Tous à la montagne ! [Kurokawacchi]

Ryouta & Taka

A la base, c'était vraiment une bonne idée en plus. Quand les deux coachs des équipes féminines et masculines de basket-ball de Kaijo avaient proposé ce week-end d'entraînement dans la montagne, Takara avait approuvé. La jeune fille en avait parlé avec Batsheva, la coach féminine, quelques temps auparavant ; bon elle ne pensait pas que les garçons les accompagneraient, mais peu importe, ce n'était pas si mal après tout. Et puis, même s'il râlait – comme toujours – avoir Yukio avec elle pour surveiller cette bande de bras cassé ne serait pas de trop, au contraire.

La Kurokawa avait d'ailleurs déjà suffisamment fort à faire avec sa propre équipe. Entre Megumi qui lui avait littéralement sauté dans les bras en voyant débarquer le capitaine de l'équipe masculine et son as – les peurs irrationnelles de sa pivot était devenue une banalité pour Takara maintenant, même si l'autre pesait lourd mine de rien, elle n'avait plus douze ans – et Kahei qui avait seché, pour ne pas changer ... en plus, un grand nombre de ses joueuses avaient poussé des petits cris d'adoration en voyant Kise et s'étaient presque battues pour avoir le droit de s'asseoir à côté de lui dans le bus.

Le blond n'arrangeait rien de son côté, vu qu'on aurait dit qu'il partait en vacances et non en entraînement. Il était excité comme un gamin qui voyage pour la première fois et ne tenait pas en place – enfin encore moins que d'habitude. Et les coups de pieds de Yukio combinés aux claques à l'arrière de la tête de Takara n'arrivaient pas le moins du monde à enraillé sa bonne humeur du jour.

Après quelques heures de route, les deux équipes sortirent du bus, la Kurokawa s'assurant qu'il ne manquait personne – tâche difficile à faire quand vous avez une géante rousse de deux mètres de haut accroché à votre cou comme quoi y a des bestioles bizarres qui font peur dans cette forêt... la bestiole en question étant une chenille, détends-toi Megumi, ça va bien se passer et là t'es en train d'asphyxier à moitié ta capitaine. Bref, le groupe se mit en route, empruntant le chemin forestier qui se perdait dans la montagne pour rejoindre le refuge où ils logeraient le temps de ce week-end sportif.

Takara ne fut même pas surprise de voir que, après s'être encore fait refoulé par Kasamatsu qui lui demandait de se calmer vite fait sinon il s'arrangeait pour que Kise ne redescende jamais vivant de cette montagne, ce dernier vint quémander l'attention de la jeune fille. Bah oui, Papa est méchant avec lui, du coup il vient voir Maman, c'est logique – ne dîtes jamais aux deux concernés que je les appelle comme ça, ils nous feraient des descentes d'organes, les deux capitaines.

« Ryouta, tu veux bien te calmer un peu ? » grogna la Kurokawa en voyant son air radieux. « On est pas en vacances là et tu ... EH ! Non mais écoutes-moi quand je te parle ! Et ne t'éloigne pas crétin ! »

Mais rien à faire, le blond était déjà parti, quittant les sentiers battus pour partir à la recherche d'un lapin apparemment. Idiot, songea la capitaine de l'équipe féminine en ruminant ses envies de meurtre sur la personne du mannequin.

Consciente qu'elle ne pouvait pas le laisser s'éloigner sinon il était foutu de ne jamais revenir, la brune signala à une de ses coéquipières qu'elle allait le chercher et qu'ils les rattraperaient ensuite. Elle espérait que l'autre ferait passer le message à Yukio ou aux coachs, mais ne prit pas le temps de s'en assurer elle-même, partant rejoindre Kise tout en grommelant contre ce dernier.

Takara s'avançait dans la direction prise par le blond, s'éloignant à son tour du chemin pédestre pour s'enfoncer dans la pleine nature. Bordel, mais jusqu'où il était parti, ce crétin ? La Kurokawa avait de plus omit dans son calcul, que les portables ne fonctionnaient plus ici, le réseau en pleine montagne n'étant pas vraiment au rendez-vous. Impossible donc de l'appeler pour lui hurler dessus d'arrêter ses conneries.

Soudain, elle se stoppa en entendant, guère loin d'elle, des cris. Bon, il ne devait pas y avoir trente mille idiots dans cette montagne en train de beugler des « senpai » et des Kurokawacchi » à tue-tête. Et effectivement, suivant la direction des cris, Takara ne tarda pas à tomber sur Kise. Un mélange de soulagement et d'agacement l'envahit, juste avant qu'elle se se fasse étouffer dans l'étreinte du blond.

« Crétin ! Évidement que je suis venue, tu croyais quoi ? Et maintenant t'arrêtes tes conneries, j'ai pas envie de passer mon temps à te courir après, c'est le boulot de Yukio en plus normalement ! » s'exclama-t-elle, se laissant câliner malgré tout.

Elle colla cependant un bon coup de poing sur le crâne de Kise juste après, histoire de défouler sa frustration et sa crainte d'avoir réellement faillit perdre son ami en pleine montagne. La jeune fille soupira doucement.

« Allez, dépêche-toi un peu les autres sont partis devant, il faut qu'on les rejoigne. » elle allait repartir, mais se figea soudain. « ... Merde, c'est quel chemin déjà ? »

Et oui. Le sens de l'orientation de Takara avait toujours été très ... chaotique. La capitaine avait toujours eu le chic pour se paumer de toutes manières, et cela depuis qu'elle était gosse. Mais si elle connaissait suffisamment Kanagawa et Tokyo pour ne plus s'y perdre à chaque fois qu'elle mettait les pieds dehors, ce n'était pas le cas ici de cette montagne.

Du coup voilà. On avait Kise, Takara et une montagne. Les deux premiers bel et bien perdus dans la dernière. Génial, ça commençait bien ce week-end !

