[GoT] "I want to be with you right now." || Takara Stark

Stark Wife & Stark Husband

La main d'une pâleur hivernale de la jeune femme s'égara dans le pelage noir de nuit de l'animal couché contre elle. « Hati … toi aussi, ta moitié d'âme te manque, n'est-ce pas ? »

Un doux grognement lui répond et l'épouse esseulée vint se blottir plus près contre le corps puissant et chaud du loup géant, tandis qu'elle enfouissait son visage dans son cou et inspirait l'odeur qui se dégageait du pelage satiné de la bête monstrueuse, capable de déchiqueter même le plus massif des hommes en deux d'un simple coup de crocs. Elle ferma les yeux et pouvait presque voir alors danser devant ses paupières fermées les bois enneigés et les pins figés dans la glace éternelle de l'hiver qui se dressent face à la nuit noir et la lune pleine, que lui évoquait cette fragrance.

Assise à même le sol dans l'herbe humide, Takara Stark était venue chercher comme bien souvent refuge dans le Bois Sacré, guettant auprès des Dieux à qui elle adressait ses vœux un signe qui lui permettrait de savoir si enfin son époux parti en guerre lui reviendra bientôt.

Elle ne permettait qu'à son loup géant de l'accompagner dans son recueillement silencieux, s'échappant quelques heures uniquement lorsqu'elle était certaine que ses jeunes enfants dormaient profondément et qu'aucune urgence ne nécessitait sa présence. Hati était le seul être à l'accompagner où qu'elle aille, le loup géant  se languissant également de l'absence de son frère, Sköll le loup blanc, parti combattre aux côtés de Yukio. Il veillait donc sur Takara, son humaine, et attendait en rongeant sa patience tout comme elle le retour des êtres désirés.

« L'Hiver vient... »

Le murmure lui avait échappé et déjà s'envolait avec les vents vers le lointain, sans qu'elle n'en ai conscience. Takara rouvrit les yeux et se redressa, mue d'un soudain élan. Hati l'imita, la tête tournée vers le château et le donjon principal. Un grognement s'échappa d'entre ses crocs et la jeune femme sentit son cœur s'accélérer brusquement. Se pourrait-il que … ?

Lorsqu'elle entendit des vois crier son nom et que Hati bondit sans même l'attendre au devant des visiteurs alors que tous savaient que personne ne devait déranger Lady Stark lorsqu'elle venait rêver sous le feuillage du barral, Takara sût que son instinct avait eu raison et que ses prières avaient été entendue. Finalement.

Elle courut, se fichant éperdument qu'elle était nues-pieds et ne portait qu'une robe trop légère et simple, bien loin de la dignité que la représentante de la Maison Stark se devait d'afficher en public – place où elle n'était pas à l'heure qu'il est, assurément. La jeune femme avait toujours été une sauvageonne rebelle dans l'âme qui, si elle avait épousé Yukio avec plaisir et acceptait de jouer son rôle d'épouse de bonne grâce en se pliant au protocole, ne s'était pas disciplinée au point de se comporter en véritable princesse et appréciait d'avoir encore ses heures de liberté pour se comporter comme l'enfant des bois casse-cou qu'elle avait été, même maintenant qu'elle était femme adulte et mère. Elle était une Reine Louve du Nord après tout, pas une petite duchesse du Sud.

Peu lui importait de ce fait, plus encore aujourd'hui. Elle voulait simplement voir Yukio, qu'on la laisse voir son époux. Ignorant donc les mots de ses servantes qui la mettaient en garde quant à l'état du Stark, elle pénétra aveuglément dans leur chambre et s'avança droit vers l'homme qui l'y attendait et qu'elle n'avait vu depuis bien trop longtemps à son goût.

La claque furieuse qu'elle lui asséna sur la joue résonna dans le silence stupéfait et même religieux de la pièce. Le tempérament de feu de la jeune femme n'était un secret pour personne, mais elle venait assurément de stupéfier tout le monde. Un grognement d'avertissement du loup l'accompagnant suivi d'ailleurs pour que les indésirables sortent et laissent les époux à leurs retrouvailles tant désirées – « Haine » ne s'appelait pas ainsi pour rien après tout.

« As-tu seulement la moindre idée de la torture que tu m'as infligée jour après jour ? Je passais mes nuits à cauchemarder sur ton corps en lambeaux, quelque part ou je n'aurais jamais pu te retrouver et mes journées à rassurer tes enfants demandant de tes nouvelles, que je n'avais pas ! »

La voix de Takara était vibrante de toutes les émotions confuses qui l'assaillaient. Peur, soulagement, colère, tristesse, joie … c'était un pêle-mêle invraisemblable. Et elle se fichait éperdument que les codes voulaient qu'elle vouvoie son entourage, même son mari. Elle ne les avait jamais vraiment respecté, ce n'était certainement pas pour commencer aujourd'hui. Mais l'adrénaline retomba bien vite quand elle remarqua finalement l'état de son époux, blessé et ensanglanté.

Leur cœur de la jeune femme manqua un battement, puis un second alors qu'elle perdait son regard sur le corps de l'homme qui partageait sa couche et sa vie.

« Oh par les Dieux... Yukio... »

Les mots s'étranglent dans sa gorge serrée, ses lèvres refusent de laisser filer le moindre son. Ses yeux s'emplissent de larmes, odieuses perles d'eau qui lui brouillaient la vue. Takara se laissa tomber à genoux devant son époux mutilé.

Tendrement, elle prit sa main blessée dans les siennes et commença à ôter les bandages grossiers qui enfermait le moignon, avec toute la délicatesse dont elle était capable. Son cœur était au bord de ses lèvres alors qu'elle fixait le sang presque noir qui couvrait la main de son époux et venait également tâcher ses doigts. Cependant elle ne trembla nullement et ne détourna le regard à aucun moment. Elle était une Stark. Elle avait gardée la tête haute en l'absence de son mari pour garder Winterfell à l'abri des inconscients qui avaient tenté de semer le trouble en sa citadelle, protégeant les siens et sa famille avec la hargne d'une louve alpha – ce qu'elle était après tout.

Le bandage souillé tomba au sol. Takara prit sur elle pour ne pas éclater en sanglot en voyant l'état du membre de son époux, cette main qui autrefois l'avait touché en des endroits intimes et lui procurait des frissons de plaisirs, ou bien venait caresser son visage pour la rassurer avec tendresse lorsque les peurs enfouies venaient la taquiner. Cette main n'était plus qu'un moignon de chaire sanglant. Mais elle ne pleurait pas. Tant que tout les Lannister ne seront pas tombés et qu'elle n'aura pas dansé sur leurs cadavres défigurés qu'elle donnera en pâture aux corbeaux et aux loups, la jeune épouse Stark resterait digne et fière et ne leur fera pas le plaisir de s'effondrer en sanglots sur le sol comme une vulgaire petite fille dorlotée.

C'est donc un sourire tendre et amoureux qu'elle offrit à Yukio, malgré son regard brouillé par quelques larmes, à la fois de joie de le revoir en vie et de chagrin, qu'elle se refusait à laisser tomber et courir sur ses joues. Puis, délicatement, la jeune femme se pencha en avant et posa ses lèvres sur la main amputée et ensanglantée pour l'embrasser. Peu lui important le sang, les relents de fer qui lui donnait la nausée et la sensation de l'os encore à nue sous ses lèvres qui se coloraient d'un rouge carmin alors que le liquide les éclaboussait.

Peu lui importait car c'était la main de l'homme qu'elle aimait, et il était en vie. C'était l'essentiel à ses yeux.

« Bon retour à la maison. »

Elle ne laisserait pas les Lannister tout détruire. Elle porterai Winterfell et les Starks sur ses frêles épaules, si c'est donc ce que les Dieux veulent. Jamais elle n'abandonnerai Yukio et ses enfants, plutôt mourir. La tête haute et les crocs découverts.

