with Kurosaki san
Ce matin-là, je m'étais levée sans trainer au lit. J'avais violemment jeté la couette épaisse après m'être extirpée d'un pseudo-cauchemar, ou du rêve beaucoup trop irrationnel pour que ma conscience ne puisse réagir, et y mettre un terme.
Je saisissais mes cheveux ébouriffés et mes joues chaudes, bouleversé et honteuse, fixant mon reflet dans le miroir de ma chambre. De quoi j'avais l'air? Certainement pas d'une mannequin envié de toutes les filles du lycée ni même d'une simple belle femme si vous voulez mon avis...
Je haletais encore, reprenant lentement une respiration normale. J'avais bien cru m'étouffer durant mon sommeil.
Je soupirai.
Victoire!! Quel soulagement d'être éveillée ! Je ne voulais plus JAMAIS rêver de mon agent , plus jamais comme ça.
J'y repensais et regardais mon visage virer au rouge vif. Pourquoi ce rêve? Pourquoi lui?! Je le détestais tellement, et je le détestais encore plus pour ce maudit cauchemar.
C'était décidé, je n'allais pas être plus aimable que d'habitude à notre prochain rendez-vous. J'allais même être exécrable. That's what you'll get for bothering me in my dreams, asshole...
Quittant les draps, je filais prendre une douche rapide pour me débarbouiller, et oublier ce qui avait perturbé mon réveil.
Jour de repos pour moi, ensoleillée, calme, j'allais enfin pouvoir me reposer un peu, et revasser sur ma premiere semaine passé au lycée privée Kaijou.
Tandis que l'eau chaude ruisselait sur mon corps, je fermais les yeux, sentant mes épaules frémir de plaisir , et mes cheveux s'alourdir, progressivement.
C'était parti pour une petite séance de soin du corps et cheveux. Car oui, une beauté, ça s'entretient.
Enfin...
J'aurai bien aimé pouvoir l'entretenir à ce moment-là. Je l'aurai fais si je n'avais pas entendu des bruits étranges provenant du rez-de-chaussé.
Je reposais le shampoing ou je l'avais pris, continuant de prendre soin de mon corps comme si de rien était.
Mon père n'était pas rentré hier soir. Ça lui était arrivé souvent cette semaine, en fait cela faisait déja trois soirs d'affilé. J'en arrivais à me demander si par hasard, il ne verrait pas quelqu'un. Je n'avais pas vu mon père avec une femme depuis presque un an déja. Depuis qu'il avait quitté ma mère en fait. Et cette histoire de disparition soudaine, sans donner de nouvelles, m'inquiétaient un peu.
Rinçant ma crinière avant d'attaquer avec le second shampoing, je serrais les dents. Mon père avait-il trouvé une autre femme? Allais-je devoir la supporter ? Est-ce qu'il me laisserait tomber pour elle? Comment ma mère allait-elle le prendre?
Je rinçais de nouveau mes cheveux, plus frénétiquement cette fois. J'entendais de nouveau des sons suspects , puis des voix que je ne pouvais reconnaitre, mit à part celle de mon père.
Reduisant le jet d'eau tout en frottant délicatement ma peau, je tentais d'écouter cette conversation.Une autre voix masculine. Peut-être un de mes oncles, ou un ami.
Je revenais rapidement sur cette conclusion quand cet homme haussa le ton. Personne ne parlait de la sorte à mon père. Et aussitôt, mon cœur fit un bond.
Je me rinçais et me hâtais pour sortir de la douche, me sécher, et m'habiller.
Prise de panique, et intrigué, je ne mis que peu de temps pour sortir de ma salle de bains et emprunter les escaliers qui menait l'étage du dessous.
Du haut des marches, j'observais silencieusement la scène.
Un, deux... Trois... Quatre.
Quatre hommes en noir, droit comme la justice. Leurs visages étaient à la fois stoïques et sévères, et leurs allures ne me dirent rien qui vaille.
Je m'accroupissais derrière la rambarde, continuant de les épier.
_
Higurashi... , soufflait l'un d'entre eux, qui semblait être le leader de cette bande.