Ryouta & Taka

La montagne c'était sympa oui. La nature sauvage et indomptable, les animaux timides qui se cachent dans les fourrés, l'air pur qui emplit les poumons, les paysages à couper le souffle et qui ont remués le cœur de nombreux photographes venu en ces lieux spécialement pour capturer ne serait-ce que le temps d'un instant la beauté de cet endroit, figeant ces merveilles sur papier à jamais.

Oui c'était magnifique, c'était chouette … sauf quand vous êtes paumés au beau milieu de la dite montagne, sans avoir la moindre idée de la direction à suivre. Et surtout quand, en plus, vous êtes perdus avec l'idole de ses dames, celui pour qui toutes les filles se secouent comme des pseudos pom-poms girls en chaleur qui hurlent son nom en cœur ; je parle de Kise Ryouta, évidemment.

Bon heureusement pour ce dernier, Takara n'était ni une fan-girl en délire ni un certain sempai furieux. La jeune fille appréciait énormément le blond, pour ne pas dire qu'elle l'adorait purement et simplement – elle avait un minimum de fierté et une réputation à tenir tout de même. De ce fait, elle était un peu plus encline à supporter le concerné et ses frasques, même si sa patience allait, une fois encore, être mise à rude épreuve.

« Si tu ne t'étais pas éloigné autant, on ne serait pas en train de chercher le chemin, donc la ferme ! » grogna la Kurokawa, saisissant l'oreille de Kise entre ses doigts pour tirer dessus. « Je t'avais dis de rester avec les autres bon sang ! Yukio te l'a aussi répété des dizaines de fois, Ryoutabruti ! »

Une fois qu'elle eut bien sermonnée le blond pour se défouler un peu les nerfs, Takara soupira un bon coup et fit le point. Cela ne servait à rien de rester planté sur place, autant avancer et poursuivre l'ascension, avec un peu – bon d'accord, avec énormément – de chance, ils finiraient par rattraper un sentier balisé et pourraient donc espérer rejoindre le refuge. La capitaine n'avait pas spécialement envie de passer la nuit dehors, ils n'avaient que leur veste de sport aux couleur du lycée sur eux, si jamais il pleuvait ou que la nuit tombait, ils allaient avoir froid, vraiment. On n'était plus en été après tout.

Du coup les deux adolescents se mirent en route, marchant côté à côté un moment, au hasard bien évidemment. Takara s'efforçait de rester calme et de ne pas commencer à paniquer, déjà de un c'était pas son genre et de deux, ça ne ferait aucunement avancer les choses de se mettre à crier dès qu'elle voyait une bestiole. Oh eh, elle était pas une chochotte non plus. Par contre, on pouvait pas en dire autant de son compagnon …

Alors qu'ils s'étaient arrêtés un instant pour faire une pause, la jeune fille sursauta en entendant Kise se mettre à crier et lui sauter littéralement dessus, l'air paniqué. Elle manqua d'en recracher sa gorgée d'eau et le regard, haussant un sourcil, avant de se tourner vers le rocher, pour y voir, effectivement, un ver de terre … Sérieusement ?

« Attends, tu as peur des vers de terre ? Tu plaisantes là ! » souffla Takara, partagée entre dépit et amusement.

Mais non, apparemment ce n'était pas une blague. L'As de Kaijou avait la trouille devant un pauvre petit bout de chose inoffensif. N'y tenant plus, l'adolescente laissa filer un doux rire mélodieux, oubliant un instant leur soucis en voyant la moue de Kise qui se cachait à moitié derrière elle.

Ce n'était pas souvent qu'on avait l'occasion d'entendre le rire de la dragonne de capitaine qu'elle était de plus. Et même si c'était involontaire de sa part, le blond avait quand même réussi à la faire rire dans un moment pareil ; c'était pour ce genre de choses notamment qu'elle adorait Ryouta, il arrivait à lui rendre le sourire n'importe quand, même s'il en était inconscient.

« C'est bon, c'est bon je l'enlève, grand bébé ! On a pas idée d'avoir peur de ça, franchement … » fit-elle, sans se départir de son léger sourire.

Elle se saisit du ver entre ses doigts, nullement dégoûtée. Gamine, elle allait attraper des insectes dans les parcs, avec Kōsuke ou Shinji, prenant même les araignées à pleines mains, ce qui faisait toujours hurler de terreur les autres enfants généralement. Comme quoi, Takara était peut-être une fille d'un point de vue strictement biologiquement, mais pour le comportement, on repassera hein.

La Kurokawa alla jeter le ver de terre un peu plus loin et s'essuya la main sur le revers de son pantalon de sport, revenant vers Ryouta.

« Voilà, il est parti. C'est bon on peut y aller maintenant ? On va continuer d'avancer tout droit et de grimper pour le moment, on verra bien où on arrive. »

Elle poussa jusqu'à lui tapoter la tête, les lèvres étirées en une moue à la fois attendrie – un peu quand même parce que c'était trop drôle de voir ce grand machin d'un mètre quatre-vingt dix avoir peur devant ça – et amusée.

Takara releva la tête, plissant le nez. L'air était humide, il sentait la pluie. Au loin, elle pouvait apercevoir de gros nuages noirs. Oh … pas bon ça. Ce n'était pas pour tout de suite, ils avaient encore quelques heures de répit devant eux sûrement, mais un orage approchait. Restait à espérer qu'ils trouvent le chemin et les autres avant, sinon cela risquait de leur compliquer d'avantage la tâche. Comme si cette situation était pas suffisamment merdique comme cela.

Ryouta & Taka

Après avoir sauvé Kise de l'affreux ver de terre maléfique qui menaçait de s'en prendre à son sac à dos – Takara se demanda brièvement ce qu'auraient pensé les admiratrices du jeune homme en apprenant sa phobie, avant de se dire que vu l'état mental des dîtes fans, elles auraient trouvé ça certainement adorable –, les deux adolescents purent se remettre en route. D'autant que la pluie menaçait de leur arriver dessus et de rendre cette petite promenade en montagne tout de suite bien moins sympathique si l'orage qui grondait au loin décidait de venir s'incruster entre eux.

