#tous blonds à rien ! ϟ feat. Kise

every brunette needs a blond friend

Il faisait lourd dans l'air et dans le gymnase de Kaijou aujourd'hui. Takara leva un regard inquiet vers le ciel, scrutant la noirceur de ce dernier à travers les fenêtres du bâtiment. On aurait dit une peau de tambour parfaitement tendue et prête à se déchirer à tout instant. L'orage n'allait pas tarder à éclater.

La jeune fille pinça les lèvres et tira sur le bord de son débardeur, pestant silencieusement contre cette chaleur presque tropicale qui régnait depuis ce matin. La moiteur de cette journée se ressentait aussi sur l'entraînement des filles. Les premières années notamment, souffraient de cette chaleur étouffante, d'autant que la climatisation du gymnase faisaient encore des siennes. Kahei avait séché l'entraînement – encore – mais pour une fois la capitaine de l'équipe ne s'était pas donnée la peine d'aller la chercher par la peau des fesses, préférant se concentrer sur les joueuses qui se donnaient la peine de venir. Elle se vengerait demain en lui faisant faire une triple ration de course à pieds sous la pluie. Non mais oh, fallait pas non plus s'imaginer que la Kurokawa allait tolérer le comportement désinvolte de l'autre.

Quoiqu'il en soit, tout le monde souffrait de la météo et cela se ressentait sur l'entraînement. Et dans l'humeur de la capitaine. « Mais c'était quoi cette passe de merde ? Et la défense, tu dors ou quoi ? C'est du basket bon sang, soignez-moi un peu tout ça ! »

Takara souffla et se détourna du groupe qu'elle étudiait du coin de l’œil depuis tout à l'heure. Elle venait de son côté de terminer un match en trois-contre-trois de son côté, s'entraînant elle-même tout en supervisant les autres. La capitaine était en nage, une fine pellicule de transpiration collant désagréablement à sa peau et des perles de sueur coulant le long de son cou et son visage.

Elle n'était pas la seule à être dans cet état d'ailleurs et les résultats globaux de cette séance n'était pas pour la satisfaire franchement. Elles avaient un match dans moins d'une semaine, amical certes, mais c'était contre une des dix meilleures équipes de la région.

Autant dire que Takara, en fière capitaine de Kaijo qu'elle était, ne tolérerait pas que sous prétexte que ce n'était pas officiel, ses filles se permettent de se relâcher et de perdre ce match. Il en valait de la fierté de leur école bon sang. Elles étaient des joueuses lycéennes de niveau national et avaient une réputation à tenir !

Ceci expliquant cela, il n'était pas inexacte de dire que l'humeur de la demoiselle était semblable à la météo ; orageuse. Takara jeta un coup d’œil à l'horloge mural et plissa les yeux en constatant qu'il restait un quart d'heure. La dernière ligne droite en somme, pas question de se relâcher maintenant... du moins c'est ce que Takara aurait voulu.

Mais alors que la demoiselle se dirigeait vers l'estrade de théâtre du gymnase où se trouvaient les bouteilles d'eau et les serviettes pour prendre une des gourdes et boire un peu avant de retourner s'entraîner à la défense individuelle avec les troisièmes années, la jeune fille fronça les sourcils, sentant comme un genre de mauvais présage, un avertissement que lui envoyait directement son sixième sens. Quelque chose arrivait. Elle le sentait.

Takara secoua la tête. Bah, elle se faisait des idées. L'entraînement allait bientôt finir de toutes manières et elle pourra prendre une douche bien méritée et rentrer chez elle, en espérant échapper à l'orage si elle se dépêchait. Et tiens, c'est bizarre tout à coup, pourquoi n'entendaient-elles plus le bruit des ballons qui rebondissent sur le sol ? Qu'est-ce qu'elles foutaient les filles, l'entraînement n'était pas encore fini pourtant et elles n'étaient pas suicidaires à ce point.

« Kyah, c'est Kise-kun ! »

La meneuse de Kaijo se figea en entendant cette phrase ô combien redoutée. Non... tout mais pas ça. Il était là. Lui.

Takara se retourna très lentement, espérant secrètement qu'elle était seulement victime d'un mirage auditif. Sauf que le mirage en question était aussi visuel, et accessoirement grand, blond, et avec un sourire colgate qui lui donnait une irrépressible envie de lui envoyer le premier ballon qui lui passait sous la main dans la tronche.

Kise Ryouta, l'idole du lycée et l'as de l'équipe masculine. Et également son ami, enfin plus ou moins. Tout dépendait la conception qu'on avait du mot « amitié ». Si cela impliquait de le frapper et de l'engueuler comme une mère avec son fils de sept ans, alors oui on pouvait dire que Kise était l'ami de Takara, le meilleur même. Non enfin elle disait ça mais elle l'aimait bien. Sauf quand il se ramenait à l'improviste dans le gymnase pendant l'entraînement de l'équipe féminine. Bon sang... Qu'est-ce qu'il foutait là cet imbécile heureux ? Combien de fois lui avait-elle dit de ne pas venir pendant les entraînements de l'équipe féminine, hein ?

Non seulement il ramenait ses fans – parce que oui, ou que passait Kise il y avait toujours tout un troupeau groupé derrière lui, occupé à hurler son prénom à en faire exploser les vitres et avec les yeux en cœur – mais en plus il perturbait totalement ses joueuses. Les trois-quarts des filles de l'équipe admiraient le beau et grand basketteur et elles en oubliaient presque à quel point leur capitaine pouvait être terrible lorsqu'elle s'énerve. Presque.

« C'est fini oui de baver sur le parquet ?! » grogna Takara en jetant un regard noir aux premières années qui s'étaient déjà regroupées en masse autour de Kise. La jeune fille se tourna ensuite vers le concerné. « Ryouta... t'as intérêt à avoir une bonne excuse pour venir déranger. »

Oui elle l'appelle par son prénom et alors ? On l'a dit et redit, Takara et les codes de respect, c'est pas l'amour fou. Et puis ça emmerde les autres fangirls débiles de la voir parler si familièrement à leur précieux « Kise-sama » donc c'était parfait. Et surtout que ce foutu blond ne lui sorte pas le coup du ''je m'ennuyais'' ou bien ''j'avais envie de te voir !'' surtout. Takara soupira. Finalement, elle aurait mieux fait d'écouter son instinct et de fuir tant qu'il était encore temps.

HRP:

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Bizarrement, quand Ryouta était entré dans la pièce, la température avait semblé grimper de vingt degrés d'un seul coup. L'effet mannequin sans doute. Takara poussa un lourd soupir. En soi, le grand blond n'était pas si énervant. Bon son côté Little Miss Sunshine avait de quoi l'épuiser, et puis il avait tendance à parler sans réfléchir aussi et à accumuler les gaffes par moments, comme une vraie blonde quoi.

Mais une blonde justement, elle en avait dans son équipe – la petite Sayumi ressemblait à Kise sur certains points. De ce fait, elle avait l'habitude de traiter avec cette sous-espèce d'individus très particulier.

Non ce qui la faisait surtout royalement chier, c'était bien l'effet qu'il avait sur le cerveau des adolescentes normalement constituées entre quinze et dix-huit ans. C'était pire que du concentré de tv shows et de pot de nutella ; Kise était très mauvais pour la santé mentale des demoiselles, qui quand elles le voyait devenaient incapable de dire autre chose que « KYA KISE-KUN » et se transformaient en sorte de guimauve qui fondait sur le sol dès que leur idole avait le malheur de leur sourire. Et c'est qu'il appréciait ça en plus ce foutu blond !

Takara se figea en entendant le surnom qu'il lui donnait. Kurokawacchi.

Non mais oui, elle avait failli oublier ça. Il l'appelait Kurokawacchi. Alors oui, elle savait parfaitement que c'était la preuve qu'il la respectait et qu'il l'aimait et si on lui avait demandé, au fond oui ça lui faisait un peu plaisir de savoir que Kise avait de l'estime pour elle – quoiqu'en réalité elle ne l'aura jamais avoué à haute voix et aurait plutôt donné un bon coup dans les côtes de l'imbécile qui aurait posé la question. Mais bref, on s'en fiche. Parce que Kurokawacchi bordel !

« Ne m'appelles pas comme ça. » clair, net, sec. Cassant même. Takara darda un regard noirâtre sur la personne de Kise.

Elle hésita quelques instants et décida finalement de passer ses nefs sur les filles, tant qu'à faire. Parce qu'elle en avait marre de voir ses joueuses se transformer en poules caquetantes et amourachées dès que le mannequin blond pénétrait dans le gymnase – le premier qui parle de jalousie, elle l'envoie faire un trek de survie de six mois en Alaska.

Du coup la capitaine de Kaijo se tourna vers les premières années et leur fit son « regard de la mort qui tue numéro 3 ». Histoire de bien leur rappeler qui c'était qui commandait.

« Parfait. Pour terminer, vous allez me faire cinq tours de terrain. » avant même que des étranglements de protestation ne retentissent, elle ajouta : « Rien à foutre qu'il fasse chaud, si vous êtes capable de hurle sur le blondinet ainsi, vous avez encore bien assez d'énergie. Ensuite vous filez aux vestiaires sans passer par la case 'Kise'. »

Rien à foutre qu'elle passait pour une sadique, Takara avait chaud, soif et elle n'en pouvait plus. Et contrairement aux filles, elle avait une heure d'entraînement supplémentaire dans la tête, vu qu'elle arrivait toujours bien avant elle pour pratiquer un peu en solitaire, alors qu'elles ne viennent pas se plaindre !

Elle soupira tandis que les filles sortaient faire leur footing et se dirigea vers son sac, attrapant une bouteille d'eau et une serviette éponge qu'elle se passa autour du cou pour sécher un peu sa nuque. Elle la déboucha et se tourna vers Ryouta. Chaud... il osait demander si elle avait chaud ? Il voyait donc pas la sueur, les cheveux collés à ses tempes et le débardeur trempé ? Evidement que c'était dur de s'entraîner dans ces conditions, ça crevait les yeux même !

« A ton avis ? » fit-elle en prenant une gorgée bienfaitrice. « Et ne me parles pas d'entraînement, tu viens justement de le foutre en l'air je te signale. »

S'approchant de lui, forcée de se mettre légèrement sur la pointe des pieds pour réussir à se mettre à sa hauteur parce que, forcément, cet imbécile heureux était aussi sacrément grand dans son genre – c'était pourtant pas faute de taper dessus pour le faire rapetisser, – Takara lui saisit la joue entre les doigts et tira dessus, pas trop méchamment, elle ne voulait pas non plus lui arracher, juste assez pour bien tendre la peau.  

