Turn Around. || PV Aomine.

   

Les murs blancs et l'odeur aseptisée. Un malaise grandissant dans cet espace clos qui voit mourir la vie humaine et en voit naître certaine. Si ce n'est ni pour la mort, ni pour la vie, cet endroit devient étouffant et ressasse les souvenirs récents qui vous condamne à l'enfermement. L'envie de fuir et de voir dehors encore une fois. Il y a des gens qui restent sagement entre les quatre murs, ne défiant pas les ordres de ces gens en blouse blanche et puis, il y a les autres. Ceux qui n'attendent qu'une ouverture pour fuir ne serait-ce qu'un instant, qui cherchent la liberté, mais aussi une bouchée d'air frais.

Depuis longtemps, les médecins de cet hôpital savaient que Kuraï Yuki était du genre à fuir dès que cela lui était possible. Cette irrépressible besoin de se sortir de cet enfer, mais le plâtre avait était un obstacle bien longtemps. Elle avait dû l'apprivoiser avant de pouvoir enfin bouger à peu près comme elle l'entendait. Une fuite est impossible si nous ne sommes pas un minimum maître de nos mouvements. Surtout lorsqu'il s'agit d'une jambe. Lorsque cela se fait, la réussite peut-être une option et c'est ce qui était arrivé plusieurs fois déjà. Les béquilles avaient été une grande aide également dans ses périples.

Dans ses escapades hors de l'hôpital, notre rouge avait rencontré une rose qu'elle connaissait de nom, mais aussi un bleuté qu'elle connaissait également de nom. Deux personnes du monde du basket. Deux personnes qui lui rappelait finalement ce qu'elle ne pouvait plus faire pour l'instant. Dans le fond, c'est aussi pour cela que la langue acerbe de la jeune fille se faisait plus entendre avec eux deux. Mais elle n'était pas mauvaise, juste blessée et enragée contre elle-même. Constamment de mauvaise humeur et ne voulant pas que les gens lui montre de la pitié, notre Yuki était vide quelque part, mais toujours vivante. Si le bleuté ne devait pas subir trop de méchanceté de sa part verbalement, c'est parce qu'il ne montrait pas de pitié. La rose en revanche, c'était autre chose. Elle était tout simplement trop collante et curieuse à son goût. Elle les enviait, mais ne les détestait pas.

Cependant, elle n'aurait plus le loisir de les croiser lors de ses escapades car il était temps. Le temps était venu pour l'ailier fort de sortir enfin de cet hôpital. Quasiment quatre mois d'enfermement parce qu'elle n'écoutait rien quand on lui disait que bouger était interdit. La liberté à nouveau, mais pas celle qu'aurait souhaité réellement la jeune fille. Non, elle aurait souhaité que tout ceci n'arrive jamais. Un soupir passait ses lèvres en y pensant alors qu'en sortant enfin de l'hôpital, sa tante l'attendait. Aucun sourire, aucun mot, elle lui était passé à côté sans rien dire, posant son sac dans le coffre de la voiture. C'est seulement une fois ceci fait, que sa voix fendait l'air silencieux ambiant.

« Rentre sans moi. »

Pas un mot de plus, n'écoutant pas les protestations de cette seule famille, la rouge était partit sans se retourner. Elle pouvait marcher, mais un oeil avisé pouvait largement voir un décalage entre sa jambe gauche et droite. D'ailleurs, la jeune fille ne pouvait pas se déplacer sans canne, ce qui était encore plus flagrant. Le droit de s'appuyer sur son genou lui était autorisé, mais la rééducation n'allait faire que commencer. Il lui faudrait probablement un an complet entre ses mois d'hospitalisation et sa rééducation avant de récupérer totalement ou autant que possible. Elle ne voulait cependant pas y penser pour l'instant. La ville s'offrait à ses yeux et rien ne pourrait l'empêcher d'en profiter. Elle avait besoin d'air.

Son chemin l'avait guidé jusqu'au abord d'un terrain de basket de rue. Comme toujours. Ce n'était pas étonnant de la retrouver là-bas, ses yeux vides regardant fixement ces arceaux qui l'appellait encore. Elle voulait jouer. Juste une fois. Mais la peur la paralysait déjà rien qu'à l'idée d'y poser un pied. Les blessures pourraient revenir. L'hôpital deviendrait son tombeau. Les médecins seraient à nouveau derrière elle, lui annonçant mauvaise nouvelle sur mauvaise nouvelle. Non. Elle n'y retournerait jamais, peu importe comment, elle ne voulait plus.
Brusquement, elle se laissait tomber au sol, s'asseyant dans l'herbe en face du terrain, ne bougeant plus. Néanmoins, elle avait fait attention à ne pas heurter son genou. Ce n'était pas le moment de se faire mal à nouveau ou se déplacer quelque chose.

Ses yeux fixaient alors, pendant un bon moment, le terrain face à elle. Déchirée entre l'envie d'y aller et la peur d'y tomber. Seulement, la peur est toujours plus forte que l'envie. Un long soupir passait à nouveau ses lèvres. Elle était fatiguée et ça ne faisait que commencer.