Problème, ils ne savaient toujours pas où ils allaient – la situation n'avait pas beaucoup évoluée depuis la dernière fois, en effet. La jeune fille en était occupée à regarder son portable, espérant réussir à obtenir ne serait-ce qu'une barre de réseau pour pouvoir appeler Yukio et lui gueuler de venir les chercher vite-fait parce que Blondie avait réussi à les perdre – oui quand même, ça restait principalement la faute de Kise cette histoire.

La Kurokawa se figea entendant les paroles de son ami, lequel lui disait ni plus ni moins que le rire lui allait bien et le tout avec un grand sourire – plus direct que ça, tu meurs. Ses joues se teintèrent de rose et elle détourna la tête pour les camoufler.

« Que … ! A-arrête de dire n'importe quoi et avance, l'orage se rapproche ! » souffla-t-elle pour tenter de se redonner contenance, ne voulant pas admettre – plutôt mourir – que le compliment de Ryouta lui avait fait plaisir.

Ils continuèrent leur ascension, surveillant du coin de l'oeil les nuages qui commençaient à s’agglutiner au-dessus de leur tête, ce qui manqua d'ailleurs de mettre un terme à la vie du mannequin de service. Ce qui aurait fait de la peine à beaucoup de monde, nous en convenons.

Takara se retourna précipitamment en entendant la voix de Kise monter dans les aigus et le son mat de son corps qui tombe à la renverse. La jeune fille blanchit en voyant le précipice et en comprenant que ce crétin de blond avait manqué de tomber par-dessus le bord de ce dernier parce qu'il ne regardait pas où il mettait les pieds. Nom de Dieu … mais elle pouvait pas le lâcher deux secondes des yeux, c'était pas possible !

Le cœur battant la chamade alors qu'elle imaginait bien malgré elle ce qui se serait passé s'il n'avait pas baissé les yeux à temps, la Kurokawa s'approcha précipitamment du jeune homme, lequel s'était étalé par terre, et lui asséna un coup de poing sur le sommet du crâne pour défouler sa montée d'adrénaline. Il l'avait pas volé ce coup-ci, sérieusement !

« Idiot ! Tu peux pas regarder où tu vas, franchement ? Ça t'amuses de me faire peur à ce point, j'aurais fais quoi moi si tu étais tombé, hein ?! »

Oui pour le coup elle avait vraiment eu peur et surtout elle s'en voulait de n'avoir réagit qu'après l'incident évité, n'ayant pas remarqué que Kise marchait bien trop près du bord. Elle se traita mentalement d'idiote et se promit de ne plus quitter ce fichu blond des yeux, ayant plutôt envie de garder son ami en un seul morceau et vivant, de préférence.

L'adolescente n'eut cependant pas le loisir de rouspéter d'avantage contre son camarade. Une goutte d'eau plus téméraire que les autres se décida à faire le grand saut, venant atterrir juste sur le bout du nez de la capitaine de l'équipe féminine, petit avant-goût de précipitations bien moins timides à venir. Et effectivement. Moins d'une minute plus tard, c'était des trombes d'eau qui s’abattaient désormais sur la montagne et ses alentours … et surtout sur les deux adolescents paumés qui se retrouvaient désormais en plein milieu de la tourmente.

Takara frissonna et referma ses bras sur sa veste, déjà gorgée d'eau tout comme ses cheveux. Elle n'avait pas peur des orages, nullement même, mais la situation actuelle était passée de « merdique » à « carrément dangereuse ». Les éclairs illuminaient le ciel, devenu si noir qu'on se serait presque crû en pleine soirée alors qu'il n'était même pas encore midi. Les trombes d'eau diluviennes l'avaient laissé en seulement quelques secondes frigorifiée et grelottante et Kise devait être dans le même état.

La jeune fille empoigna le bras de son ami, approchant son visage du sien pour se faire entendre par-dessus les grondements du tonnerre juste au-dessus d'eux.

« Il faut qu'on trouve un abri et vite ! J'avais crû voir un genre de repli rocheux tout à l'heure quand on avait fait la pause, peut-être une cavité … allons voir, de toutes manières on ne peut pas rester là, tu vas attrape la mort. »

'Tu', oui. La Kurokawa avait cette faculté de se faire constamment passer au second plan pour privilégié le bien-être de ses proches, car malgré qu'elle grognait et frappait fort, si la dragonne de Kaijou avait bien une seule qualité parmi son lot de défauts, c'était bien cet intérêt et cette protection qu'elle portait à sa famille et ses amis. A l'heure actuelle, son propre état ne la préoccupait guère, cependant elle s'en voudrait à vie s'il arrivait quoique ce soit à Ryouta.

Les deux adolescents repartirent donc en sens inverse à la recherche d'un éventuel abri ou attendre que l’accalmie se passe, ayant pour la première fois de la journée une idée à peu près précise de où il fallait aller. La pluie rendait cependant le terrain particulièrement glissant et dangereux, Takara en eut la confirmation quelques instants plus tard.

Soudainement en effet, alors que la jeune fille amorçait la descente d'une pente un peu raide tout en s'agrippant à la branche la plus proche en guise de soutien, cette dernière craqua. Emportée par son propre poids, la Kurokawa tomba en arrière et se mit à dévaler la pente, sa tête heurtant le sol avec violence.

« Merde … Ryou … » marmonna-t-elle entre ses dents serrées.

Sonnée, la jeune fille papillonna des yeux un instant, mais se sentait trop faible pour se relever. Des étoiles commençaient à danser devant ses pupilles et elle se sentit sombrer. Décidément, quand ce n'était pas l'un c'était l'autre. Ils étaient pas doués.

