Retrouvailles...mouvementées [pv Alaska]

Les rouages du temps sont parfois cruels.

Ses doigts s'emparèrent de sa ceinture noire, elle la déposa sur sa robe brune aux motifs floraux divers et aux variantes couleurs printanières. La jeune demoiselle tendit ses bras pâles et du bout de ses doigts détacha sa langoureuse tignasse, de longs fils roses quelques peu bouclés cascadant son dos nu. Sa tignasse se dévoila comme une magnifique fleur en train d'éclore. Le soleil et le vent accompagnaient sa démarche, ne rendant que plus splendide le spectacle qu'elle s'imaginait. Alaska tourna le dos face à l'immense fenêtre de sa chambre, elle brillait même dans un ambiant déjà lumineux. Elle brillerait plus que tout, parce que rien ne pouvait l'arrêter. Jadis des larmes avaient coulées, désormais il n'y avait de la place que pour le courage et la perfection. Elle était une guerrière qui ne perdrait ni face au froid, ni face au désert. Son épée serait soulevée si haut que tous ceux autour d'elle pourraient la voir.

La mannequin ne s'attarda que quelques petites minutes devant la glace, déposant une minuscule barrette sur ses cheveux printaniers. Simple papillon noir aux ailes brillantes, elle aimait tout ce qui sortait du lot sans pour autant lui donner un air d'enfant sortit de la maternelle. Son portable vibra près de son bureau, elle détourna le regard puis l'ignora royalement. Les personnes se devaient d'être patientes, si le cas était réellement grave la personne rappellerait. Elle n'autorisait que quiconque se mettre sur sa route. Le chemin qu'elle s'était forgé, elle serait la seule à le parcourir.

La sulfureuse jeune demoiselle se releva et saisit son sac, mettant son portable à l'intérieur avec une certaine délicatesse toute inée. En rentrant chez elle, elle croiserait sans doute sa mère. Eleanor. Cette jeune femme qui avait tout eu, qui avait tout été à ses yeux. Il ne restait à présent qu'une colère contenue. Cette colère de jeune princesse gâtée, abandonnée par la seule reine qu'elle n'avait jamais eu. Elle ne pourrait pas dire l'aimer, la rousse n'était désormais plus rien à ses yeux. La laisser s'immiscer dans sa vie serait créer une brèche qu'elle pourrait utiliser pour la détruire. Les faiblesses étaient à bannir de son dictionnaire et de sa vie, elle avait appris à ne plus refaire les mêmes erreurs. Alaska ne tarda point à quitter sa chambre, enfilant ses chaussures à talons noires une fois les escaliers dépassés. Elle ouvrit la porte et sortit de chez elle, le décor printanier allant parfaitement avec les vêtements qu'elle avait enfilé. Il y aura un nouvel arrivé, un garçon talentueux d'après ce qu'elle avait comprit de ses discutions à peine masquées par les maquilleuses. Cette nouvelle ne lui fit ni chaud ni froid, l'important était le travail qu'il allait apporter et comment il réussirait à s'intégrer. S'il tombait elle se ferait un plaisir de lui marcher dessus avec ses talons hauts.

Le trajet ne dura que quelques minutes, elle ne remarqua point trop profondément dans ses pensées. Les paupières closes elle pensait encore à différents exercices qu'elle proposerait à son équipe. Elle devait également garder un œil sur la petite nouvelle, Akemi. Rakuzan malgré sa réputation était une famille, maintenant qu'elle était entrée elle ne pourrait y échapper. Alaska gardait d'un œil sévère ses filles, Akemi était désormais incluse dans son équipe. L'éclat du soleil s'écrasa sur sa vitre, les deux saphirs brillèrent en étant dévoilés au grand jour.  La journée venait de commencer, elle commençait comme toutes les autres. Une nouvelle occasion de bondir la lame de son épée.

La mannequin ne tarda à sortir de la voiture, ses talons clapotant sur la surface lisse. Elle fit glisser son sac jusqu'à ses épaules, passant une main sur ses langoureux cheveux roses. Général de toute personne manipulable, elle riait. Aussitôt ses pieds posés à l'entrée elle fut accueillie par une jeune fille, une des maquilleuses de Ryouta. Son regard ne s'attarda point sur celui de la brune, elle connaissait la jalousie que celle-ci éprouvait envers elle, celle que toute personne dotée de sexe féminin pouvait éprouver à son égard. Kise Ryouta, il avait causé un désordre désagréable dans sa vie mais rien ne la forçait à ôter ce poids des épaules de toutes ces jeunes filles amourachées. Leur souffrance était bien trop délectable. La vie était remplie d'injustice, il serait temps qu'elles retombent de leur nuage et sortent de leur conte de fées. Alaska l'ignora puis glissa à l'écart afin d'échanger ses vêtements pour des choses beaucoup plus simples. Une robe blanche retombant sur ses cuisses et un serre-tête fleuris. Le printemps se sentait, elle pouvait presque sentir l'odeur des plantes implantées en son front.

La belle s'installa et se laissa faire par les mains spécialisés, aucun sourire présent sur les deux pétales de fleurs qu'étaient ces lèvres. Il n'existait aucune situation hormis celle de son travail de mannequin qui la forcerait à aborder un faux sourire hypocrite. Elle s'installa de manière naturelle et les photos fusèrent, le jeune homme plaqué derrière l'appareil semblant perplexe. Ses lèvres s'étirèrent presque, c'était le moment de tester ce jeunot...

