Un air d'été ~ [PV shoi']

J’eus un mal fou à me lever ce matin-là. La journée précédente, j’avais enchaîné entrainements, puis les cours et enfin, les révisions jusque tard le soir. Journée de fou en somme.  Les yeux à moitié clos, mon cerveau se mit lentement en route. Alors je fixais la date du jour, cette dernière étant inscrite sur mon réveil, je me levai d’un bond envoyant mes draps valser sur le côté. Bon sang mais oui ! On était Samedi ! C’était aujourd’hui qu’ils devaient se voir lui et Ranmaru. Cette fille qu’il avait connu par pure hasard, lors du festival culturel de son lycée.

Sentant une joie envahir mon corps, je pris une bonne douche de suite. Même pas de petit-déjeuner non. Je n’avais pas faim. Peut-être le stress ? Après tout c’était la première fois que j’allais à un rendez-vous avec une fille autre que Kahei …Et encore Kahei ce n’était pas la référence … Bon j’aurais tout le temps d’y penser dans le bus. Par la suite, je pris soin de bien choisir mes habits. Voyons voir. Il faisait un magnifique soleil dehors, aucuns nuages, une température envoisinant les 27°. Fixant mon armoire, depuis dix minutes environ, je me décidai quand même. Une magnifique chemise bleue turquoise, un pantacourt blanc, et des converses basses feraient l’affaire. Alors que je me regardais dans la glace après m’être enfin habillé je me mis un peu d’eau de toilette.

9h30.

Il était enfin l’heure de prendre mon bus. Je fis rapidement un bisou à ma mère lui disant que je n’étais pas là de la journée. Ce fut, sans surprise, qu’elle me dit en rigolant légèrement,  avant que je ne passe le pallier de la porte :

-Dis-donc tu t’es fait beau aujourd’hui ! Il faudra que tu me la présentes !

Le rouge m’était directement monté aux joues alors que je fermai la porte. Je me posai ensuite, quelques minutes plus tard devant l’arrêt de bus, et attendit. Je ne cessais de penser à elle. Même le voyage dans le bus me parut affreusement long. On s’était parlé par mails et sms depuis notre rencontre. Et pas qu’un peu. Et depuis, elle restait dans mes pensées. J’avais compris qu’elle ne me laissait pas indifférent. Je m’étais surpris plusieurs fois à penser à elle en cours, au lieu d’écouter.

Plus le bus arrivait à destination, plus je ne me sentais pas dans mon assiette. Une boule au creux du ventre se forma tandis que je descendais, sans tarder, à mon arrêt. Un bâillement s’échappa de ma bouche. Ce n’était pas le moment pour être fatigué Shoi…

Alors que je m’apprêtais à aller en direction d’où Ranmaru devait m’attendre, je fis une halte. J’entrais dans le magasin et le regarda encore. Ce collier, il était si magnifique. Il lui irait sûrement à ravir ! L’ayant déjà aperçu plusieurs fois, j’étais enfin décider à l’acheter. Jusque maintenant je n’avais pas osé. Peur ? Oui, sans aucun doute. Peur qu’il ne lui plaise pas … Mais là, alors que je payais le bijoutier, j’eus une bonne intuition.

Quittant par la suite la boutique, je repris mon chemin. Ma montre affichait à présent 9h57. Merde ! Je devais la rejoindre à 10h ! Je couru pour finir arrivant à l’endroit du rendez-vous.

10h

J’étais à l’heure. Pile à l’heure. Et elle, elle était là, assise sur un banc. Mon cœur rata alors un battement. Elle portait une robe qui lui allait parfaitement. Elle était juste magnifique. Je me surpris à la détailler m’avançant vers elle, mains dans les poches. J’osais tout de même affronter son regard, et lui dit en faisant un sourire :

-Désolé de t’avoir fait attendre.

Dire que j’avais attendu cette journée avec impatience…elle était enfin là !