« Ryouta. Combien de fois au juste t'ai-je dis et redis de ne pas venir pendant que les filles s'entraînent ! T'es conscient de l'effet que tu leur fais au moins, espèce de foutu beau gosse à la con ? » le sermonna-t-elle, telle une mère avec son enfant – elle n'était absolument pas consciente de la vision qu'ils renvoyaient, et heureusement d'ailleurs.

Chose qu'elle ne comprenait vraiment pas au fait. Qu'est-ce que ces filles avaient donc dans le crâne pour flasher de cette manière sur Kise, ça la dépassait. En même temps, Takara et la mode hein...

Lâchant finalement la joue meurtrie de Ryouta en estimant l'avoir suffisamment grondée pour le moment – comme si ça allait empêcher le concerné de revenir l'embêter la fois suivante, parce que c'était ça aussi le problème, elle gueulait mais lui ne retenait rien de ses avertissements, à croire qu'il aimait être châtié –, la capitaine de Kaijo reprit une gorgée d'eau à sa gourde.

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« Tu vas t'y mettre toi aussi ? Tout le monde me dit que je ressemble à Yukio, on est pourtant pas si semblables ! » s'exclama Takara en se retournant vers Kise.

Pas si semblables ? C'est l’hôpital qui se fout de la charité là. Tu parles, on dirait presque ton jumeau ! Mais bref, on parlait pas de Yukio là. D'ailleurs arrête d'appeler tout ses proches par leurs prénoms, tu vas finir par mettre la confusion dans les esprits des plus simplets. On parlait donc à la base de Ryouta qui venait déranger Takara en plein entraînement, et visiblement il avait pas l'intention de bouger de là avant un bon moment, peu importe combien de fois Maman Taka le frappe.

La jeune fille s'écarta un peu de son ami, qui venait pleurer comme un gosse en se frottant la joue parce qu'elle lui avait fait bobo. Bon sang, qu'il était collant le Ryouta lorsqu'il s'y mettait ! Et encore et toujours ce surnom, bon sang elle arrêtait pas de lui dire d'arrêter de l'appeler ainsi pourtant. Ça cassait son image de capitaine dragon ce petit surnom tout mignon, il s'en rendait pas compte ?

« Tes photos ? Mais pourquoi je voudrais voir un truc pareil, Ryoutabruti ! » grogna-t-elle, parce que oui, qu'est-ce qu'elle en avait à faire des photos de mode de ce fichu blondin, elle s'intéressait déjà pas aux vêtements féminins – au grand damne de Satsuki d'ailleurs qui profitait de chaque occasion pour la traîner de force dans les magasins.

Non mais sérieusement, il pensait vraiment qu'elle s'intéressait à des trucs pareils ? Bon d'accord, elle avait déjà aperçu quelques photos en tombant sur les magazines ouverts que laissaient traîner les files dans les vestiaires – c'était pas faute de gueuler pour qu'elles arrêtent, mais bon.

Clignant des yeux, Takara ne comprit pas tout de suite quand Kise lui prit la gourde des mains, croyant qu'il allait boire une gorgée et après lui faire une autre de ses comédies de gamin, genre vierge effarouchée ''han mais Kurokawacchi c'est comme un baiser indirect du coup, non ?''. Parce qu'il était bien capable de lui faire un coup pareil, oui. Du coup, elle lui aurait grogner dessus et enfoncer son poing dans le ventre – il pleurnichait, mais vous avez vu les abdomens qu'il avait ? comme si un petit coup comme ça faisait vraiment mal – et c'était reparti pour un tour.

Mais non, il ne lui fit pas ce coup-là. Parce que Ryouta était un gamin et que les gamins sont imprévisibles. Surtout les sales gosses dans son genre.

L'instant suivant, ce fut froid. Délicieusement froid. Et humide. Et d'accord, c'était super agréable, mais avait-elle rêvé ou bien ce suicidaire de Kise venait-il réellement de lui renverser sa gourde sur la tête ? Non impossible. Il pouvait pas être masochiste à ce point, c'était même plus de l'inconscience là, ça tenait de l'autisme carrément – nous précisons que l'auteur n'a rien contre l'autisme, c'est une maladie sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter, sous si vous vous en servez pour parler de Kise.

Dégoulinante, définitivement trempée de la tête aux pieds désormais, Takara cligna des yeux. Lentement, presque sensuelle avec toutes ces perles d'eau accrochées délicatement à ses cils. Puis elle releva la tête vers Kise et lui sourit tout doucement, mais genre le sourire que donne la sorcière à Blanche-Neige avant de lui offrir la pomme empoissonnée.

« Ryouta, » souffla-t-elle de sa voix doucereuse, presque chantante. « t'es mort. »

La seconde suivante, elle le poursuivait dans tout le gymnase, une bouteille pleine à la main.

« Reviens ici espèce de blond dégénéré ! » hurla-t-elle à son intention – parce que c'est bien connu que lorsque tu cours après quelqu'un en proférant des menaces de mort à son intention, celui-ci se laisse faire.

Réussissant finalement à chopper Kise par la veste de son uniforme, elle empoigna fermement le mannequin par le col, manquant de peu de l'étrangler dans le même temps – non mais vous savez, au fond elle l'aime vraiment hein – et lui renversa à son tour une bouteille d'eau remplie à ras-bord sur le visage, observant avec un plaisir secret la chemise du jeune homme se gorger d'eau et son brushing se faire la mal. Vengeance.

Mais comme c'était pas encore assez, elle ajouta, en lui enfonçant ses doigts bien tendus dans l'estomac. « Donc c'est juste pour m'emmerder que t'es venu glander ici ? Mais si tu t'ennuis tant que ça, va pleurer dans les jupes de Yukio, c'est lui qu'est censé s'occuper de toi après tout ! »

Oui normalement dans la garde partagée des enfants, Yukio et Takara avaient convenu qu'il aurait Ryouta la semaine et Takara le prenait le week-end.

Takara baissa les yeux, s'essuyant le menton qui gouttait d'eau du revers de la main, et constata l'étendu des dégâts.

Oh oh. Tiens comme c'est bizarre...

Elle avait une curieuse impression de déjà-vu tout à coup. Vous vous souvenez de ce que j'ai dis, il y a longtemps, au sujet du blanc et de sa fâcheuse habitude – qu'est-ce que c'est mal foutu ces trucs-là quand même – de devenir transparent au contact de l'eau ?

« Merde, mon débardeur.... » fit platement la capitaine de Kaijou, tandis qu'à travers le maigre tissu on pouvait voir se dessiner les contours d'une légère brassière de sport noire – oui une brassière, pas un soutien-gorge, parce Takara fait du Bonnet A et allez vous faire voir de toutes manières c'est pas pratique les gros seins ! « Ryouta... » grogna-t-elle sourdement, promettant mille et une tortures - pourquoi elle se retrouvait à faire des concours de t-shirts mouillés à chaque fois qu'elle avait le malheur d'adresser la parole à un des joueurs de Kaijo ?

T'ES RIEN QU'UNE DÉVERGONDÉE TAKARA !

HRP:

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La vision d'un Kise trempé des pieds à la tête aurait eu de quoi faire défaillir bien des fan-girls et transpercer d'une flèche de Cupidon le cœur de millions de jeunes filles en fleur, mais voilà, Takara n'était absolument rien de tout cela et savourait donc tout simplement l'image de chien mouillé abandonné sous la pluie que lui renvoyait le jeune homme dans cet état, bien loin de sa prestance habituelle et sa classe naturelle qui avait le don de l'énerver légèrement.

Évidemment, le voilà qui pleure après elle, lui braillant dans les oreilles comme un mouflet parce qu'elle l'avait trempé. Oui non mais c'est lui qu'à commencer d'abord !

Takara soupira. Elle adorait les gosses certes, elle ne pouvait tout simplement pas résister à une bouille d'enfant il suffisait d'ailleurs de la voir avec Ran et Rin, les jumeaux et petits derniers de la famille Kurokawa, sauf que justement, Ryouta avait peut-être le caractère d'un gamin, mais physiquement il n'en était absolument pas un, pas du tout même. Et pour un môme, il était vraiment épuisant dans son genre.

Le sourire en coin satisfait de Takara se figea en voyant Kise enlever sa chemise, se retrouvant donc torse-nu devant la jeune fille qui n'avait pourtant rien demandé. Mais …. mais qu'est-ce qu'il foutait cet abruti ?! Les joues de la capitaine de Kaijou prirent une intéressante teinte rosâtre tandis que son regard s'égarait bien malgré elle sur le torse glabre, la peau d'albâtre et les abdominaux parfaitement dessinés du membre de la Génération des Miracles, qui portait bien son titre par ailleurs et à bien des égards – ce commentaire n'implique que la rpgiste.

« Que... Qu'est-ce que tu fais, ça va pas non ?! » s'exclama la jeune fille, rouge.

Histoire de se redonner vaguement contenance d'ailleurs, elle enfonça au passage son poing dans l'estomac ainsi offert de Kise, ne réalisant même pas qu'il n'y avait plus de tissu pour faire obstacle entre sa main et le ventre du jeune homme. Du coup si elle le voulait, elle pouvait aller se vanter chez les fans en chaleur qu'elle avait touché le torse nu de Ryouta, wouhou !

Sauf qu'elle ne le fera pas, parce qu'elle n'a rien à dire à ces furies tout d'abord et ensuite parce qu'il est hors de question que quiconque apprenne un jour qu'elle avait fini seule dans le gymnase à moitié à poil avec Kise. Cela ferait bien trop d'histoire – rajoutez là-dessus l'affaire du placard chez Yukio et vous pouvez être certain que Takara passe définitivement pour la dévergondée de Kaijou.

Bref, en attendant elle avait toujours un Kise à moitié à poil devant elle, qui était trempée et dont le débardeur ne cachait plus grand chose – pas qu'il y a quoique ce soit d'intéressant à voir en même temps... Heureusement qu'elle avait envoyé les filles courir pendant ce temps, sinon elle aurait des cas d'évanouissement et d’hémorragie nasale à traiter à l'heure actuelle...

Takara leva les yeux au ciel. « Merci Ryouta, j'y aurais pas penser toute seule tiens ! » elle ajouta, de peur qu'il ne sente pas l'ironie dans sa voix et prenne la phrase au premier degré « Evidemment que j'ai des vêtements de rechange, tu croyais que j'étais venue au lycée dans cette tenue ? »

Elle allait se diriger vers le vestiaire justement, histoire de prendre une douche rapide et de se remettre en uniforme scolaire, comme de toutes manières elle avait prévu de terminer l'entraînement là-dessus – pas comme si les filles pouvaient se concentrer sur leur jeu avec ce blond plein de phéromones à proximité – mais c'était bien évidemment sans compter sur Kise, qui n'avait pas vraiment envie de la lâcher là-dessus, après tout il était venu la voir, c'était pas pour repartir après cinq minutes et une chemise trempée. Non, quand Ryouta jetait son dévolu sur vous, inutile d'espérer s'en débarrasser aussi facilement.  

