es bien conscient que ta façon d'agir n'est pas conventionnelle, que tes paroles ne sont que rarement amicale. Mais tu t'en fiches, tu es comme tu es. Si les gens ne t'aiment pas ils n'ont qu'à s'éloigner de toi. L'image d'une chevelure bleue fait brièvement apparition dans ton esprit, mais tu la chasses aussi vite qu'elle est venue, te concentrant sur le mot que tu viens d'entendre.

« Cadeau ? Pour moi ?! » Et tel un enfant le jour de Noël devant le sapin, tu t'installes devant Takara. « Bien sur que je le mérite, je suis l'image même de la méritance ! Ça existe comme mot ça ? Pas grave ! Qu'est-ce que c'est ?! » Avec un grand sourire tu te penches vers Takara, l'image même du gamin surexcité.

26/03/2015

Elle passa sur la remarque classique des mangeurs de viande à l'encontre des végétariens, non sans lever les yeux au ciel avec un sourire en coin tandis qu'elle déposait la moitié de gyoza dans un mouchoir propre. Il fut préférable selon elle de se concentrer sur le fait que le jeune homme semblait parfaitement connaître le film référencé. Un point commun et non des moindres, voilà qui lui fit plaisir. Tariki accorda également de l'importance à sa déclaration quant à la vexation ; visiblement, Aomine avait parfaitement conscience de sa maladresse. Peut-être était-elle voulue, sciemment dirigée vers les autres. Peut-être était-elle indésirable, gênante. Dans tous les cas, il l'assumait. Avoir conscience de ses défauts n'était pas donné à tout le monde, encore moins de les accepter en tant que partie intégrante de soi-même. L'adolescente y trouvait du charme. Même s'il était volontairement contrariant, ce qui n'était pas une bonne chose, elle l'était dans le fait qu'il ne mente pas. Restait maintenant à savoir s'il le faisait exprès ou non, mais elle en doutait.

Elle en douta encore plus quand il s'approcha d'elle avec des yeux étincelant. Tout à coup, son visage afficha une expression enfantine qu'elle ne lui aurait pas imaginée. Une expression totalement à l'opposé de celle qu'il arborait la plupart du temps : sombre, lasse, presque offensive. Tariki retint un pouffement de rire qui fit hausser ses épaules.

"- Eh ben, eh ben ! Tu fais pas semblant quand t'es content, toi !"

Elle le regarda encore un peu, le trouvant vraiment adorable, avant de détourner les yeux. Qu'il le mérite ou non, face à une attitude aussi attendrissante, elle ne pouvait que céder. Elle fouilla dans son sac de cours et trouva sans mal le fameux cadeau qu'elle avait pris soin de protéger dans du papier de soie. Elle l'en extirpa délicatement et le tendit au garçon. Lorsqu'il aurait fini de le sortir de son fin emballage, il pourrait découvrir un collector broché d'un célèbre photographe ayant immortalisé les plus grands joueurs mondiaux de basketball depuis les années 80 à aujourd'hui. Beaucoup de photos représentaient les joueurs sur le terrain, en pleine action. Quelques lignes de texte citaient leurs émotions lorsqu'ils jouaient ou expliquaient la façon dont ils préparaient un match. Et tout à la fin, sur une page dédiée, les autographes des joueurs en question.

"- C'est un objet très rare et qui coûte très cher, j'y ai repensé quand tu m'as appris que tu jouais au basket. Je me suis dit que ça te serait plus utile qu'à moi et que ça te ferait plaisir."

La jeune fille prêta énormément d'attention aux réactions d'Aomine. Elle espérait sincèrement que cette offrande lui plairait et surtout, elle ne s'en cachait pas, qu'il déchaînerait en lui la passion et l'amour du sport qu'il pratiquait. Qu'il ferait briller la lueur qui avait manqué à son regard lorsqu'il en avait parlé le jour de leur rencontre. Les faits l'avaient travaillée plusieurs jours durant et elle s'était finalement souvenue de ce recueil de photos qu'elle avait également offert à son amie allemande. Son père était ce qu'il était mais grâce à son métier, la famille Takara avait en sa possession plus d'un ouvrage de grande valeur, dont celui-ci. En le lui offrant, Tariki se séparait d'un bel héritage.

