Le fantôme des librairies, 2nd partie [PV. Mayuzumi Chihiro]

Durant toute la durée du trajet, Sora ne disait pas un mot. Elle ne chercha pas non plus un sujet de conversation. À vrai dire, elle a toujours privilégié ses instants pour se reposer au calme. Habituellement, elle aurait mis ses écouteurs aux oreilles, afin de s'isoler. Mais à cet instant, elle ne le fit pas. Elle jeta même un coup d’œil à Mayuzumi, un ailier fort et sixième joueur fantôme de Rakuzan. Mais avant de connaître ses particularités, elle voyait en lui un joueur orgueilleux. Bien évidemment, la puissance de Rakuzen laissa deviner quel serait le vainqueur du duel. Il n'avait aucun doute le dessus. Cependant, elle ne comptait pas le laisser insulter les garçons de Seirin. Puis, elle savait se débrouiller lorsque les données se limitaient à un duel. Sauf peut-être sur un seul point, plus elle s’approchait du panier et moins elle se sentait à l'aise. Et Mayuzumi l'avait sûrement remarqué lors du match.

Le destin pouvait être cruel, parfois.

En attendant de parvenir jusqu'à destination, Sora repensait aux mots employés par le numéro 5 de Rakuzan. Elle ne le voyait comme la gentillesse incarnée, ni sympathique. Elle supporterait ses sautes d'humeur, puisqu'ils ne se fréquenteront pas dans avenir proche. Il était loin d'être le plus important aux yeux de la brunette. Or, l'entendre dire qu'elle ne devait pas écouter les autres sur ses choix la réconforta. Elle aurait pu avoir une bonne image de lui s'il ne lui rappela pas que Rakuzan rythmer avec « absolu ». Elle espérait qu'à la fin de la Winter Cup, sa fierté en prendra pour son grade suite à la défaite. Face à n'importe quelle équipe.


La voix à haut-parleur annonça le lycée Rakuzen. Un frisson parcourra l'échine de l'adolescente. Le souvenir de sa rencontre avec Akashi lui revenait en mémoire, presque instantanément. Elle ne réagira pas toute suite dès l'arrêt du véhicule. Elle descendit tout de même, comme convenu. Elle suivit le lycéen sans le moindre bruit. Il devait lui être reconnaissant. Ou avait-il oublié sa présence ?

▬ Dis-moi. Tu penses que ton capitaine acceptera de voir une inconnue à votre gymnase ?

Puis, Sora se tuait. Elle pensait le contraire et prenait peur rien qu'à la pensée de le revoir à nouveau. Mais à présent qu'elle suivait ce chemin, tout retour sera impossible. Surtout qu'on pourrait la traiter de dégonfler. En conséquence, elle lui laissa la charge de prévenir de sa visite au personnel. Elle jeta même un coup d’œil aux élites présentes, tout en se demandant s'ils savaient se détendre. Puis, lorsque tout fut réglé, elle suivit de nouveau l'albinos jusqu'au gymnase. Le chemin pour s'y rendre lui revenait facilement en tête. Il lui a juste fallu s'y rendre qu'une seule fois. Elle savait que ses craintes grandiront à l'approche. Elle repensait trop au lion qui s'y cacher.

Lorsque le duo se passa la porte, la joueuse de Seirin se détendit. La tignasse rouge ne se trouva pas en ses lieux, à l'accueillir. Elle en était pourtant persuadée, car la dernière fois, il l'avait localisé si vite qu'elle ne s'était pas rendu compte de sa présence que lorsqu’il se jeta sur elle.

Soupirant de soulagement, elle retira ses chaussures à talons qu'elle y déposa sur le côté. Elle ne pouvait pas jouer avec eux ou encore se permettre de salir un parquet avec ce genre de féminité. Que lui disait déjà son père ? « Homme. Femme. On n'a pas de sexe sur un terrain. Tout ce qu'il compte, c'est de jouer en sortant ses tripes. » Sora ne savait pas réellement si elle pouvait obtenir la force de vaincre l'une des élites. Un homme. Malgré tout, elle devait se montrer ferme et déterminer. Elle pourra douter de ses capacités après le match.