On ne le dira jamais assez, mais Kise avait le mental d'un gamin de sept ans. Hors quand un gosse s'ennuie et veut jouer avec quelqu'un, il peut déployer des montagnes d'énergie inépuisable pour obtenir ce qu'il veut et ne lâchera pas le morceau avant d'être entièrement satisfait. La seule solution serait de l’assommer et d'en profiter pour fuir, mais aller mettre Ko un mec d'un mètre quatre-vingt-dix quand vous faîtes une tête et demie de moins que lui et la moitié de son poids. Surtout qu'il avait la tête sacrément dur le Kise, forcément, à force de se faire frapper par le duo de capitaines de Kaijo.

Donc, lorsque Ryouta lui proposa une partie, Takara sût qu'elle ne pouvait tout simplement pas dire non. Pas comme si elle avait l'habitude de refuser de jouer avec le Copieur de la Génération des Miracles. Un sourire étira les lèvres de la jeune fille, alors qu'elle tournait le dos aux vestiaires et s'approchait pour récupérer la balle qu'il venait de mettre dans le panier.

« Avec plaisir. Mais tu vas morfler, je te préviens. »

Bah voyons. Takara savait très bien qu'elle n'avait aucune chance contre Kise. Même si elle arrivait souvent à suivre le rythme imposé par le blond et même à marquer des points contre lui, elle n'avait encore jamais gagné, ce qui paraissait compréhensible.

Cependant, bien qu'elle connaissait le résultat d'avance, Takara ne refusait jamais de jouer contre Ryouta. Le blond était l'un des rares hommes de son entourage qui semblait apprécier de jouer sérieusement contre elle au basket, sans faire des remarques désobligeantes et machistes sur sa condition de « faible femme ».

Rien à foutre de leur état vestimentaire respectif – entre la brassière de sport de Takara et le torse exposé de Kise, ils avaient l'air fin tiens – là maintenant tout de suite ils étaient en mode « basket » et la jeune fille avait bien l'intention de lui montrer qu'il avait toute les raisons de la prendre au sérieux.

Balle entre les mains, elle ne perdit pas de temps et décida de mettre en pratique ce à quoi elle s'entraînait depuis quelques mois déjà. Les tirs à distance. Jugeant d'un coup d'oeil rapide la distance entre elle et le panier, Takara sauta et fit un tir en suspension, marquant un trois points.

La satisfaction envahit son esprit ; l'entraînement payait enfin. Takara en avait passé des heures à tirer des balles depuis la ligne des trois points, le soir après que tout le monde soit parti. Eva, la coach de l'équipe, et Allie sa très chère rivale qu'elle détestait tendrement, étaient les seuls pour le moment à avoir vu les résultats de ses petites séances de pratique en solitaire. Ryouta pouvait se juger privilégier, mais ce n'est pas comme si c'était un adversaire qu'elle risquait de croiser en match officiel, aussi pouvait-elle se permettre de jouer en toute confiance avec lui.

Elle se retourna vers son ami, un petit sourire aux lèvres. « Alors, tu dors Ryouta ? Tu veux peut-être aller courir un peu dehors toi aussi, histoire de t'échauffer correctement ? »

Provocation, quand tu nous tiens. Nul doute que le jeune homme allait s'empresser de lui montrer qui était le meilleur, ça ne faisait pas photo après tout. En attendant, prions pour que personne ne découvrent ces deux abrutis du basket dans leur situation actuelle, sinon ça allait jaser dans les couloirs du lycée demain.

HRP:

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« Cesse de faire l'enfant. » soupira Takara en voyant Ryouta faire la moue et gémir lascivement après le 'petit' coup de poing qu'elle lui avait filé. Un vrai bébé par moment celui-là.

Cependant, un bébé sur certains points, mais pas tous. Étrangement, dès qu'on abordait le domaine du basket, Kise devenait un tantinet plus sérieux et on comprenait finalement d'où venait le terme « génie » lorsqu'on abordait ses compétences sportives. Cependant, ce n'est pas ce genre de chose qui risquaient d'effrayer Takara.

« Tch. Bah voyons, tu me sous-estimes là. Et le respect aux aînés, hein ? »

Parce que la concernée en question faisait peut-être preuve de respect en appelant tout le monde par leur prénom, voir des diminutifs, même si tu les connais à peine ? Oui, mais non, elle c'était pas pareil d'abord.

Enfin, Takara savait bien que ce n'était là que taquinerie du jeune homme. Ryouta était l'un des rares à la considérer comme une égale sur le terrain, ne faisant preuve d'aucune pitié malgré leur différence de niveau et de gabarit et cela, la capitaine de Kaijou lui en était reconnaissante. On pouvait dire ce qu'on voulait du mannequin, il avait bien des défauts certes, mais n'était certainement pas machiste.

Takara n'eut pas le temps de bloquer le jeune homme que ce dernier avait déjà remit un panier aussitôt après qu'elle ait remit la balle en jeu, lui démontrant une fois encore qu'il n'était pas l'as de l'équipe masculine pour rien. La jeune fille ne pouvait qu'être admirative – et légèrement envieuse, avouons-le – devant le talent qui semblait ne connaître aucune limite de Kise.

Et dire qu'il n'était qu'un première année... nul doute que lorsqu'il aura achevé sa croissance, l'ailier deviendra un joueur quasi-inarrêtable. Même le fameux Aomine, un autre membre de la tristement célèbre Génération des Miracles qui était membre de l'équipe de Touhou – celui dont Kōsuke lui rabattait les oreilles, se plaignant de lui, et dont Satsuki parlait parfois avec une drôle de note au fond de la voix.

La suite du jeu se déroula sans grande surprise pour Takara, qui faisait de son mieux, mais Kise était en forme et il le lui prouva en lui volant le ballon des mains alors qu'elle tentait de le feinter sur le côté. C'était tout de même légèrement frustrant surtout en considérant que les feintes et son agilité prompte et vive comme celle d'un félin – ce n'était pas pour rien qu'on la surnommait ''la Lionne de Kaijou'' sur les terrains officiels. Mais face à Ryouta, elle ne pouvait qu'être bluffée et s'incliner devant le talent grandissant du Copieur.

… Ou bien elle pouvait s'incliner devant sa connerie désespérante aussi.

« Ryouta ! » s'exclama Takara, une très légère pointe d’inquiétude dans le fond du fond de la voix – la Maman en puissance qui sommeillait en elle s'était réveillée en voyant son précieux poussin attardé se rétamer par terre – s'approchant d'un pas rapide du jeune homme... qui n'avait rien. Heureusement.

La demoiselle poussa un soupir, mi-consternée mi-soulagée, et mit les poings sur les hanches, le toisant de toute sa hauteur tandis qu'il se relevait en se massant le postérieur – pour une fois qu'elle était plus grande que lui tiens, elle allait en profiter. Elle le sermonna ''gentiment''.

« Idiot. Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas attention, tu ne sais donc que dunker ou quoi ? »

Takara balaya le sol du regard et grimaça en constatant qu'avec leurs bêtises – enfin les bêtises de Kise surtout – le parquet du gymnase était bien trempé par endroit et, par conséquence, terriblement glissant. La meneuse plissa les yeux. Mieux valait s'en tenir là pour aujourd'hui.

« On arrête. Ne crois pas que j'admette ma défaite de gaité de cœur, mais je ne prendrais pas le risque que tu te blesses inutilement. Tu es tellement empoté que tu es bien foutu de te casser la cheville en glissant. »

Voilà, ça c'était sa façon de lui montrer qu'au fond, elle l'aime et elle prends soin de lui. Va trouver la tendresse derrière les coups, les sarcasmes et les insultes qui pleuvaient à tout va. Bon sang, il était épuisant n'empêche ce môme, à toujours lui donner de quoi s’inquiéter, voilà qu'elle devait le surveiller à la place de Yukio comme s'il faisait partie de son équipe, sauf que non, Ryouta n'était pas une de ses filles. Mais c'était tout comme au fond – cependant hors de question d'avouer à haute voix les sentiments maternelles que lui inspiraient bien malgré elle le jeune homme, Takara en avait bien trop honte.

Se dirigeant vers un des bancs, la jeune fille attrapa une serviette éponge et la balança négligemment en plein au visage de Kise. « Tiens, essuie-toi un peu, tu fous de l'eau partout. Je vais voir si je trouve un t-shirt à ta taille qui traîne dans le vestiaire. »

Elle se dirigea vers la dite pièce, pestant entre ses dents au sujet du bordel phénoménale qui régnait. C'était décidé, lundi prochain, elle choppait toutes les filles et les faisaient ranger et nettoyer les vestiaires. Elle voulait se voir dans le sol – ce qui pour l'instant était difficile étant donné qu'on ne voyait même pas un centimètre carré de la surface du sol en question et elle exagérait à peine.

Fouillant un peu dans les casiers et les cartons qui traînaient, Takara finit par dénicher un t-shirt masculin. Vert. Avec, écrit en grosses lettres sur le devant ''Kiss Me I'm Irish''. Qui diable portait un truc pareil dans l'équipe masculine ? Ouais, bon ça ferait l'affaire. Qu'il ne vienne pas se plaindre surtout parce sinon elle lui faisait bouffer le t-shirt en question.

Rejoignant le jeune homme, la demoiselle jeta un regard par les fenêtres. Le ciel était désormais noir de l'encre. Ça allait bientôt tomber. Et dire qu'elle n'avait même pas penser à prendre un parapluie en partant ce matin...

Après la serviette, ce fut le tour du t-shirt d'aller embrasser avec toute la douceur dont était capable la Dragonne de Kaijou – c'est à dire très peu pour le coup – le visage de l'idole de ses dames. « Tiens. J'ai trouvé que ça. Maintenant faut que je nettoie le sol avant que les filles reviennent, donc soit tu t'en vas, soit tu m'aides. »

Elle alla chercher un balai-serpillière, guettant la réaction de son vis-à-vis du coin de l'oeil. Ouais en fait non, il avait pas le choix, c'était en grande partie sa faute s'il y avait de l'eau partout, donc il avait tout intérêt à venir lui donner un coup de main pour nettoyer le gymnase avant le retour des filles – Takara n'était pas sadique à ce point si elle les avait envoyées courir, c'était évident qu'elle n'allait pas les foutre de corvée de ménage derrière. Sinon il risquait de se prendre un manche à balais en plein sur le crâne et ça risquait de faire légèrement mal.

