Mon premier est une étoile connue;
mon second vit comme une princesse d'un conte;
mon troisième a hérité du don des fées.
Qui suis-je ?
♢
Ton histoire commença dans la chambre d'un adolescent de 17 ans. Shinya L. Kido s’entraînait à la guitare, tout en ayant son casque à la tête. Ce n'était un garçon ni expressif, ni sociable. Il avait ce côté étranger qui te faisait craquer. On sentait parfaitement ce mur installé entre lui et une tierce personne, comme son ennui perpétuel. Narcisse aurait même pâli face à cet homme, devenu ton meilleur ami depuis presque 4 ans. Tu te souviens encore du premier jour de votre rencontre, lorsqu'il répondait uniquement en américain. Au début, tu croyais qu'il se moquait de ta culture, de ta timidité ;
Cela s’avéra véridique par la suite. Cependant, vous êtes parvenu à vous comprendre, tu devenais exclusive à ses yeux. Tu étais même la seule à pouvoir l'approcher.
L'amour entre vous ? Il n’existe pas. Après tout, vous aviez l'impression d'être un frère et une sœur. Vos proches, vous voyez d'ailleurs comme telle, surtout lorsque Shinya venait te chercher. Il répondait toujours poliment, toujours avec ce regard vide. Puis, il t’entraînait en tenant ta main. Tes amies te taquinaient à ce sujet. Elles pensaient toutes que vous viviez une histoire d'amour aussi passionnante que romantique. Parfois, sauvage. Cela te désespérait, car dans le fond, tu souhaitais cette idylle.
« ... Ça te dirait qu'on sorte ensemble ? »
Tu regardas le brun, surprise.
« Tu m'as parlé ? »
Shinya retira son casque, tout en levant ses yeux à ton encontre;
si verts, si intenses que tu sentais ton cœur faillir. À vrai dire, tu avais bien entendu sa phrase, mais elle demeura si irréelle que tu lui demandais simplement de répéter. Il se mit à soupirer.
« Oui. L'autre jour, on en parlait avec des potes. Ils me demandaient quel serait mon type de femmes, vu que je n'ai pas de petites amies. Je leur ai répondu. Mouais. Bof ! Je n'ai pas de chaussure à mon pied et je ne suis pas homosexuel pour autant.
- ...
- Puis, ils m'ont parlé de toi. Du fait qu'on soit proche. En général, j’évite de m’investir avec les filles. Mais, toi, c'est différent. Je ne sais pas pourquoi ?
- Et ?
- Que dirais-tu que l'on sorte ensemble ? Juste qu'un coup d'essai. »
Franchement, pas romantique. Tu ne savais pas quoi dire, ni ce qu'il voulait en venir. Vous étiez déjà proche. Il est vrai que tu ressentais des sentiments amoureux vis-à-vis de lui. Cependant, votre relation actuelle te suffisait. Tu ne voyais pas pourquoi tu le changerais.
« Non ! Franchement, ça sera ennuyant. »
Oui ! Ton amour pour lui se limitait à votre amitié si particulière. Tu ne te voyais ni coucher avec lui, ni devenir jalouse de ses copines.
♢
« Shinya ! Mais, c'est super ! Tu comptes le faire ?
- Bah ! Je ne sais pas. C'est juste un type qui m'a arrêté à Shibuya. Je ne vois pas pourquoi je deviendrais mannequin. Tu imagines si c'était un pervers homosexuel ? »
Tu te mis à rire face à sa réplique.C'était bien son genre de sortir les vieux clichés.
Ses yeux fixèrent la carte de visite tendue face à lui. Il demeura encore confus par l'approche d'un total inconnu. Bien évidemment, tu fus la première à entendre parler de cette histoire, il demanda ton point de vue. Tu ne t'étonnas pas lorsque Shinya t'en parla. Il était déjà si beau et si fier, que le contraire t'étonnât.
« Fais-le. De toute façon, tu ne sais pas quoi faire de ta vie.
- C'est d'un ennui. Je ne veux pas. Tu imagines, si on perdait notre temps de sortie ensemble. »
Tu rougis à sa phrase. Puis tu t'installas sur ce corps qui venait tout juste de s'allonger. Au final, tu ne savais plus comment définir votre relation depuis Noël, cette soirée où vous aviez couché. Tu avais eu mal, tu perdis ton bien le plus précieux et offerte à lui. Depuis, vous restiez toujours l'un contre l'autre, sans jamais vous séparer. Vous qui étiez à la fois amis, frères et amants.