▬ Désolé, je n'ai pas les chaussures qu'il faut.

... Ni la tenue d’ailleurs. ...

▬ On va jusqu'à 20 points ? Je te laisse le choix de mon gage.

Sora retira son large tee-shirt. Elle savait que ce dernier lui gainerait dans ses mouvements. Pour sa jupette, elle ne pouvait le retirer et devra faire avec. De toute façon, toutes leurs pensées se concentreront dans un match et elle avait confiance à son adversaire pour rester sérieux.

Non ! Ce n'était pas marqué. Sora se doutait que tout le lycée ne lui appartînt pas. Cependant, elle ne désirait pas se retrouver nez à nez avec le roux. Sa première confrontation avec lui suffisait largement. Surtout qu'avec le recul, Akashi semblait caché un secret concernant le club. Ou peut-être qu'elle croyait fermement qu'il avait un but lorsqu'il l'avait abordé de cette manière. Qu'il avait brisé sa caméra suite au visionnage.

La brune était toujours aussi impressionnée par l’atmosphère qui se dégager des lieux. Une profonde respiration et en ferment les yeux, le déroulement d'un match éphémère traverse son esprit. Chaque action, chaque décision prenaient tout un sens. Elle se remémora le dribble particulier de Hayama. Bien qu'elle fût en hauteur ce jour-là, elle eut l'impression qu'il se trouva prêt d'elle et crut apercevoir des éclairs caractéristiques, symbole de sa puissance. Elle se douta que face à eux, Seirin aura bien du mal, mais pourrait les vaincre. Après tout, aussi faible soit une lumière, elle pouvait surpasser des titans. À ce niveau, elle était belle est bien confiante. Et entendre qu'un élite considérait le basket un passe-temps sans importance ne lui plaisait pas. Elle ne supportait pas ce genre de comportement vis-à-vis de sa passion. Elle se retenait à lui répondre qu'il devrait arrêter toute suite. Ses joues se gonflèrent et prirent une couleur rougeoyante.


▬ D'accord. On va pour des quinze points. Ton gage sera de t'excuser. Et me concernant, je te laisse choisir le mien.

L'arrière de Seirin l'écouta, sans dire le moindre mot. Puis, elle chercha un ballon de basket infantilisé. Le contact avec le cuir l’apaisa. Elle ferma les yeux tout en posant le ballon près de sa tête. Elle réfléchissait déjà au déroulement du duel jusqu'à ce qu'elle se positionnât face au panier. Entre elles est sa destination se trouvait l'une des élites de Rakuzan. Elle attendit un petit instant avant de se mettre en condition. Mayuzumi était, certes, pressé, mais ce fut loin d'être le cas pour la jeune fille. Pour elle, le basket méritait qu'on s'y attarde et place de l'importance. Puis, elle plaça le ballon à son côté gauche et commença à dribbler. Elle observa son adversaire dans les yeux, tout en maintenant son rythme. Tout en connaissant ses capacités et ce qu'elle avait vu lors du précédent match, rien ne lui permettait d'être favorable. Devait-elle se concentrer sur les feintes ou anticiper son adversaire ? Il eut un mouvement, Sora réagit en se plaçant en avant et passant le ballon derrière elle. Il était hors de question de lui laisser ce plaisir d'entrée de jeu. Se confronter à un garçon, elle en avait l'habitude, car après tout son adversaire habituel se trouvait être son père. Elle connaissait ses limites, comme ses capacités. Elle choisit à le passer en se préparant à un contre. Elle fit un pas en arrière avant de laver la main afin de tirer en l'air sans s'être réellement préparé. Elle espérait le prendre par surprise de cette manière.