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Les moues enfantines de Kise, c'était quelque chose tout de même, songea Takara en voyant son ami baisser les yeux et murmurer des excuses entre ses lèvres, avant de protester boudeusement. Enfin, il n'avait rien c'était le principal. La jeune fille ne se le serait pas pardonner si Ryouta s'était blessé en jouant avec elle. Ah c'est sûr, il était doué l'As de Kaijou ! Trop même et son corps encore en pleine croissance supportait difficilement le talent monstrueux qu'il déployait sans se priver sur les terrains.

« Tu es un empoté. » assura la capitaine, plus soucieuse qu'elle ne voudrait le montrer. « Au lieu de te pavaner devant l'objectif, prends soin de ton corps sinon tu vas encore te blesser inutilement. Et crois-moi, ni Yukio ni le coach ne prendront le risque de te faire jouer dans ces conditions. »

En gros écoute Maman Takara et surveille ta santé ! Réalisant qu'elle lui tenait vraiment un discours très « maternel », Takara rougit légèrement de gêne et détourna le regard, préférant aller chercher un t-shirt pour couvrir ce foutu torse avant que les filles n'arrivent et ne lui fassent des crises d'hyperventilation à cause du surplus d'hormones.

La vision d'un Kise avec le t-shirt qu'elle lui avait dégoté tant bien que mal manqua d'arracher un éclat de rire à la jeune fille. Il ne fallait pas que ses fans le voit ainsi, sinon elles risquaient de lui sauter dessus pour l'embrasser – bah oui ''Kiss me'' quoi.

Heureusement, elle se maitrisa et se contenta de laisser filer sur ses lèvres un discret sourire amusé. Il était foutu de se vexer si elle riait, non par moquerie pure mais parce que c'était vraiment tordant de voir un mannequin toujours habillé à la dernière mode avec un truc pareil. Et s'il se vexait, Ryouta était bien capable de bouder et d'enlever le t-shirt en question et donc on en reviendrait au point de départ, à savoir le torse nu de l'idole exposé aux yeux de toutes les filles de l'équipe qui n'allaient pas tarder à revenir. Donc non.

S'attelant à la tâche ménagère coutumière à laquelle elle était accoutumée de longue date, le sourire de Takara se fit plus doux en constatant que Kise avait choisi de venir l'aider à nettoyer. Il était donc capable de faire les bons choix parfois... enfin, techniquement il n'était pas obligé de le faire, même s'il devait se douter que la menace d'un nouveau coup dans l'estomac le guettait s'il osait s'enfuir ainsi, mais il avait choisi de l'aider de lui-même donc pas de lynchage de Kise supplémentaire en vue pour le moment.

Le travail fut bien plus rapidement accomplit à deux, et Takara souffla de contentement tandis qu'elle rangeait le balai et se tournait pour admirer son gymnase, parfaitement propre et sec.  

« Mouais, te jette pas trop des fleurs non plus. » souffla la jeune fille en jetant un regard en coin à Kise qui lui souriait de son air habituel. Elle ajouta toutefois, de meilleure humeur désormais que sa tâche était accomplie : « Mais bon. Merci pour ton aide. »

Un premier éclair retentit soudain, déchirant finalement le ciel en deux. Takara leva les yeux vers la fenêtre, regardant les premières gouttes de pluie tomber, mais est vite interrompue dans sa contemplation en voyant son camarade sursauter de surprise à cause du grondement du tonnerre.

Elle se tourna vers Kise, légèrement surprise de voir ce grand gaillard réagir ainsi pour un petit éclair de rien du tout. « … Ne me dis pas que le grand Ryouta a peur de l'orage tout de même ? T'es sûr que t'es bien un mec ? »

Toi t'as bien peur des fangirls, Takara... A cet instant les filles revinrent de leur footing et la capitaine de l'équipe hocha la tête, leur faisant signe d'aller dans les vestiaires se doucher et se changer, l'entrainement étant désormais fini. Elle durcit légèrement son regard au passage, leur faisant également comprendre que ce n'était pas du tout le moment de baver sur Kise et son tee-shirt à tomber à la renverse. Heureusement, le message passa plutôt bien et elles filèrent s'enfermer dans les vestiaires sans perdre de temps.

L'adolescente se retourna vers Ryouta. « M’appelles pas comme ça. » grogna-t-elle, presque par réflexe, surtout qu'elle savait parfaitement que cela ne servait à rien avec cet entêté d'idiot de blondin. Takara soupira. « Moi non plus je n'ai pas de parapluie. Cependant, on ne va pas pouvoir rester longtemps à l'abri ici, les profs vont venir fermer le gymnase à clé d'ici quelques minutes... »

Ce qui signifiait affronter la pluie quoiqu'il arrive. Ils pouvaient toujours attendre jusqu'à l'arrivée du responsable en espérant que la drache se calme un peu, bien que cela semblait bien parti pour durer des heures.

Quelques filles commencèrent à sortir des vestiaires, saluant leur capitaine et le mannequin idolâtré, avant de se diriger vers la sortie, leur parapluie à la main pour chacune. Évidemment... c'était des vraies filles elles, qui pensaient à tout et ne risquaient pas de finir trempées des pieds à la tête, pas comme Takara qui sentait qu'elle était bonne pour se taper un sprint jusqu'à la station de métro la plus proche, ou bien à aller s'abriter dans le café situé à quelques centaines de mètres du lycée Kaijou en attendant que le temps soit plus clément.

La Kurokawa salua les premières années d'un hochement de tête et d'un petit sourire, leur disant de faire attention à elles. Cette petite marque d'attention sembla faire plaisir aux demoiselles, qui sourirent à leur tour – bien que leurs moues ravies étaient probablement plus destinées au mannequin qui se tenait à côté d'elle... – et s'enfuir par la porte en rougissant.

Alors que Takara s'apprêtait à proposer à Kise de l'accompagner boire un café, jugeant qu'elle lui devait bien une boisson chaude pour son coup de main pour nettoyer le gymnase – et avoir réussi à améliorer un peu son humeur au final avec ses pitreries, un exploit dont le blond n'était pas vraiment conscient, mais il était bien l'un des rares si ce n'est le seul capable de faire sourire la capitaine de Kaijou même lorsqu'elle était furax. Comme quoi, taper sur Kise ça apaisait.

Cependant Takara n'en eut pas le temps, parce que la seconde suivante, un autre puissant éclair accompagné d'un grondement tonitruant déchira le ciel, et aussitôt le noir complet se fit dans le gymnase. Coupure de courant.

« Bordel, c'est quoi ça encore ? » grogna Takara, qui ne voyait plus rien du tout.

Mais alors vraiment rien, il faisait plus noir que du charbon. Ce qui expliqua qu'elle ne vit pas où elle mettait les pieds et se cogna dans quelque chose, qu'elle frappa d'un bon coup à l'aveugle par pur réflexe. A moins que ce ne soit quelqu'un en réalité.

« Ryouta, c'était toi à l'instant ? » souffla la demoiselle, cherchant à habituer son regard à l’obscurité tout en priant pour que le courant revienne vite.

Oups. Promis, c'était pas fait exprès ce coup-ci ! Elle y voyait vraiment rien pour sa défense...

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Effectivement c'était bien son ami Kise qu'elle venait de cogner à l'aveugle l'instant précédemment. Le gémissement plaintif du jeune homme le lui confirma et Takara grimaça. Elle avait vraiment pas fait exprès cette fois-ci, ce n'était nullement volontaire, mais en sentant qu'elle était rentrée dans quelque chose, avec cette foutue obscurité qui l'empêchait de voir plus loin que le bout de son nez, la jeune fille avait réagi par pur instinct.  

« D... désolé. Réflexe. » marmonna-t-elle pour s'excuser, profitant du noir pour se permettre de rougir légèrement, un peu gênée d'avoir agit ainsi sans même y réfléchir.

Donc à retenir, lorsque Takara se retrouve seule dans le noir avec un garçon, elle cogne d'abord. Intéressant.

Sinon, il y a des jours ou franchement, Takara se disait qu'elle aurait mieux de rester au lit. Ce serait tellement plus facile si elle était une geek incapable de sortir de chez elle et qui passerait toutes ses journées à jouer à des jeux vidéos et à descendre des litres de canettes de boissons à la caféine pour tenir le coup.

Mais non, Takara avait voulu faire du sport, Takara avait voulu rejoindre l'équipe de basket de Kaijou... la prochaine fois, elle y réfléchirait à deux fois avant de signer, parce que sur le contrat de capitaine, il n'était mentionné nulle part qu'elle devait se retrouver enfermée seule dans un gymnase dans le noir avec Kise Ryouta.

Enfermée, oui. La jeune fille s'était figée sur place en reconnaissant le bruit très caractéristique d'une clé qu'on enfonce dans la serrure. Ni une ni deux, elle rejoignit le blond qui s'était rué sur la porte pour vérifier, même si elle se doutait bien qu'un professeur venait de sceller leur sortie de secours.

Les choses prirent ensuite une tournure très particulière. Très Kise à vrai dire. Ça commença avec la brillante idée du blond.

« Parce que tu crois sérieusement que Yukio va venir nous aider... » souffla la jeune fille, pas franchement convaincue malgré l'optimiste de l'As de Kaijou à ce sujet.

La foi qu'avait Ryouta en son capitaine était presque touchante... seulement, celui-ci avait oublié qu'il parlait de Kasamatsu et bien évidemment, cela ne loupa pas. Le hurlement du brun traversa le téléphone, résonnant si fort dans la pièce que Takara l'entendit comme s'il était à côté d'elle. Et elle n'aima pas vraiment le sous-entendu de Kasamatsu au sujet d'elle et de l'idiot blond qui était pourtant sous la responsabilité de l'autre abruti de collègue capitaine là – oui elle commençait à s'énerver sérieusement là et ils étaient tous des crétins, autant qu'ils sont !

« Mais rappelle-le Ryoutabruti ! Ensuite passe-moi ce putain de téléphone, je vais lui dire ma façon de penser, moi ! »

Seulement, elle n'eut pas le temps de s'engueuler via cellulaire avec Kasamatsu pour lui dire de ramener ses fesses ici et qu'à l'avenir, il avait intérêt à mieux surveiller ses joueurs parce que cela allait bien deux secondes tout de même, il n'y avait pas marqué « baby-sitter de Kise » sur son front ! Tant pis, elle ferai payer à Yukio demain.