HRP:

Stark Wife & Stark Husband

Lorsqu'elle fermait les yeux et se tournait vers le passé pour savourer ces souvenirs heureux qui n'appartenaient qu'à eux, tout ce que Takara voyait, au-delà de répugnance et la méfiance qu'elle inspirait, c'était les sourires de Yukio et leurs rires d'enfant qui résonnaient contre ses oreilles...

« Yukio, viens dépêches-toi ! »

Une bâtarde, rien de moins, rien de plus. Voilà ce qu'était Takara Stark, née Snow. Fille d'un chevalier banneret de la Maison du Loup et d'une vulgaire sauvageonne venue de l'Au-Delà du Mur, une femme méprisée tout juste bonne à écarter les cuisses et à préparer ses potions d'herboriste. Rien ne destinait cette enfant née lors d'une tempête de neige et vivant à la lisière du Bois-aux-Loups en compagnie de sa sorcière de mère à devenir Lady Stark, épouse de Yukio, le jeune héritier prodige. Et pourtant.

L'amitié qui les liait depuis leur tendre enfance avait toujours été vue d'un mauvais œil, bien que le précédent seigneur de Winterfell, défunt père de son époux, s'était toujours montré relativement clément pour la fille sauvage et sa diablesse de mère qui avait sût prouver sa fidélité à la maison Stark avec ses remèdes à base de plantes qu'elle usait pour guérir les blessures récoltées par les jeunes fils de la Maison et les maux des vassal du seigneur du Nord.

Takara cependant, était pour tout le monde une enfant bien trop étrange et inquiétante de par sa simple existence. Si elle avait gagné le respect de ses sujets en grandissant et en prouvant son aptitude à régner en tant que femme de Stark, autrefois on murmurait des « bâtarde sauvage » et « fille maudite du Grand Froid » sur son passage.

Yukio avait toujours été le seul à ne jamais prêter attention à ce qui se disait, trouvant même agréable le caractère de la sauvageonne qui ne ressemblait à aucune autre fille de sa connaissance et faisait à l'époque une compagne de jeu des plus intéressantes. Takara avait répondu à cette amitié, la seule qu'on lui offrait, en développant pour le jeune Stark des sentiments d'une puissance incroyable et inégalée, toujours agrippée à lui et veillant, de près ou de loin, sur le jeune seigneur.

La jeune louve était par ailleurs d'une possessivité jalouse et surprotectrice – cela avait d'ailleurs atteint son paroxysme lors de leur adolescence et l'éveil respective de leurs sens ; plus d'une fois Takara avait du courir se réfugier dans les bois et se mordre jusqu'au sang pour s'éviter de tuer de ses mains les filles de nobles qui tournaient autour du jeune homme attirant qu'était devenu Yukio en grandissant, rongée secrètement par la haine et la détresse de voir ces femmes de sang bien plus pur que le sien s'approcher de celui qu'elle avait choisi depuis le premier jour pour être son loup alpha.

Ses craintes de voir Yukio s'éloigner s'étaient calmées du jour où il l'avait défloré et avait déclaré qu'il ferait d'elle sa femme. Et il l'avait fait, malgré les vives protestations des effarés de voir leur jeune seigneur Stark prendre une vulgaire bâtarde pour épouse.

Mais l'heure n'était plus aux souvenirs, aussi chaleureux et doux soient-ils.


Elle sentait le sang glisser sur ses lèvres froides tandis qu'elle embrassait la main de Yukio, le goût du fer dans sa bouche et le grondement sourd de Hati qui résonnait contre ses oreilles et faisait écho à sa propre rage en voyant ce que les Lannister avaient osé faire à sa moitié. Les lions payeront. Pas un seul d'entre eux échapperait à la colère dévastatrice de la louve alpha du Nord.

Mais plus tard. Vengeance viendrait à qui sait l'attendre et la préparer en silence. Pour l'heure, Takara voulait simplement soigner son époux et repaître ses yeux de cette vision tant attendue, celle du mari attendu enfin revenu à sa place, parmi les siens. Yukio était enfin de retour, plus question de le lâcher désormais, elle refusait de le quitter des yeux, ne serait-ce que pour une heure. Un chuchotement lui échappa sous l'émotion des retrouvailles :

« Tu m'as tant manqué, si tu savais... »

La douleur lui serra le cœur alors qu'elle levait les yeux vers son époux, imaginant sans avoir besoin de se forcer le sort réservé aux autres Stark. Elle voudrait tant rassurer Yukio, lui dire que ce n'est pas sa faute, qu'il a fait ce qu'il fallait et même, qu'elle se fichait du sort du reste du monde entier, du moment que lui était en vie c'était tout ce qui l'importait. Elle voudrait oui, mais les mots se bloquent dans sa gorge et refusent de franchir le seuil de ses lèvres entachées de gouttes carmin.

Tout ce que Takara pouvait faire, c'était poser sa main sur la joue de son mari, tentant de faire passer à travers cette simple caresse tout l'amour et la tendresse qu'il lui inspire. Cependant à l'entente de sa dernière phrase, les yeux de la Stark se durcir de colère et elle suspendit son geste. Elle ne fut pas la seule à réagir ; le loup blanc qui suivait le jeune homme comme son ombre ou qu'il aille, frère de meute de son Hati, sauta sur le lit grondant furieusement entre ses crocs.

La jeune femme contourna le lit et vint s'asseoir dessus se plaçant aux côtés de Yukio, forcé de rester en position allongée par le direwolf. D'autorité, elle se pencha par-dessus son corps et posa ses mains sur ses joues, le forçant à la regarder dans les yeux. Sa peau était brûlante, certainement à cause de la fièvre que le lait de pavot calmait pourtant.

« Je t'interdis, tu m'entends, de redire une chose pareille, jamais. Sinon je te promets que la claque que je te réserve t'en fera jusqu'à regretter d'avoir quitté les champs de bataille. Yukio, tu es un Stark, ne l'oublie jamais. Tu es plus digne de ce titre que quiconque et ton père, ainsi que tes frères, les Dieux aient leurs âmes, seraient fiers de toi, j'en suis persuadée. »

''Tu l'es plus que je ne le serai jamais...'' se retint d'ajouter Takara, la conscience de n'être qu'une bâtarde sans nom ni titre restant enfouie au fond d'elle. C'était Yukio qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui ; sans lui, sans son amour, elle serait toujours la petite fille Snow dont personne ne veut et que tout le monde évite comme la peste.

Achevant de se pencher vers lui, Takara colla son front contre celui de Yukio. Sa peau à elle était fraîche d'avoir passé la journée à l'extérieur, contre la chaleur brûlante que dégageait le corps de son mari et qui réveillait en elle toute sorte d'émotion de le sentir si proche et d'inspirer son parfum. Sa main écarta les pans de sa chemise de toile et se posa sur sa poitrine pour sentir les doux battements de son cœur, mélodie si rassurante et apaisante à ses oreilles.

« Tu sens comme il bat fort encore ? » elle prit la main de Yukio et vint la placer à son tour contre son sein gauche. « Et le mien bat aussi. Nous ne sommes pas morts, Yukio. Tu as survécu, alors relève-toi mon fier loup, plante tes crocs et déchire. »

Elle avait une furieuse envie de l'embrasser et de s'allonger contre lui, maintenant, pour ne plus bouger de cette place dans ses bras qui n'appartenait qu'à elle – qu'une autre femme essaie seulement de ne serait-ce que sourire à son mari et Takara montrait les crocs et envoyait Hati effrayer la malvenue sans la moindre honte pour son comportement puéril et indigne d'une vraie dame. Cependant elle réfréna ses désirs de sentir son corps contre le sien, se concentrant sur l'état de Yukio. Sa main nécessitait des bandages propres et la plaie avait besoin d'être de nouveau désinfecté.

La jeune femme appela une servante et lui demanda de lui apporter une bassine d'eau chaude et des serviettes propres, ainsi que le nécessaire pour s'occuper des blessures de son époux. De nouveaux seuls, elle se retourna vers ce denier et lui planta un doigt sur le torse.