Les dettes de ta boîte ne vont pas se rembourser toutes seules... Tu veux que je te rappelle combien de millions de yen que vous nous avez emprunté?...Mon père restait lui même insensible et silencieux, tandis que son interlocuteur reprenait, après avoir laché un long soupir d'exaspération.
_
Si vous ne remboursez pas rapidement... Il va falloir que l'on trouve une solution... Je t'en propose une...Ma respiration saccadait de plus en plus. Inutile de faire l'ignorante, n'importe qui aurait pu deviner ce qu'il se passait. La société de mon père était dans de beaux draps. Nous, les Higurashi, riches et puissants comme pas permis, avions sollicités "l'aide" des yakuza. Je ne voulais pas y croire. Je jaugeais mon père du regard, déçue et perdue à la fois. Qu'allions-nous faire?
_
... Ta fille est là, Higurashi?...Je tressaillais, et remarquais que mon père fit de même. Il se leva brusquement, reversant son siège, et fixait, tendu, le chef de bande qui lui riait presque au nez.
_
J'ai entendu dire qu'elle étudiait à Kaijo... Et qu'elle avait repris doucement sa carrière de mannequin.L'homme lui lança un regard provocateur, que mon père n'hésitait pas à lui rendre. L'espace d'un instant, je ne sentais plus mon pouls. Le silence de mon géniteur... Cette expression si grave sur son visage, je ne l'avais jamais vu. À vrai dire, j'évitai systématiquement son regard lorsqu'il me sermonnait, de peur de me sentir plus mal encore.
J'aurai juré, à ce moment, que ces yeux pouvaient tuer, si bien que je préférai me concentrer sur sa"victime", qui elle, l'observait sans crainte. Presque de l'inconscience, si vous voulez mon avis. Et ce sourire moqueur qui déformait ses lèvres confirmait son ignorance, et sa témérité. A moins que ce ne soit lui le véritable danger...
_
Je n'ai pas besoin de te dire que ce serait dommage que ta propre fille rembourse pour toi... A toi de voir. Tu allonges les billets, ou elle le fera pour toi.Mon père baissait la tête, serrant les poings. Moi-même, je serrais dans mes mains la fermeture à glissière de mon gilet, nerveusement, et si fort que j'en tremblais.
Tout l'argent que je gagnais allait leur revenir, pendant des années, je n'allais pas pouvoir gagner ma vie avant un bon moment, voire peut être jamais. Sur le moment, abandonner les cours et reprendre ma carrière d'actrice me semblait être une bonne décision pour aider mon père à s'acquitter de cette dette.
Je soufflais, reprenant mon calme.
Je tentais de remonter les escaliers discrètement, ne désirant qu'une chose, me faire oublier un moment et me cacher quelque part avant que ces types-là ne me suivent. Mais mon propre corps me trahit.
Une goutte d'eau perlait sur une mèche de mes cheveux, puis la quittait, se précipitant dans le vide pour finalement tomber sur le crâne d'un des hommes en noir. Il tressaillit, relevant la tête curieusement vers les marches; et je me précipitai vers ma chambre sans faire de bruit.
Pas le temps de me retourner. Je saisissais mes chaussures de sport et mon sac de cours, puis ouvrait la fenêtre pour y grimper. Je sautais à une arbre, m'agrippant comme je pouvais, puis glissait lentement pour enfin sauter, et atterrir en roulade sur le sol.
_
Où est-ce que je vais aller..., murmurai je en enfilant mes baskets tout en les lassant nerveusement.
Où est-ce qu'on ne pourrait pas me retrouver... Je ne peux pas trainer aux alentours du lycée...J'ouvrai mon sac et saisissais mon porte-monnaie, verrifiant si j'avais de quoi voyager.
_
Bon.. J'ai assez pour me barrer de Yokohama...Je refermais mon sac, puis observais les alentours. Pas d'autres hommes en noir autour de la maison, jusque quelques-uns à l'entré. Je passais donc par l'arrière du jardin, balançais mes affaires au de la haie, puis, prenais mon élan pour sauter et grimper au-dessus de la clôture. Reprenant mes affaires une fois arrivées de l'autre côté, je pressais le pas en direction de la station de Yokohama pour prendre le Tokaido.