Non Takara n'en eut pas le temps parce que les soixante-dix kilogrammes et des brouettes de Ryouta lui tombèrent dessus quelques secondes plus tard alors qu'elle ruminait sa frustration qui montait dangereusement. Il était lourd cet empoté de première catégorie en plus...

« Ryouta dégage de là tu m'écrases, abruti... » réussi à grogner la jeune fille, balançant un coup de pied dans les flancs du concerné pour l'aider à se décider de changer de place.

Mais... attendez un peu elle était où sa main là  ? Mais c'est qu'il la pelotait en plus ce foutu mannequin !

« Bordel mais t'as décidé de mourir aujourd'hui ou quoi ? » gueula gentiment la Kurokawa, à bout de nerfs. « Maintenant arrête un peu tes conneries et fait marcher ton cerveau, crétin congénital sinon je te frappe ! »

Tu l'as déjà frappé en même temps Takara... quoi qu'il en soit, essayons de nous calmer et de réfléchir à cette situation, qui était franchement merdique dans son genre. Mais vraiment.

« A...Attends je vais voir si je peux joindre Eva. » souffla la Kurokawa, prise d'une illumination soudaine.

Sa coach, sa gentille coach, comprendrait elle. Elle ne la laisserai pas passer la nuit dans le gymnase, toute seule avec un abruti de mannequin blond. La jeune fille se saisit de son portable, faisant défiler les contacts pour trouver celui de l'entraîneuse de l'équipe féminine, ayant eu la brillante idée d'échanger son numéro avec cette dernière peu après l'arrivée de Batsheva au lycée. Bien qu'elle n'avait pas franchement prévue de la contacter pour ce genre de situation ahurissante.

Seulement, le destin semblait avoir décidé de s'acharner sur la personne de Kurokawa Takara, parce que c'était tellement plus drôle ainsi. Et donc au moment où elle allait trouver le contact de sa coach appuyer sur la touche « appeler », l'image d'une petite batterie vide et rouge clignota sur l'écran, lui indiquant que c'était très bien d'avoir un portable, mais qu'il fallait penser à le recharge de temps en temps sinon ça ne marchait plus au bout d'un moment. Et que fait un portable qui n'a plus de batterie ? Il s'éteint, oui bravo !

« Non c'est pas vrai ! » gémit la capitaine de l'équipe de Kaijou en voyant l'écran de son portable s'éteindre à son tour, plongeant à nouveau les deux adolescents malchanceux dans le noir complet. Maudite. Elle était maudite !

Dehors, l'orage se déchaînait toujours, s'en donnant à cœur joie. De temps à autre, des éclairs illuminaient brièvement le gymnase à travers les fenêtres. Takara se mordillait furieusement la lèvre inférieure, cherchant une solution. Elle tourna son regard vers lesdites fenêtres. On y accédait facilement grâce aux gradins. La chute de l'autre côté risquait d'être un peu rude en revanche, mais rien de gravissime non plus.

La jeune fille fit la moue. Deux solutions s'offraient à elle et elle n'en aimait aucune. Elle se tourna vers Ryouta, tendant la main à l'aveugle pour s'assurer qu'il était toujours à côté d'elle. Ses doigts se refermèrent sur un pan de son t-shirt. Parfait, il était toujours là.

« Bon, écoute-moi deux secondes. On a deux possibilités : soit on sort du gymnase en passant par les fenêtres, ce qui implique de se retrouver sous la pluie et on risque de se casser un peu la gueule aussi, c'est à nos risques et périls. Soit on reste là jusqu'à ce quelqu'un se rende compte qu'on est enfermé ici, ce qui peut durer jusqu'à demain matin. Choisis. »

Joyeux tout ça ! Dans tous les cas, si elle voulait sortir, elle avait besoin d'un coup de main de la part de Ryouta. Et puis elle ne pouvait pas le laisser tout seul dans son gymnase plongé dans l'obscurité non plus.

Si au moins le courant pouvait revenir, ce serait déjà une consolation... mais non, les Dieux s'en foutaient, ils aimaient la voir souffrir et galérer, ces foutus sadiques.

HRP:

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Pas contente, elle ? Non, c'était seulement une idée voyons. Personne ne voyait donc à quel point elle respirait la joie de vivre et la bonne humeur, la Takara ? Pour un peu on la confondrait avec un bisounours même, une vraie petite Little Miss Sunshine. Ou peut-être pas au fond.

Néanmoins, pas contente pour pas contente, Takara trouvait sa mauvaise humeur constamment déstabilisée et contrebalancée par l'attitude positive de Kise, qui ne perdait jamais son sourire, peu importe le nombre de fois qu'elle le frappait ou lui gueulait dessus. C'était ce côté là de la personnalité du blond qu'elle adorait et ne supportait plus à la fois. Le mannequin semblait déterminé à lui faire perdre la tête ; un coup elle avait presque envie de lui sauter au cou et la fois suivante, elle voulait l'étrangler jusqu'à ce que mort s'en suive.

L'étrangler oui pourquoi pas... surtout quand on voit ce qui se passe après, alors que Ryouta le Joyeux entraînait par la main Takara la Grincheuse pour une descente de casier à la recherche d'un paquet de bonbons ou d'une canette de soda encore intacte – c'est vrai qu'entre les affaires des filles et celles des garçons des deux équipes, ce vestiaire était un véritable garde-manger géant.

Étonnamment docile, la capitaine se laissa traîner, comme une mère se ferait tirer par la main par son gosse vers le rayon sucrerie du supermarché. Du moins elle ne dit rien, jusqu'à ce qu'un bruit ne retentisse et désactive – de nouveau oui – le cerveau du blond, qui fit encore une fois une chose stupide. Pour ne pas changer.

« Mais … ! Ryouta qu'est-ce que tu fais, déconnes pas ! » protesta, ou plutôt tenta de protester Takara en se sentant pousser à l'intérieur du casier le plus proche.

La jeune fille piqua un fard monstrueux en sentant soudain le corps du jeune homme collé littéralement contre le sien alors qu'ils se serraient tous les deux dans l’exiguë cachette pour échapper à un alien ou au tueur en série sorti tout droit de l'imagination débordante de Kise.

Trop proche... il était beaucoup trop proche cet idiot ! Et comme en plus il était plus grande qu'elle, elle avait le visage presque enfoui dans le cou du jeune homme, respirant son parfum à chaque inspiration qu'elle prenait – bordel, mais il se parfumait à l'eau de Cologne pour homme en plus, ce mannequin de pacotille ! – de même qu'elle pouvait sentir son souffle chaud lui chatouiller le front.

« I..idiot ! Et si c'est quelqu'un qui vient nous ouvrir ? » chuchota furieusement entre ses dents Takara, les joues brûlantes et le cœur battant à cent à l'heure. « Et t'es trop près ! »

Effectivement, ce serait bête de louper l'occasion de s'échapper du gymnase à cause d'une bêtise pareille. Surtout que la miss Takara allait pas tenir longtemps, collée comme elle l'était contre le corps athlétique de son ami. Comprenons bien, elle avait pas de problème vis-à-vis des contacts physiques... quand ça venait d'elle ! Là depuis tout à l'heure, c'était à croire que Ryouta le faisait vraiment exprès !

Toujours sonnée par cette affaire de placard duquel la jeune fille s’extirpa à la suite de son ami, sans prêter attention à l'air éberluée de la fan-girl qui était leur sauveuse pour aujourd'hui et rouge comme une tomate, Takara était plus occupée à se calmer qu'à prêter attention à la fille qui dévorait littéralement Kise du regard.

Le hurlement strident que celle-ci poussa quand l'autre tombeur à la noix l'embrassa sur la joue manqua de peu de lui percer les tympans. La Kurokawa jeta un regard noir à la fan-girl, la foudroyant sur place – métaphoriquement bien sûr, ah si seulement...

Seulement, la fille en question dû se fourvoyer sur le pourquoi de ce regard, car quand Kise lui demanda gentiment de rentrer chez elle, la jeune fille se tourna vers Takara : « B-bien je vous laisse à vos... occupations ! Mais je te préviens Kurokawa-san, je refuse de perdre contre toi ! Je ne céderai pas le cœur de Kise-sama aussi facilement ! »

« Ah ? » répondit très intelligemment la concernée, qui pigeait rien du tout à ce que cela pouvait bien vouloir dire.

La fan-girl s'enfuit ensuite, protégée de la pluie par son parapluie – elle au moins elle avait pensé à en prendre un, à se demander qui était les vrais idiots de cette histoire. Takara resta donc seule avec ses interrogations, ne comprenant pas vraiment le compromettant de la situation. La jeune fille venait tout de même de les trouver, elle et Ryouta, tous seuls dans un casier. Dans le noir. Dans un gymnase vide, après les cours.

A votre avis, avec tout ça, de combien est le pourcentage de chance que la rumeur que Kurokawa avait mit le grappin sur Kise, ne circule pas ? Très faible, oui. Il faudrait que la fan-girl en question se fasse écraser par un astéroïde, hors il n'y avait aucune chute de comète prévu pour ce soir, comme c'est dommage.

Tout ceci risquait de fort compliquer l'existence de la petite Takara, que beaucoup soupçonnait déjà d'avoir une relation particulière et ambiguë avec le capitaine de l'équipe masculin, Kasamatsu. Diantre, on pouvait déjà imaginer les nombreuses rumeurs et hypothèses qui allaient naître au sujet de cet incroyable triangle amoureux entre les trois mordus de basket !

« Elles sont surtout effrayantes oui … » marmonna la jeune fille en rentrant sa tête dans le col de son uniforme pour tenter, vainement, de se protéger de la pluie. Takara se tourna vers Kise. « On va se mettre au chaud. J'ai pas envie de rester là, à me faire tremper comme une idiote. Y a un café pas loin, viens. »

Elle commença à marcher vers la sortie du lycée, ayant une soudaine envie de café latte et de pâtisserie, mais se tourna finalement vers le jeune homme, ajoutant : « Si t'as envie. Et puis c'est vrai que c'est grâce à tes fans acharnées et cinglées qu'on est sorti, donc je te dois bien une boisson chaude. Sinon, rentre chez toi et va donc te sécher avant d'attraper la crève. »

Et sur ces douces paroles, Maman Takara se mit en route, attendant de voir si Kise allait lui emboîter le pas ou non – bizarrement elle penchait plus pour la première option –, parcourant le chemin la séparant du café situé à moins de cinq minutes de marche du lycée. Elle irait attendre la fin de l'orage là-bas, pas vraiment disposée à faire tout le chemin jusqu'à sa maison sans parapluie ni veste – c'était un coup à attraper un rhume, vu le karma fantastique qu'elle se trimbalait.