Le temps d'un match, les joueurs révélaient tout doucement leur profil et caractère intérieur. Leur style de jeu se dévoiler à la façon dont ils dribblaient ou marquaient un panier. La brunette l'avait parfaitement compris par le passé, lorsqu'elle se mesurait face à son géniteur. Toute sa vie s'était réglé dans la précipitation et la maladresse. Elle ne faisait pas réellement attention aux conséquences de ses actes. Un mur prit de pleins fouets tous les matins, le fait qu'elle débuchait lorsqu'elle monta sur une pierre. Rien ne laissait paraître que cette éternelle maladroite pouvait maintenir ses appuis lors durant un match. Si pour beaucoup, la première étape d'apprentissage se résumait aux dribbles et aux passes, elle devait commencer par un prologue. Une longue année d'apprentissage afin de calmer ses mouvements, de se concentrer à la fois ce qui se passait devant ses yeux, comme l'invisible. En gros, elle a appris à poser fermement ses appuis au sol. Grâce à cela, elle pouvait très facilement changer de direction, comme s'arrêter net dans une course.

Sora pouvait fermer les yeux pour imaginer les mouvements suivent, deviner où partira le prochain. Elle s'approcha en quelques secondes son adversaire, comme s'en éloigner. Le gymnase devenait une immense caisse de résonance dont le son s'amplifiait sous le crissement des baskets. La stature et la hauteur juvénile du numéro cinq n'étaient rien en comparaison à celui de son père, bien que sa rapidité le surpassât. Une constatation qui permettait à la demoiselle voit la différence. Elle fut surprise qu'il puisse toucher le ballon du bout des doigts, en même temps, elle ne se sentait pas capable de s'éloigner des limites de la zone des trois points. Ouvrir le score permettait d'avoir le dessus, surtout lorsqu'elle marquait majoritairement en arrière de tous. Cette ouverture lui permettait d'obtenir un semblant d’admiration à son adversaire. Il lui prononça un simple « Pas mal, t'es pas mauvaise ». La jeune fille ne prit pas le temps de lui répondre. Elle ne se vanta même pas de ce premier exploit, car tout commençait à peine. Elle savait que l'orgueil brisait sa concentration. Son adversaire ne lui laisserait jamais la joie de se reposer sur ses lauriers. Mayuzumi ne lui laisserait jamais ce privilège.

Cette phrase défensive lui permettrait d'identifier son adversaire. Elle l'observa dans les yeux, en mettant tous ses sens en alerte. Lire ses mouvements devenait facile pour le jeune homme, il pouvait constater la posture particulière de ses pieds nus. Il se contentait au début d'un dribble dont elle ne préférait pas se précipiter. Le son semblait suivre une partition rythmée et répétitive. Soudain, le rythme changea. Sora bougea à cet instant, 2 notes en retard. Elle identifia un cross-over de droite à gauche. Elle maintenait avec beaucoup de difficulté la synchronisation de vos pas. Il observa ses pieds, elle ne profita pas pour rattraper une seconde de retard. Or, elle en perdit trois lorsqu'elle comprit sa décision. Malgré tout, elle espérait changer la trajectoire de la balle en le contrant. Des centimètres en moins, ceux qui lui manquaient si elle avait été au bon rythme. Elle demeura spectatrice du demi-cercle de la balle avant qu'il touche le panneau et rentrer de justesse dans le panier.

▬ Rah ! J'y étais presque.

Sora souffla ses joues et se précipita vers le ballon. Elle faillit tomber en avant, sur ses genoux, lorsqu'elle récupéra le ballon lors de son dernier saut. Le gymnase devint presque silencieux. Alors dribble, cross-over de droite à gauche. Sora nota qu'il s'était arrêté temporairement avant de tirer. Elle se demanda, tout en reprenant sa position, si elle pouvait en profiter de ce handicap contre lui.

Une nouvelle phase offensive, une nouvelle attaque. La brunette dribbla. Presque aussitôt après le premier rebond, elle s'approcha d'un pas, provoquant un recul au garçon. Elle profita de la confusion pour changer de main et pivoter. Cette audace lui permit de le passer avec aisance. Elle pensait être tranquille pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'il se présente à elle avec une telle rapidité qu'elle stoppa son avance. Déjà là ? Son visage surpris s’effaça promptement. Elle ne pouvait pas se permettre de lui laisser le champ libre. Si elle devait user de la feinte, elle le fera volontiers et sans ménagement. À moins que le temps ne lui permette pas.