[PV Takara Tariki & Haizaki Shougo][Abandonné] Dans le froid de novembre~♪

Avec Takara Tariki & Haizaki Shougo

Dans le froid de novembre~♪

"Mon royaume pour une couette."

Alraun éternua pour la énième fois de la journée et retint un juron. Merde merde merde. Quel dimanche de merde. À se demander ce qu'elle fichait dehors, alors qu'il faisait froid et elle avait la crève. Tout ce dont elle avait envie, pour l'heure, c'était se rouler en boule sous sa couette et de dormir. Pourtant elle était là, dehors, une énorme écharpe enroulée autour du cou, le menton enfoncé dans la laine du vêtement, cachant à demi le masque sanitaire qu'elle s'était collé sur le nez aux premiers signes de la maladie. À peine de retour au pays du soleil levant, et paf, elle tombait malade. C'était bien sa veine.

Bon, ok, elle l'avait peut-être, peut-être un peu cherché. Elle avait enchaîné les nuits courtes pendant une semaine entière, sans prendre la peine de récupérer ne serait-ce que de son décalage horaire, et avait mangé son repas de midi dehors un jour sur deux alors que les températures commençaient à chuter fortement. En fait, qu'elle ne tombe pas malade aurait été plus étonnant que l'inverse. Et encore maintenant, elle forçait un peu sa chance en faisant le pied de grue devant un petit café du centre-ville alors qu'elle aurait mieux fait de rester au lit avec une bonne soupe miso brûlante.

Mais elle avait promis à Tali qu'elles se verraient ce dimanche, et elle avait trop de choses à lui raconter et trop envie de la revoir pour laisser passer l'occasion de passer un après-midi avec la brune. Surtout après presque une année supplémentaire à vivre à des kilomètres l'une de l'autre. Elle pourrait tout aussi bien se reposer la semaine prochaine, et puis c'était pas comme si elles allaient faire un truc très fatiguant, non plus. Se poser dans un café et siroter du thé avec Tali, on faisait largement plus éprouvant pour le physique. Ça allait bien se passer.

Atchoum ! Oui, bon, ça allait bien se passer avec une surdose d'éternuement et une constante envie de se moucher alors que c'était pas poli de le faire en public au Japon. Foutu pays de coincés. Comment on était censé faire quand on était malade, mh ? Se laisser couler la morve sur le menton, peut-être ? Ou aller toutes les deux minutes aux toilettes pour ne pas déranger son entourage ? Paye ta galère. Alraun soupira. Elle adorait ce pays, vraiment. C'était là où elle avait grandi après tout. Mais des fois, elle avait envie de faire un gros fuck social aux normes nippones et de se laisser vivre comme elle l'entendait. Enfin... Ça n'était pas vraiment possible, et elle le savait. Son physique atypique attirait bien assez l'attention, et pas dans le bon sens du terme.

Resserrant son écharpe autour de son cou, Alraun consulta l'heure sur son téléphone portable. 14h10. Tali n'allait plus tarder. Relevant la tête à cette pensée, elle reconnu la silhouette de son amie à l'autre bout de la rue et leva le bras pour lui signaler sa présence. Voyant qu'elle ne l'avait pas remarquée, elle s’apprêta à l'appeler quand elle distingua le regard de Tali. Le visage fermé, elle avançait d'un pas vif, comme si elle tentait de fuir quelque chose... ou quelqu'un. Alraun se rapprocha.

Qu'est-ce que...

La foule se fit soudainement moins compacte, laissant distinguer à Alraun un groupe de trois garçons à l'air goguenard marchant derrière Tali, la suivant d'un peu trop près.

« Ben alors, miss, qu'est-ce que tu fais dehors toute seule ? »
« Ouais tu vas attraper froid. »
« On veut bien te réchauffer nous. »

Rires gras.

Alraun fronça les sourcils.
Oh putain.

Avec Takara Tariki & Haizaki Shougo

Dans le froid de novembre~♪

"Mon royaume pour une couette."

Que des pauvres mecs en mal d'attention draguent Tali, ça n'étonnait pas vraiment Alraun. Son amie était jolie. Petite taille, poitrine généreuse, long cheveux noirs, teint de porcelaine... Sans compter ses grands yeux clairs si peu commun au Japon, qu'elle savait admirablement bien mettre en valeur. Elle avait tout pour plaire ; et si c'était sans doute à son avantage dans bien des situations, ça pouvait aussi parfois lui valoir l'attention de ce genre d'énergumènes.

Par contre, qu'ils la trouvent mignonne elle, ça dépassait complètement Alraun. D'ordinaire ce genre de mec lui assénait des remarques cinglantes sur son manque de féminité au détour d'un coin de rue -ce à quoi elle ne répondait rien d'autre qu'un doigt d'honneur bien placé- quand ils ne la prenaient pas carrément pour un garçon. Ils étaient en chien à ce point ? Non, sans déconner, même en bonne santé elle n'avait rien d'une gravure de mode, mais aujourd'hui tout particulièrement que quelqu'un puisse la trouver jolie relevait de l'exploit. Ou alors ces imbéciles heureux avaient un faible pour les nanas au nez rouge, aux yeux cernés et à l'air mourant. Ok, tous les goûts étaient dans la nature, mais il y avait des limites à la cécité volontaire - ou à la nécrophilie.

Enfin, au vu de leur méthode d'approche, Alraun n'était pas sûre qu'ils soient réellement en train de chercher à les séduire. Ces pauvres types semblaient davantage chercher à s'amuser à leur dépend. Et ça commençait sérieusement à lui courir sur les nerfs. Elle n'était pas vraiment d'une nature patiente, mais aujourd'hui, son état de fatigue la rendait carrément irascible.

Serrant la main de Tali en retour, elle s'apprêta à écarter le type qui leur barrait la route d'un mouvement de l'épaule quand le plus grand des trois attrapa sa queue de cheval, la stoppant net dans son élan.

« Mec, chuis sûre que celle-là, c'est une décolorée, d'où t'as vu que c'est une vraie blonde ? C'est évident que c'est une ko- »

Alraun ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. Elle attrapa celui qui leur barrait la route par le col et l'envoya dire bonjour au menton du sans-gêne qui venait de lui toucher les cheveux sans y avoir été invité. Bim. Un crâne de crétin en plein dans la face d'un autre crétin. Ça devait faire mal.

« Vous avez pas compris ce qu'on vous a dit ? »  asséna-t-elle un peu plus fort qu'elle ne l'aurait voulu, attirant le regard des passants, « barrez-vous, on a autre chose à foutre que d'écouter vos conneries ! »

Mais vu le regard venimeux que leur lança le type qui venait de se prendre son pote dans la tronche, ils n'avaient pas vraiment l'air disposé à leur foutre la paix...

« Ok... » fit-il en se massant la mâchoire, « toi on va t'apprendre les bonnes manières... »


Oups.