Jusqu'ici, la routine. Je faisais souvent des aller-retour à Tokyo pour rendre visite à mon amie Abe, et trainer autour du lycée Tôô, lycée dans lequel j'aurai aimé entrer dès le départ, au lieu de souffrir presque un an à Kirisaki Dai Ichi.
Une fois dans le train, je sortais mon portable.
"Je sais qu'on est dimanche, et qu'aujourd'hui, tu devais rentrer de ton week-end passé à Osaka. Comment vont Hasegawa et Takahashi? Salue-les de ma part; Au fait, tu sort toujours avec cet imbécile de Nakagawa? Laisse le tomber, merde. Tu mérite mieux que ça, et je te connais, tu ne tiendras pas une semaine de plus avec lui... Bref.
Je ne t'ai pas contacté pour parler de banalité. J'ai besoin de te voir, aujourd'hui. Dis-moi quand tu rentres, s'il te plait... C'est urgent."Le message envoyé, je relevais la tête, et soupirai. Où allais-je bien pouvoir passer ma journée sans elle?
Ce jour-là, ça n'aurai servi à rien de trainer devant Tôô. Il n'y aurait personne.Ce jour-là, ça n'aurait servi à rien de trainer devant Tôô. Si les yakuzas se mettaient à me chercher, il n'aurait aucun mal à me trouver en ville. Dans n'importe quelle ville d'ailleurs.
Je jetais mon sac au sol, etouffant un juron grossier. Je passais mes doigts dans mes cheveux encore humides. J'avais besoin de me défouler, et d'y voir plus clair. De trouver une solution rapidement après avoir chassé tout les doutes qui polluaient mon esprit.
_
J'ai besoin de jouer...Un parc, un terrain, voilà ce qu'il me fallait. Un bon petit entrainement de basket me ferait le plus grand bien ...Seulement...
_
Ah!!! La conne !, sifflai-je entre les dents.
Le ballon!... Putain!...Je pestais contre moi-même. Si seulement j'y avais pensé.
Je reprenais mon sac, m'apprêtant à sortir au prochain arrêt. Meme sans ballon, je me sentirai mieux près d'un terrain. J'espérai tout de même que cette fois-ci, je ne croiserai pas Mizuki. J'avais bien assez de problèmes ce dimanche-là. Pas besoin d'en rajouter.
Sortant du train, quittant la station de Tokyo, je refermais mon gilet et mettais ma capuche, et mes lunettes de soleil, espérant qu'avec tout ça, personne ne me reconnaitrais dans la rue. Même si, je le savais, certain y parviendraient quand même. Pas facile quand on fait une tête de plus que tout le monde.
C'est ce que j'appréciais quand je trainai avec la plupart des basketteurs de mon lycée. Je ne me sentais plus "géante". Je pouvais presque me fondre dans la masse, c'était plaisant.
En parlant de basketteurs, en voilà. J'arrivais finalement près du terrain, où un groupe d'hommes jouaient en équipe. Je m'arrêtai dans le parc, m'asseyant à même le sol tout en laissant tomber mon sac de mon épaule, puis, soupirai de soulagement tout en les regardant jouer.
J'étais si bien, loin de chez moi.
J'allais m'affaler sur le gazon, un sourire aux lèvres, quand de loin, je reconnus un visage.
Une fille, d'une taille franchement injuste, mais au visage peu banal. De beaux cheveux rougeoyants, comme je les aime, soupe et coloré. Une allure qui ne m'est pas inconnue, et une présence étonnament imposante.
J'avais déja vu cette fille-là, à maintes reprises, à la sortie du lycée Tôô quand j'attendais mon amie. Le monde et si petit. Je m'appuyais sur les coudes, l'observant toujours de loin à travers mes lunettes de soleil, tout en suivant le "match" de basket qui se déroulait entre nous.