Elle m’avait répondu que « ce n’était pas grave », pour mon léger retard. Soulagé, je continuai de lui sourire mais défit mes mains de mes poches. Il fallait un peu de tenue tout de même !  Voyons Shoi, on ne se montrait pas comme cela à une belle demoiselle. Belle demoiselle que l’on aimerait courtiser à tout prix, d’ailleurs. Attendez j’ai bien dit « courtiser » ? … C’est vrai, il fallait l’avouer, Ranmaru me plaisait beaucoup. Si bien que j’avais comme une envie d’essayer de lui plaire. La draguer serait à la fois le mot juste et le mauvais. Certes je voulais lui faire plaisir ect mais pas comme le ferait les dragueurs de plage. Non ce n’était vraiment pas la même manière de s’y prendre. Je voulais juste lui montrer à quel point elle m’attirait. C’est pourquoi j’avais acheté ce bijou, mais aussi que j’étais prêt à lui payer ce qu’elle voudrait. Bon bien sûr il ne fallait pas que cela soit trop excessif. Mais bon, si elle avait faim dans l’après-midi, c’est moi qui lui paierais ce qu’elle désirerait manger par exemple.

Enfin bref, nous commençâmes à marcher côte à côte sans que l’un de nous deux n’ose dire quelque chose. Ce blanc me gênait vraiment beaucoup. Heureusement, elle prit la parole avant moi.

- ... Comment tu vas shoichi ? ...

Moi ? Ba je vais très bien puisque tu es là ? Non ça ne se dit pas je pense. Bon sang c’était bien la première fois que je me sentais comme cela.  De ce fait, je ne réussis qu’à lui répondre sur un ton plutôt joyeux :

-Ca va j’ai plutôt passé une bonne nuit et puis j’avais hâte de te voir donc … et toi ?

… Je crois que là je pouvais aller me chercher une corde et aller me pendre.  Mais pourquoi j’avais dit ça ?! Bon ok c’était la seule et unique vérité mais quand même ! Elle allait penser quoi maintenant ?!
Je détournai alors le regard vers la droite un peu rouge. Oh tiens un panneau « sens interdit » qu’est-ce qu’il était beau dis donc ! Allez on arrête les plaisanteries Shoi.  Car après tout je ne cherchais qu’à cacher à tout prix ces rougissements à la con, qui sans aucun doute, me trahiraient.

Alors que le soleil tapait de plus en plus fort, je pris une légère inspiration et allait proposer à Ran de faire quelque chose. Quand soudainement elle me tira par la manche, pour m’attirer dans un parc. Un parc ? Pourquoi diable avait-elle choisis cet endroit sérieusement! C’était là où je me sentais le moins à l’aise. Surtout quand j’étais seul à seule avec une fille. Bon faut dire c’était la première fois…
Nous croisâmes plusieurs couples durant notre petite balade, ce qui eut pour réaction de me faire rougir encore une fois d’ailleurs. Décidément je ne faisais que rougir aujourd’hui. C’est ce que je pensai lorsqu’un gamin me percuta de plein fouet avec sa trottinette à la con. Je m’étais fait mal ? Non pas du tout. Je m’étais juste retrouver collé à Ran… JUSTE « collé » … Ouai parce qu’on le répète jamais assez : j’étais collé à elle merde !

Super ! Mon cœur commençait, maintenant, à faire des bonds dans ma poitrine. J’avais plus chaud que d’habitude et une énorme envie de la prendre dans mes bras me prit. Surtout lorsqu’on voyait des couples faire cette chose-là aux alentours. Mais bon Shoi ressaisis-toi vous n’êtes pas comme eux, juste de simples amis. Amis qui s’étaient retrouvés pour un rendez-vous. Rien d’autre. C’est pourquoi je me détachai d’elle, environ 30 petites secondes après. Gêné, je m’exclamai alors :

-Par-Pardon ! C’est ce gosse là avec sa trottinette qui m’a poussé. Ça va tu n’as rien de casser ?

Ouai Shoi en fait c’était à toi de dire ça. Car je te le rappelle, c’est toi qui t’ai fait percuté mais bon …

-Encore désolé…

Mais arrêtes de t’excuser !

- Tout va bien. Je n'ai rien de cassé.

Cette phrase me rassura au plus haut point. Alors elle n’avait rien… Oui bon en même temps, je l’avais juste poussé accidentellement. Décidément si un jour je revois ce gamin, je le prendrais par le col et lui ferais comprendre ce que ça coûte de pousser les gens et de ne pas s’excuser. Franchement les gosses de nos jours, il n’y avait plus aucun respect.