« Dis-moi. Et si je te donnais une bonne raison d'accepter. Tu le feras ?
- Qu'est-ce qu'il y a Mitsuko. »
Tu levas la tête vers lui, tout en tremblant. Votre histoire pourrait se terminer à l'instant où tu lui dévoileras ses mots « Je suis enceint. ». Tu n'avais que dix-huit ans et ta vie commença à peine de commencer.
♢
Ton bonheur ne pouvait pas être plus complet. Surtout lorsque tu voyais ta fille jouait face à toi, pleine de vie. Tu décidas de lui offrir le doux nom d'Akane, en souvenir d'une amie qui te soutenait face à ta situation. Shinya devenait de plus en plus important dans le monde du mannequinat. Tu voyais son visage partout à Kyôto. Tu étais même fière d'être l'unique femme de sa vie. Dès son retour à la maison, cet homme aux regards pénétrants devenait un véritable enfant gâté. Ce qu'il était toujours en réalité. Malgré la fatigue de la journée, il prenait le temps de jouer avec sa fille et de lui apporter de l'amour. Ce mur permanent s'était effrité depuis la naissance d'Akane. On lisait la joie d'être père et un fiancé amant.
Cependant, ce soir-là, tu lisais son irritation. Akane possédait une telle empathie qu'elle se cacha sous ta jupe. Elle refusait d'offrir un bisou de bienvenue, comme elle eut l'habitude de le faire. Ce fut sans le moindre amour qu'elle se coucha.
« Je ne voulais pas en parler face à Akane, mais que s'est-il passé quelque chose aujourd'hui ?
- Non. Rien.
- Monsieur Kudo ? »
Shinya se mit à soupirer. Il savait que tu n'abandonneras pas.
« On a eu une demande à l'étranger, un contrat de grande envergure. Si je le fais, je boosterai ma carrière.
- Mais, c'est génial ! Tu vas l'accepter ?
- Être loin de toi pendant plus de deux ans, sans parler qu'on ne s'est toujours pas marié ? Hors de question ! En plus, Akane aura besoin de moi.
- Shinya. Ne brise pas ta carrière pour moi et Akane. Et puis, ce n'est que deux ans. Nous, on ne bougera pas d'ici et on t'accueillera toujours. C'est ta maison. »
Tu voyais bien son regard se perdre, sa résolution de refuser. Vous étiez assis l'un face à l'autre, dans cette petite cuisine faiblement éclairée. Votre maison était une petite propriété pas très chère. Ce n'était pas le grand luxe, l'argent de ton fiancé suffisait à vivre. Pourtant, vous gardez tous les deux la tête sur les épaules. Vous désirez transmettre à votre fille, l'importance de l'argent.
La discution dura une heure. Finalement, tu parvenais à le résonner, il fera ce que tu lui demandais. Il ne te refusait rien. Ce choix, vous l'avez fait alors que vous étiez jeune, sans expérience. Vous ne saviez pas que bien plus tard, cela provoquera le bouleversement d'un être qui vous sera cher à vos cœurs. Vous vous tenez mutuellement vos doigts en ayant foi à la vie.
Maman. Si tu savais ce que je soufre. Je me sens trahir. Abandonner.
♢
« Mon amour, ça va ? C'est Mitsuko. J'attends encore le choix du prénom.
- Mince ! C'est vrai ! Euh... Je ne sais pas.
- Tu es lourd. Je te signale que les infirmières attendent encore.
- Ah !? Euh... Akihito !! Voilà
- Akihito ? Euh... Tu te rends compte qu'on est en été. Tu as choisi au pif.
- Non, mais toi alors ! Akihito est le prénom de mon père adoptif en Amérique.
- Oh, tu es tellement choux. ♥
- C'est bon, Mitsu ! N'en rajoute pas. Est-ce qu'il va bien ? Il a tous ses doigts ?
- Oui. Il a même une sixième.
- QUOI !!?
- Haha. Bon, je te laisse.
- Attends. Il n'a pas si~ »
* tut tut*
♢
Je suis né dans une famille monoparentale. Je n'ai jamais connu mon père. Cependant, je ne souffrais pas de cette situation, car j'avais une grande sœur de quatre ans mon aînée. C'était jeune demoiselle fière et droite. Sa protection vis-à-vis de moi la poussa à devenir mature très tôt. C'était elle qui me chercha au jardin d'enfance, quand ma mère travaillait tard à la boulangerie. Elle me prépara mes bentos avec beaucoup d'imagination. J'étais son petit poussin. Depuis qu'elle était toute petite, elle savait ce qu'elle désirait faire dans la vie, se servir de son talent pour vivre. C'était une maquilleuse hors pair, une styliste acharnée. Elle était capable de métamorphoser ses modèles.