« J'ose espérer que tu ne me caches pas d'autres blessures, simplement pour préserver ta fichue fierté. Je te connais, ne l'oublies pas. Dois-je donc te mettre nu de force et examiner ton corps moi-même, ou bien vas-tu te laisser soigner sans émettre de protestations ? »

Aussi débordante d'amour soit-elle à l'égard de Yukio, la louve du Nord n'avait rien perdu de son caractère difficile qui faisait frémir même les seigneurs des terres voisines.

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« Tu n'es pas comme eux. Tu ne le sera jamais. Ne l'oublies pas surtout. »

Les mots de sa mère résonnaient parfois encore en elle quand Takara prenait le temps de se tourner vers le passé, chose qu'elle avait souvent fait ces dernières semaines interminables, alors qu'elle guettait le retour de Yukio auprès d'elle et s'éloignant de Winterfell pour adresser ses vœux au vent et à la terre, accompagnée dans ses longues ballades d'exil par Hati, le direwolf au pelage de nuit et aux crocs luisants comme la lune la suivant toujours comme son ombre.

Elle les avait entendu souvent, ces mots. Sans toujours les comprendre. Différente oui elle le savait. Parce qu'elle était une bâtarde, une sang-mêlée, un déchet qui aurait mieux fait de ne jamais voir le jour. Oui, mais pas seulement. Il y avait autre chose qui faisait qu'elle était si « spéciale » comme se plaisait à répéter sa génitrice chaque fois que la turbulente gamine qu'elle était venait traîner dans ses pattes et lui posait mille et une question. Celle qui revenait le plus souvent était d'ailleurs la fameuse ; « pourquoi personne ne m'aime ? », posée d'un ton doux et innocent. Elle n'avait jamais souffert de la solitude … jusqu'à rencontré Yukio et devenir dépendant de la présence du jeune Stark.

Son amitié avec Yukio lui avait apporté, paradoxalement, ses plus grandes joies et ses plus grandes peines. L'enfant sauvage était devenue plus « humaine » au contact du jeune seigneur et avait de ce fait expérimenté grâce – et  à cause – de lui des émotions qu'elle n'aurait jamais doute jamais découvert si elle était restée à jouer les louves solitaires dans sa forêt. L'amour, la peur, l'attente … la jalousie. Tout un kaléidoscope de sentiments, que seul sa moitié Stark pouvait lui inspirer.

Et attendant, elle n'avait jamais oublié qu'elle était différente. C'était là, enfoui au fond d'elle. Cet étrange sixième sens animal, cette voix dans sa tête qui toujours l'avait mise en garde ou prévenu lorsqu'un danger survenait, guidant parfois ses actes et ses pas. C'était ainsi qu'elle avait sut, des années plus tôt, que Yukio courrait un danger et qu'il allait mourir. Comment le sût-elle, pourquoi … tout cela importait peu au final. L'essentiel était que son ami avait survécu et qu'elle était arrivée à temps. Même le fait d'avoir été chassée et traitée de monstre et de sorcière ne l'émouvait guère, habituée au rejet de ses pairs. Elle avait eu trop peur de perdre son unique ami pour se soucier du reste.

Et aujourd'hui encore, Takara avait bien crû perdre Yukio. Le soulagement et la joie qu'elle ressentait à pouvoir entendre les battements de son cœur et sentir son parfum étaient indescriptibles. La jeune femme senti son cœur vaciller alors que les bras de son époux se referment sur elle et qu'il blottit sa tête contre son ventre. Les larmes menacent de couler également sur son visage en écoutant les sanglots quémandant son pardon de Yukio. La mariée Stark se pressa d'avantage contre ce dernier, ses mains pâles caressant les cheveux de son époux et son visage pour tenter de l’apaiser avec tendresse et amour.

« Chut. Tout va bien Yukio. Tu es chez toi désormais. » murmura-t-elle contre son oreille. « Je ne te laisserai plus t'éloigner de moi mon amour, jamais. »

Elle posa ses lèvres sur la joue de Yukio, embrassant ses pommettes et récoltant entre ses lèvres entrouvertes les perles d'eau salées qui débordent de ses yeux, cherchant à chasser sa tristesse. Sa colère et sa peur se sont envolées, ne laissant que son cœur débordant d'amour à l'égard de cet homme, son fier loup du Nord.

Néanmoins, elle n'en oublie pas que son époux est blessé. Et bien qu'elle ai une furieuse envie de se laisser aller à ses bas instincts dans les draps, Takara se retint. Yukio a besoin de soins … Cependant, elle ne pouvait lui refuser un peu de repos. D'autant que dormir à l'abri et dans un véritable lit fera tout autant de bien au Stark pour se remettre de ses maux, après tant de semaines passées en campagne. D’autant qu'elle aussi brûlait d'envie de se blottir contre Yukio et d'oublier leurs soucis, ne serait-ce que pour un bref intervalle.

« Bien… mais seulement quelques heures alors. Ne crois pas que tu échapperas à ces soins ou a un bain. Et si la fièvre monte ou que tes plaies te font trop souffrir, tu me le dis immédiatement. »

De toutes manières, elle allait veiller jalousement sur la santé de son époux toute la nuit, ce qui faisait que même si sa fierté à lui l'empêchait d'avouer ses souffrances, elle les devinerait aisément rien qu'en l'observant. Elle le connaissait depuis suffisamment d'années pour savoir lire à travers l'expression de son regard et les traits de son visage. Qui plus est, Hati et Sköll veillaient également sur leurs moitiés humaines, couchés l'un contre l'autre sur le tapis de fourrure au pied du lit.

Takara vint s'allonger contre Yukio, enfouissant son nez dans le cou de son mari et passant ses bras autour de son corps, veillant toutefois à ne pas toucher ses pansements grossiers. Il sentait encore le sang et la sueur, mais c'était un parfum agréable pour la sauvageonne qui ne désirait rien de plus que de se repaître de sa présence à ses côtés.

La pièce était plongée dans le noir. Pourtant Takara ne dormait guère, occupée à écouter la respiration de Yukio et à le contempler en silence sans pouvoir s'en lasser. Elle laissa sa main s'égarer sur son torse en quelques caresses aérienne, craignant de le réveiller, bien qu'elle ne savait s'il dormait réellement. Un murmure, presque un soupir, lui échappa ;

« Si tu savais comme j'ai eu peur … Tu es décidément bien le seul capable de me ravir et de me déchirer le cœur à la fois. »

Elle ignorait s'il l'avait entendu. Depuis qu'elle le connaissait – tant d'années qu'elle avait l'impression d'avoir passé l'intégralité de sa vie à ses côtés – elle avait éprouvé et vécut tant de choses aux côtés de Yukio …

L'amour qu'elle ressentait pour lui était si puissant qu'il lui faisait mal et elle nourrissait pour son mari une passion brûlante qui avait bien faillit la dévorer plusieurs fois, comme à cette époque de leur adolescence ou elle était consciente de ses sentiments, mais ne pouvait toutefois prétendre à sa place de future femme. Une bâtarde n'avait rien à faire avec un fils de seigneur après tout.

Elle était une Snow, Yukio un Stark. Cela se passait d'explications à l'époque.

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Stupidité sans nom, imbécilités d'humains … telles étaient les pensées qui traversaient l'esprit bouillonnant de jalousie d'une Takara de seize ans – créature intéressante que voilà, entre femme et enfant, entre louveteau à peine sevré et louve, a la crinière de fauve et les yeux de bête sauvage, aussi indomptable et à l'humeur changeante que l'Hiver.

