Merci mec [PV Alraun Fuerbach]

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Alraun s'étira de tout son long, inspirant longuement l'air frais de la nuit. Qu'il était bon d'être enfin dehors après avoir passé des heures et des heures dans l'odeur de soupes de nouilles. Elle venait de terminer son service dans le petit restaurant de ramen dans lequel elle officiait comme serveuse, comme chaque samedi soir. Et comme d'habitude elle allait devoir se dépêcher si elle voulait attraper le dernier train, sans quoi il lui faudrait marcher. Pas que ça lui pose problème en temps normal, mais l'idée de gambader à presque minuit après cinq heures à faire des allers-retours entre le comptoir et les tables des clients -avec le sourire s'il vous plaît- ne l'enchantait pas plus que ça. Elle était sportive, pas inépuisable.

Étouffant un bâillement, elle se dirigea vers la petite rue qui la séparait de l'entrée du métro, un sourire fatigué mais satisfait sur les lèvres. Elle avait eu besoin d'un certain temps d'adaptation, dans ce restaurant, mais à présent, elle s'en tirait plutôt bien. Son patron était content de son travail et elle s'entendait bien avec ses collègues. Bon ok, parfois il y avait bien quelques clients relous, mais on lui avait appris à les gérer. Et finalement, ça allait.

Fouillant dans ses poches afin de trouver son iPod alors qu'elle s'engouffrait dans la rue perpendiculaire à celle où se trouvait sa destination, la basketteuse s'arrêta net quand des sons inhabituels lui parvinrent aux oreilles. On se battait. Et ça avait l'air violent. Merde.

Alraun savait que cette petite rue n'était pas recommandable avec la boîte de nuit mal famée qui se trouvait au bout, juste avant l'angle, mais c'était un raccourcit de premier choix pour atteindre le métro. Or la plupart du temps, après le travail, elle était trop fatiguée pour faire des détours. De toute façon, avec sa grande taille et son look peu féminin, elle se faisait rarement ennuyer. Une fois un type lui avait proposé du crack. Elle avait refusé. Fin de l'histoire. Mais là, quelqu'un se faisait manifestement agresser. Ils étaient trois. Non, quatre. Quatre contre un. La métisse serra les dents. Bande de lâches songea-t-elle avec force en sortant son téléphone, se rencognant dans l'ombre, derrière un container en fer rouillé.

Son cerveau était passé en mode automatique, l'adrénaline prenant d'assaut ses veines, effaçant toute trace de somnolence. D'abord, prévenir les flics. Ensuite, intervenir. Mais comment ? Elle avait peur. Ils n'avaient pas l'air de plaisanter, ces types. Respire. Respire. Pouvait-elle appeler sans se faire remarquer de là où elle était ? Peu probable. Et risqué. Est-ce que ça marcherait si elle envoyait un simple message à un numéro d'urgence ? Mf. Pas sûr. Bon.

Composant rapidement le premier numéro d'urgence qui lui passa par la tête, elle colla l'appareil contre son oreille en tentant de recouvrir son calme. Ne cède pas à la panique, ça va aller.

fit une voix féminine. Tranchante. Posée mais rapide. Professionnelle.

souffla Alraun de sa voix la plus claire mais la plus basse possible, priant pour que les agresseurs qu'elle dénonçait soient trop pris par leur joute pour faire attention à ce qui les entourait,



Clac, elle avait raccroché. Alraun releva la tête pour observer comment évoluait la situation. Dix minutes d'attente. Ça pouvait sembler court, mais dans l'état actuel des choses, c'était terriblement long. La basketteuse étouffa une exclamation quand elle vit l'un des types sortir un couteau. La lame reflétait la lumière jaunâtre des réverbères et semblait terriblement bien effilée.

Elle en avait de bonnes la nana au bout du fil pensa la métisse en serrant les dents. Ne rien faire d'inconsidéré. Et si l'autre se faisait poignarder sous ses yeux ? L'idée seule lui retourna l'estomac. Elle n'avait qu'une envie, fuir. Mais c'était hors de question. Serrant les poings pour contenir ses tremblements, elle se mit à réfléchir à toute vitesse. Elle avait déjà entendu parler de deux ou trois technique pour désamorcer la violence dans ce genre de situation. Mais est-ce que ça allait marcher ? Dans le pire des cas, elle savait un peu se battre, mais certainement pas assez pour immobiliser quatre à cinq types remontés et armés.