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Comme elle l'imaginait, Kise ne tarda pas à s'élancer à sa poursuite, la saisissant par la main au passage et l'entraînant en courant vers le café pour tenter – en vain bien évidemment – d'échapper à la pluie battante. C'était elle qui se faisait des idées ou depuis tout à l'heure, Ryouta n'arrêtait pas de trouver tous les prétextes imaginables pour la toucher ?

Sauf qu'en réalité, venant de lui, ça ne dérangeait pas spécialement Takara. La capitaine tyrannique nourrissait une certaine affection secrète pour les contacts physiques. Forcément, a force d'être confondue avec une peluche vivante par un certain nombre de personne – son père, les jumeaux, Satsuki et Hairi pour ne citer que les plus câlins.

Et puis c'était Ryouta. Et bien qu'elle ne le dirait jamais, au grand jamais, à qui que ce soit et surtout pas au premier concerné, Takara avait confiance en son ami. Le blond avait, derrière son attitude enfantine et épuisante, un véritable respect pour la gente féminine et la Kurokawa savait parfaitement qu'elle ne risquait rien avec Kise malgré ses bourdes, parce que jamais il ne lui ferait du tord ou tenterait de profiter d'elle.

Arrivés au café, trempés jusqu'aux os, les deux camarades durent s'excuser auprès du personnel pour les flaques qu'ils formaient à chacun de leur pas, dégoulinants qu'ils étaient. On leur apporta des serviettes et Takara alla s'assoir à une table en se frottant les cheveux pour les faire sécher, les emmêlant d'avantage encore – vous connaissez pas la pub l'Oréal ? Non parce que c'était plus une chevelure là, mais une crinière qu'elle avait – pendant que Kise allait faire un tour aux toilettes.

Lorsque le blond revint pour passer la commande, après être resté bien un bon quart d'heure planqué là-dedans à faire Dieu seul sait quoi, la serveuse arriva prendre leur commande. Takara releva les yeux vers Ryouta, haussant un sourcil de suspicion.

« … Non mais attends, ne me dis pas que tu as vraiment fais sécher tes vêtements comme ça, dans les toilettes ? Tu t'es déshabiller en plus ?! » souffla Takara, avant d'ajouter tout en donnant une pichenette sur le nez de son ami. « Pas étonnant qu'il te regarde bizarrement alors, Ryoutabruti ! Ce genre de chose ne se fait pas, peu importe que tu sois bien foutu, enfin ! »

Crétin de blond franchement. Takara se rassit au fond de son siège en voyant leur commande arriver. La serveuse déposa le café latte devant l'adolescente, accompagnée de son assiette de macarons colorés qui lui donnait l'eau à la bouche rien que de les regarder. Sans attendre, la Kurokawa entama les hostilités et dévora une première pâtisserie, savourant la texture à la fois croquante contre ses dents et fondante dans sa bouche.  

Elle releva les yeux vers son ami et faillit s'étouffer avec sa gorgée de café en voyant l'effet dévastateur que pouvait avoir un gâteau au chocolat sur le visage de l'idole de ces dames. Si les fans savaient …  

« Ryouta, mange proprement. Tu t'en mets partout. » le sermonna Takara tout en enfournant une bouchée de son propre gâteau. Elle soupira, le raillant un peu au passage parce que c'était quand même pas rien de voir Kise Ryouta avec de la chantilly et du chocolat autour des lèvres : « Franchement, t'as quel âge ? Heureusement qu'il n'y a que moi pour voir cela sinon tu pourrais dire adieu à ta réputation de parfait beau gosse. »

Prenant sa serviette, la jeune fille se pencha par-dessus la table pour atteindre le visage de Kise et lui essuya le contour de la bouche. Réaction réflexe à la con, la faute à ses cadets Rin et Ren qui se mettent toujours de la nourriture partout quand ils mangent eux aussi. Sauf que les jumeaux ont huit ans, eux. Ce ne sont pas des adolescents mannequins avec toute une image à tenir.

Réalisant soudain qu'elle était en train de nettoyer le visage de Kise elle-même, Takara se figea brusquement en prenant conscience de la situation. La jeune fille piqua un fard monstrueux et décida d'oublier sa gêne en se vengeant sur son ami. Elle lui balança donc la serviette en pleine face, rouge comme une pivoine, et lui hurla dessus tout en se rasseyant :

« M-Mais pourquoi je t'essuie moi ?! Débrouilles-toi tout seul mannequin à la noix, t'es plus un gosse bordel ! »

Inutile cependant de lui faire remarquer que le pauvre Kise n'avait rien demandé ni fait, ce serait juste chercher la petite bête – ou plutôt le coup de poing dans la gueule dans le cas présent. Un peu tsundere sur les bords quand même la Kurokawa…

Se rasseyant, la demoiselle enfourna une nouvelle pâtisserie par pure gourmandise et pour masquer sa gêne, mâchonnant tranquillement son plaisir personnel. Oui elle mangeait beaucoup et alors ? Takara passait son temps à se dépenser en courant partout, entre la maison à gérer, les cours à suivre et les entraînements avec les filles... forcément cela creusait !

Takara tourna la tête vers la fenêtre. « … On dirait que la pluie commence à se calmer. » souffla-t-elle du bout des lèvres, le menton posé dans sa main et les coudes sur la table pour soutenir le tout.

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C'est qu'il riait d'elle en plus cet imbécile heureux. Takara se mordit la lèvre et gonfla les joues dans une moue boudeuse, relativement enfantine pour le coup. Qu'il se débrouille tout seul le Kise, elle en avait marre d'avoir ce genre de réactions vis-à-vis de lui franchement.

La jeune fille capta soudain les paroles de leurs voisins de table. Son sang se gela dans ses veines en comprenant qu'ils parlaient d'elle. L'insulte lui fit serrer la mâchoire et grincer des dents. Sales types... tout ça à cause de cette rumeur, sans doute. Ça avait tourné plus vite qu'elle ne croyait. Takara baissa les yeux. Ce n'était pas le lieu pour faire un scandale, surtout avec Kise avec elle. Alors, même si cela ne lui plaisait pas plus que cela, elle garda ses lèvres scellées pour le moment et enfouie sa colère au fond d'elle-même.

La capitaine redressa brusquement la tête, sans comprendre, en voyant son ami se relever en silence, le regard braqué sur les deux adolescents qui ricanaient de leurs propres méchancetés. Elle cligna des yeux, pas certaine de comprendre ce qu'il allait faire, puis le vit esquisser un pas dans leur direction. Son ventre se tordit en se doutant que Kise allait certainement faire quelque chose qu'il pourrait regretter plus tard. Takara tendit la main vers le jeune homme pour le retenir.

« Ryouta, laisse tomber c'est bon... » souffla la jeune fille, ne voulant pas créer de problèmes dans le café.

Mais rien à faire, il ne l'écoutait même plus. Le voyant se diriger droit vers la table des deux lycéens, la jeune fille se mordit la lèvre et finalement, se leva à son tour en voyant le ton monter entre les garçons.

Lorsque Kise donna le premier coup, poussé à bout, elle n'en revint pas. Takara ne l'avait jamais vu s'énerver comme ça, voir même se mettre en colère tout court. Pour elle, Ryouta c'était la joie de vivre permanente, l'insouciance même – ce qui par moments, était d'ailleurs franchement agaçant il faut bien le dire. Jamais elle n'aurait crû voir cette facette de sa personnalité. C'était... étonnant. Et même un peu effrayant presque.

Le sang de Takara ne fit qu'un tour quand l'autre garçon répliqua et se jeta littéralement sur son ami. Alors là... qu'ils l'insultent tant qu'ils veulent si ça leur faisait plaisir, mais maintenant qu'il avait osé lever la main sur SON Ryouta – oui oui tout à fait ; c'est son ami bordel, et personne n'avait le droit d'y toucher, c'était propriété privé de la Lionne de Kaijo, point.

« Connard ! Le touche pas ! » s'emporta la jeune fille en se précipitant vers eux, se faisant toutefois intercepter par les propriétaire du café avant qu'elle n'ait le temps de se ruer au chevet de Kise.

La jeune fille grimaça en les entendant parler d'appeler la police. Super. Exactement ce qu'elle voulait éviter. Takara prit sur elle pour les convaincre de ne pas le faire, voyant du coin de l'oeil les deux gars et Kise quitter la boutique. Sur le sol, elle remarqua quelques tâches de sang. Elle s'empressa de payer, s'excusant brièvement au passage, trop inquiète de savoir comment allait Ryouta pour se soucier plus longtemps du reste.

Takara se rua alors dehors, tournant la tête en cherchant son ami blond du regard. Elle le trouva, seul – heureusement – adossé contre le mur. Les deux autres semblaient être partis.

« Ryouta ! » s'exclama l'adolescente en se précipitant vers lui, inquiète en voyant le sang qui maculait le visage du mannequin.

Sans même demander son avis au blond, elle lui saisit la tête entre les mains – délicatement tout de même, elle se retint à temps pour éviter d'aggraver les choses – et fit un rapide contrôle des dégâts. C'était pas très beau à fort et ça continuait de saigner, mais au moins rien ne semblait de casser. La carrière de Kise était sauvée, il ne serait pas défiguré.

« Attends... je crois que j'ai un mouchoir. » souffla Takara en s'emparant de son sac de cours. « Mets la tête en arrière, ça ralentira le saignement. »

Elle fouilla un instant dedans, avant de dénicher l'objet désiré, qu'elle tendit à Ryouta. L'angoisse se calma maintenant qu'elle était certaine que son ami allait aller bien et que les autres enfoirés de première catégorie étaient repartis – attendez qu'elle mette la main sur eux au lycée, ça allait saigner cette histoire ; on touche pas Ryouta bordel, faut le dire en quelque langue ?

Du coup, la montée d'adrénaline de Takara retomba aussi. Et la jeune fille, rejouant la scène en boucle dans sa tête, s'énerva.

« Abruti, imbécile ! Pourquoi t'as fais ça enfin ? Je t'ai rien demandé que je saches ! Tu crois que ça me fais plaisir de te voir dans cet état maintenant ? Crétin de Ryouta, stupide stupide ! » s'écria la jeune fille, au bord de la crise de nerfs – voir même carrément en plein dedans. « Et ta carrière, hein ? T'aurais fais quoi si ton nez était cassé ou qu'il te reste une cicatrice ? Idiot, abruti, crétin ! »  

Les insultes pleuvaient, mais aucun poing ne vint se loger entre les côtes de Ryouta. Non, mais faut lire à travers les lignes là. C'est pas forcément très clair c'est certain, mais en réalité, la Takara elle se sentait coupable et surtout, elle avait eu la trouille, vraiment. Ce foutu blond allait arrêter de jouer avec son palpitant maintenant, parce que ça commençait à bien faire quand même. Ses émotions étaient totalement chamboulées pour le coup, elle ne savait plus quoi dire et en même temps… elle était heureuse.