En attendant, il serait bon que Takara réussisse à rester consciente, car s'évanouir sous un orage n'était jamais une bonne idée en soi.

Ryouta & Taka

Mal. Ça faisait mal, bordel. Et en plus elle avait froid. Elle pouvait sentir à travers les brumes de son cerveau la pluie qui martelait son visage et sous son corps, l'inconfort frigorifique de la boue. Elle devait être belle à voir tiens, songea brièvement Takara, se forçant à penser à tout et rien pour s'éviter de tomber définitivement dans les pommes.

La jeune fille papillonna des yeux, son esprit vacillant entre conscience et inconscience, tiraillé entre les deux états tel un danseur ne sachant sur quel pied valser. Elle entendit vaguement, comme en bruit de fond, une voix qui l'appelait. Qui était-ce ? Ryouta ? La Kurokawa voulut se redresser, pour se mettre sur ses pieds et affirmer qu'elle allait bien, ne voulant ni inquiéter son ami ni se montrer dans un pareil état de faiblesse, mais son corps refusait catégoriquement de lui obéir pour le moment. Le cerveau commandait pourtant, beuglant ses ordres tel un chef militaire même, mais apparemment ses jambes avaient décidé de se mettre en RTT. Repose-toi Tout le Temps.

Du coup, impossible de se mettre debout. Rien que d'ouvrir les yeux lui demandait un effort monstrueux. Bon sang, ça suffisait pas que Yukio l'ait ramassé alors qu'elle s'était fait tabasser, il fallait maintenant qu'elle se casse la gueule et s’assomme toute seule devant Kise, alors que juste avant elle l'avait engueulé justement parce qu'il ne regardait pas où il allait … Ah, elle était belle la capitaine de l'équipe féminine de Kaijou tiens ! Décidément, elle n'osait imaginer ce que les garçons devaient penser d'elle.

La Kurokawa ne réagit pas tout de suite en sentant les bras de Ryouta la soulever. Elle prit conscience qu'il était bien en train de la porter quand il se mit en marche. Oh bon sang … il faisait quoi là au juste ? La demoiselle se donna des gifles mentales et se força à ouvrir les yeux – et surtout à les garder ouverts, ce qui était la vraie difficulté de cette nouvelle épreuve.

A travers le rideau de pluie qui leur martelait les joues et brouillaient sa vue, Takara parvint à distinguer le visage déformé par l’inquiétude de son ami. Son ventre se tordit douloureusement alors qu'elle prenait conscience que c'était sa faute si une telle expression gâchait les traits parfaits du jeune homme. Seulement sa gorge était serrée et son corps trop froid pour qu'elle puisse dire ou faire quoique ce soit pour le rassurer pour le moment.

La demoiselle frissonna lorsqu'il la posa à l'abri sous le repli rocheux. Docile – pour une fois qu'elle l'était – elle ne protesta pas quand Kise approcha la gourde de ses lèvres pour la faire boire. Elle toussota un peu, mais l'eau fraiche faisait du bien à sa gorge. Elle cligna des yeux et observa Ryouta.

« … Tu es mort de froid. Mets quelque chose de chaud sur ton dos, au lieu de te préoccuper de moi, idiot. » réussit-elle à croasser d'une voix un peu faible.

Il fallait qu'ils se réchauffent oui, sinon ils étaient bien parti pour tomber malade à ce rythme. Et on remerciait le ciel que Takara était trop faiblarde pour protester, parce que sinon Kise se serait certainement reprit un coup sur le crâne.

Cela n'empêcha pas toutefois la demoiselle de rougir fortement quand le blond ôta son haut, se retrouvant torse-nu devant et surtout quand il lui retira à son tour son t-shirt, la laissant en brassière de sport devant lui – oui oui toujours, sa poitrine n'avait pas brusquement prit un volume suffisamment conséquent pour qu'elle puisse avoir l'utilité de mettre de vrais soutiens-gorges de femme.

« Que … Ryouta, tu fais quoi ? » s'étrangla à moitié Takara quand il la prit dans ses bras.

Elle se retrouva donc collée contre le torse du jeune homme – situation qui lui vaudrait d'être hait et menacée de mort pour le restant de ses jours si les admiratrices du concerné venaient à apprendre cela.

Bien évidement, c'était la première fois qu'elle se trouvait dans cette position avec un garçon, et à moitié nue en plus s'il vous plait. La pluie faisait de plus ressortir le parfum naturel de Ryouta, dont la peau humide dégageait des fragrances qui faisaient s'accélérer mine de rien le cœur de la vierge effarouchée qu'est la Kurokawa, surtout qu'elle eut la mauvaise idée d'inspirer profondément, s'imprégnant de cette odeur particulière – mais particulièrement agréable.

« … Je te frapperai plus tard. » grommela-t-elle, dans une tentative de se donner contenance, même si sa voix n'avait aucune trace de colère en elle.

Car oui, elle était bien là tout de même. Blotti dans les bras de son ami, elle se sentait en sécurité, à l'abri. De plus il avait raison, elle commençait à se réchauffer et se sentait mieux. Un doux sourire étira les lèvres de la jeune fille.

Comme quoi, Ryouta n'était pas qu'un blond gaffeur, il pouvait faire les choses bien aussi des fois. Pas qu'elle n'en ait jamais douté, elle avait confiance en Kise et savait de quoi il était capable, surtout pour l'avoir déjà vu prendre sa défense, la dernière fois.

« Merci Ryouta … et désolée. Je fais n'importe quoi, c'est pas ta faute si on est perdu, c'est la mienne aussi. Un peu en tout cas. »

Elle se blotti un peu plus contre lui, profitant de la chaleur du corps de Kise. Elle pouvait bien se permettre de se laisser un peu aller, il n'y avait personne pour les regarder, elle n'avait pas sa réputation à tenir. Et puis c'était Ryouta, ça se passait d'explications.

