Tutoriel : comment draguer les filles - par Kise Ryôta ( PV Sempaii 8D )

En se levant le matin même, Yukio avait eu un très mauvais pressentiment. Que ce soit en s’extirpant de son lit après que son alarme ait retentit, durant sa première douche de la journée ou encore alors qu’il enfilait ses chaussures, cette sensation qu’il allait passer un mauvais jour ne l’avait pas lâché. Mais bon. Yukio n’est pas du genre superstitieux. Il ne l’a jamais été. Ça, c’était son truc à « elle », de croire au soi-disant signes que le destin nous envoyait tout le temps. Ah ah ah, la bonne blague. C’est sur cette pensée qu’il était parti de chez lui ce matin-là, un simple fruit à manger sur la route en guise de petit déjeuner.

L’arrivée au lycée ce fit comme d’habitude ; la plus banale qui soit. Il salua rapidement les autres membres du club de basket qu’il croisait au détour d’un couloir, avant de suivre son itinéraire quotidien, jusqu’à sa salle de classe. Les journées étaient ainsi rythmées et organisées. Cours le matin, pause déjeuner et enfin pratique du sport toute l’après-midi durant – après tout, Kaijou était un établissement axé sur les disciplines sportives avant tout, ne l’oublions pas !

En plus, l’entrainement d’aujourd’hui avait été on ne peut plus productif et tous les joueurs avaient pu déballer leur meilleurs atouts, chacun dans un domaine différent et qui s’imbriquait à la perfection dans la cohésion du groupe. Tout aurait dû aller pour le mieux, non ? Alors pourquoi diable cette impression ne l’avait-elle toujours pas laissé filer loin, tranquillement ? C’était d’un chiant ! C’avait même eut le don de le déconcentrer quelque peu en cours le matin même.

Il essaya tant bien que mal de s’ôter ces pensées de la tête en se douchant après l’entrainement, restant un long moment sous le jet d’eau chaude, assurant mêmes à ses hommes qu’ils pouvaient partir devant s’ils le souhaitaient. Ce qu’ils firent, tous. Yukio put donc un peu se détendre avant de sortir des douches et de commencer à se changer. Ses affaires remisent dans son sac, il put enfin se dire qu’il allait rentrer chez lui, s’attabler à ses devoirs et aviser en attendant de voir si ses parents seraient à la maison ou non ce soir.

Sauf que, ça ne se passe jamais comme prévu, ce genre de choses.

Déjà, à peine avait-il sortit la tête du gymnase qu’une furie blonde lui tomba dessus. Ah, oui, forcément. Kise. Il n’y avait bien que lui pour l’aborder de la sorte – son instinct de survie ne retrouverait donc jamais le chemin de son cerveau, sans doute. Mais encore, ce n’était pas le pire. Parce qu’après il y a eu un discours. Qui fit changer Yukio de couleur, définitivement.
L’envie de cogner le rookie était trop forte. Le coup dans les abdominaux parti tout seul. Façon fusée Ariane.

Bordel, bordel, bordel, mais il allait ou comme ça, le bleu ?! Mais mais mais mais mais ! Qu’il laisse cette fille tranquille ! Et son capitaine aussi, par la même occasion ! Sérieusement, il cherchait quoi ? A épouser le sol dans la minute, ou bien… ? Sans doute. Du moins, c’est ce qu’en conclut Yukio bien rapidement. Apparemment, le coup seul n’avait pas suffi. Il allait devoir utiliser des mots et des actions un tantinet plus concrètes pour essayer de se faire entendre – et comprendre, aussi !

Qu’à cela ne tienne, un peu de boxe improvisée n’allait pas vraiment déplaire à Kasamatsu, quand bien même il aurait préféré rentrer rapidement chez lui. Bon, chaque chose en son temps. Déjà, éloigné l’individu dangereux –oui oui, parfaitement – de la demoiselle – au demeurant fort jolie – qui n’avait rien demandé du tout. Ensuite il aviserait pour la sanction.

Il aurait pu le choper par le bras et l’entrainer un peu plus loin comme l’aurait fait un pote. Ou par le coup, aussi. Mais non. Car Yukio restait Yukio. C’est donc le col de Ryôta qui fut pris en grippe entre ses phalanges avant d’être tiré sans la moindre douceur vers le gymnase, le point de départ de tout ça. Furieux, le capitaine n’aurait pu l’être plus et ça transparaissait parfaitement sur son visage.

« Non mais ça va pas bien la tête ou quoi ?! Je peux savoir ce qu’il t’a pris ? Laisses donc les pauvres filles tranquilles, elles ne t’ont rien demandés que je sache… Et moi non plus, au passage ! »

Comme pour appuyer ses mots, Yukio frappa le sol de son pied et croisa ses bras sur sa poitrine.