Elle n'aurait jamais crû que Ryouta prendrait sa défense comme ça, juste pour quelques insultes. Faut dire que, si la capitaine de Kaijo était habituée à endosser les responsabilités et prenait généralement beaucoup sur elle-même, elle n'avait pas l'habitude de l'inverse. Et bizarrement, ça lui faisait tout de même plaisir. Fichu beau gosse à la noix. Comment faisait-il pour réussir à la chambouler ainsi ? Rah, elle ne pouvait même plus essayer de prétendre qu'elle le détestait maintenant, parce que bon sang, c'était tellement faux. Ryouta était son ami après tout. Un peu étrange, très casse-pieds certes, mais tout de même.

« … Ryouta, pourquoi t'as fais ça ? T'avais pas besoin de t'énerver pour ces trucs sans importance, tu sais. Je m'en fous moi, de ce qu'ils disent. Mais je veux pas que tu te blesses en faisant ce genre de choses sans réfléchir. »

Foutu blond franchement. Et non elle ne venait pas juste de verser une larme ! Elle avait une poussière dans l'oeil, nuance ! Puis en plus elle était minuscule cette larme, elle existait même pas complètement d'abord.

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La première fois qu'elle avait vu Kise Ryouta, elle s'en souvenait. C'était peu de temps après la rentrée. Takara avait surpris un attroupement de jeunes filles devant le gymnase et, curieuse de connaître la raison des hurlements d'adoration et des gémissements passionnés que poussaient ces dernières, elle s'était approchée pour voir. Elle avait réussi à se frayer un chemin à travers la foule, juste à temps pour apercevoir le jeune homme effectuer un dunk parfait. Sur le coup, elle avait été subjuguée par le jeu fluide et sans imperfections du basketteur. Puis elle l'avait vu la seconde suivante se retourner pour saluer joyeusement ses admiratrices, se ramassant un solide coup de pied de la part de Kasamatsu pour lui apprendre à se concentrer.

Takara en avait alors conclut que Kise n'était qu'un imbécile, un bienheureux béni des Dieux pour sa beauté, son talent et sa facilité à tout faire. En somme, exactement le genre de personne qu'elle ne supportait pas.

Sauf que non, Ryouta n'était pas un imbécile. Enfin si, il en était un. De première catégorie qui plus est. Mais c'était « Son » imbécile désormais et cela changeait tout, totalement. Parce que ce fichu blond avait réussi à se faire une place dans le cœur de la Kurokawa, ce qui, il fallait bien l'avouer, n'était pas toujours une mince affaire. Et pourtant.

« Crétin… » marmonna Takara à voix basse. « Me faire m’inquiéter comme ça franchement. Moi non plus figures-toi, je n'aime pas qu'on s'en prenne à mes amis. »

Actuellement blottie dans les bras de son ami, Takara profita qu'elle avait le visage enfoui dans le torse de Ryouta pour sourire et préféra ne pas croiser le regard de Kise quand ce dernier comprendrait le sens de sa phrase – à savoir qu'elle venait d'avouer, finalement, à haute voix, qu'elle le considérait comme une personne chère à son cœur. Franchement … on lui aurait dit il y a quelques temps que le célèbre mannequin et membre de la Génération des Miracles deviendrait un ami aussi important pour elle, la Kurokawa en aurait éclaté de rire et nié cette hypothèse de toutes ses forces. La vie était bien étrange parfois tout de même.

Les lèvres de Ryouta effleurèrent la joue de Takara en un chaste baiser amical et la jeune fille se sentir rosir, mais très légèrement. Les contacts physiques avec le blond commençaient à devenir presque habituels pour elle – restait à savoir si c'était une bonne ou bien une mauvaise chose – si bien qu'elle n'en était même plus déboussolée. Bon, les battements de son cœur s'étaient accélérés certes, mais uniquement parce que cela faisait des années qu'un garçon n'avait un geste pareil à son égard.

Pour se redonner contenance après toutes ces émotions, Takara fit mine de tousse afin de s'éclaircir la gorge et détourna le regard, faussement boudeuse, grognant pour la forme :

« Humph ! T'as de la chance d'être déjà assez amoché comme ça pour aujourd'hui. Mais pour la peine, je te frapperai demain ! »

En toute amitié, bien évidemment. Après tout, ce n'était pas parce qu'elle reconnaissait l'importance du blond à ses yeux qu'elle allait changer de comportement à son égard et se mettre à se dandiner devant lui comme une de ces admiratrices fin folles. Rien qu'à s'imaginer en train de scander des « Kise-sama » sur le bord du terrain, Takara en avait des frissons d'effroi.

Elle sentit soudain une paire de doigts l'attraper par les joues et tirer sur sa peau comme elle-même le faisait parfois avec les récalcitrants. Méthode enfantine, mais qui marchait toujours parfaitement. Et voilà que Ryouta l'appliquait sur elle, non mais ! Voilà une autre raison pour laquelle elle n'allait certainement pas arrêter de se comporter avec le blond comme elle faisait ; Kise restait et resterai toujours aux yeux de Takara, un fichu gosse qui la faisait sortir de ses gonds avec ses bêtises !

« Ryoutaaa, lâche mes joues abruti ! Sinon je te frappe ! » prévint la jeune fille, non sans mettre sa menace à exécution.

Toutefois, plutôt que de frapper Kise qui avait assez prit de coups pour aujourd'hui, elle préféra user d'une autre méthode. Plaquant donc fermement ses paumes à plat sur les joues de son ami, la Kurokawa pressa fortement pour les aplatir et pétrir la chaire des pommettes. On pouvait donc avoir le loisir d'admirer deux adolescents débraillés s'amuser à se torturer respectivement les joues, dans la joie et la bonne humeur.

Restait le problème de la chemise de Kise … Effectivement, Takara ne pouvait pas le laisser déambuler dans les rues dans son état, encore moins rentrer chez lui. Ses parents risquaient de piquer une crise, certainement. La demoiselle poussa un soupir faussement ennuyé – en réalité, cela ne la dérangeait pas plus que cela et c'était bien peu de chose comparé au geste de son ami pour défendre son honneur.

« Je n'ai pas le choix on dirait. Ma maison est à dix minutes à pied. Je dois bien avoir un vêtement de mon père à te passer. Ou au moins, tu pourras utiliser la salle de bain pour te nettoyer le visage et laver le sang sur ton t-shirt. » proposa Takara.

Elle lui fit signe de lui emboîter le pas et partie en direction de sa demeure, espérant qu'ils n'allaient pas débarquer pour trouver toute la petite famille au grand complet. L'interrogatoire risquait d'être long sinon …

Quelques minutes plus tard, la maison Kurokawa était en vue. La jeune fille grimpa les trois marches du perron et enfonça sa clé dans la serrure pour ouvrir la porte, passant sa tête par l’entrebâillement en appelant. Pas de réponse, parfait. Elle fit signe à Kise de la suivre, tout en ôtant ses chaussures dans le vestibule et en poussant du bout du pied une paire de chaussons d'intérieur pour invité vers le blond.

« La salle de bain est au premier, deuxième porte à droite, y a des serviettes et tout ce qu'il faut. Ma chambre est tout au bout du couloir si tu veux aller m'attendre là-bas. Je vais aller voir si je trouve quelque chose à te passer pour que tu puisses rentrer propre chez toi. » lui indiqua-t-elle au passage, avant de grimper les marches pour rejoindre l'étage, invitant silencieusement Ryouta à faire de même.

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Laissant Kise se débrouiller avec ses indications, Takara s'empressa de grimper les escaliers et partit fouiller dans la chambre de ses parents si elle ne trouvait pas un t-shit à donner à son ami, qu'il puisse rentrer chez lui. Mine de rien, son père avait beau être un imbécile doublé d'un paresseux incompétent – oui le paternel Kurokawa en prenait plein la tête de la part de sa petite famille aimante – physiquement, il était plutôt grand et bien bâti, les tailles de vêtements devraient donc correspondre à peu près.

La jeune fille fouilla quelques instants dans l'armoire avant de finalement dénicher un t-shirt noir, banal et simple, en somme parfait pour l'usage qu'elle lui réservait – elle avait déjà fourni un haut ridicule une fois à Ryouta, pas besoin de recommencer.

Retournant dans la chambre, Takara ne fut même pas plus surprise que cela de trouver devant elle le blond torse-nu. A dire vrai elle s'y attendait presque même. Ça devenait une habitude sérieusement… une mauvaise habitude en plus, heureusement qu'il n'y avait pas sa famille ni personne d'autre pour les voir sinon, bonjours les interprétations de travers !

Le jeune homme lui tendit le t-shirt taché de sang avec un sourire. Takara récupéra le chiffon, grimaçant un peu en voyant l'étendue des dégâts. Effectivement.

« Je sais même pas qui porte ce genre de trucs dans le club... Bah peu importe. Tiens, » ajouta-t-elle en lui lançant machinalement le t-shirt propre au visage. « Dépêche-toi d'enfiler ça avant de choper froid, grand nigaud. »

Sinon Maman Takara allait encore se fâcher, pas vrai ? On sentait bien désormais l'affection amicale au fond de la voix de la jeune fille, alors qu'elle sermonnait « gentiment » le mannequin.

Elle allait répliquer à Kise, prête à lui demander ce qu'il comptait découvrir au juste – en fait heureusement qu'elle n'eut pas le temps de le faire car Dieu sait ce que le blond pouvait bien s'imaginer – quand justement, l'un de ses dits secrets rentra dans la chambre sans frapper, comme à son habitude.

« Nee-chan ! On est allés faire des courses mais Rin est tombée dans une flaque alors Papa et Rin sont rentrés plus tôt ! » s'écria une petite voix piaillante avant de sauter littéralement sur le dos de la capitaine de Kaijou, en s'agrippant à elle comme un koala à sa branche. « Câlin de bonjour ! »

« Rin ! » s'exclama Takara, un peu surprise par cette attaque imprévue, en réceptionnant dans ses bras comme elle le pouvait la petite tornade brune qui lui servait de sœur cadette. Elle se figea en se rendant compte que la scène venait de se jouer juste sous les yeux de Kise. Oh non …

Relativement peu de personnes, au lycée ou ailleurs, connaissaient la famille Kurokawa et tout le monde ou presque ignorait que Takara était l'aînée d'une famille assez nombreuse et qu'elle s'occupait de ses petits frères et sa sœur comme une lionne protectrice et bienveillante. La jeune fille n'aimait pas vraiment parler d'elle, encore moins de sa vie privée.