Ryouta & Taka

Pour Takara, le temps s'était figé. Plus rien d'autre n'existait à l'heure actuelle, si ce n'est la sensation distincte et prenante des lèvres douces et fraîches de Ryouta pressées contre les siennes. C'était … la première fois qu'un garçon l'embrassait ainsi. Elle pouvait presque sentir la tendresse et l'affection que lui portait Kise à travers ce baiser. Ça n'avait absolument rien de comparable à cette fois ou Stain l'avait embrassé à pleine bouche – scène qu'elle préférait d'ailleurs oublier et qui lui donnait envie de se fracasser la tête contre les murs chaque fois qu'elle y repensait malgré elle.

Seulement là, elle n'en avait pour ainsi dire rien à faire de la blonde et de tout le reste, peu importe l'affection cachée qu'elle portait à Stain. Là, il y avait juste elle et Ryouta et leurs deux bouches collées l'une contre l'autre. Ce qui était déjà beaucoup pour la Kurokawa, qui n'avait pour ainsi dire aucune – mais alors, zéro, niet hein, le vide intersidérale même – expérience dans ce genre de choses. Pourquoi il n'y avait pas un genre de guide, un tutoriel pour expliquer ce type de situation, franchement ? Quelque chose du genre « comment réagir quand votre meilleur ami vous roule une pelle et vous avoue ses sentiments » … ouais, ce serait bien pratique n'empêche. Parce que là tout de suite, Takara n'avait aucune idée de ce qu'elle devait dire ou faire.

Elle aurait dû se douter pourtant, en l'entendant prononcer son prénom au lieu de son surnom habituel auquel elle ne prêtait même plus attention, qu'il se passait quelque chose. Mais non, elle n'avait pas fait attention, trop occupée à somnoler paisiblement dans les bras de son ami – est-ce qu'elle pouvait encore l'appeler comme ça d'ailleurs ? – et à savourer sa présence tandis qu'il lui caressait les cheveux … ça lui apprendrait tiens. Maintenant elle saura que quand un garçon vous caresse la tête, c'est qu'il a envie de vous embrasser juste derrière. Qu'est-ce que c'est fourbe les mecs en fait – t'as pas idée ma pauvre.

Tout ce qu'elle savait, c'est que lorsque Ryouta rompit le baiser, elle se sentit déçue. Oui oui, parfaitement. Parce que mentir dans ce genre de situation ne servait absolument à rien, elle avait déjà assez de mal à s'y retrouver comme ça. Mais elle avait aimé le baiser. Genre, vraiment beaucoup. Au point d'avoir envie de recommencer peut-être ? Takara se donna des baffes mentales. Non non non ! C'était Ryouta, un de ses meilleurs amis, elle ne pouvait pas l'embrasser enfin !

Quoique … Est-ce qu'elle voyait vraiment Kise juste comme un ami ? Ou bien était-il plus ? La jeune fille était incapable de le dire après tout, ce n'est pas comme si elle avait l'expérience des sentiments amoureux pour savoir les reconnaître. En attendant, ce serait bien de dire quelque chose, tu ne crois pas ? Parce que ça fait une bonne minute que la Kurokawa fixait le jeune homme dans les yeux, se perdant dans son regard, les joues brûlantes et une chaleur un peu étrange mais pas désagréable se répandant dans son bas-ventre.

« Je … »

Bravo, bel effort. Non décidément, Takara ne savait pas quoi dire. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle aimait Ryouta. Énormément. Et qu'elle ne supporterait pas de ne plus le voir. Et qu'elle avait aimé le baisé. Un peu trop peut-être d'ailleurs.

Du coup, la jeune fille se décida à jouer la carte de la franchise et de laisser son cœur parler – en espérant qu'il lui ferait pas dire trop de conneries. Déjà qu'il battait à cent à l'heure et lui donnait l'impression qu'il allait jaillir de sa cage thoracique à tout moment.

« Ryouta … Je t'aime beaucoup aussi. Beaucoup beaucoup même. Et je sais pas si je t'aime comme tu le voudrais, je comprends pas moi-même ce que je ressens parce que j'ai jamais embrassé un garçon avant et je suis jamais vraiment tombée amoureuse en fait je crois, donc je sais pas mais je sais que je veux pas te perdre parce que t'es une des personnes qui compte le plus pour moi et raaaaah ! J'arrive pas à penser correctement ! »

Who, elle avait probablement jamais fait de phrase aussi longue de toute sa vie. Faut dire qu'elle était bien perturbée pour le coup, la Kurokawa. La jeune fille se mordilla la lèvre inférieure et détourna le regard, gênée. Elle savait plus quoi penser et plus quoi dire pour faire comprendre à Kise à quel point elle tenait à lui exactement. Du coup …

« F-Ferme les yeux. » ordonna-t-elle d'une toute petite voix.

Takara se redressa un peu, le cœur battant à tout rompre et se rapprocha du visage de Kise. Elle hésita une micro-seconde, puis se décida à laisser faire l'acte plutôt que les mots.

Aussi, timidement, la jeune fille posa ses lèvres sur celle du jeune homme, d'abord en un chaste effleurement, comme pour tester. Puis, comme elle appréciait réellement ça et que le garçon ne l'avait pas encore repoussé pour lui avouer qu'en fait tout ceci était une blague, Takara se décida à appuyer un peu plus fermement ses lèvres contre les siennes pour transformer la caresse en un véritable baiser, un peu maladroit certes, mais sincère et tendre.

Ryouta & Taka

Résumons rapidement la situation pour bien mettre l'accent sur ce qui se passait dans le cerveau de notre victime – ah pardon, protagoniste, ma plume a fourché – préférée. Elle embrassait un garçon. Elle, Kurokawa Takara. Embrasser. Un individu de sexe masculin. Et par n'importe lequel en plus, l'u de ses meilleurs amis, Kise Ryouta. Le même Kise qui faisait parti de la génération des miracles et qui était l'idole des adolescentes en fleurs qui lui courraient après en hurlant son nom.