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« On fait une pause !

La voix fortement enjouée d'un de ses photographes habituels s'éleva dans toute la salle, agressant les oreilles de la jeune mannequin qui ne tiqua point. L'habituel devenait normal, ses oreilles s'étaient habituées à ce ton trop aigu pour être humain. La silhouette mi-forte dévoila ses courbes derrière le minuscule appareil, il agita ses bras en prononçant ce qu'elle aurait pu comprendre comme étant son prénom. Son visage se tourna vers la gauche, ses longs cils frappés par un rayon trop lumineux, la belle russe se redressa et se mît en marche afin de profiter un peu de la fraîcheur de la pièce. Le mois d'avril était plus miroitant chaque année, le soleil brillait plus que n'importe quelle personne existante.

Alaska fit quelques pas, touchant le sol de ses pieds nus aussi blancs que la peau soyeuse d'un bébé japonais. Un tonnerre que petits chuchotements mal dissimulés attira son attention, elle fixa du coin de l'œil un trio de jeunes filles pouffant telle des hyènes, fixant le nouveau stagiaire avec un sourire jusqu'au oreilles. Son sois-disant charme était redoutable. Son regard se fit plus dur, elle ne plissa les yeux et avança jusqu'à les faire face, extirpant un grognement peureux des jeunes demoiselles. Leur vacarme était insupportable, elle ne se gênerait pas de leur lui faire comprendre.


Aucun sourire, aucun signe d'un quelconque agacement, le froid que dégageait son attitude était presque palpable. La belle était polaire, les jours passant la glace autour de son cœur ne fondant pas. Si seulement elle avait su qui elle allait rencontrer, elle serait restée chez elle. Pas que l'attitude d'une quelconque personne pouvait la outrer mais le personnage en lui-même était scandaleux. Elle était une rose avec des épines capable de se blesser elle-même en profondeur. La rosée fût lassée, sa tête fût tournée et elle tourna le dos à la foule, offrant un rapide et volatile regard au stagiaire photographe. Le temps n'était pas aussi rancunier, malgré ce qu'elle avait cru avoir oublier certains détails de son visage demeuraient dans chaque coin des immenses tours servant à protéger ses souvenirs. Elle s'en souvenait, bien sûr qu'elle s'en souvenait. Mais elle n'arrivait à mettre le doigt sur l'identité du mystérieux jeune homme. Plus de question que de réponses, plus de doutes que de certitudes, l'inconnu avait réussi à l'arrêter sans prononcer un mot et cela l'énervait. Elle pourrait grincer des dents, mais l'important était de découvrir l'origine de se sentiment de déjà-vu. Elle pourrait ensuite lui tourner le dos comme elle le faisait pour tous les autres.

Aussi vite que ses pas s'étaient arrêtés ils reprirent, elle avança le dos droit et le regard portant un élan de curiosité. Elle avança jusqu'à lui, se plaçant de sorte à ce qu'il ne puisse que la voir elle, aucune échappatoire ne lui était permise. Elle le dévorerait de ses crocs s'il ne tarde trop. Plissant presque imperceptiblement les paupières, ses pupilles l'analysaient, reconnaissant son regard et la forme de son visage. Mais rien de plus ne la rappelait à des souvenirs. Yeux bleus contre yeux verts, elle se surprit à chercher dans ses souvenirs des images, toutefois là où ses yeux lui tendaient un indice ses cheveux blonds le lui volait. La jeune fille souleva la tête et la vérité la frappa en pleine face, plus violente qu'une douche froide en plein hiver. Day Lancaster. Son meilleur ami à une époque, son pire ennemi à présent. Il s'en était fallut de peu pour briser ses liens, quelques mots seulement. Puis un claquement de porte, il avait tout brisé et elle n'avait à aucun moment cherché à ramasser les morceaux. Leurs liens avaient été dans les extrêmes, tous ceux autour d'eux avaient crus qu'ils finiraient ensemble. Ils avaient effectivement finis ensemble... Par se détester. Son regard se fit singulier, le dédain s'y lit clairement et elle ne tenta pas de le cacher. Ce sentiment existait encore dans sa poitrine, cette rage et cette colère qu'elle avait pourtant réussi à calmer.



Provocation.
En aucun cas elle ne se gênerait à le discréditer, elle ferait de sa séance un enfer et il en ressortirait plus abimé qu'elle le jour où il l'avait lâchement abandonné. Sa rancune n'avait pas de limite, pas quand la victime était Day Lancaster. Alaska fit partir les jeunes filles d'un signe de la main, s'attardant que quelques minutes sur la carrure beaucoup plus imposante de son ancien meilleur ami. Il avait certes grandis, il était désormais plus grand qu'elle et cela ne lui plaisait pas tout. Le bleu de ses yeux devint flammes, sa voix se fit plus forte encore.



Elle riait. Elle riait intérieurement nerveusement et hargneusement. Le sang dans ses veines bouillonnait, inondant ses cellules d'adrénaline. Cachant sous terre cet enfant brisé par la confiance qu'elle lui avait accordé. Confiance sur laquelle il avait jeté des pierres. Il l'avait trahi. Jamais elle ne pourrait lui pardonner. Un étrange sourire se dessina sur ses lèvres, elle lui tourna le dos et lui adressa un regard promettant mil et un coups.  

crackle bones