Plus loin, dans l'enceinte du château des Stark la fête en l'honneur de l'anniversaire de Yukio. Le Stark était maintenant considéré comme un adulte et de ce fait, était en âge de trouver une épouse, d'où l'intérêt apparemment de faire venir la moitié des seigneurs des maisons adjacentes au Roi du Nord et leurs filles. Takara sentit un frisson de dégoût la traverser. Elle détestait tout cela. Elle détestait l'idée que d'autres femmes aient ne serait-ce que l'audace de poser les yeux sur son ami. Pourquoi était-elle aussi surprotectrice et montrait-elle les crocs dès qu'une autre s'approchait de Yukio, elle l'ignorait elle même. Peu importe, c'était ainsi et Takara rageait en silence, seule dans son coin. Une bâtarde n'avait rien à faire au château après tout, le Roi Stark était déjà suffisamment conciliant avec elle pour la laisser déambuler à sa guise dans les environs et la ville d'hiver.

Un grondement souleva la poitrine de Takara alors qu'elle imaginait ces filles de seigneur – qui étaient et seront toujours bien supérieures à elle, petite Snow qu'elle était – au bras de son ami, reprit en cœur par les deux bêtes couchées chacune contre ses flancs dans la paille propre. Réfugiée dans la grange, se doutant qu'elle le trouverait ici, enchaîné comme un vulgaire chien dressé, Takara était venue tenir compagnie à Sköll et se réconfortait grâce à la présence des deux frères direwolf qui l'entouraient. Elle avait ôté les chaînes qui retenait le loup blanc et humiliait ce prince des bois au pelage immaculé qui ne méritait un tel traitement, bien qu'elle pouvait entendre – a contrecœur – que de le laisser dévorer les effrontées qui rôdaient autour du jeune Stark n'était pas du goût de tous.

Un bruit de pas la tira de ses pensées alors qu'elle laissait sa main s'égarer sur l'échine de Hati. Le loup noir releva les babines, montrant les crocs, mais aucun grondement ne lui échappa. Dos au visiteur, Takara n'avait pourtant nul besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. Son cœur bondit de joie à l'idée de le voir, mais plutôt se trancher la gorge elle-même que de l'avouer. Elle était peut-être une bâtarde sans valeur, mais elle avait sa fierté. Et la louve jalouse était entêtée.

« Tiens, sa Majesté Stark, c'est trop d'honneur. Que viens donc faire sa Seigneurie ici ? » railla-t-elle, sa main se perdant dans la fourrure de « Haine » tandis que contre son dos elle pouvait sentir le flanc de Sköll contre qui elle était blotti.

Elle tourna la tête vers Yukio, dardant son regard aux pupilles sauvages sur sa personne. Mauvaise, oui à cet instant elle l'était. Mais elle rageait de ce statut qu'elle n'avait pas, de ce gouffre qui la séparait du jeune homme, de ces sentiments qui la submergeaient et qu'elle ne comprenait pas parce que personne n'avait jamais daigné lui expliquer ce qu'était l'amour.

« Tu n'as pas quelques filles de bonne famille à aller séduire ? Ta future épouse se trouve parmi elles et toutes, j'en suis certaine, seraient ravies d'écarter les cuisses pour toi. »  

Prononcer ces mots étaient une telle douleur …


Encore une fois. Encore une fois il lui faisait du mal, inconsciemment sans doute, involontairement. Takara se redressa dans leur couche. Son regard s'assombrit par la colère. Non pire ; elle était furieuse. Couché de sa place, Hati se redressa brutalement, un grondement sourd s'échappant d'entre ses crocs pour faire écho au hurlement de douleur qui résonnait dans l'esprit de Takara alors qu'elle comprenait que ce retour tant attendu n'était en fait qu'une halte de passage, un interlude.

« Y retourner ? » souffla-t-elle, doucement – trop doucement même, bien que son cœur vibrait de protestation. « Dans ton état ? »

Elle savait qu'il avait raison, bien évidemment. Mais cela ne l'empêchait pas de désapprouver. La jeune femme se mordit la lèvre, si fort qu'une goutte de sang perla et lui coula le long du menton, mais elle n'y prêta pas attention. L'épouse Stark repoussa les couvertures et s'extirpa à regret du lit, bien qu'elle ne le montra point et préféra afficher un visage fermé et une voix distante pour s'éviter de laisser ses émotions la submerger.

« Bien... les enfants vont biens. Ryouta devient très doué au tir à l'arc. »

Un prodige, se retint-elle d'ajouter. Leur fils aîné était encore bien jeune, mais déjà si talentueux dans tout ce qu'il entreprenait, que ce soit l'art de manier les armes qu'il avait insisté pour apprendre suite au départ en campagne de son père, argumentant qu'il était désormais « l'homme de la maison » et que son devoir était donc de protéger sa mère et ses jeunes frères et sœurs. Takara aurait aimé bien sûr parler à Yukio de tout cela, et comment leurs louveteaux grandissaient et remplissaient son cœur de joie, comblant le vide qu'il avait laissé derrière en partant en guerre... cependant elle n'en fit rien.

Pour l'heure, elle était déchirée intérieurement à l'idée de devoir le laisser, à nouveau, s'éloigner d'elle. L'épouse Stark se leva et resta là, plantée dos à son mari quelques secondes, avant de se détourner vers la porte.

« Tu pues la mort et la maladie, je vais chercher de quoi t'éponger et te donner des vêtements propres, il ne faut pas que tu restes dans ceux-là, ils sont plein de sueur de ta fièvre. Je vais te faire porter à manger aussi … tu dois avoir faim. »

Et elle s'enfuit – il n'y avait pas d'autres mots et la jeune femme se maudissait pour se montrer sous un jour aussi faible et fragile – par la porte. Dans le couloir, après avoir hélé une servante pour lui demander d'apporter ce qu'il fallait à son époux, Takara s'appuya contre le mur de pierre, inspirant profondément pour tenter de se calmer. Elle sentit quelque chose d'humide contre sa main et baissa les yeux vers Hati, qui l'avait suivi et avait posé son museau contre sa paume, lui témoignant son réconfort.

Profitant que personne ne regardait – du moins le croyait-elle, mais la jeune femme avait, dans son empressement de ne pas craquer devant Yukio, omit de refermer complètement la porte de la chambre... –, elle se baissa et entoura le cou du direwolf de ses bras, enfouissant sa tête dans son épaisse fourrure de nuit. Un sanglot étranglé qu'elle contenait avec de plus en plus de difficulté lui échappa malgré elle.

« Il n'a pas le droit … non il n'a pas le droit de m'abandonner une seconde fois, Hati… »

Le loup gémit, faisant écho à la tristesse de la jeune femme. Elle savait que c'était égoïste comme pensée et qu'elle était dans le tord, c'est d'ailleurs pour cela que même si elle était en colère et déchirée, elle ne voulait pas s'en prendre à Yukio et embêter son époux avec ses caprices enfantins.

C'est pourquoi elle se releva, sécha ses larmes en se claquant furieusement les joues, et retourna dans la chambre une fois un récipient d'eau chaude et des linges propres obtenus, ignorant cependant que le jeune homme avait entendu son sanglot qu'elle pensait solitaire...

Stark Wife & Stark Husband

Elle n'oubliait aucun des moments passés avec Yukio. Tous les souvenirs de ces nombreuses années étaient gravés en elle comme dans le marbre ; ineffaçable. Souvent, Takara revisitait ces périodes heureuses en rêve, avec une précision parfois surprenante. Ce soir froid du seizième anniversaire de Yukio en revanche, elle n'avait pas besoin de sombrer dans les bras de Morphée pour s'en souvenir. Chaque détails étaient inscrits dans sa mémoire, frais comme au premier jour.

C'était après tout ce fameux soir, alors qu'elle avait guettée jalousement l’arrivée du jeune Stark en ruminant sa haine contre les prétendantes de ce dernier, qu'elle avait finalement admis l'évidence même ; elle était amoureuse de Yukio.