Le type qui se faisait agresser tomba à terre. Elle n'avait plus le choix. Pas question d'avoir un mort sur la conscience. Allumant la petite lampe bleuâtre de son téléphone, elle s'approcha du groupe de caïds et les éclaira, les faisant se retourner d'un seul coup.


, fit-elle d'un ton calme, se surprenant elle-même de parvenir à contrôler les tremblements de sa voix,

Mon dieu, faites qu'ils se barrent sans histoires.

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Se la jouer sûre d'elle, Alraun savait faire. Elle le faisait souvent contre des adversaires au basket qui se la racontaient un peu trop à son goût. Elle avait appris à masquer son côté timide et timorée derrière une façade d'assurance construite de toutes pièces histoire de ne pas montrer à des sales types qu'elle était impressionnable. Petit à petit, feindre la confiance en soi lui avait permis d'en gagner. Mais là... Là, c'était du que de la gueule. La vérité, c'est qu'elle n'en menait pas large.

Aussi, quand le grand mec au couteau se retourna en brandissant sa lame vers elle, la menaçant verbalement et physiquement, elle dû faire appel à toutes ses capacités de self-control pour s'empêcher d'esquisser un mouvement de recul. Elle sentait que, dans la situation actuelle, le moindre signe de faiblesse serai vu comme une faille. Aussi se contenta-t-elle de froncer légèrement les sourcils à la provocation du mec qui lui faisait face sans bouger pour autant, se gardant bien de répondre au cas où ses tremblements se répercuteraient dans sa voix. Elle avait réussi à parler clairement une fois. Inutile d'essayer à nouveau si c'était pour montrer qu'elle était terrorisée.

Cassez-vous, bordel, cassez-vous...

Bien que les secondes lui donnaient l'impression de s'écouler comme des heures, elle n'eut pas à attendre longtemps pour qu'ils finissent par s'en aller en maugréant des menaces. Parfait. Les suivant du regard, elle attendit qu'ils aient tournés à l'angle de la rue pour baisser son téléphone et éteindre l'écran. Elle soupira de soulagement avant de se passer une main tremblante sur le visage, envisageant de s'asseoir au sol histoire de se recomposer. Mais la voix du type qui avait été agressé claqua, la ramenant à la réalité.

Elle releva la tête, ne sachant pas quoi répondre au premier abord. Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Devait-elle partir ? Demander au mec comment il allait ? Le laisser dealer avec les flics quand ils arriveraient (après tout, elle avait fait ce qu'elle avait à faire, non?) ? Elle soupira à nouveau et s'approcha du type adossé contre le mur. Il avait un look de caïd lui aussi, ce qui n'inspirait pas tellement confiance à la basketteuse, mais elle ravala ses préjugés. Peu importe son look, manifestement, il avait besoin de soins.

« - J'avoue que je sais pas comment j'aurais réagi s'ils s'en étaient pris à moi »  , répondit-elle d'une voix tremblante en posant son sac contre le mur à côté du blessé, histoire de ne pas être encombrée en attendant la venue de la police, « j'espérais leur faire perdre un maximum de temps en attendant la venue des flics. Ils devraient plus tarder maintenant. »  

Elle regarda sa montre avant de laisser son regard dériver sur son vis-à-vis à nouveau.

« - La vache, ils t'ont pas loupés. Enfin, t'inquiète, la police viendra sûrement avec un médecin. »  

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Si Alraun s'était attendue à un panel assez varié de réactions de la part du type qu'elle venait de sortir d'un mauvais pas, elle n'aurait jamais misé sur de la colère. Qu'est-ce qui lui prenait ? Évidemment qu'elle avait vraiment appelé les flics, elle allait pas gérer ce genre de situation seule ! Si on n'appelait pas la police quand on avait à faire à une agression, qu'est-ce qu'on était censés faire exactement ?

La surprise de voir son vis-à-vis réagir avec autant de véhémence la pris de cours un instant, l'empêchant de réagir à ses attaques verbales. Elle était déjà sous le choc à cause de ce qu'elle venait de vivre, honnêtement, elle n'avait pas besoin de se faire engueuler pour une raison incompréhensible en plus. C'était quoi son problème avec les flics, à ce mec ? Elle s'apprêtait à lui répondre vertement de lui parler sur un autre ton quand elle le vit se lever avec difficulté. Mais que- ? Qu'est-ce qu'il foutait ce con ?

