Time will show, the last word is for me. [PV Wakarat ~]

Le temps est plutôt doux, aujourd'hui, et le soleil a daigné montrer le bout de son nez, de telle sorte que tu as décidé de profiter du fait que tu finissais les cours plus tôt aujourd'hui pour aller faire un tour en ville. Armée d'un sac porté en bandoulière, tu parcourais les rues, téléphone à la main. Plus tôt dans la matinée, des filles de ta classe ont parlé d'un certain club de danse contemporaine, quelque part en ville. Il ne t'en a pas fallut plus pour faire des recherches. Tu étais donc en train de chercher l'adresse, lorsque de la musique est parvenue à tes oreilles. Le genre qui te donne une folle envie de bouger tout ton corps, de te déchaîner sur la piste. Alors, tu t'es aventurée dans les ruelles, à la recherche de la source de cette musique. Tu as fini par trouver une petite place entre quelques bâtiments.

Il y a plusieurs dizaines d'adolescents formant un cercle, entourant deux jeunes qui semblent être en plein battle de danse. Il y a de tout, parmi le public, des skateurs, des gamines aux décolletés un peu trop plongeant, des basketteurs, des footeux, et des espèces de gros lourds qui bougent la tête en rythme pour se donner un semblant de style avec leur casquette à l'envers. Tu te faufiles entre les spectateurs, pour voir les deux qui s'affrontent. Un sourire s'affiche sur tes lèvres. Celui de droite a des gestes trop imprécis. C'est infime, mais, par habitude, tu le remarques. Il n'achève pas ses mouvements. On sent qu'il s'est entraîné, mais qu'il est parti sur de mauvaises bases. Celui de gauche, par contre, a l'air d'être un habitué de la victoire. Ils sont tous en train de le siffler, et tu te dis qu'il y a de quoi. Sans surprise, il ressort vainqueur, et fait un appel afin de trouver un nouvel adversaire. Un autre type s'avance, il paraît nerveux. Tu observes les dix premières secondes, avant de te désintéresser de la scène. La victoire est une nouvelle fois assurée pour le brun de gauche.

Tu te prépares à t'en aller, histoire de retourner à ta recherche de la salle de danse, lorsque l'indétrônable lance un nouvel appel, après avoir à nouveau vaincu son adversaire. Plus personne ne se dévoue. Tu hésites, avant de laisser ton sac tomber à tes pieds, et tu t'avances au milieu de la piste, face au brun. C'est bien ma Lulla, ça, toujours à relever les défis. Tu ne prêtes pas attention à tout ce monde qui siffle et qui crie. Ils semblent tous surpris de voir une fille relever le défi. Tu vas leur en mettre plein la vue.

▬ Quoi, Midinette, tu veux quelque chose ?
▬ Un conseil, fais pas ton misogyne avec moi. Allez, balance du lourd !
▬ Comme tu voudras, viens pas pleurer !
▬ Je serais pas la première à aller voir ma mère.

Il hausse un sourcil, tu lui réponds par un sourire provoquant, bien à la Lullaby. Et puis, il claque des doigts, et les premières notes de la musique (click here to play it) retentissent. Du rap au violon ? Pas mal. Il commence, il bouge, il ondule, se rapproche de toi, s'éloigne, et revient puis tend la main vers toi sous les cris de tous ceux qui vous entourent. Tu tapes dans sa main pour l'éloigner de toi, et tu enchaînes. Tu n'es pas échauffée, mais ton corps est habitué à l'exercice que tu lui fais subir, tu as fait ça toute ta vie, et ça se voit. Les sifflements retentissent, des encouragements. Certains types profitent du spectacle pour languir sur ton corps, mais d'autres, à l’œil plus expert, remarquent qu'enfin, leur Roi a trouvé quelqu'un pour rivaliser.

Vous enchaînez, l'un après l'autre, et on a l'impression de voir se dérouler sous nos yeux une guerre sans merci. Au final, vous en venez à danser ensemble. Tu ne le lâches plus du regard, lui non plus. Au premier qui cédera face à l'autre. Il est un peu trop près, tu sens la chaleur de son corps alors qu'il passe une main dans ton dos pour se faire basculer en arrière, tu te redresses, tournes pour te retrouver dans son dos, il se retourne et te fait revenir vers lui. Toi comme lui paraissez comme possédés par la musique. Musique qui s'arrête soudainement.

Vous êtes à bout de souffle, l'un contre l'autre, et lui un peu trop tactile qui te tient toujours. Tu tentes de te dégager, et il se rapproche de toi. Comme s'il voulait... t'embrasser ? Tu sens vos souffles qui se mêlent, et, aussitôt, tu te sers de ton bras libre pour le frapper. Il te lâche, et tu recules. Tu te précipites vers ton sac, mais il t'attrape par le poignet.

▬ Retourne chez ta mère, connard !
▬ Allez, quoi !
▬ Putain mais lâche-moi !

Il insiste, son ton est agressif. Il n'a pas aimé que tu lui résistes. Personne n'intervient. Ils ont l'air effrayés. Sûrement que ce sale chien a su se faire une réputation de violent qui lui permet de ne pas être emmerdé outre-mesures. Tu te débats, et il raffermit sa prise. Tu voudrais lui donner un coup de genou bien placé, mais ta hanche refuse ; tu sens la douleur te foudroyer sur place, et je vois que tu retiens à grand peine un gémissement. Tu finis par lui mordre violemment la main, et il te lâche en te bousculant. Tu te sens tomber en arrière, et te prépare à la rencontre fracassante entre le sol et ta jambe. Mais, de justesse, tu te cognes à quelqu'un derrière toi, ce qui te permet de recouvrer ton équilibre. Surprise, tu te tournes afin de t'excuser, et tu te heurtes alors à un regard que tu connais bien.

▬ ... Waka ?

Tu ne sais pas trop si tu dois rire ou pleurer. Quoique, il en impose. Il est certainement le seul à pouvoir te tirer d'affaire, si tu ne veux pas finir violée dans un coin par ce salaud qui se tient la main au niveau des jolies marques que tu lui as laissé, en fulminant. Le regard que tu adresses à ton rival de toujours se fait suppliant, et tu te glisses à ses côtés avec ton sac et en prenant soin de t'appuyer le moins possible du côté de ta hanche meurtrie, faisant en sorte que le blond fasse écran entre toi et le brun. Brun qui fait d'ailleurs bien une tête et demie de moins que ton peut-être sauveur.

© Imaginary pour Epicode