Du coup, en dehors de certaines de ses équipières et ses amis proches, elle gardait soigneusement cette partie de sa vie pour elle. Pas qu'elle en avait honte, simplement elle préférait éviter de tout mélanger – et sa réputation de terrible dragonne en aurait légèrement pâti si ses adversaires savaient qu'elle craquait pour les gosses.

De ce fait, c'était un peu comme si Kise venait bel et bien de découvrir ses secrets pour le coup. Encore, que comme c'était Kise, ça n'était pas trop problématique en soi. Et la confrontation Kurokawa/Ryouta risquait d'être relativement intéressante à regarder, heureusement qu'il n'y avait pas la famille au grand complet, sinon Takara aurait pût aller se pendre directement. Même si sa sœur de huit ans, adorable petit ange surexcitée à la langue trop bien pendue, était déjà une épreuve de force à elle seule.

« Nee-chan pourquoi y a un monsieur tout nu dans ta chambre ? C'est qui, c'est ton amoureux ? Il est beauuuu, mais il a quoi au visage ? Tu l'as frappé comme t'as frappé le garçon qu'embêtait Natsu-nii l'autre jour ? Vous faîtes quoi avec ton amoureux, vous faîtes des bébés ? Ça veut dire que je vais être tata, trop génial ! »

… Voilà, c'était ça Kurokawa Rin. Takara ressentit soudain une grande, très grande lassitude. Cela ne finirait donc jamais ? Apparemment, non. Car avant même que la pauvre jeune fille n'ait le temps d'expliquer à sa petite sœur – qui risquait d'être très déçue c'est certain, mais on ne pouvait pas toujours avoir ce que l'on veut dans la vie – que non, Ryouta n'était pas son petit-ami et ils n'allaient CERTAINEMENT pas faire des bébés ensemble – elle avait plus l'impression d'avoir gagné un nouveau frère avec le mannequin blond qu'autre chose.

Oui donc, avant même qu'elle n'ait le temps d'expliquer, de protester, de se justifier, les dieux, ces foutus sadiques – tout autant que celle qui écrit sa ligne – décidèrent d'ajouter une couche à son supplice. Et une nouvelle tête bien connue passa par la porte grande ouverte – frapper avant d'entrer, ils connaissaient pas ? – en criant d'une voix chantante un joyeux « Ta-chan chérie on est là ». Oui, sauf que Ta-chan voulait juste mourir là.

Lorsque son père posa son regard sur la silhouette de Kise, toujours torse nu il faudrait peut-être qu'il se décide à mettre ce fichu t-shirt avant que la moitié du quartier ne se décide à rappliquer dans la chambre de Takara vu qu'apparemment c'était là que les choses intéressantes se passaient, l'atmosphère s’alourdit brutalement.

« Oh non putain... » grogna Takara entre ses dents, se doutant de ce qui allait suivre.

Explosion imminente. Trois, deux, un …

« Naaaaaaan ! Ta-chan, tu n'as pas osé me faire ça à moi ! Ma petite fille chérie est devenue une femme et j'ai rien vu venir ! Papa est telleeement triste ! » s'écria son père en fondant faussement en larme, se cachant les yeux d'un geste dramatique, avant de se ramasser un coup de pied aux fesses de la part de son aînée.

« Mais arrête ton délire espèce de Père dégénéré, c'est juste mon ami putain ! Maintenant sors de ma chambre ! »

Voilà, Rin la pipelette et son père le Drama-Queen de service. Sinon, oui, ils étaient parfaitement normaux dans la famille Kurokawa. Y avait qu'à regarder Takara pour s'en rendre compte enfin !

Et Kise, il était pas censé rentrer chez lui au fait ? Non parce que pour le coup, il devrait être content de ce qu'il vient de voir …

HRP:

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C'était une mauvaise idée dès le départ. Takara aurait dû se douter que faire entrer Ryouta dans sa maison allait forcément donner suite à une scène tout droit sortie d'un manga comique – ou de l'imagination débordante de sadisme de sa créatrice qui tape ces lignes à l'heure actuelle. Avec la famille qu'elle avait c'était couru d'avance.

Attention, elle adorait sa famille hein. Ses frères et sa petite sœur étaient juste les gamins les plus adorables du monde à ses yeux, sa mère était une femme forte et féministe acharnée qui était une sorte de modèle pour elle depuis toute petite et son père, bien qu'il l'exaspérait royalement et lui renvoyait une très mauvaise image des hommes en général, comptait aussi énormément à ses yeux. Mais voilà, ils étaient tellement épuisants par moment les Kurokawa.

Takara piqua un fard en entendant son adorablement horrible petite sœur planifier déjà son mariage futur et tenant plus de l'ordre du délire puissance mille que de la réalité avec Kise. Apparemment, le blond était tout à fait au goût de la fillette. Et bien qu'elle aurait adoré pouvoir pousser un hurlement pour manifester son désaccord, l'adolescente n'en fit rien parce qu'elle ne pouvait décemment pas gueuler sur sa cadette, qui avait dit cela en toute innocence bien évidemment. Elle décida donc de passer ses nerfs sur quelqu'un d'autre ; son père. Cet imbécile qui faisait encore son drama queen de seconde catégorie.

« Papa ! Lâche Ryouta bon sang, il n'a rien fait c'est juste mon ami ! Et il n'y aura pas de mariage c'est clair ?! » ajouta-t-elle en lançant un regard appuyé à sa sœur, toujours dans ses bras, et à son paternel pour tenter de mettre le ôla.

Elle posa Rin au sol, parce que mine de rien la petite pesait lourd à s'agripper à elle ainsi. Kise eut le bon esprit d'enfiler enfin le t-shirt qu'elle lui avait donné, juste avant de recevoir la petite fille dans les bras. Rin était une accro des câlins après tout, dès qu'elle appréciait quelqu'un elle ne le lâchait plus, jouant les peluches en manque de marques d'affection. Et comme Takara s'en doutait,  connaissant Kise, ce dernier ne résista pas à la bouille d'ange de la petite dernière de la famille Kurokawa.

Ok c'était adorable comme scène de voir sa sœur et le blond s'étreindre comme ça, mais ça voulait dire que Rin avait définitivement jeté son dévolu sur Kise et qu'elle allait passer son temps à le réclamer maintenant. Néanmoins la jeune fille ne pût s'empêcher de sourire en regardant la scène... sourire qui se fana pour se transformer en grimace exaspérée quand la fillette remit la question du mariage sur la table. Oui, avec ça aussi elle risquait de ne plus la lâcher.

« Pour la dernière fois, il n'y aura pas de mariage et pour personne ! » s'exclama l'adolescente, les joues rouges de gêne parce que ce n'était pas un sujet qu'elle appréciait forcément aborder, surtout avec une telle nonchalance et dans un contexte pareil. « De toutes manières, Ryouta doit rentrer chez lui maintenant ! »

Mieux valait fuir en effet. Si jamais sa mère et ses deux frères rentraient alors que le blond était encore là, ils ne s'en sortiraient jamais vivants. Takara attrapa donc Kise par la main pour le tirer à sa suite, ignorant royalement son père qui s'apprêtait à refaire une crise de papa-poule aiguë. Rin fit une petite moue déçue, comme quoi elle voulait encore jouer avec le beau monsieur qui ressemblait à un prince. Ouais, bah une autre fois.

« Bye bye Monsieur le Prince ! Tu reviendras jouer hein ! »

« Ouais ouais on verra ça ... » grommela l'aînée des Kurokawa entre ses dents, n'osant imaginer ce que cela pourrait donner si jamais Kise devait devenir un habitué de la maison.

Voilà pourquoi elle voulait pas mélanger sa vie de famille avec sa vie scolaire et ses amis. Pour éviter de donner des idées – stupides – aux autres Kurokawa et leur imagination qui avait un peu trop tendance à s'emballer La jeune fille descendit les escaliers, tirant toujours Ryouta par la main à sa suite. Elle souffla et se tourna vers lui une fois dans l'entrée. Elle lui offrit un petit sourire en coin en guise d'excuse.

« Désolé, ils sont ... toujours comme ça à vrai dire, mais bon, ils ne sont pas méchants. Puis apparemment, Rin t'aime bien. » elle ajouta, se frottant la nuque. «  Je vais te raccompagner un bout de chemin, tu connais pas trop le quartier après tout, je te connais t'es foutu de te perdre. Et ne discute pas, de toutes manières si je remonte maintenant, j'aurais le droit à tout un interrogatoire sur toi. »

Takara grimaça à cette simple idée, se doutant que sitôt qu'elle reviendrait de toutes manières, son père allait certainement lui sauter dessus en larmes pour lui demander d'où elle connaissait ce garçon... seigneur, et sa mère qui était agent pour mannequin en plus. Elle était obligée de connaître le nom de Kise, si jamais elle avait vent que le mannequin blond était venu à la maison et qu'il était amie avec sa fille aînée, elle ne lâcherai plus avec cette histoire et était foutue d'exiger qu'elle le ramène à la maison pour le rencontrer.

Ré-enfilant donc ses chaussures, Takara ouvrit la porte et sorti en faisant signe à Kise de la suivre. Il faisait totalement nuit désormais et le quartier résidentiel était plongé dans le calme et l'obscurité, les trottoirs simplement éclairé par quelques lampadaires. Il commençait à être drôlement tard d'ailleurs.

« J'espère que tes parents ne sont pas trop inquiets... tu devrais les prévenir que tu es en chemin, histoire d'éviter que toute la police se mette à la recherche du célèbre mannequin Kise Ryouta, disparu » souffla-t-elle, ironique.

La jeune fille marchait calmement, aux côtés du jeune homme. C'était agréable même après tout ce qui leur était tombé dessus depuis la fin des cours, entre le gymnase et tout le reste... situation délirante, elle avait vraiment un karma pourri.

Elle leva les yeux vers le ciel et resserra ses bras sur elle, regrettant de ne pas avoir prit de veste. Enfin, inutile de faire demi-tour maintenant, elle avait dit qu'elle accompagnait un peu Kise après tout. Juste pour s'assurer qu'il retrouve des rues qu'il connaissait et d'où il pourrait facilement rentrer chez lui – normalement c'était les garçons qui raccompagnaient les filles, mais bon Takara n'est pas une vraie fille, donc on s'en fiche !