Toujours aussi rouge qu’avant je n’osais même plus la regarder en face, ou même dans sa direction. Comme si la scène qui s’était déroulée quelques secondes plutôt, m’avait choqué. Bien évidemment que cela m’avait choqué car être aussi près d’elle … ça m’avait juste donné envie de me déclarer tout de suite.

Alors que je m’excusai une nouvelle fois,  elle m’avait dit que ce n’était rien.

Oui mais bon elle venait de recevoir plus de 80 kg contre elle là. C’est pas que j’étais lourd mais peut être un petit peu. Donc normal de m’inquiéter hein ? Pensif, je levai la tête vers le ciel leu d’été et ouvrit les yeux complétement. Je les plissai cependant assez vite au vu de l’astre orange-jaune. Il brillait tellement, une journée parfaite. Parfaite pour lui offrir ce cadeau que j’avais été cherché avant d’arriver à destination. Parfaite pour lui dire que, malgré que l’on se connaisse depuis quelques semaines, elle ne me laissait pas indifférent. Parfaite pour l’enlacer dans mes bras et lui dire totalement que je l’aime, que je voudrais sortir avec elle. Bref, une journée parfaite pour se déclarer. Mais bon Schoi encore faudrait-il que tu affrontes ta timidité à la con … ça par contre ça allait demander un peu de travail.

Quelques oiseaux se mirent à chanter dans les arbres aux alentours. Pensant que c’était le moment de lui proposer d’aller s’assoir, je pris une grande inspiration. Puis, mon regard se tourna doucement vers elle, alors que je déglutissais. Bon sang même une phrase toute simple ça avait du mal à sortir… J’avais l’air de quoi moi ? Mais je n’eus pas l’occasion de lui demander. Elle s’était rapprochée, de plus en plus jusqu’à être collée à moi. Comme une huitre à son rocher. Sauf que l’huitre c’était elle et moi le rocher. Belle comparaison Shoi…

A ce moment-là je laissai tomber. Là c’était certain, rien ne pouvait sortir de ma bouche. Il faudrait vraiment que j’arrive à vaincre c’te timidité un de ces jours. Mais bon on va dire que là, ça se comprend pas vrai ? … Ouai en fait non.

… OH MY FUCKING GOD, ELLE VIENT DE FAIRE QUOI Là ?! ELLE VIENT DE ME PRENDRE LA MAIN ! Mais allo quoi ! C’était quoi le délire là exactement ?! Ma réaction fut rapide. EN effet, mon sang ne dit qu’un tour, mon cœur accéléra son rythme jusqu’à en arriver à la vitesse du son (si si sûrement) et des papillons laissèrent au niveau de mon ventre. Je me sentais drôle, j’avais chaud comme si la température venait de monter.

Et pourtant je ne fis rien. Samain était venue chercher la mienne, volontairement, sans aucun doute. Je ne voulais pas gâcher cet instant. Non je ne le voulais vraiment pas. C’est pourquoi, nous continuâmes à marcher main dans la main collés l’un contre l’autre. Le blanc s’était, alors, installé entre nous. J’entendis pas mal de répliques venant des personnes âgés assises sur leur banc. Comme par exemple : « C’est mignon la jeunesse ! » ou encore même « Ils vont vraiment bien ensemble ces deux-là ! »

Ces remarques eurent pour effet de faire monter le rouge de mes joues sur toute la figure. Heureusement pour moi, Ranmaru me sauva la vie avec sa question :

-Cela te dirait de t'asseoir un peu ?

Je mis un petit temps avant de lui répondre. Mais je finis par le faire, détournant le regard vivement :

-Oui bien sûr …

Et nous allions nous assoir sur ce banc, à l’ombre, sous un immense arbre. Nos mains s’étaient déliées quelques secondes plus tôt. Mais elles restaient cependant assez proches l’une de l’autre. Avant qu’un blanc ne s’installe progressivement, je décidai de prendre la parole :

-Dis-moi Ranmaru (oui il avait décidé de l’appeler par son prénom et apparemment cela ne gênait pas la jeune femme) tu … as des frères et sœurs ?