« Franchement, si tu passais autant de temps à t’entrainer que tu le passe à draguer, on pourrait améliorer notre jeu d’équipe plus rapidement ! »

Oui, ça sonnait presque comme un reproche. Non, en fait c’en était un. Pur et dur, avec ça. Mais le nippon savait qu’il devait essayer d’attirer l’attention de son camarade sur un sujet autre que la drague des minettes s’il ne voulait pas en entendre parler pendant des lustres.

Et voilà qu’elle se mettait à protester, maintenant, l’autre asperge blonde. De mieux en mieux. On croit rêver, franchement. Il pourrait éviter d’entrainer Kasamatsu dans ses plans foireux toutes les trente secondes ou pas ? Apparemment, non, ça ne devait pas être dans les options. Faudrait envoyer une lettre aux fabricants de la part de Kaijo, histoire que les prochains modèles ne soient pas dépourvu d’un sens inné de la survie face à des ainés. Quoi, on s’égare ? Il est vrai, oui. Un peu.

Mais cela nous amène à une question cruciale ; pourquoi donc Yukio ne s’était pas déjà débarrassé de cet énergumène draguer ? La réponse est aussi simple que la question. Même si elle a le don de désespéré le principal concerné. Kise est un bon pote. C’est un casse-pied doublé d’un idiot, mais un bon pote quand même. Et Yukio n’a pas du tout l’habitude de laisser derrière lui ses amis. Même quand ils tiennent des discours ô combien rasoir, comme maintenant. Ou comme quand Moriyama se met aussi à faire du zèle devant les filles, aussi.

Il jaugea un peu la tête qu’affichait blondie pendant un quart de seconde. Ola, ola. En général, quand il afficha une tronche pareille, aussi étrange – au du moins plus qu’à l’accoutumée – c’était qu’il avait forcément une idée derrière la tête. Et ça coïncidait aussi avec le fait de les « sempais », encore une fois,  Yukio, en l’occurrence, allaient l’avoir sur le dos un bon moment. Eh merde. Ce n’était pas tout ça, mais Kasamatsu avait tout de même des trucs de prévus, chez lui, après l’entrainement d’aujourd’hui.

Non, en fait c’était faux, à part accorder sa guitare pour la énième fois de la semaine, il n’y avait rien de spécialement urgent qui l’attendait entre les quatre murs de sa chambre. Mais ce n’est pas grave, les autres n’étaient pas obligés de le savoir, ça. La terre avait toujours très bien tournée comme ça jusque-là.

Quelque chose attira cependant l’attention du Capitaine de Kaijo.

« Hein ? Quel genre de service, au juste ? »

Le tout avec un air perplexe. Qu’est-ce que Kise pouvait bien avoir encore en tête ?

Kise sourit. Le plan avait fonctionné, et le capitaine avait mordu à l'hameçon. Le blondinet était maintenant sûr à 90% qu'il pourrait enfin aider Yukio.  Le seul petit problème, c'est que Kasamatsu avait posé une bonne question : De quel genre de service Kise était-il en train de parler ? Lui-même ne le savait pour ainsi dire pas. Le service ne pourrait pas avoir un rapport avec l'école. Parce que premièrement, Ryôta avait déjà du mal avec ses propres devoirs, mais si en plus il se mettait à filer un coup de main pour quelqu'un d'autre, qui en plus était à un niveau scolaire plus élevé que lui, on courait tout droit à la catastrophe.

Non, vraiment, Kise ne trouvait absolument rien.

« .. Baah euh.. J'sais pas ? T'as pas une idée toi ? » demanda le blond.

C'est vrai, en y pensant peut-être que Yukio avait besoin de quelque chose en particulier ? Ca ferait le deal, comme ça ! Le blond attendait sa réponse, en se demandant quel genre de service Kasamatsu allait lui demander. Si ça concernait le basket, pas de problèmes. Il est vrai qu'il lui arrivait de manquer des entraînements pour aller à des photoshoots, donc il comprendrait que le capitaine veuille le voir plus souvent au gymnase. Mais peut-être qu'il pensait à un service tout différent ? Qui n'avait aucun rapport avec le basket ? Ca, Kise avait du mal à se l'imaginer. En fait, il avait du mal à s'imaginer son sempai penser à autre chose que du basket. Il ne le voyait quasiment que dans ce contexte là, alors bon..