C'était … plutôt improbable comme situation. A dire vrai, on lui aurait prédit une chose pareille que la capitaine de Kaijou ne l'aurait pas crû une seul seconde – et elle aurait enfoncer son poing dans la tronche de l'idiot qui aurait osé la taquiner avec ça. Takara n'avait jamais embrasser personne – elle avait bien mordu un sale gosse à la bouche pour le faire taire parce qu'il se moquait d'Ai, mais de une elle avait huit ans à l'époque et de deux, c'était pas vraiment ce qu'on pouvait qualifier de baiser. Et pourtant, elle ne rêvait pas, ses lèvres étaient bel et bien sur celles du blond. Et le pire c'est qu'elle aimait ça, vraiment.

Les lèvres de Ryouta avaient un goût agréable, doux et un peu sucré. Elles étaient fraîches et agréables contre les siennes, le jeune homme répondant avec affection aux baisers maladroits et inexpérimentés de Takara. Ils rompirent finalement le contact, le manque de souffle se faisant ressentir – bah oui hein idiots que vous êtes, les bisous c'est cool mais faut pas s'asphyxier mutuellement non plus ! –, avec une légère pointe de regret en ce qui concerne la Kurokawa. Secrètement, elle espérait qu'il y en aurait d'autres … mais ce n'était pas une chose qu'elle risquait de dire à voix haute, elle était bien trop gênée déjà par ses propres réactions et ses sentiments confus.

La demoiselle se sentit rougir lorsque que Kise lui caressa tendrement la joue. Elle ne dit rien, se sentant visiblement tout aussi perturbée que lui par ces nouvelles sensations qui la prenait d'assaut.

« N-non … moi non plus je n'ai pas envie d'oublier. » avoua-t-elle à mi-voix, s'assénant des baffes mentales pour son manque d'assurance flagrant.

Bon sang, elle arrivait pourtant bien à être maître d'elle-même d'ordinaire et sur le terrain elle ne se laissait pas démonter facilement, alors pourquoi là, face au regard de Ryouta, elle se sentait si … désarmée ? Le pire c'est ce qu'elle n'arrivait même pas à détourner les yeux, presque hypnotisée par les pupilles dorées du jeune homme.

« Essayer ? Tu veux dire … sortir ensemble ? Toi et moi ? Comme … un couple ? M-mais j'ai jamais fais ça avant, moi ! »

Généralement oui, les personnes qui sortent ensemble sont en couple, c'est un tout tu comprends Takara. Et on s'en doutait un peu, vu comment tu réagis. C'est vrai que niveau expérience de relations amoureuses, on faisait difficilement plus nul que la Kurokawa. Mêmes des collégiennes étaient plus à même de savoir comment on devait se comporter quand on avait un petit-ami – ouais mais les collégiennes de maintenant c'est toutes des dévergondées !

Néanmoins, même si l'idée la chamboulait quelque peu, Takara n'avait pas dit non. Parce qu'elle avait bien envie d'essayer elle aussi. C'était Ryouta, elle avait confiance en lui, totalement même, et elle l'aimait. La jeune fille ignorait s'il s'agissait de l'amour avec un grand A, celui qui unit une femme et une homme, pour ne l'avoir jamais connu encore. Mais elle avait envie, elle aussi de tenter cette expérience. Avec Ryouta.

L'adolescente fut tirée de ses pensées en sentant justement le sujet de ces dernières l'envelopper dans sa veste pour la réchauffer, avant de la serrer contre lui. Le parfum de Kise était désormais partout autour d'elle et Takara pouvait sentir les battements de son cœur s'accélérer d'avantage alors que le jeune homme enfouissait son nez dans son cou. Cependant, les frissons qui parcourait le corps de celui-ci et la teinte inquiétante de ses lèvres ne la trompèrent pas et la jeune fille trouva la force – malgré qu'elle était très bien ou elle était de son point de vue – de s'écarter de l'étreinte de Kise.

« Et toi tu es gelé enfin ! Ryouta, mets la veste, je vais bien je t'assure, mais toi tu vas vraiment tomber malade sinon et gravement. »

Elle ne lui laissa à vrai dire pas l'occasion de protester, se doutant qu'il allait faire son gentleman et refuser de prendre la veste – les hommes et leur complexe du héros qui doit se sacrifier pour la demoiselle en détresse, décidément elle comprendrait jamais. Takara déposa la veste sur les épaules de Kise, lui frictionnant les bras pour tenter de le réchauffer un peu. Si Ryouta attrapait de la fièvre, tout cela à cause d'elle – et de cette stupide montagne, aussi – la Kurokawa ne se le pardonnerait pas.

Sentant le froid la faire frissonner tout de même, surtout qu'elle était toujours en soutien-gorge vu que son haut n'avait pas vraiment séché, la jeune fille se blottit d'elle-même de nouveau contre Ryouta. Elle lui offrit un petit sourire au passage, tandis qu'elle posait sa tête contre sa poitrine et pouvait entendre ainsi les battements du cœur de Kise.

« Voilà, tu vois ? Tu me tiens bien assez chaud comme cela, alors garde la veste. Sinon je te frappe. » préviens-t-elle, bien que sa moue attendrie et se voulant rassurante trahissait facilement qu'elle ne mettrais pas sa menace à exécution.

Elle tourna la tête vers l'extérieur, regardant la pluie qui continuait de tomber.

« J'espère que ça va bientôt se calmer … il faut qu'on retrouve les autres, on ne peut pas rester là éternellement, d'autant plus avec nos vêtements humides. »

Au moins l'orage semblait s'éloigner, elle n'entendait plus le grondement du tonnerre depuis quelques minutes déjà. Avec un peu de chance – ce serait pas mal qu'elle tourne en leur faveur celle-là –, le soleil reviendrait d'ici peu et ils pourront tenter de sortir de leur cachette pour retrouver le groupe, ou même n'importe qui d'autres, au point ou ils en étaient, toute aide possible serait la bienvenue.