Bravo Shoi. Dans le genre des question à la con tu gères.

- Et bien oui, j'ai une soeur. Nous sommes de la même année et toi ?

Décidément, j’avais vraiment posé une question à la con. Genre le truc basique : « tu as des frères ou sœurs ? », mais bordel il y avait mieux comme question Shoichi … Bon ce n’est pas grave, c’est fait c’est fait ! Après tout on ne peut pas revenir dessus pas vrai ? Et puis d’un côté, cela me permettait d’en savoir un peu plus sur elle.

Je soupirai donc pour moi-même, avant de lui répondre à mon tour sur un ton plutôt neutre:

-Je n’ai ni frère ni sœur. Fils unique en d’autre termes si tu veux. Cependant j’ai toujours voulu avoir une petite sœur. Mais bon vu la situation familiale que j’avais à l’époque je crains que cela n’était possible.

Oula mon vieux tu lui en a un peu trop dit là non ? Quoique, se confier à elle n’était pas une si mauvaise chose. J’avais envie d’en parler avec quelqu’un d’autre que ma meilleure amie Kahei. Et Ran me paraissait la meilleure personne pour ça. Attentive, à l’écoute des autres… cette fille était vraiment géniale. En tomber amoureux était sans aucun doute la meilleure chose qu’il m’était arrivée dans la vie, depuis ma naissance.

Alors que je ma réponse était donnée, quelques secondes plus tard je me surpris à la fixer et la détailler pour la seconde fois. Oh god ce qu’elle était ravissante dans cette robe ! Hé oui je ne le dirais jamais assez. Si ma mère voyait ça … elle se foutrait de moi probablement. D’ailleurs, un jour elle m’avait posé une question un peu bizarre : « Shoi dis-moi … comme tu n’as jamais eu de copine ... tu ne serais pas … de l’autre bord et n’oserais pas me le dire ? » Mais oui maman bien sûr ! C’est surtout que l’amour ne m’intéressait pas à l’époque. Seul le basket, les sciences et mes ami(e)s m’importaient. Mais à présent, depuis cette rencontre au gymnase, je ne pouvais m’empêcher de penser à cette basketteuse. J’ai réalisé quelques semaines plus tard que j’étais amoureux d’elle, et c’est pour cela que je comptais tout lui dire à la fin de ce rendez-vous !

Je fus, cependant, coupé dans mes pensées par une seconde question venant de ma voisine de banc :

- Tu pratiques un art martial ?

Au taquet, je lui répondis aussi vite que lorsque je réalisé une opération complexe :

-Non que du basket et toi ? Enfin on peut compter de la musculation dedans en plus du Basket.

Je lui souris à la suite, puis enleva mes lunettes pour les nettoyer à l’aide de mon petit chiffon soigneusement apporté pour. Apparemment son interrogatoire ne fut pas terminé, car elle me posa encore une question. Non pas que cela me déplaisait au contraire ! J’adorais faire plus ample connaissance avec les personnes que j’appréciais.

- Tu habites en ville ?

-Oui j’y habite enfin dans la périphérie en fait. Trop de bruit sinon. La ville c’est un gros bordel, je préfère vivre au calme. Dans quelques années j’envisage d’aller à la campagne, pour tout te dire. Et toi ?, avais-je dit observant le peu de nuages blancs qui composaient le ciel bleu.

Alors que je redéposai mon regard sur elle, je la vis un peu mal à l’aise. Avais-je fait quelque chose de mal ? Je n’espérais pas que ce soit le cas, mais alors là vraiment pas. Un petit blanc s’installa subitement me mettant dans l’embarras le plus total. Devais-je lui offrir mon cadeau maintenant ou attendre le coucher de soleil ? Très bonne question, et pour une fois je n’en avais pas la réponse. Je jouai alors, nerveusement, avec ma montre espérant que quelque chose se passe.

Apparemment mon vœu fut exaucé lorsque je t’entendis un marchand de glace crier au loin et arriver dans notre direction. Je me levai rapidement et, un peu rouge, lui demanda précipitamment :

-Ça te dit une glace ? Je paye !