Ailier Fort Messages : 496 Date d'inscription : 30/04/2015

À la mention d'un cadeau, toute ton attention se retrouve portée sur Takara. Tu n'y peux rien, dès que l'on t'offre un cadeau le gamin en toi ressort. Mais tel un enfant si le cadeau ne te plait pas, tu n'hésiteras pas à le dire. C'est peut-être pour ça que tu en reçois si peu... Enfin, il a longtemps suffit de t'offrir quelque chose en rapport avec le basket, le sport ou les jeux vidéos pour te faire plaisir. Contrairement à ce que certains pensent tu n'es pas quelqu'un de compliqué. Un cadeau tout simple te fera souvent bien plus plaisir que quelque chose de plus élaboré.

Le basket est devenu un sujet sensible pour toi. Tout d'abord source de joie, il est beaucoup plus maintenant source d'angoisse et de colère. alors quand Takara te dit qu'elle y a pensait parce que tu avais dit jouer au basket, ton enthousiasme se change en appréhension. Que va donc t'offrir la brune ? Même si l'intention est plus qu'honorable - vous ne vous connaissez que depuis peu de temps, vous ne vous êtes rencontrés qu'une seule fois en vérité - une petite voix au fond de toi se dit que la brune aurait peut-être mieux fait de ne pas prendre cette peine, que le cadeau n'en vaut peut-être pas le coup...

Tu la laisses fouiller dans son sac sans plus rien dire, attendant de voir ce qu'elle te réserve. Elle te tend bientôt un objet rectangulaire, pas très lourd. Tu acceptes sans mot dire le paquet et sous son regard tu le sors de sa dernière protection. Sous tes yeux se dévoile un livre de photographie, et pas n'importe lequel, un numéro spécial sur le basket d'après la couverture. Tu n'as jamais fait attention à la renommée d'un photographe, mais certains clichés de basketteurs - et de grands sportifs en général - peuvent te donner des frissons. Voir ces joueurs en action en live est une chose unique, mais d'avoir ces moments immortalisés à jamais... Tu ne saurais trouver les mots pour exprimer ce que cela te fait ressentir. D'une oreille distraite tu écoutes les explications sur ce livre, et rien qu'à voir la page des dédicaces tu comprends qu'elle ne rigole pas. Ce livre doit valoir une petite fortune rien que pour les signatures des joueurs de légende qui y sont.

D'une main un peu tremblante tu caresses une dernière fois la couverture du livre avant de le poser sur les genoux de Takara. La brune n'a certainement même pas idée de ce qu'elle a entre les mains. De nombreux fans seraient prêts à tuer pour un livre de cette qualité. Et toutes ces annotations des joueurs... Un vrai petit chef d'oeuvre.

« Ouah. Je sais pas quoi dire. Je... »

Tu te passes une main dans les cheveux, cherchant tes mots. Toi qui à toujours quelque chose à dire, sur n'importe quel sujet, te voilà réduit au silence par une fille avec un livre de photographie. Ta mère payerait cher pour voir ça.

« C'est super sympa de ta part d'avoir pensé à moi, surtout qu'on se connait pas vraiment en fait. Et c'est ce qui fait que je peux pas accepter ce cadeau. Il est super beau, et ça me touche beaucoup, mais je sais qu'il vaut une petite fortune et que pas mal de fans tueraient pour en avoir un comme ça, surtout avec toutes les dédicaces. »

Tu fais un petit sourire à Takara, essayant de bien lui faire comprendre que ça n'a pas de rapport avec elle. On a beau penser que tu as grandis comme un sauvage, le peu d'éducation qu'il te reste te fait bien comprendre que la valeur de ce livre est trop haute pour être offerte ainsi à un quasi-étranger.

« Au final je pense pas vraiment mériter ce cadeau, désolé. Surtout que j'ai absolument rien à t'offrir en contrepartie. »

26/03/2015

Elle l'observa. Chaque détail de son visage fut source de contentement : l'arrondissement de ses yeux, la pointe de lueur qui s'y alluma à mesure qu'il tourna les pages du livre, le très léger étirement de ses lèvres, la courbure de ses sourcils, jusqu'aux furtifs mouvements de ses narines qui trahirent une respiration chamboulée. L'étonnement et l'émerveillement sculptèrent ses traits, et durant ces secondes où le silence régna, Tariki fut ivre de bonheur. C'était exactement ce qu'elle voulait. Fière d'être parvenue à ses fins et profondément émue de voir le jeune homme caresser la dernière page sertie d'autographes, elle soupira d'aise. Son propre sourire gagna en largeur quand, bafouillés, les mots d'Aomine achevèrent de la satisfaire. Elle rit pour l'aider à quitter la gêne et retrouver la complicité.