Ryouta & Taka

Doooonc. Si elle avait bien suivi tout ce qui s'était passé aujourd'hui et qu'elle avait correctement interprété les actes et les paroles de Kise – non parce qu'on sait jamais hein, peut-être que pour lui s'embrasser à pleine bouche ça veut dire autre chose hein, comme je sais pas moi « passe-moi le sel » (on comprendrait pas bien ce que du sel viendrait foutre dans la situation certes mais pourquoi pas après tout !) – Takara était désormais en couple. Elle avait un petit-ami – pas si petit vu qu'il mesure un mètre quatre-vingt-dix passé et … ouais je sais ma gueule.

A dix-sept ans, ça paraissait être une chose normale que d'avoir un amoureux pour une adolescente. La plupart des filles de son âge en avait également un et avaient même des ex-conquêtes dans leur palmarès. Certaines, plus nombreuses qu'elles ne l'avoueront d'ailleurs, avaient même déjà franchit le cap de la petite culotte – pour dire ça poétiquement même si en vrai je me rends compte que ça l'est pas du tout – et depuis un moment.

Cependant, Takara n'était pas à première vue exactement comme les adolescentes classiques. Son fort caractère, sa maladresse avec les autres et ses sentiments et son rejet par son premier béguin quand elle avait quatorze ans … tout ceci mélangé faisait que pour la jeune fille, l'amour et les hommes n'avaient jamais fait parti de ses priorités. On pouvait même dire que c'était carrément un des sujets qu'elle avait préféré enterré au fin fond de son esprit pour les laisser pourrir à jamais. Elle n'aurait donc jamais prévu que ce genre de choses viendraient se rappeler à son bon vouloir d'elles-mêmes et sortiraient de leur trou pour venir lui claquer dans la gueule.

« C'est facile à dire pour toi vu toutes les filles qui te courent après t'as déjà dû en avoir plein des copines, j'ai jamais embrassé un autre garçon avant moi ! » grommela Takara tandis que le blond lui pinçait gentiment le nez.

Mais au fond, ce n'était pas si mal. Si c'était avec Ryouta, elle voulait bien essayer, bien qu'elle n'avait aucune idée de comment une petite-amie était censée se comporter – et elle n'avait pas l'intention de changer totalement de comportement avec le blond pour autant, la Kurokawa n'allait certainement pas se transformer en jeune fille douce comme une peluche d'Hello Kitty, fallait pas rêver non plus.

Tirée de ses pensées par Ryouta, alors qu'elle était presque à somnoler paisiblement dans l'étreinte de ses bras, Takara constata qu'effectivement la pluie s'était presque arrêtée. Elle se releva donc, récupérant son haut trempé et son sac humide au passage, dans lequel elle fouilla.

« Attends, j'ai un t-shirt de rechange je crois. Il doit être un peu mouillé, mais ce sera mieux que rien. » souffla-t-elle tout en cherchant l'objet de ses désirs.

Elle finit par le débusquer et l'enfila prestement, n'ayant pas spécialement envie de déambuler en pleine montagne en brassière de sport, merci bien. Elle emboîta ensuite le pas à Kise, rougissant très légèrement quand ce dernier lui saisit la main, timide – mais faut pas le dire sinon elle tape – sur ce genre de choses. Et encore, là ils étaient seuls tous les deux, ça allait encore, mais en public ça allait être autre chose – ce qui sera sûrement très amusant à observer pour nous, spectateurs innocents ou presque.

La Kurokawa n'osait imaginer la réaction de ses proches quand ils apprendront la nouvelle. Moins de monde sera au courant, mieux ce sera d'après elle, mais connaissait Ryouta et son expansivité naturelle : il n'allait certainement pas pouvoir s'empêcher de lui sauter dessus dans la cour du lycée pour lui faire un câlin ou annoncer aux membres du club de basket qu'ils étaient ensemble désormais, avec un grand sourire en prime s'il vous plaît.

La demoiselle se figea soudain. Oh bon sang, il y avait un autre problème dans cette équation, et de taille en plus. Au moins un danger de niveau neuf sur son échelle de Richter personnelle.

« Tes fans vont me faire la peau … »

Une grimace déforma son sourire, tandis qu'un frisson la saisissait en imaginant les futures réactions plus que vives et agressives des admiratrices du mannequin quand elles découvriront également que c'est la foutue capitaine de l'équipe de basket féminine de Kaijou qui est la nouvelle conquête en date de Kise Ryouta. Elle avait intérêt à surveiller ses arrières si elle ne voulait pas mourir prématurément.

Enfin, avant de se faire tuer par des fans-girls rageuses, il faudrait déjà que les deux tourtereaux réussissent à sortir de cette montagne. Ils étaient toujours paumés aux dernières nouvelles et même s'il s'était passé beaucoup de choses et qu'ils ne risquaient certainement pas d'oublier cette journée, Takara aimerait bien pouvoir retrouver la civilisation avant de choper une pneumonie à force de se balader dans ses vêtements mouillés.

Alors qu'elle tournait la tête pour tenter de se repérer, elle avisa soudain du coin de l’œil ce qui était peut-être leur salut.

« Ryouta, regarde ! »

Elle attrapa le bras du blond et désigna du doigt ce qu'elle venait de trouver, à savoir un chemin de terre, un peu en contrebas de là ou ils se trouvaient. Semblerait que la chance était enfin en train de tourner pour les deux compagnons – pas trop tôt d'ailleurs, c'est qu'elle s'était fait désiré celle-là !