 « - Mais- Attends ! »
s'exclama-t-elle au bord de la panique quand elle le vit s'éloigner en titubant -décidément, rien ne lui faciliterai la tâche ce soir-
« tu peux pas partir comme ça, t'es blessé ! T'as besoin de soins. »

Comment est-ce qu'on pouvait rester aussi stoïque après s'être fait taillader l'épaule, sans rire ? La blessure saignait assez abondamment pour lui recouvrir tout le bras, parsemant le goudron d'éclats écarlates reflétant les lumières de la ville. Elle était bien loin d'être experte, mais elle savait au moins que si ça saignait comme ça, il fallait désinfecter d'urgence, et recoudre, sans quoi il risquait une infection.

Au final, elle se foutait pas mal de cette histoire de flics. Mais elle n'allait certainement pas laisser ce type se balader avec une blessure pareille. S'il voulait pas voir de policiers, ok, pourquoi pas. C'était stupide mais admettons. Par contre, il était hors de question qu'elle le laisse pisser le sang comme ça. Parce que là, c'était même plus de la bêtise, c'était de l'inconscience.

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Une vague de panique supplémentaire s'empara de l'esprit d'Alraun quand elle entendit l'explication du type qu'elle tentait, en vain, de persuader de se soigner à défaut d'attendre les flics. Comment ça, la police ne chercherait pas à comprendre ? C'était absurde. Okay, elle avait déjà entendu parler des contrôles au faciès et ce genre d'abus de pouvoir, et elle devait l'admettre c'était pas cool. Mais ça restait quelque chose d'épisodique, non ? Et puis là il s'agissait d'un truc sérieux, alors ils écouteraient forcément, pas vrai ?

Mais ce mec avait des allures de caïd. Au fond, que les flics l'embarquent juste à cause de son apparence n'était pas improbable, et qu'il n'ait pas envie de passer sa nuit au poste alors qu'il n'était qu'une victime dans cette histoire, Alraun pouvait facilement le comprendre. Réfléchissant à toute vitesse, elle baissa les yeux sur la main tendue et ensanglantée de son vis-à-vis. Même si elle lui filait sa veste, ça continuerait de pisser le sang, sans compter tous les micro-organismes qui se retrouveraient dans la blessure au contact du tissus. Niveau discrétion comme niveau hygiène on trouvait mieux. Il fallait au moins trouver un moyen de protéger la blessure le temps de. Avec un tissus propre, des serviettes ou...

Minute.
Bien sûr. Elle savait où trouver ce genre de trucs. Et même de quoi soigner sommairement la blessure. Attrapant le poignet fermement du type qui attendait toujours qu'elle lui file sa veste, elle ramassa son sac au passage, l'accrocha à son épaule avant de chercher les clés qui étaient à l'intérieur de sa main libre.

"C'est tout sauf une égratignure, et si tu te balades comme ça en ville, les flics te retrouveront facilement",
rétorqua-t-elle d'un voix froide,
"on va procéder autrement."

Elle trouva enfin les clés de la porte de service du petit restaurant où elle travaillait alors qu'elle tournait à l'angle de la rue et s'arrêta, entreprenant d'ouvrir la porte. Agir ainsi n'était définitivement pas une bonne idée, elle en avait conscience. Elle trahissait la confiance de son patron, se cachait des flics qui avaient son numéro de téléphone et tout ça pour aider un type qu'elle ne connaissait pas et qui était peut-être aussi violent que ses agresseurs. Mais dans l'état actuel des choses, elle voulait juste que tout se termine vite. Que ce type soit soigné pour qu'il rentre chez lui et qu'elle puisse faire de même.

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Alraun ferma la porte derrière elle en prenant soin de tourner le verrou et fusilla son vis-à-vis du regard quand elle entendit un sarcasme supplémentaire, avant de se rappeler que dans le noir, ça ne devait pas avoir beaucoup d'effet. C'était quoi son problème à ce type, pour commencer ? Okay, elle lui était pas venu en aide pour le plaisir de le voir la remercier à genoux, mais est-ce qu'il pouvait au moins éviter de se payer sa tête ?