Puis elle hésita lorsqu'il l'entendit refuser. La question presque subliminale qu'elle se posa -mais comment peut-on refuser un tel cadeau ?- ne resta pas longtemps sans réponse. Désormais davantage concentrée sur les paroles que sur les gestes, elle écouta et ce fut à son tour d'être touchée en plein coeur. Si elle n'avait pas imaginé ce revirement de situation dans ses fantasmes, il n'en fut pas moins agréable. En toute honnêteté, la jeune fille s'était attendue à ce qu'il accepte son offrande sans rien de plus qu'un remerciement. Les réflexions qu'elle s'était précédemment faite sur son comportement affranchi des concepts typiquement nippons l'avaient encouragée dans cette voie. Elle s'était persuadée que la valeur du livre serait garante de son consentement. Elle n'avait pas tenu compte d'Aomine. Elle n'était pas seule dans l'instant présent et se sentit bête de s'être fabriqué un film égoïste. D'autant plus bête qu'il exprimait son rejet pour une raison honorable, qui le rendait très humain.

"- Excuse-moi, je me rends compte que j'en fais trop. Je comprends que ça te mette mal à l'aise et je comprends pourquoi tu ne veux pas accepter. Mais... mais je pense quand même qu'il n'y a pas meilleur propriétaire que toi pour cet objet. Justement parce que tu te rends compte de sa valeur. Si tu penses que tu ne le mérites pas maintenant, pour x ou y raison, tu le méritera plus tard. À ce moment-là tu l'aura, tu le possédera, tu ne le regrettera pas et il aura encore plus de valeur."

Elle s'humecta les lèvres, commençant à plonger dans la confusion. Elle n'avait aucune envie de se rendre inaccessible par de grands discours, elle voulait au contraire qu'ils se rapprochent. Elle prit le livre entre ses mains et le tendit au garçon avec un sourire tendre.

"- Ce que je veux dire c'est que je tiens vraiment à te l'offrir. Ça me fait plaisir de te faire plaisir, même si on ne se connaît pas beaucoup et que c'est un peu étrange. Tu es l'image-même de la "méritance" non ? Au pire si tu veux vraiment me donner quelque chose en échange, donne-moi ton amitié."

Tariki fut la première étonnée de ses propres paroles. Ce n'était pas son genre de quémander l'affection des autres. Dans ses tréfonds, elle s'en savait avide mais se débrouillait toujours pour se faire aimer sans avoir à le demander.

Elle baissa les yeux, vraiment troublée, ce qu'elle camoufla derrière un sourire forcé.

Ailier Fort Messages : 496 Date d'inscription : 30/04/2015

Alors que tu refuses poliment -pour une fois- le cadeau que te fait Takara, la voila qui s'excuse à son tour et qui insiste pour que tu le prennes. C'est bien la première fois qu'une situation de ce genre t'arrive. Ce n'est pas ton style de refuser les cadeaux non plus d'habitude, mais l'importance d'un tel présent n'est pas à prendre à la légère. Pour n'importe qui il ne s'agirait qu'un d'un bouquin de photos, d'anecdotes et de dédicaces, mais pour un passionné de basket c'est bien plus que ça. Tu ne sais pas vraiment quoi répondre à sa déclaration. Est-ce que tu es vraiment le meilleur propriétaire ? Tu en doutes fortement. Ton appréciation du basket vire entre haine et amour depuis trop longtemps. Il y a des jours où tu souhaiterais même n'avoir jamais découvert ce sport. Et pourtant tu y reviens toujours. Il serait pourtant facile de quitter l'équipe et de faire autre chose, mais quelque chose au fond de toi te l'interdit. Alors tu passes tes nerfs sur les autres joueurs, qu'ils soient de l'équipe adverse ou de la tienne.