Les sourcils de Takara se froncèrent. Stupide ? Si, assurément, elle l’était. Pour avoir l’esprit aussi obsédé par le fils Stark et laisser sa vie graviter constamment autour de ce dernier, ses pensées s'envolant toujours vers lui dès qu'il était loin d'elle. La sauvageonne se mordilla les lèvres et elle préféra se tourner vers Hati pour cacher son malaise, s’amusant avec le loup à lui mordiller le bout du museau, avant qu’elle ne récolte un coup de langue sur son propre nez. Le comportement joueur du direwolf la réconfortait et lui permettait d'éviter d'avoir à confronter le regard attristé par ses paroles dures de Yukio. Son regard glissa sur Sköll, qui se tient près de son maître, fidèle.

« … J’étais venue le voir. Il n’aime pas que tu l’attaches. Et moi non plus. Puis je me disais … »

Elle détourna le regard, se mordant les lèvres. La pénombre de la grange lui permettait de camoufler les rougeurs qui lui dévoraient les joues.

« A vrai dire j’espérais que tu viendrais … » avoua-t-elle dans un souffle.

Oui, elle l'attendait. Comme toujours après tout. Takara n'avait que Yukio dans sa vie ; lui et les deux direwolfs qui les suivaient comme leur ombre étaient son univers. Le reste n'avait aucune importance, même ses propres parents passaient en second plan face à l'affection dévorante qu'elle ressentait pour le futur seigneur. Ses propres sentiments à l'égard du jeune homme la terrifiaient même, surtout lorsqu'elle envisageait l'avenir. Yukio, marié à une fille d'un seigneur voisin, inaccessible à jamais.

C'était pire encore que de l'imaginer mort, car s'il était heureux avec une autre, son cœur ne le supporterait pas. Et peu importe à quel point ses pensées étaient égoïstes ; la jeune bâtarde, au moins, n'avait pas à faire de courbettes et à mentir pour camoufler ses véritables sentiments.

Takara se tourna vers les portes de l'écurie, entendant le bruit également. Elle reconnu aisément Osha, une autre sauvageonne venue d’Au-delà du Mur, comme sa mère des années auparavant. La femme tenait en ses mains un paquet, qu'elle tendit à Yukio. L'adolescente-louve les regarda, sans comprendre, plus encore en voyant le jeune homme revenir vers elle et lui tendre le paquet. Elle le regarda, incertaine.

« Pour moi ? Je ne comprends pas … » souffla Takara, presque sous le choc de ce présent imprévu.

Elle ôta le papier avec une délicatesse presque surprenante venant de sa part – du moins pour la majorité des personnes qui ne voyaient en elle qu'une bâtarde sauvage incapable de faire preuve de douceur ; alors qu'il suffisait de la voir chahuter avec les deux loups ou s'endormir sur l'épaule de Yukio pour comprendre toute la tendresse enfouie qui l'habitait.

La jeune fille observa la robe, soufflée. Elle n'avait jamais eu d'aussi beaux habits, toujours vêtue comme un garçon ou avec ses guenilles déchirées à force de courir les bois sans cesse. A vrai dire elle aimait cela, c'était bien plus pratique, mais cette robe était un présent de Yukio. Par conséquence, elle l'aimait. Elle caressa le tissu bleu nuit, la gorge nouée.

Faisant fit de toute pudeur – ce genre de mœurs n'étaient, de toutes manières, pas particulièrement rependues, surtout chez une gamine sans éducation comme elle – Takara ôta sa tenue tâchée et arrachée, la faisant glisser le long de ses cuisses pour se retrouver nue devant Yukio. De toutes manières, elle n'avait rien à cachée au jeune homme – et il n'y avait pour ainsi dire, pas grand chose à voir sur son corps d'enfant, comparé à celui, déjà rond des formes féminines, des prétendantes du Stark.

Elle passa la robe par-dessus sa tête, la faisant glisser sur son corps pour le couvrir.

« Attends … aide-moi à nouer ces trucs. » marmonna la sauvageonne tentant d'atteindre les liens de cuir dans le dos pour fermer. « C'est pas pratique n'empêche, je sais même pas comment les femmes font pour marcher et monter à cheval. »

Une fois ceci fait, elle se tourna pour faire face à Yukio. Elle se sentait … étrange. Le tissu était si doux et propre comparé à ses vêtements habituels. Hati s'approcha, reniflant sa maîtresse, ayant sans doute du mal à la reconnaître lui aussi dans cet accoutrement inhabituel.

Takara se mordit l'intérieur de la joue, n'osant lever les yeux vers le jeune homme, de peur de voir qu'il se moquait d'elle, ainsi vêtue qu'elle était – elle n'avait bien évidemment aucune conscience de l'image qu'elle renvoyait dans cette tenue.

« A...Alors ? De quoi j'ai l'air ? Et sois sincère surtout ! »

Métamorphosée, c'était certain. Mais c'était bien pour faire plaisir à Yukio qu'elle enfilait cela, car si elle voulait aller chasser à l'aube demain avec Hati, elle risquait de s’empêtrer les pieds dans le bas de sa robe toute seule. Pas pratique, vraiment …


Cette robe, elle l'avait toujours. Elle la portait encore même, son physique n'ayant pas beaucoup changé par rapport à cette époque, s'étant simplement un peu fortifié et gagné en taille quelques centimètres, mais quelques arrangements avec un fil et une aiguille avait suffit à adapter la robe à sa croissance. Bien que Takara restait une véritable garçon manquée même avec l'âge et qu'elle rechignait toujours à porter ce genre de tenues jugée 'inutiles et peu pratiques' par ses soins, cette robe-là, la première offerte par Yukio, avait une valeur sentimentale toute particulière à ses yeux.

La jeune femme retourna dans la chambre, une fois certaine qu'elle n'allait pas éclater en sanglots de nouveau, Hati pressé contre sa jambe pour lui témoigner son soutien. Elle rejoignit Yukio et, entendant sa proposition, ne pût s'empêcher de sourire. Il avait raison … autant profiter autant que possible de sa présence tant qu'elle le pouvait – et au pire, elle pourrait toujours trouver quelques arguments pour le convaincre de repousser son départ le plus possible jusqu'à ce que son corps soit entièrement guérit … généralement, les câlineries à l'abri des regards indiscrets suffisaient plutôt bien à lui permettre d'avoir le dernier mot.

Takara s'approcha et, ne résistant pas, se blottit contre Yukio, quémandant silencieusement son affection.

« Oui, allons-y, cela fait longtemps que nous n'avons eu un moment tranquille après tout, tous les deux. » elle sourit tandis qu'elle entraînait son mari vers leur salle de bain, songeant à leurs deux fils. « Si, toujours, ils ne changent pas. Ryouta s'est mit en tête que, comme il est l'aîné, c'est son devoir de surveiller Kei, ce qui n'est pas vraiment au goût de ce dernier. »

Leur deuxième fils lui ressemblait d'avantage, après tout. Il n'était pas aussi exubérant que son aîné, préférant généralement s'échapper du château malgré son jeune âge pour jouir de quelques heures de liberté loin de ses professeurs et des gens de Winterfell, comme elle à son âge. Takara le laissait faire, laissant de toutes manières Hati suivre le jeune enfant pour le surveiller.

La jeune femme se figea alors qu'elle s'approchait du bain, déjà rempli d'eau chaude – ses servantes étaient des filles intelligentes et prévenantes, elles avaient tendance à bien anticiper les désirs des époux Stark et les servait depuis suffisamment longtemps pour cela. La vie à Winterfell sans Yukio … elle se mordilla la lèvre.

« Bien, » souffla simplement Takara, tout en se doutant que Yukio ne se ferait pas avoir par cette simple réponse – il la connaissait bien après tout, même trop. « comme tu le vois, la citadelle est toujours debout et tout le monde est là. J'ai fais de mon mieux, même si ce n'était pas toujours aisé … »

Et encore, le mot était faible. Profitant de l'absence de Yukio qui ne laissait par conséquence que les plus jeunes hommes Stark et une poignée seulement de bannerets à leur service, Théon avait tenté de s'emparer de Winterfell.