"La ferme"
murmura-t-elle en ouvrant le disjoncteur d'un geste sec afin d'y désactiver l'alarme et de réenclencher assez d'électricité pour qu'ils aient un minimum de source de lumière sans qu'elle soit visible de l'extérieur.

"Au cas où tu l'aurais pas remarqué, je suis en train de te filer un coup de main"
cracha-t-elle en fermant la petite porte de fer d'un coup sec avant de passer devant lui,
"je trahis la confiance de mon patron et à cause de ça je risque des ennuis, tout ça parce que Monsieur est trop fier pour appeler une ambulance. Alors je veux bien être conciliante et admettre que t'es pas trop pote avec les flics, mais j'ai pas l'intention de subir ton humeur de merde."

La peur et le stress laissaient place à la colère et l'incompréhension dans l'esprit d'Alraun. Elle n'était pas bien sûre de ce qu'elle faisait et se remettre les idées en place était compliqué dans l'état actuel des choses. Inspirant profondément afin de recouvrer son calme, elle pénétra dans la petite cuisine désormais illuminée d'une faible lumière dorée. Actionnant le gaz, elle mis en marche une plaque de cuisson à l'ancienne avant d'y poser une casserole pleine d'eau.

"Enfin bref, je te dresse rapidement le topo : je t'aide à soigner sommairement tes blessures et on se casse. En attendant",
elle tira une chaise et la tourna vers lui,
"tu t'assoies là et tu touches à rien."

Sans regarder s'il obtempérait, elle attrapa des torchons propres qu'elle posa près du feu avant de commencer à chercher quelque chose pouvant faire office de désinfectant pendant que l'eau de la casserole se réchauffait doucement sur la petite plaque aux flammes bleutées.

Avec Haizaki Shougo

Merci mec

"Je suis une fille !"

Comme elle s'y attendait, les placards étaient remplis d'ingrédients en tout genre, mais peu de choses pouvaient faire office de désinfectant. Honnêtement, qui aurait l'idée de mettre de la sauce soja sur une plaie ouverte ? Ça avait pourtant traversé l'esprit confus de la basketteuse un instant, dans sa hâte de vouloir en finir vite et de ne plus avoir à faire à cet individu à la reconnaissance carrément limitée. Secouant légèrement la tête pour se débarrasser de cette idée débile, elle allait se résoudre à nettoyer la plaie seulement avec de l'eau bouillie quand une rangée de petites bouteilles grises attirèrent son attention.

Du saké.
Donc... de l'alcool.
Bien sûr.

Attrapant l'une des bouteilles en question sans vraiment écouter ce que son compagnon d'infortune disait, elle se retourna au moment même où cet imbécile heureux s'allumait une cigarette. Comme ça, tranquille, dans une cuisine avec le gaz ouvert. Mais c'était pas possible, il était pire qu'un gosse ce mec ! On pouvait pas détourner les yeux cinq minutes sans qu'il fasse une connerie.

« - Mais c'est pas vrai ! »
s'exclama-t-elle d'une voix rendue aiguë par le stress en attrapant sa cigarette avant de la jeter au sol et de l'écraser du talon,
« t'es complètement inconscient, toi ! Le gaz est ouvert. Tu veux faire exploser la cuisine ?! »

D'accord, le risque était minime, mais merde, yavait aussi les règles d'hygiène élémentaires. Qui fumait dans un espace réservé à la bouffe ?  Sans compter qu'elle n'avait pas spécialement envie que son patron revienne le lundi pour découvrir un endroit puant la clope. Dans le genre moyen de se faire griller direct, ça se posait là.

Inspirant profondément tout en se massant la tempe, elle tâcha de recouvrer son calme. Ce type n'avait pas l'air d'être du genre patient non plus. Il fallait néanmoins qu'ils trouvent un compromis le temps de terminer les soins. Respire Alraun, il ne pensait sans doute pas à mal.

« - Ok, excuse-moi, je suis stressée » ,
ajouta-t-elle presque immédiatement en détournant le regard,
« je te rembourserai ta clope, mais s'il te plaît, essaye de faire en sorte qu'on laisse le moins de trace possible de notre passage. Je tiens pas à avoir d'ennuis. »