Perdu dans tes pensée, tu ne réponds finalement pas à Takara, qui te tend toujours le livre comme une offrande avec un petit sourire. Lorsqu'elle te propose de lui offrir ton amitié en échange de son cadeau tu dois avouer que tu es surpris. Tu ne fais que peu -voir pas du tout- d'efforts pour te faire des amis, et beaucoup sont rebutés par ta personnalité assez spéciale. Tu sais que tu as des défauts, des tonnes même, mais tu ne fais rien pour t'améliorer, préférant le plus souvent rester seul que de te lier à des gens qui te quitteront au final. Il n'y a que Satsuki qui s'accroche, surement en souvenir de votre enfance. Des fois tu te demande si elle serait encore à tes côtés, si vous n'aviez pas grandit ensemble. Enfin, la question n'est pas la. La question est de savoir si tu peux accepter ce livre et laisser Takara entrer dans le cercle extrêmement fermé de tes amis. On ne peut pas dire que les gens se battent pour y entrer. Une partie de toi te conseille de décliner le livre et cette nouvelle amitié, mais une autre plus importante encore ne veut pas se retrouver seule.

« On peut pas dire que t'y va pas à fond pour te faire des amis dis donc. »

Tu regardes la jeune fille en face de toi, réfléchissant à la meilleure manière de lui répondre et au final tu décides d'accepter. Tu n'es pas vraiment certain que tu mériteras ce livre dans le futur, mais c'est une histoire pour un autre jour. Alors les mains un peu tremblante, ce qui est tellement peu habituel chez toi, tu prends le livre des mains de la brune.

« Je prendrais soin de ce livre. Promis. Mais t'as pas besoin de m'offrir des cadeaux pour qu'on soit amis, crétine. »

L'atmosphère qui règne autour de vous est un peu trop solennelle pour toi, alors pour changer cela tu fais ce que tu sais faire de mieux, raconter n'importe quoi.

« Quoique si tu m'offrais des bentos avec de la viande, ça serait pas mal aussi ! »

Avec un sourire en direction de la brune, tu te relèves, lui tendant la main pour l'aider à en faire de même.

« Pour sceller notre amitié naissante, j't'offre le dessert. Aujourd'hui c'est brownie à la cafet. Sauf si t'en manges pas non plus ? »

26/03/2015

La jeune fille avait pris peur face au silence que Aomine avait imposé. La situation semblait le plonger dans une réflexion douloureuse ; comme si le doigt avait été mis sur un sujet sensible. Peut-être cherchait-il tout simplement le meilleur moyen de l'envoyer prêtre tout en restant poli. Mais quand il accepta finalement de prendre le recueil de photographies, elle se sentit profondément soulagée. L'ascenseur émotionnel avait de quoi donner le vertige. Malgré son comportement maladroit et honnêtement bizarre, Aomine lui accordait une chance de faire partie de son cercle restreint. Tariki eut l'impression de se faire offrir une carte VIP. Aussi bonnes étaient ses intentions, elle avait intérêt à y aller plus doucement si elle désirait la conserver. Et ça commençait dès à présent. Néanmoins, la main qu'il tendit vers elle eut un effet des plus explosifs.

Elle baissa la tête et inspira pour contenir la joie qui l'envahissait, non sans répondre par un sourire honnête à l'humour que tentait le jeune homme. Elle le regarda de nouveau lorsqu'il proposa de payer le dessert.

"- Un brownie c'est parfait. Je ne suis pas si difficile que ça."

Elle lui sourit, rassembla ses affaires et consentit à mettre sa main dans la sienne. C'était la première fois qu'elle le touchait et elle fut étonnée par la force de sa poigne. Sa main chaude et robuste. Elle apprécia son contact comme on apprécie le confort d'un lit après une journée d'angoisse. Tout en remettant ses affaires en ordre dans son sac, elle continua de parler :

"- Pour les bento carnés, il y a moyen d'arranger ça. J'en prépare des fois pour mon père alors ça ne me dérange pas, quand il y a du rabe, de t'en préparer aussi. Par contre il ne faudra pas être trop pointilleux : c'est pas de la grande cuisine !"

À regret, elle lâcha la main du garçon. La distance qui les avait séparés à l'hôpital ne lui avait pas permis de mesurer à quel point il était grand, mais debout à côté de lui, elle le trouva gigantesque pour son âge. Il faisait bien deux têtes de plus qu'elle, ce qui l'obligeait à lever la sienne.

"- Attends mais... t'es un géant ! J'avais pas bien vu l'autre fois, c'est dingue ! Dire que tu n'as même pas fini ta croissance."

Elle le regarda avec un air amusé. La gêne devait être derrière : ils avaient des tas de possibilités pour se découvrir et modeler leur amitié, Tariki préférait désormais emprunter la voie de l'humour et de la simplicité.

[FIN]

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