Yukio n’aimait pas ce putain de sourire sur la face de l’autre and-… de Kise. Parce que. Lui, il en connaissait la signification – ou au moins le main meaning, quoi. Et à chaque fois que l’As de Kaijo étirait ses lèvres comme ça, c’était qu’il avait une idée à la con en tête. Et qu’il voulait la mettre en application. Et que, bizarrement, ça allait être au capitaine de l’équipe de basketball de le supporter. Soit, Yukio, en l’occurrence, pour les incultes qui n’aurait jamais lu le manga. Non, pardon, ça, c’était méchant. Mais bon, il faut essayer de se mettre trente secondes à la place. Lui, il supportait blondie presque en permanence – et dieu soit loué, ils n’étaient pas dans la même classe. Du coup ça rendait la chose bien moins comique pour lui que pour vous, petits lecteurs sociopathes appréciant de le voir galérer comme pas permis. Ah ah.

Quoi qu’il en soit, il ne manqua pas de se choper un mal de crâne. Et dans tout ça, il avait zappé le pourquoi du comment Kise l’avait trainé ici. Tout ce qu’il voulait, bordel, c’était rentrer chez lui. Etait-ce donc trop demandé ? Apparemment, oui. Mais bon, il fallait bien faire avec car il avait la désagréable impression que Kise n’allait pas le lâcher de sitôt.

« Ouai bon, on verra plus tard…. » Fit-il en soupirant.

Puis il tenta une brève échappée en contournant son cadet, direction le portail de l’école.

« Sur ce j’ai des choses à faire alors à plus tard. »

Oui oui, il y croyait.

NON MAIS QUEL CHIEUR, C’ETAIT DIABLEMENT PAS POSSIBLE DE LE DEFINIR AUTREMENT !

Yukio était partagé entre plusieurs états d’esprits tous plus différents les uns que les autres. D’une part il avait très très très […] très envie d’emplafonner Kise, alias le donneur-le-leçon-de-drague-autoproclamé contre le mur le plus proche – mais après il se souvint qu’il avait aussi besoin de sa tête, même si c’était très étonnant venant de lui, pour jouer au basket – et l’engueuler comme pas permis devant toute la sainte cour. Seulement, Kasamatsu n’était pas du genre à aimer se faire remarquer. Du moins, pas de cette manière-là, ce qui était tout simplement impensable pour lui. Déjà que supporter Kise lorsqu’il décidait de faire le pitre était toute une épreuve en soi pour le self-control, mais là… Ouai, non 404 not found ; c’était impossible pour lui.

Cela dit, même si les deux options impraticables continuaient de tourner dans sa tête, ce n’était pas la seule et unique chose qui polarisait son attention au sujet de blondie. Bonjour le bordel. Pour imager le tout, prenez un jeu tetris et remplacez toutes les formes géométriques par des Kise Ryôta avec des sourires débiles. Voila. Ça fait peur, hein ?

Bref… Je disais quoi, moi, avant de dévier à ce point… Ah oui ! Donc, revenons à nos concombres. Le meneur de Kaijo se demandait pourquoi diable le fait qu’il ne parvienne pas à approcher les filles semblait d’importance capitale pour son kohai et ami, présentement. C’est vrai, après tout, ce n’était pas SES affaires, n’est-il pas ? Un instant, il se dit que peut-être l’As s’imaginait qu’il préférait les garçons, voilà tout. Ahahahahaahha. La blague. Kise n’avait pas intérêt à le proférer. Ni même le penser. Ou il allait souffrir encore plus que de d’habitude et ce, pour longtemps, en plus. Oui, parfois, Yukio-chou –ne lui dites jamais que je l’ai appelé ainsi – avait la rancune tenace. Et là, clairement, si Kise tenait à sa peau il ne fallait pas qu’il bouge une oreille de plus.

….

Trop tard.

Avant même de comprendre ce qui venait de lui arriver, le Kasamatsu venait d’être planté devant une –très jolie- jeune fille à la frimousse aussi intriguée qu’il ne pouvait l’être lui. Oh mon dieu, une fille. Aaaaah. On fait quoi après ? Oups, il a oublié ce que Ryôta venait de lui dire. Seigneur dieu, Bouddha, faites quelque chose. C’est la panique à bord. Son cœur s’emballe, sa température aussi et ses joues prennent une petite teinte cramoisie.

« Euh… Je…. Sal… »

Et puis fuck, non c’était trop compliqué.

« OUI BON TU REGARDES QUOI AU JUSTE ?! »

Pauvre fille qui prit peur et s’enfuit donc en courant le plus vite possible. Et là, Yukio réalisa qu’il avait PEUT-ÊTRE et je dis bien PEUT-ÊTRE, un PEU merdé. Ahahahahahaha. Blague du jour.