Le traître avait cependant omit, dans sa précipitation rageuse et enfantine, de compter dans son plan d'invasion la présence à la citadelle de Lady Stark et son direwolf … Sa sentence avait été suffisamment exemplaire pour ôter à quiconque aurait envie de l'imiter de s'en prendre à la maison Stark. La Louve du Nord veillait après tout sur sa meute et sa tanière avec une férocité qu'il serait mal-avisé de sous-estimer ...

Stark Wife & Stark Husband

Ce soir si particulier, ce soir qui avait marqué le tournant de son existence et l’avènement d'un nouveau sentiment qui s'épanouissait lentement mais sûrement dans son cœur, tel une rose d'hiver, tardive mais parmi les plus belles et plus rares de toutes, Takara ne l'oubliait pas. Et elle savait que Yukio non plus. Leurs destins avaient toujours étaient étroitement mêlés et ce soir là, ils s'étaient définitivement rejoint pour ne former qu'un seul et même fil rouge.  

Une rougeur s'était emparée des joues de Takara au compliment de Yukio. La jeune adolescente avait détourné le regard, gêné. C'était la première fois qu'on lui disait qu'elle était magnifique, elle, la petite bâtarde sans éducation. Venant d'un autre, elle aurait crû à une moquerie. Mais comme il s'agissait de son ami, elle crût en sa sincérité, plus encore en le voyant s'emmêler avec ses propres mots. Cette vision suffit à la détendre quelque peu.

« Mer-merci Yukio … » Elle caresse le tissu de la robe d'une main, semblant songeuse, et ajouta à mi-voix. « Cependant je ne comprends pas. Tu sais bien qu'en plus je ne sais pas … danser, moi. »

Elle avait avoué ce qu'elle considérait actuellement comme le pire des défauts et une nouvelle preuve de sa faiblesse face à ces filles qui savaient virevolter dans les bras de leur cavalier avec la grâce et la légèreté d'une colombe.

Takara savait danser en revanche, bien qu'elle l'ignorait elle-même. Qu'était-ce, sinon une danse envoûtante et particulière, lorsque la sauvageonne se mouvait entre les arbres et les herbes, silencieuse comme une ombre, talonnée par le direwolf qui l'accompagnait dans ses chasses alors qu'elle virevoltait en poursuivant leur proie, entamant un étrange ballent mêlant Hati et la biche qu'ils traquaient en duo, leurs deux cœurs battant à l’unisson …

L'enfant, sentant une envie particulière la tirailler pour exprimer sa gratitude, laissa ses instincts guider ses actes. Elle s'approcha de Yukio, jusqu'à ce que son visage ne soit qu'à quelques centimètres du sien.

« Ferme les yeux. » ordonna-t-elle, son chuchotement allant caresser la joue de Yukio alors qu'elle se mettait sur la pointe des pieds.

Délicatement, elle posa ses lèvres fraîches sur la joue presque brûlante en comparaison de son ami. C'était la première fois qu'elle embrassait quelqu'un, aussi le baiser de remerciement était un peu maladroit, entre effleurement de lèvres sur la peau et timide petit coup de langue lupin.

C'était également la première fois qu'elle se permettait un geste de cette ampleur envers Yukio – la fois ou elle lui avait fait du bouche-à-bouche pour le ranimer ne comptant pas vraiment, puisqu'il avait s'agit de sauver le Stark, pas de lui témoigner son affection débordante.


Au jour d'aujourd'hui, cachés du reste du monde dans la baignoire d'où s'élevait des nappes de vapeur d'eau, les baisers échangés entre les deux âmes sœurs étaient bien moins chastes et inexpérimentés.

L'eau ruisselait sur le corps de Takara, gorgeant sa chevelure de perles humides alors que la féroce louve devenue docile comme un agneau se laissait attirer contre le corps nu de son époux, répondant en écho à ses demandes d'affection. La jeune femme se pressa d'avantage contre lui, quémandant silencieusement ses faveurs et son attention.

« Yukio... » Elle susurra son prénom à son oreille, appréciant de simplement sentir le nom de son mari rouler sur sa langue. Elle le répéta, encore et encore, pour ce simple bonheur alors qu'elle entourait sa nuque de ses bras, délicatement.

Un ronronnement léger lui échappa même alors que les deux époux Stark échangeaient dans leur intimité enfin retrouvée quelques baisers passionnels. Takara brûlait pour Yukio d'un désir et d'un amour presque étouffant, si bien qu'elle se demandait encore, maintenant qu'elle était blottie dans ses bras, comment elle avait réussi à survivre sans sa présence à ses côtés, jour après jour...

Cependant, quelques instants plus tard et alors qu'elle laissait ses mains s'égarer sur le corps de Yukio, le sang de Takara se gela dans ses veines, refroidissant le corps de la jeune femme qui pourtant brûlait de désir pour son époux, exaltée qu'elle était par ses baisers et ses caresses aériennes.

Elle savait pourtant qu'il allait aborder ce sujet, elle avait tenté de s'y préparer, cherchant le meilleur moyen de lui annoncer la vérité. Ce n'était pas une situation réellement habituelle – voir un garçon qui fut presque élevé comme un Stark et faisant parti de la famille faire volte-face et retourner son épée contre ceux qui l'ont éduqué n'était pas une scène classique pour la jeune femme.

« Je … Théon est … » commença-t-elle d'un ton hésitant, s'avançant sur ce terrain délicat avec plus de précautions encore que s'il aurait s'agit d'un lac gelé dont la couche de glace était si fine qu'elle menaçait de craquer à chacun de ses pas et de l'engloutir.  

Takara ne savait trop comment lui dire les choses. Elle n'avait jamais eu l'art et la manière de manier les mots après tout. L'enfant sauvage était mille fois plus douée pour user de son arc et partir en chasse avec son direwolf. L'art du beau langage lui était étranger, même maintenant qu'elle était devenue Lady Stark.

Aussi, et bien qu'elle se doutait du choc que cela allait lui faire, Takara décida de jouer la carte de l’honnête et de la franchise avec Yukio, comme elle l'avait toujours fait. Lui mentir ne lui avait même pas frôlé l'esprit une seconde. La jeune femme se décolla à regret du corps nu et chaud de son époux, se mettant face à lui pour plonger son regard dans le sien.

« Je suis désolé … Théon est mort. C'est moi qui l'ai tué. »

Elle avait fait plus que cela même. Mais à l'instant même ou ce traitre avait posé la main sur l'épaule de son plus jeune fils, Kei, il avait signé son arrêt de mort. Takara aurait pût passer outre sa trahison et son attaque surprise sur Winterfell si cela n'avait pas été le cas, et ce serait contenté de l'enfermer dans un cachot froid et humide en attendant le retour de son mari pour le laisser juger de son châtiment – Yukio avait toujours été le plus doux et le plus diplomate des deux, quoiqu'on en pense.

Mais Théon avait fait l'erreur de s'introduire dans la chambre de Kei pour tenter de prendre le garçon en otage et se servir de lui pour faire capituler Lady Stark. Cela, Takara n'avait pût le laisser passer et sa colère n'avait été apaisé qu'une fois son fils en sécurité dans ses bras et la gorge du traitre tranchée par les crocs de Hati.

La jeune femme baissa les yeux, telle une enfant en faute. Elle pouvait peut-être justifier son désir de protection, mais elle ne pouvait nier qu'elle avait fait preuve d'une certaine sauvagerie envers Théon. Heureusement que cela datait d'il y a quelques semaines tout de même, la majorité de ses blessures avaient cicatrisés – à défaut d'avoir l'art de parler, la sauvageonne avait l'art de sa battre, suffisamment en tout cas pour prendre les armes au côté des quelques bannerets restés pour défendre la citadelle à ses côtés.