Durant mon enfance, je me nommais Kudo Akihito, tout comme ma sœur. Je ne comprenais pas pourquoi, alors que ma mère s'appelait Yokota Mitsuko. J'avais posé la question à ma mère, qui me révéla que je portais tout simplement le nom de mon père. Mon père, c'était un mannequin à la beauté éternelle, l'un de ses modèles qui faisait si bien attention à son apparence qu'il gardait sa jeunesse éternellement. Ma mère me montra d'ailleurs sa collection de magazines. Dans chacun de ses interviewers, il répondait aux questions sans retenue. Ma mère mettait le doigt sur les phrases qui nous étaient dédiées. Et pourtant, je n'avais jamais la sensation que ce fut le cas.
J'ai suivi ma scolarité à Seika, où j'ai rencontré la troisième fille la plus importante de mon existence. Je ne vous dirais pas qui s'est. Vous me la piquerez sûrement. Peut-être que si vous cherchez, vous la trouverez. En tout cas, nous avions assisté au même cours, nous jouons ensemble aussi longtemps qu'elle le désirait. Je n'ai pas mis longtemps pour lui dire qui était mon père, avec une immense fierté. Bien évidemment, je lui ai fait promettre de garder tout ceci secret. Après tout, ma mère ne voulait pas que les journalistes nous poursuivent.
Parallèlement, on m'inscrivit dans des cours de danse où je trouvai ma place assez rapidement. Avec mon professeur, je m'essayai à tous types de danse et de chorégraphie. Je devenais même agile et jamais une totale maîtrise de mon corps. Du coup, je me suis dit que j’intégrerais bien volontiers un club en rapport à la danse. Ce qui pouvait s'en approcher, tout en s'éloignant, c'était le groupe des supporteurs, les cheerleaders. Il avait même très peu de garçons, mais on m'accepta sans concessions. Bon, j'avoue que dans le groupe, je n'étais pas non plus l'unique garçon et l'étiquette de pédé se posa direct sur mon dos. Mais je m'en fichais, tant que je pouvais danser jusqu'à ce que mon souffle se coupe.
On peut dire que mon existence paraissait totalement banale, sans importance. J'avais un tel équilibre mental que je souriais continuellement, tout en apportant des bonnes notes qui rendaient fier son père.
Avant que ma sœur monte à Tokyo, afin d'intégrer la meilleure école, elle exerça ses compétences sur moi. C'était un peu comme un jeu entre nous. Entre ses mains, tous les styles me correspondaient. Une fois, je me suis même retrouvé complètement blond tout en ouvrant la porte de ma meilleure amie. Il m'a fallu dix minutes pour lui faire comprendre que c'était moi et cela me faisait marrer.
Puis, tout changea de tout au tout quand j'ai vu toutes ses photos.
♢
« Ce ne sont que des menteurs.
Ma vie n'est qu'un tissu de mensonges.
Je suis également un menteur. »
« Que ce passe-t-il, Aki-Kun ? »
Je regardai mon portable, le regard vide. Sur ma tête se logeait mon casque. J'écoutai Granrodeo en boucle depuis tout à l'heure, sans succès. Ses mots écrits, ce désespoir trouva son origine à une révélation. On photographiait mon père avec une femme à la beauté surnaturelle depuis maintenant, six mois. Les presses s'en donnaient un cœur joie, plaçant les clichés en première page où aux affiches. Ma mère ne cessait de dire qu'elle aimait continuellement mon père, que c'était un homme merveilleux. Elle se leurrait dans son amour. Au final, je me disais qu'elle devenait folle, à nous appeler « Kudo », au lieu de « Yokota ». Je relisais ses articles avec la conviction que dans son infini délire, elle se prenait pour la petite amie d'une star. Cette situation m'irrita. Je me retrouvais à maintes reprises à crier sur ma mère. Je la coupais dans ses tentatives d'explication afin d'éviter d'être blessé.
Il n'avait que Shin-sei, un contact obtenu grâce à un faux numéro. C'était un adulte. Je prenais parfois conscience qu'il pouvait être l'un de ses loups. Et pourtant, jamais, il n'avait poussé à une rencontre physique. Il refusait constamment sous prétexte que j'étais trop naïf. Il avait raison dans un sens. On contrôlait mon existence sous des promesses illusoires. Je me sentais si faible que je désirais sentir de l'amour. Shin-sei m'apportait de l'amour dans ses messages. S'il pouvait abuser de moi, peut-être que cela permettrait à ramener ma mère à la raison.