Les émotions de Kise durant les minutes qui suivirent se comportaient comme des montagnes russes : ça allait vite, et de haut en bas. Premièrement, quand il avait vu Yukio tenter d'ébaucher un début de phrase pour parler à cette lycéenne, le montagne russe était monté plutôt haut. Il était fier de son petit élève improvisé. Il était tout rouge, mais il le faisait ! Il vainquait sa peur ! Mais la seconde d'après, le montagne russe redescendit d'un coup : Kasamatsu avait commencé à.. à redevenir Kasamatsu, en fait.

Kise s'était approché de son sempai, pendant que la fille s'en allait. Relativement normal, vous me direz : un jeune homme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam venait pour ainsi dire de pousser une gueulante devant elle sans raison particulières. Et le blond n'avait absolument pas compris le pourquoi du comment du où.

« Sempai ! Qu'est-ce qui t'as pris ?! »  lui demanda le blond.

C'est vrai quoi, il avait eu toutes les cartes en main ! Une tête pas trop moche, une bouche et une langue pour parler, et une jeune fille pas trop moche non plus à disposition ! Parfait pour commencer, quoi. Mais Ryôta réfléchit un instant ( encore oui, décidément il en fait des tonnes, aujourd'hui ! ) et se dit qu'il serait peut-être mieux qu'il lui montre comment on s'y prend avant de lancer directement Yukio dans le bain. Mais pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt, sérieusement ? Il se trouva idiot un instant. Puis, pour se sentir mieux, il se rappela de se dire qu'il n'était pas idiot, ce qu'il fit, et ça alla direct mieux. Il put donc mettre en action son nouveau plan, en espérant que celui-ci ne fasse pas un flop total.

« Haa mais j'ai compris ! T'as flippé en fait ! C'est normal ! Faut dire qu'elle était vraiment pas mal, c'était peut-être un niveau trop haut pour toi pour le moment..! Mais en fait, j'crois que j'vais te montrer comment on est censés s'y prendre avant ! Ca ira mieux ! »

Et sur ce, il se dirigea en direction d'une autre jeune lycéenne qui traînait près du gymnase ( décidément, cet après-midi là, il y en avait pleins ! À se demander ce qu'elles faisaient là ).

Là, de suite, Yukio avait l’impression de se prendre une de ces remontrances magistrales, méritées uniquement lorsque vous avez fait une grosse connerie. Seulement, il avait beau chercher encore et encore dans sa petite tête aux sourcils prononcés, non, il ne voyait pas où il avait fait une erreur quelconque. La fille était partie ? Oui, bon et après ? C’était de sa faute à elle, d’abord ! Notez la mauvaise foi, surtout. Dans la tête du meneur, les choses étaient claires, nettes, précises et pas besoin de se triturer les méninges longtemps. Il pouvait rentrer chez lui, maintenant, non ?

Eh bien non. Question rhétorique, il est vrai.

Alors, quand Yukio afficha une mine déconfite, suite à la protestation de Kise – qui n’avait, selon lui, même pas lieu d’être- il crut avoir atteint le paroxysme du non-sens. Il était, bien entendu, loin d’être au bout de ses surprises, bien entendu. Mais ça, il ne le savait pas encore. Mais ça ne l’empêcha pas de piquer un nouveau fard en entendant Ryôta amener l’idée de lui montrer comment on s’y prenait, comme ça, en mode yolo swag licorne d’Olaf. Lolilol. Non mais cette asperge blonde n’avait pas la distribution d’eau chaude à tous les étages, c’était pas possible, il lui manquait une case !

Malheureusement pour le sempai qu’était Yukio, il n’eut pas le temps de protester ouvertement que blondie n’était déjà plus là. Reconversion en tant qu’homme invisible ? Peu proposable, avec la discrétion dont avait faire preuve le petit ailier, c’aurait été inutile d’être doué d’un tel pouvoir. Un peu comme si on donnait à une tierce personne le pouvoir de respirer sous l’eau alors qu’elle a la phobie de cette élément-là, en gros.

Le brun soupira en apercevant Kise s’apprêter à aborder une fille, pas loin. Bon, visiblement, il ne le laisserait pas partir de sitôt. Autant patienter un peu le temps qu’il se lasse ; ça devrait bien finir par arriver, non ? Il tentait de se rassurer ainsi, du moins. En attendant, voici un banc, voilà une revue sur le basket, il pouvait donc se poser et bouquiner tranquille à l’ombre d’un arbre bien placé en patientant que blondie ait fini de faire mumuse comme un débile.