Ne lui restait que quelques marques, de-ci de-là, qu'elle avait plutôt bien réussi à camoufler jusqu'ici bien que l'eau claire du bain ne l'aidait plus réellement à cette tâche maintenant qu'elle était nue. L'air de rien, la main de Takara vint frotter son épaule, cherchant à masquer dans le même mouvement à Yukio la cicatrice, seule qui lui resterait à vie d'après le mestre, infligée par l'épée de Théon juste avant que Hati n'arrive et que le loup noir ne venge sa sœur humaine.

« Pardon mon amour … Il a attaqué Winterfell. Théon a trahit, j'ai simplement fait ce que je jugeais nécessaire pour protéger les enfants. Et, quand il a posé la main sur Kei, j'ai perdu le contrôle de moi-même. »

Elle s'embrouillait. Takara prit une inspiration et réussit à trouver le courage de relever la tête pour croiser le regard de Yukio.

« J'en assume l'entière responsabilité. Je sais qu'il était proche de ton frère, cependant je ne m'excuserai pas pour autant. Toi et les enfants êtes ma vie. Si c'était à refaire, alors je n'hésiterai pas une seconde. »

Non, pas une seule. Elle avait d'ailleurs put constater que les Fer-nés s'étaient tenu tranquilles suite à son petit cadeau envoyé au prétendu « Roi des Îles de Fer » … Lady Stark avait fait comprendre que, bien que femme et bâtarde, elle n'était pas à sous-estimer.

Stark Wife & Stark Husband

Les loups jumeaux se roulèrent sur le sol aux pieds de la jeune demoiselle, riant silencieusement du comportement de leurs deux humains décidément forts maladroits. Ne pouvaient-ils donc se comporter de manière plus lupine ? Un coup de crocs sur l'oreille, un coup de langue sur le museau, voilà qui leur éviterai de devoir passer par toutes ces hésitations et ces maladresses. A ce rythme, la portée de louveteaux des deux moitiés n'étaient pas prête de voir le jour...

La sauvageonne contemplait la scène sans trop savoir si elle devait rire ou râler du comportement parfois perturbant de son meilleur – et unique – ami. Elle ne pouvait également s'empêcher de s'interroger. L'avait-elle dégoûtée avec ce baiser ? Certainement si était-elle mal prise ou bien le presque jeune homme aurait-il préféré recevoir ce genre d'attention de la part d'une personne de plus noble distinction... et plus féminine. Car même avec un si bel ouvrage pour couvrir ses formes enfantines, Takara n'en restait pas moins une sauvage toujours nus-pieds et mal éduquée.

La demande de Yukio, soudain si formel et non plus adolescent bafouillant, la statufia sur place. Danser... avec lui ? Dans le château, devant tout le monde ? Il ne pouvait être sérieux.

« Tu te moques de moi, c'est cela ? Je n'ai rien à voir avec les gens qui se trouvent à l'intérieur, de plus tes parents seront sans doute furieux ! »

Elle n'osait en effet imager la réaction du Seigneur Stark et de son épouse si Yukio se présentait à eux avec son amie à son bras. Ils toléraient et appréciaient même modérément la sauvageonne, mais elle doutait cependant qu'ils acceptent qu'une bâtarde comme elle foule l'intérieur du château sous leurs yeux.  

Takara baissa les yeux, hésitant à regarder son ami qui s'était même incliné devant elle, pesant le pour et le contre. Finalement, elle s'avança et posa une main sur l'épaule de ce dernier, le forçant à se redresser et à la regarder en face.

« Je... d'accord. Je veux bien le faire, pour toi. » son regard vacilla un instant, avant de se raccrocher aux pupilles bleu hivernale du jeune homme. « Et... J'en ai envie. Je veux danser avec toi Yukio. »

Se prêtant maladroitement au jeu, elle se mordilla la lèvre inférieure et s'inclina à son tour faisant une petite révérence comme elle avait déjà vu de loin les dames de la cour le faire. Elle prit ensuite le bras de Yukio, rougissant de la proximité de leurs deux corps alors qu'elle prenait lentement conscience de l'effet électrisant et incontrôlé que lui faisait la présence de son ami.

La sauvageonne jeta un regard derrière elle, croisant le regard protecteur et encourageant des deux direwolfs qui s'étaient couchés l'un contre l'autre, avant d'emboîter le pas à Yukio pour le suivre jusqu'au château. Ils se plantèrent devant les portes de la grande salle juste au moment ou l'orchestre se taisait et la jeune fille à moitié louve ne pût s'empêcher de se sentir nerveuse à l'idée de ce qu'elle allait faire. Mais si Yukio était à ses côtés, tout irait bien, elle avait confiance en lui et voulait être celle qui tournoyait dans ses bras. Elle voulait être la seule qu'il regarderait, la seule qui porterait ses louveteaux, la seule qu'il toucherait...  



La jeune femme ne répondit pas, ce fut à peine si elle prit conscience que Yukio quittait la pièce. Elle restait là, figée sur place en fixant le cadavre martyrisé et humilié qu'elle avait sous les yeux, pouvant prendre entendre le rire de Joffrey et de tout ces maudits Lannisters résonner à ses oreilles. Dire qu'il y a quelques instants, elle jouissait d'un moment intime avec son mari, trop heureuse qu'il lui pardonne ses actes à l'égard de Théon et sa trahison.

Un grondement, rauque et puissant, monta d'entre les entrailles du direwolf au pelage couleur de nuit, dont les yeux rouges luisaient d'un éclat de rage si furibond que même les bannerets, pourtant habitués à la vision presque démoniaque de Haine, frissonnèrent et reculèrent d'un pas. La main tremblante de Takara vint se poser sur l'échine hérissée de Hati, lui intimant le calme bien qu'elle aussi bouillonnait tant de fureur que de tristesse.

Tristesse d'avoir perdu un ami, bien que leur relation n'était pas forcément aussi idyllique qu'elle aurait pût l'être. La jeune femme n'avait jamais répondu aux avances de Kyô à l'époque, le fuyant même quand il se faisait trop insistant, se réfugiant derrière Yukio pour se cacher du fils Karstark. Takara avait accepté, une fois unie de manière officielle avec son Alpha, de lui offrir son amitié, bien que l'autre n'avait jamais totalement renoncé apparemment à la ravir à Yukio ; en vain, bien évidemment. Cela n'empêchait qu'il ne méritait aucunement une mort aussi humiliante.

La jeune femme inspira profondément, se refusant à pleurer devant les bannerets de son mari et ses serviteurs. Digne, Takara s'inclina profondément devant le cadavre du jeune homme, priant les dieux de veiller sur lui. Elle ordonna qu'on prévienne sa mère et ses sœurs et qu'on fasse le nécessaire pour qu'il ait un enterrement digne d'un véritable guerrier du Nord. Il le méritait. Faisant ensuite volte-face, la sauvageonne se dirigea vers leur chambre à coucher, certaine d'y trouver Yukio. Pourquoi le sort s'acharnait-il ainsi sur eux ? Chaque fois qu'elle entrapercevait un sourire sur les lèvres de son aimé, un malheur venait l'anéantir avant qu'il n'ait le temps de fleurir.

« Yukio ? » appela-t-elle en franchissant la porte.

Il était là. Sköll assis à ses pieds, le loup blanc tournant brièvement la tête vers la jeune femme. Takara sentit son cœur se serrer plus douloureusement encore. Elle s'approcha, le pas léger, et vint s'asseoir aux côtés de son mari sur le rebord du lit, posant sa tête sur son épaule et prenant sa main mutilée pour entremêler ses doigts à ceux qui lui restaient, cherchant autant à s'abreuver de sa présence apaisante qu'à lui procurer son réconfort. C'était tout ce dont la louve était capable après tout.

Un silence s'installa entre eux quelques instants, avant qu'un chuchotement hésitant de l'épouse Stark ne le brise à regret ;

« Tu vas y retourner... »

Ce n'était pas une question. Elle savait que c'était inévitable. Que Yukio étant ce qu'il était, il n'abandonnerai pas cette guerre avant de planter son épée dans le cœur de l'enfant roi cruel et avoir anéanti tous les Lannisters. La jeune femme se redressa légèrement et se mit face à lui, plongeant son regard lagon dans celui, si semblable, de son fier loup du Nord.