Ryouta & Taka

Bizarrement, ça lui faisait un peu plaisir de savoir que Kise n'avait pas eu autant de petites amies avant elle que ce qu'on pouvait s'imaginer. C'était assez … rassurant en fait. La jeune fille détourna les yeux en l'entendant parler de premier baiser préférant éviter de lui avouer que techniquement, c'était Stain qui avait son premier baiser – mais elle préférait ne pas compter ce regrettable incident dans ses expériences amoureuses.

Le fait qu'il se propose de la 'protéger' de ses admiratrices en furie la touchait aussi, même si elle n'avait pas besoin de se cacher derrière le blond pour se défendre face à ces folles dingues. La capitaine de Kaijou n'était pas une trouillarde et faisait toujours front face à l'adversité, même s'il s'agissait de psychopathes en chaleur. Le nouveau surnom cependant ne lui échappa pas et Takara releva vivement la tête, les joues un peu rosies.

« Ta … Takachi ? Mais arrête c'est embarrassant et si tu m’appelles comme ça devant tout le monde en plus … Tu dirais quoi si je t'appelais Ryou, moi ? »

Mauvais exemple, se rendit-elle compte juste après. Kise serait certainement ravi qu'elle emploi un diminutif avec lui.

Tandis qu'ils empruntaient le chemin, un poids s'ôta du cœur de la jeune fille en reconnaissant les beuglements familiers d'un de ses proches amis, Mitsuhiro. Ils les avait retrouvés ! Elle se laissa entraîner par Kise qui la tirait à sa suite et ils ne tardèrent en effet à rejoindre le basketteur pour rentrer au refuge en sa compagnie. La Kurokawa se sentit légèrement déçue que Ryouta ne lâche sa main mais en même temps, elle ne se sentait pas de hurler sur les toits dès maintenant qu'elle sortait avec le mannequin – de toutes manières elle n'avait nullement l'intention de le hurler ou que ce soit.

De toutes manières, pour l'heure la jeune fille était épuisée et frigorifiée. Pénétrant dans le gîte, elle laissa le soin à Mitsuhiro de prévenir les coachs qu'ils étaient enfin rentrés et d'aller dire à ceux qui actuellement les cherchait partout qu'ils étaient finalement revenus. Elle ne doutait pas qu'elle allait se faire incendier par Yukio et Batsheva par la suite et que Megumi ainsi que les autres filles de l'équipe risquaient de lui sauter dessus, mais pour le moment Takara désirait juste prendre une douche chaude et enfiler des vêtements propres. Et ensuite se blottir dans les bras de Ryouta et ne plus en bouger.

Profitant qu'ils se retrouvaient seuls dans le hall après qu'on leur ait prit leur sac et qu'on soit parti leur chercher des vêtements secs, Takara glissa un regard sur la silhouette de Kise. Son petit-ami donc … elle ne savait pas vraiment comment elle devait se comporter désormais. Déjà il était assez évident que la Kurokawa n'était pas une adepte des grandes démonstrations d'affection en public, car bien qu'elle soit une personne plutôt tactile, elle n'aimait pas attirer l'attention sur elle. Cependant, elle ne pouvait nier qu'elle avait envie de continuer à sentir la présence de Ryouta à ses côtés et de l'embrasser – car oui, elle y prenait goût mais plutôt se faire dévorer par les loups que de l'avouer !

L'adolescente chassa les pensées qui commençaient à tourner dans son esprit et se tourna vers Kise.

« Je vais prendre une douche … fais en de même et mets des vêtements secs avant d'attraper mal. »

Elle baissa les yeux, se mordilla la lèvre et jeta un regard aux alentours pour s'assurer que personne ne les regardait. Puis, attrapant Ryouta par la manche, elle se dressa sur la pointe des pieds et picora un timide baiser sur la commissure de ses lèvres, les joues brûlantes.

« A tout à l'heure... » marmonna-t-elle, la voix mal assurée.

Elle s'échappa ensuite vers les douches des filles, attrapant au passage les serviettes et vêtements propres que la propriétaire du refuge lui tendait, rouge pivoine. Une fois dans la salle de bain, la Kurokawa s'enferma dans la première cabine, ôta ses vêtements humides qu'elle balança au sol et se réfugia sous le jet d'eau brûlant, espérant calmer son cœur qui battait beaucoup trop vite à son goût, ce sale traître.

Propre et réchauffée, Takara finit par s'extraire à regret de la cabine. Elle enfila un un survêtement de sport un peu grand pour elle, le pantalon lui tombant sur les chevilles, ainsi qu'un t-shirt sec. Se frictionnant les cheveux avec une serviette, elle fit glisser celle-ci sur ses épaules et sortit de la salle de bain, sans trop savoir ce qu'elle voulait vraiment entre dormir et voir Ryouta …

La jeune fille se rendit dans la salle commune, constatant qu'il n'y avait personne. En revanche un agréable feu brûlait dans le cheminée. Tant mieux, elle souhaitait du calme pour le moment, pas une horde de gens pour l'engueuler et la questionner. Takara se laissa tomber sur un des canapés face à la cheminée, en soupirant, et ramena ses jambes contre elle. Drôle de journée tout de même … Tournant la  tête, elle constata qu'il y avait un sweat à côté d'elle, abandonné là et aux couleurs de Kaijo. Elle le prit entre ses mains et reconnu rapidement le vêtement.

« Ah, c'est celui de Ryouta … »

Il avait dû le poser là négligemment avant d'aller se laver et se changer. La jeune fille hésita, jeta quelques coups d'oeil autour pour vérifier que personne ne la regardait et apporta le sweat contre elle, respirant l'odeur encore imprégnée de pluie et du parfum de Kise.

Attendant de voir si le propriétaire de la veste allait revenir la chercher, Takara resta là, le sweat contre elle et assise en position foetale contre le dossier du canapé. Elle ferma les yeux, les paupières lourdes, juste pour quelques instants …

La seconde suivante, Takara dormait d'un sommeil encore léger cependant, le visage enfoui dans la veste de Ryouta pour masquer son sourire et l'expression paisible de son visage.