« Shin-Sei. J'ai envie de te voir. Je ne supporte plus les mensonges de ma mère. »
« Hors de question ! Reprends-toi Aki-Kun ! Parle avec ta mère ou à ta sœur et explique-leur. »
Je me suis mis à verser des larmes, seul, dans cette pièce sombre. Même Shin-Sei ne voulait pas m'avoir à ses côtés. Qui voudrait d'ailleurs avoir le fils d'une menteuse ? Je me le suis demandé. Je me recoquillais sur moi-même. Je voulais disparaître à jamais. Je n'avais pas revu ma meilleure amie depuis.
♢
Me voilà à Tokyo. Je me sentais beaucoup mieux depuis deux semaines. Je cherchai des yeux la silhouette familière de ma sœur, installé définitivement dans la capitale depuis plus d'un an. Elle leva sa main tout en s’agitant, heureuse de me voir. Après de grandes embrassades, elle me poussa à la suite.
Cette ville m'était totalement inconnue. Je ne pensais pas y aller de mon propre chef. À vrai dire, c'était ici où vivait mon soi-disant père. Ce mannequin qui jouait à présent des films en parallèle. Je me demandais d'ailleurs si je pouvais le voir. Car après tout, si j'ai finalement abandonné mon inscription à Rakuzan, c'était pour le voir, lui et son égoïsme.
À oui ! Il faudrait que je vous explique. Kudo Shinya était bel et bien mon père. J'ai eu la confirmation grâce à mes recherches. J'ai donc pris la décision de le rencontrer, en tant que fan ou autres. Je désirais simplement brisait ce qu'il le rend si fier à son cœur, son visage et son apparence. Si ma mère était trop tendre pour lui en vouloir, moi, je ne ferais pas de pitié. Je lui monterais qu'on ne se manque pas impunément de ma chère et tendre mère. Ni de ma sœur.
Comme je ne pouvais pas monter à Tokyo tout seul, j'avais par chance ma sœur qui y travailler. Elle accepta de s'occuper de son petit frère qui passa haut la main l'examen d'entrée de Kaijo. Mes fournitures, mon uniforme était bien évidemment prêt à l'emploi. Je n'avais même pas eu besoin d'être présent, vu que ma sœur connaissait mes proportions jusqu'au bout des doigts.
À nouveau, je devenais sa petite poupée, sa surface de travail. C'était mon souhait le plus cher, car après tout, c'était ce qui nous liait tous les deux. Je désirais quelque chose pour m'accrocher.
Le soir, je profitais pour sortir de l'appartement afin de me familiariser avec mon nouvel environnement. Je découvris un square où je rencontrais des gens plus ou moins fréquentables. Avec eux, j'apprendrais sûrement des techniques pour assouvir ma vengeance. Quand j'y repense. Shin-sei se vivait également dans cette ville. Pourrais-je le voir ?
Mon premier est une étoile connue;
mon second vit comme une princesse d'un conte;
mon troisième a hérité du don des fées.
Et moi, je suis qu'une bombe prête à exploser.
♢
« Papa. Aki-Kun est arrivé à Tokyo sans encombre. »
« Tu m'en vois ravi. Fait attention à lui, il a l'air sensible. »
« Tu dis ça, car tu le ressens dans ses messages. »
« Peut-être. Mais j'ai peur pour lui. Qu'il fasse une bêtise. »
« Mais oui, mais oui, Shin-sei. Quand j'y pense,
avec un pseudo pareil, il doit croire que tu es un professeur. »
« Il veut me voir. Que dois-je faire ? »
« Rien. On lui dira tous ensemble. Toi, moi et maman.
D'ailleurs, c'est toujours ok pour ce week-end ? »
« Oui. On trouvera une solution au problème.
Ma petite fée.
Merci de tout ce que tu fais pour nous. »
« Il n'a pas de quoi.
Ne suis-je pas la meilleure maquilleuse ?
Kise-kun deviendra vert. »
« Kise-kun ? Tu le connais ? »
« Comme si je le connaissais ? Bouh ! Idiot !
Mais j'aimerais bien.
Il a une très belle peau. Je le mangerais bien. ♥ »
« Pauvre Kise-kun, alors. Haha. »
« Je te laisse. Aki-Kun est rentré. »