« Je ne tenterai pas de t'en empêcher. Je l'accepte, même si c'est à contrecoeur. Tu sais bien que je t'ai toujours soutenu et que je continuerai de t'attendre, peu importe le temps que cela prendra. Je t'attendrai toujours... »

Elle ferma les yeux un bref instant et s'approcha de manière à poser son front contre celui de Yukio. Sa voix devint murmure, comme s'ils étaient encore ces deux enfants cachés entre les arbres de la forêt qui se chuchotaient des secrets connus d'eux-seuls.

« Je ne te demande rien d'autre. Simplement... reviens-moi Yukio. Survis et reviens-moi. Je t'interdis de mourir, tu entends ? »

Si jamais on devait lui annoncer que le Stark était tombé sur le champ de bataille, Takara était incapable de prédire sa réaction. Le simple fait d'imaginer une telle horreur la terrifiait. Deux choses seulement étaient certaines : qui que soit l’assassin de son mari, elle le retrouverait. Et une fois sa vengeance accomplie, elle n'aurait plus qu'à se laisser mourir à son tour. Une vie sans Yukio, sans sa moitié d'âme, ce n'était rien de plus qu'une demie-vie.

Stark Wife & Stark Husband

Le Nord était cruel, sauvage, sans pitié. Une terre hostile, ou pourtant il pouvait faire bon vivre, si l'on s'habituait à sa dureté. Takara, au même titre que son époux, avait grandit ici. Elle ne connaissait rien d'autre que cette vie, c'était ici qu'était sa place, la jeune femme le savait. La sauvageonne n'était pas exigeante, elle se contentait de peu, généralement de ce que la nature lui offrait. Elle n'avait pas demandé à devenir Reine, à vivre dans un château et porter des belles robes -  que de toutes manières elle ne sortait que lorsque la situation l'exigeait et qu'ils recevaient des invités de marque. Tout ce que l'épouse Stark désirait, c'était d'avoir les êtres chers à son cœur auprès d'elle, en bonne santé. Yukio, ses enfants, Hati et Skoll... c'était tout ce dont elle avait besoin.

Pourtant, le destin semblait s'acharner à lui enlever son mari. La guerre était une chose que Takara avait en horreur. Les humains étaient des créatures stupides, elle avait honte parfois de faire partie de cette espèce. Tout aurait été plus simple pour elle si elle avait été née louve, songea la jeune femme, amère. Son front contre celui de Yukio, yeux fermés, elle se contentait de savourer sa présence à ses côtés sans rien dire. Elle laissa ce dernier poser ses lèvres contre les siennes, répondant doucement à la pression exercée. Mieux valait ne pas penser à demain.

Un sourire fendit son visage en entendant son cher et tendre la complimenter. Les paroles de ce genre venant de Yukio étaient rares et d'autant plus sincères quand il osait les prononcer. Takara les apprécia à leur juste valeur, s'écartant un peu pour caresser le visage du Stark, repoussant quelques mèches qui lui tombaient sur le front et posant sa paume sur sa joue.

« Et toi toujours aussi charmant... tu faisais tourner les têtes de toutes les demoiselles après tout. J'étais terrifiée, mais terriblement fière d'apparaître à tes côtés. Terrifiée par mes sentiments que je ne savais contrôler. »

Au fond, avait-elle vraiment évolué depuis cette époque ? Takara n'était pas certaine de pouvoir l'affirmer.

Elle aurait voulu pouvoir fuir, courir très loin de tous ces gens, s'en aller se cacher dans la forêt et ne jamais remettre les pieds ici. Elle se sentait curieusement prit au piège, mais pourtant, la présence de Yukio, ses yeux posés sur elle et sa main dans la sienne l'empêcher de faire le moindre geste de recul. Docile, Takara se laissa guider au centre de la piste par le jeune homme, s'efforçant de faire fit des regards de dégoûts et de haine qu'on posait sur elle. Qui croyait-elle donc être pour se permettre d'approcher ainsi le prince héritier ?

Takara avait tressaillit en sentant la main de son ami se caler sur sa hanche, avant d'obtempérer et de suivre ses indications. Elle avait entremêler ses doigts aux siens et poser sa seconde main sur l'épaule du jeune Stark, s'agrippant presque comme si sa vie en dépendant. Et puis elle avait danser. Guidée par Yukio, prenant soin de placer ses pieds comme il le fallait. C'était un peu différent de lorsqu'elle gambadait librement dans les bois avec Hait, devenant louve comme lui, ou quand elle s'entraînait à manier l'épée et se battre. C'était plus doux, plus harmonieux, plus lent. Elle n'aurait jamais crû que valser puisse être aussi agréable en réalité. Son regard croisa celui de Yukio, un sourire se dessina sur ses lèvres alors que quelque chose grandissait, grandissait encore dans sa poitrine, jusqu'à éclore et fleurir.

Il fallait qu'elle parle. Il fallait qu'elle dise ces choses qu'elle ne comprenait pas. Qu'elle ne contrôlait plus.

« Yu-Yukio je crois que... je … »

La musique se tût alors. La chanson était finie. Les deux se stoppèrent donc, Takara ne sachant plus que dire. La jeune fille bredouilla. Jamais encore elle n'avait été aussi déstabilisée, aussi mal-assurée. Finalement, elle jeta un regard désolé et suppliant à son ami, une main serrant sa robe à l'emplacement de son cœur, comme si elle étouffait.

Takara murmura un mot d'excuse et s'enfuit sans attendre. Elle passa la porte, dépassant les deux loups, Hati s'élançant aussitôt à sa poursuite. De l'air, elle avait besoin d'air. Sortant du château et se retrouvant dans les jardins de l'arrière-court, la jeune fille prit une grande inspiration. Elle avait crû suffoquer. Elle sera ses bras autour d'elle, tandis que son frère loup poussait son coude du museau, inquiet et interrogateur.

« Dis Hati, tu savais toi, que c'était si douloureux et terrifiant d'aimer quelqu'un ? » murmura-t-elle du bout des lèvres, frissonnant.

Le direwolf ne répondit pas. A la place, il dressa la tête, oreilles pointées vers le visiteur qui s'avançait derrière eux. Takara se gela sur place en entendant les bruits de pas. Oh non... et elle avait parlé à voix haute.

Qu'il semblait loin, le temps où ils étaient ces adolescents timides et maladroits. Jamais à l'époque Takara n'aurait imaginer fonder une famille avec Yukio alors. Et pourtant, elle n'aurait pût espérer mieux. Souriant donc, la jeune femme se leva à son tour, hochant la tête pour approuver la proposition de son époux. Elle voulait profiter de chaque seconde qui lui était accordé en sa compagnie.

« Rien ne me ferait plus plaisir, mon Roi. » chuchota-t-elle en se rapprochant, acceptant la main tendue et déposant un baiser chaste sur les lèvres de Yukio au passage.  

Ils enfilèrent des manteaux et sortirent donc, les loups les escortant jusqu'au bois sacré. Takara se blottit contre Yukio, frissonnant. Elle n'était pas une grande croyante, mais elle respectait les anciens dieux. S'ils pouvaient lui accorder son souhait, le seul et l'unique consistant à ce que Yukio vive et lui revienne, c'était tout ce qu'elle demandait...

Contemplant l'arbre sans mot dire, Takara baissa ensuite les yeux sur Hati, le loup se chamaillant avec son frère comme s'ils étaient redevenus des bambins.

« Tu devrais prendre Hati avec toi. » souffla-t-elle soudain. « Deux loups valent mieux qu'un et avec eux, je te saurais bien veiller, même si je ne suis pas là... »

Au fond, c'était cela le plus dur. Qu'il guerroie et risque sa vie était une chose. Qu'elle ne puisse être à ses côtés pour veiller sur son dos en était une autre, bien plus douloureuse pour la jeune femme.