Tu es le seul qui puisse m'autoriser à pleurer. | Pv Ryuji.

« J'avais un rêve, mais les ténèbres règnent à présent dans mon coeur, rongeant tout sur leur passage, brûlant la moindre parcelle de bonheur. Il n'existe plus de sentiment autre que la souffrance, il n'existe plus de joie, plus de rire. Seul les ténèbres défilent devant mes yeux quand je regarde cet endroit. J'ai sauvée une vie, mais j'ai perdu tellement plus en échange. Pourquoi ce monde m'en veux-t-il à ce point ? Je ne demande pas à être la personne la plus heureuse du monde, je souhaite juste que le destin arrête de s'acharner sur moi. »

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Les ténèbres la rongeaient irrémédiablement alors que ses pieds s'arrêtaient encore une fois à la limite de la ligne blanche. Jamais, ils n'allaient jamais plus loin, comme si c'était impossible de faire un pas en avant, mais était-ce ses pieds ou bien tout son être qui ne voulait pas faire un pas en avant ? La peur bouffait lentement les moindres barrières de défenses qui lui restait, la rendant plus faible qu'elle ne l'avait jamais été. Elle se savait faible en cet instant et cela l'énervait au possible. Se mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang, ses yeux fixaient le sol, regardant intensément cette ligne blanche qu'elle ne pouvait pas franchir. Une simple ligne blanche, pour certains ça sembleraient stupide, mais pour elle, c'était au-dessus de ses forces. Chaque jour, elle venait ici et essayait toujours de franchir la ligne qui la séparait de son rêve, cette ligne qu'elle avait pourtant l'habitude de traverser chaque jour, elle n'était maintenant plus capable de faire un pas. A la bordure de la ligne, ses pieds ne bougeaient plus d'un millimètre, ne voulant pas avancer plus loin, ne faisant que renforcer son sentiment de faiblesse. Son envie de pleurer revenait à la charge, mais elle ne pleurait plus. Il y a six ans, elle avait fait la promesse de ne plus jamais pleurer, elle avait promis à Ryuji qu'elle ne pleurerait plus sans lui. Cette promesse, elle l'avait brisée un an auparavant, après son accident, quand elle avait apprit de la bouche de son médecin qu'elle ne pourrait plus jouer au basket. Elle avait pleurée toute sa souffrance, criant jusqu'à ce que tout l'hôpital l'entende. Ses mains avaient agrippées son haut de patiente alors qu'elle s'étouffait à moitié de hurler à ce point, mais sa souffrance était plus forte que cela. Ses yeux remplient de larmes n'avaient eu de cesse de les faire couler durant des jours. Puis elle était restée sur son lit durant des semaines, inerte, sans dire un seul mot. Elle n'avait plus pleurée depuis, tenant sa promesse coûte que coûte.

Un an plus tard, elle se trouvait devant le terrain de basket qu'elle avait parcourut de long en large et en travers. Ce terrain où il lui avait tout apprit, ce terrain qui rassemblait tellement de ses souvenirs les plus heureux, de ses meilleurs moments dans la vie, de ses plus beaux sourires. Elle y venait chaque jour, se torturant toujours un peu plus de ne plus pouvoir y jouer comme avant. Restant devant la ligne blanche durant des heures, parfois jusqu'à ce que la nuit soit au plus haut dans le ciel, elle faisait cela chaque jour. Sa vie se résumait à aller en cours, séchant la plupart des cours pour aller sur le toit ou bien dans le gymnase devant les lignes blanches, puis elle rentrait chez elle, se changeait et revenait ici encore et toujours. Le week-end elle venait ici aussi, regardant parfois les matchs qui se jouaient devant ses yeux, se rappelant sa vie. Ses pieds la guidait toujours ici, irrémédiablement ils revenaient ici encore et toujours. Et chaque fois qu'elle venait ses pensées se tournaient toujours vers la même personne. La seule personne qu'elle voulait voir à tout prix, la seule personne qui pouvait lui autoriser à pleurer toute sa souffrance, son grand-frère, Ryuji.

« Ryuji, tu as dis que si j'avais besoin de toi, tu serais toujours là, alors où es-tu aujourd'hui ? Je sais que je suis une gamine emmerdante, je sais que tu te sens obligés de m'aider à cause de ma tante, mais je t'en prie, juste une dernière fois, fait semblant et aide-moi ! » Disait-elle la voix tremblante, ses yeux posés sur le sol.

Elle avait envie de pleurer, tellement qu'elle ne savait plus quoi faire. Sa souffrance était telle qu'encore une fois, elle ne savait plus quoi faire. Son coeur se serrait toujours plus fort à mesure qu'elle regardait cette ligne. C'est dans ces moments-là qu'elle repensait à ce qu'elle avait dit un jour à l'hôpital, la seule phrase qu'elle avait dite et qu'elle ne regrettait pas. La phrase qui avait fait peur aussi bien à son médecin qu'à sa tante.

« Vous auriez dû me laisser mourir ! »

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